E C O N O M I E AGRICOLE.
COOPERATION AGRICOLE.
Très belle vidéo sur l'agriculture familiale au Maroc et l'aide que peut apporter de petites coopératives
afin de résister aux grossistes et valoriser au mieux ses produits.* * * *
www.youtube.com/watch?v=PlACg7bWPhY
1 juil. 2014 - Ajouté par AFD - Agence Française de Développement
AGRICULTURE, COMPTER AUSSI SUR LA BASE
D. BELAID 23.10.2014
Dans un entretien à El Watan du 20.10.2014 Mr Akli Moussouni. Ingénieur agronome et expert en développement sous le titre «L’Algérie est malade de son
agriculture» aborde la question de la filière pomme de terre. L'analyse est d'une grande valeur et sans concession.
Malgré les progrès de la production nationale de pomme de terre, il apparaît que cette filière capitale pour l'alimentation de tous souffre de
différents maux:
-prix fluctuant mais souvent élevés, désorganisation de la commercialisation aux profit de spéculateurs,
-non maîtrise d'une production locale de semences de pomme de terre,
-manque de maîtrise de l'itinéraire technique.
L'expert note au passage divers maux dont la réduction des surfaces agricoles. Face à cette situation nous souhaiterions apporter une contribution à ce
débat. Précisons, qu'il ne s'agit pas de répondre à Mr Moussouni, mais simplement de profiter de ce débat pour donner un point de vue.
COMMERCIALISATION, POUR UNE ALLIANCE PRODUCTEURS-CONSOMMATEURS
A propos du circuit de commercialisation Mr Moussouni note avec justesse les bénéfices que s'accaparent les commerçants aux détriment des consommateurs
et producteurs « Le marché informel vient compliquer la situation. Entre le prix au champ et celui que paie le consommateur, c’est du simple au double, si ce n’est plus dans bien des
cas ».
Il note que ce phénomène est encouragé par le pouvoir d'achat et l'absence d'associations de protection des
consommateurs: « Il s’agit d’un phénomène incontrôlable largement encouragé, d’une part, par la disparité des salaires des Algériens (tant que ça se vend pour les uns, ça marche) et
l’absence d’associations de protection de consommateurs dont la fédération nationale de protection du consommateur qui s’est investi que pour des rencontre protocolaires, inconnue du citoyens.
L’Association de protection du consommateur et de l’environnement (Apoce, Alger) n’arrive pas à fédérer dans sa démarche. Le citoyen gagné par la «théorie du chaos», ne croyant pas à ce genre
d’organisation qu’il assimile tout bonnement à des regroupements inopportuns ».
Cependant, là où ne nous sommes pas d'accord avec l'analyse c'est lorsque le phénomène est qualifié « d'incontrôlable ». Certes, la question
de la commercialisation de la pomme de terre en Algérie est un vieux problèmes. Les plus anciens se rappellerons certainement le regretté Houari Boumediène répartissant lui même du haut de la tribune
du Club des Pins les quotas de pomme de terre entre wilayas suite à la surproduction à l'époque dans la région de Mascara.
Il nous semble que si les pouvoirs publics ont leur rôle à jouer les consommateurs et les producteurs ont aussi le leur. En Europe et ailleurs se
développent des AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne). Des consommateurs et producteurs brisent ainsi l'étau des spéculateurs. Les consommateurs prennent un
« abonnement » et reçoivent chaque semaine des producteurs un panier avec les fruits et légumes de saison. En France, des agriculteurs commencent à se regrouper et installent parfois des
« souk el fellah » ou points de vente en bout de champs. Il ne s'agit pas de simples baraques, mais d'établissements de commerce agréables. Le premier « drive » a même été
inauguré par plusieurs paysans qui se sont regroupés.
Le consommateur algérien doit s'organiser par immeuble, rue, quartier, entreprise, ou administration et organiser des accords avec des producteurs et
passer régulièrement commande de sacs de pomme de terre de 50 kg ou de couffins de fruits et légumes.
Nous ne pensons pas que les pouvoirs publics puissent à eux seuls résoudre la question. L'expert explique « devant la complexité de cette
situation, la mise en place d’un cadre politique de sécurité alimentaire s’impose. Il s’agit pour l’Etat (non pas un ministère) de peser de tout son poids pour s’attaquer à toute la problématique de
l’agriculture. ». Nous ne sommes pas de cette avis. Les solutions ne peuvent venir uniquement d'en haut. C'est là un faux espoir. Ce serait maintenir les consommateurs dans
l'assistanat.
PRODUCTION DE SEMENCES DE POMME DE TERRE
A la question du journaliste Amar Fedjkhiliste, « Comment expliquer que l’Algérie n’arrive pas à produire ses propres semences ? »
l'expert explique: « (...) Il y a lieu de savoir qu’avec la coopération canadienne, le ministère de l’agriculture a engagé, à Guellal, dans la wilaya de Sétif, la création en 2002 d’un
centre national de production de semences de pomme de terre dans le cadre du PNDA (…) avec un budget dépassant les 30 milliards de centimes, dans l’objectif d’assurer environ 50% des besoins des de
la filière en semences (2 à 3 millions de tonnes annuellement).
« Cette opération n’a pas permis de dégager un sac de semences mais a ôté au pays toute crédibilité envers des partenaires étrangers qui ont
quitté les lieux bredouilles il y a belle lurette. Et ce centre continue à tourner à vide avec une cinquantaine de travailleurs ».
Cette situation est attristante. Techniquement, rien n'est plus facile de reproduire de la pomme de terre. Cette espère à une
capacité de reproduction végétative extraordinaire et se prête admirablement bien à la culture in vitro. Celle-ci a d'ailleurs était introduite dès la fin des années 70 en Algérie. Cela à l'ex-INA
d'El-Harrach (ENSA) par feu Mme Chenoufi. A l'époque des chercheurs français avaient souhaité transmettre cette technique à des pays en développement, notamment le Vietnam et l'Algérie.
La technique est relativement simple à condition de suivre des règles précises concernant l'hygiène conditions de culture et la
composition des solutions nutritives. De nombreuses vidéos sur you tube expliquent cette technique qui est à la portée de tout technicien biologiste voire de tout individu capable la notice d'un mode
d'emploi. C'est dire combien les opportunités commerciales sont nombreuses pour tout investisseur potentiel.
Il suffit d'une salle de laboratoire avec des hôtes à flux d'air, de la verrerie, les milieux, des hormones, une chambre de culture
et des serres pour repiquage. Il est d'ailleurs étonnant que plus de cadres ne se soient pas lancés dans ce domaine.
Il nous semble, que les enseignants de tout laboratoire universitaire maitrisant cette technique devraient avoir obligation de
posséder un site internet où ils expliquent cette technique et devraient avoir obligation de recevoir quelques jours par an tout investisseur potentiel afin de le former à cette technique. Il serait
quand temps de se demander pourquoi forme-t-on des cadres universitaires, si les techniques modernes apprises de l'étranger à coup de budgets universitaires considérables restent cantonnées dans des
« tours d'ivoire ».
Pour notre part, sur ce modeste site, plusieurs fois nous avons évoqué la culture in vitro. Nous conseillons le lecteur de se rendre
à la rubrique concernée.
Mr Moussouni note que « par ailleurs, on assiste actuellement à une armée de multiplicateurs qui ne
multiplient pas grand-chose (environ 20% ». Il est certes affligeant de voir ce faible taux de multiplication. On ne peut qu'espérer qu'il augmente et que
nous arrivions à l'autosuffisance. Il existe dans la profession des multiplicateurs sérieux et des cadres des services agricoles qui ne ménagent pas leur peine.
Mr Moussouni poursuit: « La problématique de la semence est conjuguée à la spéculation sur la location
des terres, les contraintes de fertilisation, l’adaptation de la mécanisation des récoltes, etc., pour en faire un imbroglio dans lequel s’est noyé le producteur ».
Concernant la mécanisation de la plantation et de la récolte le groupe PMAT propose du matériel. Il est à espérer que ce groupe soit à l'écoute des
utilisateurs afin de perfectionner ce matériel. Par ailleurs, nous ne le répéterons pas assez: il est possible à de bons artisans de fabriquer des planteuses et arracheuses de pommes de terre tirées
par des motoculteurs. You tube regorge de ces initiatives de petits agriculteurs russes notamment. Il est à espérer que des investisseurs locaux se lancent dans une production de masse de ce type de
petit matériel.
POUR DES ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES AGRICOLES REPRESENTATIVES
Comme déjà cité plus haut, Mr Moussouni explique: « Il s’agit pour l’Etat (non pas un ministère) de peser de tout son poids pour s’attaquer à
toute la problématique de l’agriculture à travers trois volets : connaissance du potentiel naturel agricole et vocation des territoires ; mise en place des politiques de valorisation des terres et du
potentiel humain ; dernier lieu encadrement de cette entreprise par une gouvernance adaptée. Il est impossible d’envisager des solutions dans l’arbitraire comme cela s’est fait jusqu’à
maintenant ».
Nous comprenons à travers ces paroles la demande de tous ces cadres algériens qu'anime le patriotisme économique. Rien n'est plus révoltant de voir la
gabegie des moyens de l'Etat et l'arbitraire. Mais pour autant, faut-il à nouveau sans remettre seulement à la puissance publique? En effet, l'expert parle de « encadrement de entreprise par une
gouvernance adaptée ».
Personnellement, nous pensons que la meilleur gouvernance qui puisse exister est celle où les concernés sont représentés par des élus et discutent
d'égal à égal avec les pouvoirs publics. Il nous semble qu'il n'y aura pas de réel développement agricole en Algérie sans des organisations professionnelles fortes.
Certes, cela est bien plus facile à écrire qu'à faire. En témoigne le cas de la chambre d'agriculture de Mascara. Le Ministre a dû dissoudre son conseil
d'administration et en faire ré-élire un autre. Il ne nous appartient pas de porter un quelconque jugement. Nous notons un dysfonctionnement, c'est tout. La voie sera longue vers l'émergence de
cadres paysans travaillant dans l'intérêt de tous. Il serait grave d'oublier qu'ils existent. Ce serait ne pas reconnaître leur travail et leur dévouement. Ce serait également tomber dans le
découragement. Ces cadres paysans existent. Quelques cas sont visibles de tous sur you tube: cadres de coopératives apicoles favorisant l'emploi des jeunes, cadres de coopératives laitières au
service de leurs adhérents. Combien d'anonymes se dévouent quotidiennement au niveau des CCLS et d'autres structures agricoles où ils ont droit au chapître.
Culturellement, la France est l'exemple le plus proche. Dans ce pays, l'IFOCAP est un institut de formation de cadres paysans. Il a forme et forme
encore des centaines de cadres. Où sont nos IFOCAP en Algérie? Avons nous fait assez? Nous, urbains, issus des classes moyennes qui prétendons savoir en matière agricole...
L'ASSOCIATION: UNE SOLUTION SOUPLE ET PERFORMANTE.
Catherine Rieu, Patrick Retaureau, Jean-Paul Nicoletti*. Arvalis.fr
Résumé
La mise en commun de matériel et/ou de main d'oeuvre constitue pour une exploitation une façon souple et performante de
s'adapter à un contexte économique qui demande toujours plus de compétitivité. Travailler avec un ou plusieurs voisins implique comme condition sine qua non l'aptitude des hommes à s'entendre et la
précaution de prendre des options de réversibilité des engagements pris. Moyennant cela et dans certaines conditions, l'association peut être la source de
revenus supplémentaires dont il serait dommage de se priver.
Cet article présente, de façon détaillée un cas concret d'association avec différents scénarios possibles d'évolution
ainsi que la description par un agriculteur des règles de fonctionnement de deux Cuma d'Eure et Loir auxquelles il adhére.
Introduction: Partage de matériel, travail en commun,..., s'associer avec un ou plusieurs voisins apparaît comme
une solution efficace pour ajuster au mieux les facteurs de production. Cela peut se traduire dans certaines conditions par des gains de revenu même s'il faut garder à l'esprit les limites
d'une telle démarche. Gros plan sur des cas concrets.
Pour adapter leur exploitation au contexte économique actuel, de plus en plus d’agriculteurs choisissent de s’associer avec un ou plusieurs voisins. La
mise en commun soit de matériel, soit de main d’oeuvre, ou les deux à la fois, rend possible un meilleur ajustement des facteurs de production et peut procurer, dans certaines conditions, des revenus
supplémentaires. La possibilité de travailler à plusieurs apporte aussi une sécurité très appréciée de tous.
Vu sous cet angle, l’intérêt de l’association est évident, cependant, il ne faut pas en ignorer les limites. L’aptitude des hommes à s’entendre et la
réversibilité des engagements pris demeurent les facteurs prépondérants de la réussite des associations.
D’autre part, les associations peuvent prendre des formes très variées, tant sur le plan juridique qu’organisationnel, et il n’est pas toujours facile
d’estimer a priori leurs avantages et leurs inconvénients potentiels. Pour illustrer ce propos, voici deux exemples, le GAEC de Chantecaille et le témoignage d’Antoine Minard.
L’exemple du GAEC
de Chantecaille.
A l’origine, Philippe Lorjou et Marc Gerrier travaillaient sur deux exploitations voisines de la région de Blois. Ces exploitations présentaient de
fortes similitudes, en terme de surfaces, de types de sol, de productions, de parcs de matériel. Les ressources en main d’oeuvre étaient identiques, soit deux UTH par exploitation, Philippe Lorjou
travaillait avec son père Guy et Marc Gerrier avec son frère. Ces deux familles se connaissent depuis longtemps et entretiennent des relations amicales, se rendant service à l’occasion. Mais c’est un
événement précis, le départ en retraite du frère de Marc Gerrier, qui a provoqué la fusion de ces deux exploitations et la création du GAEC de Chantecaille qui couvre 290 ha. Aujourd’hui, le travail
(à base de labour) est assuré par les trois actifs restants qui utilisent un parc de matériel résultant de la fusion des deux parcs d’origine.
Atouts et faiblesses du GAEC
aujourd’hui
Le GAEC se caractérise essentiellement par :
w un assolement (figure 1) avec une forte proportion de paille, soit les 2/3 de la surface,
w des sols avec des potentiels moyens,
w un parc de matériel «classique» en 3 m, en propriété, né de la «refonte» des deux parcs initiaux. Il n’est donc pas, à ce jour, optimisé,
w une part importante de la surface implantée sans labour (39 %). En effet, les colzas, les blés de colza et les blés de pois sont implantés après un
travail superficiel réalisé avec des outils «classiques» à dents ou à disques.
La charge en travail des actifs (figure 2) est acceptable Les heures de traction qui représentent classiquement moins de 50 % des heures de travail
totales atteignent plus de 2 000 h par an pour les trois actifs (soit 673 h/UTH).
On admet par ailleurs que la saturation de la main d’oeuvre est atteinte pour 850 h de traction par UTH et par an, soit 2 550 h par an pour les trois
actifs. A Chantecaille, les difficultés viendraient plus de l’inégale répartition de la charge de travail sur l’année puisque 80% des heures de traction sont réalisées durant le deuxième semestre de
l’année.
Les résultats économiques du GAEC (figure 3) sont jugés satisfaisants par les intéressés La marge directe (1) moyenne du GAEC, calculée sur plusieurs
années, atteint 4343 F par ha. Les associés remarquent d’ailleurs que cette marge a progressé depuis leur association. En effet, elle n’était que de 4 000 F par ha environ sur chacune des
exploitations d’origine.
L’influence du climat
Le risque climatique propre à cette région et aux types de sols du GAEC peut être caractérisé par les surfaces en blé semées après le 20 novembre (date
limite que se fixent les associés pour terminer les semis de blé).
Sur les 20 dernières années climatiques(2), il y en a six pour lesquelles on observe des implantations après cette date butoir. Les surfaces semées en
retard vont de 10 à 46 ha selon les années. Sachant que le GAEC doit emblaver, tous les ans, 138 ha de blé, les surfaces semées après la date butoir représentent en moyenne 7 % de la surface en
blé.
Le risque climatique est donc jugé ici, relativement élevé. Premier scénario : conservation du labour et adaptation du parc de matériel Comme chacun
sait, le labour est une opération culturale exigeante en temps. Si les associés souhaitent conserver demain le labour dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui (61 %) tout en ayant un actif de moins,
il est nécessaire de reconsidérer le parc de matériel. En effet, face à une diminution du nombre d’actifs, les matériels actuels s’avèrent trop nombreux et les outils de travail du sol (en 3 m) ont
des débits de chantier limitants.
Les principales modifications du parc de matériel à envisager seraient :
w la revente des deux charrues du parc actuel (de 3 et 4 corps) et le rachat d’une charrue 5 corps,
w le changement du Covercrop actuel de 3 m contre un de 4,5 m,
w le changement du vibroculteur actuel de 4.5 m contre un de 6 m,
w le remplacement des deux combinés (herses rotatives et semoirs de 3 m) par un combiné de 4 m.
Les tracteurs sont également adaptés en nombre (de 4, ils passent à 3) et en puissance, le tracteur de tête est redimensionné de 100 cv à 140 cv.
De même, les bennes passent de quatre à deux, mais leur volume global reste inchangé. L’évolution de la charge de travail des deux actifs restants
(figure 4) Les heures de traction réalisées par les deux actifs atteindraient 349 h par an, soit 670 h de moins que dans la situation actuelle. Rappelons que le maximum théorique pour les heures de
traction seraient de 1 700 h pour deux UTH (850 h/UTH/an x 2). On remarque aussi, malgré la diminution de la main d’oeuvre, que les heures de traction réalisées par chaque actif seraient comparables
à celles de la situation actuelle, c’est-à-dire 674 h/UTH/an.
Cette diminution des heures de traction serait due uniquement à l’augmentation des débits de chantier des nouveaux outils, plus larges et plus
puissants, puisque les itinéraires techniques n’ont pas changé. En moyenne un hectare consommerait 4,7 h de traction contre 7 h dans la situation actuelle.
Dans cette hypothèse, l’amélioration des débits de chantier compense très précisément la diminution des ressources en main d’oeuvre. L’évolution des
résultats économiques du GAEC (figure 5). La marge directe moyenne progresserait de 330 F par ha en moyenne. Ce gain viendrait pour moitié de la diminution des charges de mécanisation(3), malgré les
adaptations du parc de matériel, et pour l’autre moitié de la diminution du coût de la main d’oeuvre de traction.
L’influence du climat
reste inchangée (figure 6)
Le risque climatique reste inchangé dans cette hypothèse et demeure donc relativement élevé. En effet, l’efficacité du nouveau chantier de semis (138 ha
de blé) serait comparable à celle de la situation actuelle.
Voyons pourquoi :
Dans la situation actuelle, les implantations des blés sont réalisées par trois actifs qui labourent (quand il y a labour) avec deux charrues (3 et 4
corps) et qui sèment avec deux combinés (herses rotatives et semoirs) de 3 m. Donc, ce chantier dispose de plus de personnel et de plus de matériels
qui présentent des débits de chantier limités.
Dans le scénario, les implantations sont réalisées par deux actifs qui labourent (quand il y a labour) avec une seule charrue (mais de 5 corps) et qui
sèment avec un seul combiné (mais de 4 m). Donc, ce chantier dispose de moins de personnel et de moins de matériels, mais avec des débits de chantier plus performants.
En résumé pour ce premier scénario
Cette hypothèse est positive dans son ensemble. Elle permettrait bien au GAEC de Chantecaille de fonctionner avec une personne en moins, car :
w la charge de travail des actifs restants serait équivalente à celle d’aujourd’hui (compensation par les débits de chantier plus rapides des nouveaux
matériels de travail du sol et de semis),
w les résultats économiques progresseraient de plus de 300 F par ha en raison d’un meilleur ajustement de la main d’oeuvre et du matériel,
w seul, le risque climatique resterait préoccupant.
Le choix d’un nouveau matériel permettrait juste de compenser le départ d’un des trois actifs, mais n’améliorerait pas les temps d’implantation. Le
risque, certaines années, d’implanter tardivement des blés serait équivalent.
Deuxième scénario :
simplification du travail du sol
Pour palier la diminution de la main d’oeuvre, la suppression du labour et la simplification du travail du sol apparaissent comme des solutions
«attrayantes». Mais, techniquement, il y a de nombreux choix possibles qui peuvent correspondre à des matériels très différents. P. Lorjou et M. Gerrier sont plus particulièrement intéressés par deux
outils spécifiques du non labour, le Horsch et le SD 3000.
Les principales caractéristiques de ces deux types outils sont rappelées figures 7 et 8. Dans les deux cas, la simplification du travail du sol, qui
porte sur la totalité de la surface du GAEC, nécessite de désherber les parcelles, pendant l’interculture, avec des produits totaux, voire de renforcer le programme de désherbage de certaines
cultures. Le coût engendré par ce désherbage supplémentaire (mécanisation et intrants) est pris en compte dans les résultats présentés ici.
Les principales modifications
du parc de matériel à
envisager
Le Horsch est un outil qui réalise la reprise et le semis en même temps. De ce fait, les implantations peuvent être réalisées en un seul passage. Cela
impliquerait la revente de tous les outils «classiques» de travail du sol et de semis et leur remplacement par un Horsch de 3 m de large. Les bennes devraient également être adaptées en nombre (de 4
à 2) ainsi que les tracteurs (de 4 à 3) ; un tracteur de tête de 160 cv serait nécessaire. Le SD 3000 peut être utilisé directement sur chaumes, mais les agriculteurs préfèrent réaliser un travail
superficiel avec le Covercrop ou le vibroculteur pour préparer le passage du semoir.
De ce fait, ces outils seraient conservés. Les autres outils de travail du sol et de semis seraient revendus et remplacés par un SD 3000 (de 3 m). Par
contre, un tracteur de tête de 140 cv serait suffisant.
L’évolution des résultats
techniques et économiques
(figure 9)
La simplification du travail du sol permettrait de diminuer les heures de traction, dans des proportions considérables, comparé à la situation actuelle
:
w de 1100 h avec le Horsch, (soit 3,2 h/ha de traction, contre 7,0 h/ha aujourd’hui),
w de 1 000 h avec le SD, (soit 3,5 h/ha de traction, contre 7,0 h/ha aujourd’hui).
Au plan économique, c’est avec le SD que la marge directe progresserait le plus (+ 500 F/ha) contre (+ 350 F/ha) pour le Horsch. Les charges de
mécanisation passeraient de 1 550 F/ha à respectivement 1 300 F/ha pour le Horsch et 1 214 F/ha pour le SD.
L’influence du climat :
le facteur à prendre en compte
Avec le Horsch (figure 10), le risque climatique resterait élevé, toujours autour de 7%. Ceci est dû aux caractéristiques de l’outil. En effet, les
cultivateurs rotatifs (à axe horizontal) ont l’avantage de réaliser deux opérations à la fois (reprise et semis), mais ils ont aussi pour cette raison des vitesses d’avancement moins élevées qu’un
semoir de type semis direct. Avec le SD (figure 11), le risque climatique diminuerait quelque peu (4%, contre 7% actuellement). La différence du niveau de risque atteint par ces deux types de
simplification vient essentiellement de la différence des débits à l’implantation :
w avec le Horsch en 3 m = 0,76 h par ha,
w avec le SD en 3 m = 0,40 h par ha.
En résumé pour ce
deuxième scénario
Cette hypothèse est très positive dans son ensemble. Elle permettrait également au GAEC de Chantecaille de fonctionner avec une personne en moins, car
:
w la charge de travail des actifs restants serait très réduite par rapport à aujourd’hui (réduction très
importante des temps d’implantation),
w les résultats économiques progresseraient de 350 F (Horsch) à 500 F (SD) par ha en raison d’un meilleur ajustement de la main d’oeuvre et du matériel,
w mais, c’est le risque climatique qui pourrait faire la différence entre les deux types de simplification.
En effet, le choix de la simplification avec le SD permet d’implanter plus vite et donc de mieux valoriser les jours disponibles de semis à l’automne
(80% de la sole est implantée en automne). Cependant, la mise en oeuvre de la simplification du travail du sol, sur toute la surface du GAEC, avec des outils spécifiques, de type Horsch ou des
semoirs pour semis direct, oblige les agriculteurs à acquérir la maîtrise d’une nouvelle technique. L’équilibre du système de cultures peut être perturbé de façon plus ou moins durable. Ces aspects
techniques ne doivent pas être sous-estimés car ils sont parfois à l’origine de certains échecs.
Pour conclure (figure 12)
La création du GAEC de Chantecaille, à partir des deux exploitations Lorjou-Gerrier, a permis de faire face au départ de l’un des quatre actifs, tout en
améliorant le résultat économique. Le départ d’une deuxième personne du GAEC semble pouvoir être compensé, soit par le redimensionnement du parc matériel en labour, soit par la simplification du
travail du sol.
Dans tous les cas, la faisabilité technique des solutions est indéniable, les heures de traction étant, dans les trois scénarios traités, inférieures ou
équivalentes aux heures de traction actuellement réalisées.
L’efficacité économique progresse également de façon conséquente de 300 à 500 F/ha par rapport à la situation actuelle. Ce cas portant sur une situation
bien réelle présente des résultats tout à fait positifs et de ce fait, encourageants pour les candidats à l’association, mais attention, toutes les associations ne sont pas couronnées de succès.
Pourquoi ?
w L’association, sans rien changer, apporte peu de choses sur le plan technique et économique, même si, sur le plan humain, on trouve plaisir à
travailler ensemble !...
w L’association est un progrès si elle permet un meilleur ajustement des moyens qu’ils soient humains ou matériels.
w Elle doit permettre aussi de progresser si l’organisation des hommes accroît l’efficacité du système de production, notamment au moment des pointes de
travaux.
w Enfin, c’est un plus, si elle diminue le risque lié à l’indisponibilité accidentelle d’un actif.
Souvent l’association est une étape permettant des adaptations de structure en «douceur » par rapport à celle que peut envisager un agriculteur seul. La
recherche d’une plus grande compétitivité amènera toujours les exploitants, seuls ou à plusieurs, à optimiser leurs moyens de production. Les associations n’échappent bien sûr pas à cette règle.
Les règles du jeu
de deux CUMA
d’Eure-et-Loir
Antoine Minard, agriculteur à Theuvy Achère (Eure-et-loir) nous a expliqué comment fonctionnent les deux CUMA auxquelles il adhère. Les règles mises en
place responsabilisent chacun des membres et les principes de gestion retenus sont si rigoureux qu’ils laissent peu de place au hasard et à l’improvisation.
Présentons ces deux CUMA .
La CUMA de Chemins Croisants est une CUMA d’implantation. Elle concerne cinq exploitations couvrant une SAU totale de 771 ha et sept
actifs y sont impliqués. A l’origine, le parc matériel de la CUMA a été essentiellement constitué à partir de matériels présents dans les différentes exploitations. Il a fallu réaliser de nouveaux
investissements (charrue 10 corps, covercrop 6 m, combiné 4 m, distributeur d’engrais 3 000 l). Mais, en contrepartie, un bon nombre de matériels devenus inutiles ont été revendus
individuellement.
Les implantations sont réalisées par deux équipes de deux personnes (l’une labourant avec une charrue de 10 ou 7 corps, l’autre semant en 4 m ou 3 m).
Les trois autres personnes sont dégagées pour se consacrer aux betteraves, aux labours de coins de champ, à l’approvisionnement des chantiers et aux remplacements pendant les repas.
En 1995, année où 100 % de la surface a été labourée, les implantations ont été menées au rythme de 3 h/ha, ce débit incluant le temps effectif sur
parcelle, mais aussi l’approvisionnement du chantier, l’entretien du matériel, le traitement de la semence.
Quant aux priorités d’intervention, chez l’un ou chez l’autre, elles sont dictées par le précocité des variétés semées. Ce dispositif s’accompagne d’une
comptabilité de la charge de travail fournie par chacun à la CUMA. Cette comptabilité relève d’une mécanique très pointue qui intègre :
w la qualité du parcellaire : chaque parcelle s’est vue attribuer un coefficient caractérisant sa taille, son niveau de morcellement.
w la nature de l’opération : chaque opération a été dotée d’un coefficient fonction de la complexité de mise en oeuvre.
Ainsi, une opération semis/herse a un coefficient égal à 1 alors que l’opération semis/herse/covercrop a un coefficient de 1,7. Le produit de ces deux
coefficients donne une idée de la charge de travail fournie par chacun et sert de base à la régularisation après calcul d’un solde. Cette règle peut sembler complexe mais, admise par tous, elle
épargne le comptage fastidieux des heures effectivement passées parcelle par parcelle et permet une rémunération jugée équitable de chaque tâche réalisée. A. Minard estime que l’économie réalisée
grâce à la mise en place d’une telle organisation est d’environ 600 F/ha en système betteraves.
La CUMA de la Vallée deVaucourt est une CUMA récolte qui compte deux exploitations de plus que la CUMA implantation. Au total, plus de
1000 ha sont récoltés dont la plupart entre le 20 juillet et le 31 août (hors escourgeon). L’emploi du temps des dix actifs figure sur un planning bâti en commun. Il établit la liste des tâches à
assurer et les horaires à respecter par chacun. Deux moissonneuses-batteuses (240 cv et 260 cv) et six bennes sont mobilisées quasiment simultanément. Les actifs dégagés des activités de conduite
assurent l’intendance, l’accueil des bennes ou encore veillent à l’irrigation. Deux d’entre eux, polyvalents, jouent les «remplaçants» pendant les pauses ou assurent une fonction de «dépanneur» en
cas de problèmes. Une telle organisation permet de récolter 4 ha/heure et repose sur les règles de priorité suivantes :
w la récolte commence dans l’exploitation où la maturité du blé le permet,
w ensuite, chaque soir, le pourcentage récolté dans chaque exploitation est calculé et le lendemain, on intervient dans l’exploitation dont le
pourcentage récolté est le plus faible.
Bien sûr, les heures travaillées donnent lieu à rémunération (80 F/h) et l’opération récolte est facturée (345 F/ha). Les adhérents se félicitent de ces
orientations prises il y a quelques années et considèrent que travailler de nouveau seul reviendrait à régresser. Au-delà de l’intérêt économique évident de l’organisation adoptée, ils apprécient
l’état de réflexion permanent qui règne au sein de leur équipe et qui permet de progresser. Les thèmes débattus sont nombreux :
-peut-t-on supprimer plus souvent le labour ?
-comment améliorer la performance des chantiers et descendre au dessous de 3 h/ha lors des implantations ?
Et puis leur groupe n’est pas figé : il est envisagé d’accueillir de nouveaux adhérents avec pour conséquence la remise à plat de l’organisation
actuelle et la reconsidération du parc de matériel.
(1)La marge directe est obtenue à partir de la marge brute à laquelle on retranche les charges de mécanisation et le coût de la main d’oeuvre (heures
sur parcelles uniquement estimées à 80 F/h).
(2)A partir des 20 années climatiques de la station météorologique de Bricy (1977 à 1996).
(*) Perspectives Agricoles - n°234 - Avril 1998
QUELS AVANTAGES L'AGRICULTURE ALGERIENNE A-T-ELLE A TIRER DE LA CONTRACTUALISATION?
D.BELAID 15.07.14
L'agriculture de contractualisation pourrait se développer en Algérie. Le contexte y est très favorable. Nous nous proposons de passer en revue quelques
opportunités.
Une des caractéristiques locales concerne la faiblesse des structures d'encadrement technique. L'innovation technique a du mal à diffuser. Bien souvent,
les nouvelles technologies ne viennent pas de l'encadrement mais de circuits connexes.
Une autre caractéristique de l'agriculture locale rend plus difficile l'augmentation de la production: la faiblesse des associations professionnelles
agricoles. Celles-ci sont indispensables pour développer la coopération agricole, la diffusion des techniques, les formes de travail en commun (CUMA, cercle d'échanges de matériel) et servir
d'interlocuteurs aux pouvoirs publics. Certes, ci et là apparaissent des associations agricoles et rurales de plus en plus dynamiques, mais le déficit reste grand. D'autant plus que le contexte
n'aide pas à favoriser l'émergence de structures représentatives. Il est en effet marqué par de forts investissements agricoles publics, ce qui aiguise les appétits particuliers aux dépends du plus
grand nombre.
Dans ce contexte particulier l'AC peut être une opportunités pour les pouvoirs publics. Une société agro-alimentaire souhaitant investir dans une
production et assurer un encadrement technique peut faire beaucoup mieux que les services agricoles empêtrés dans des lourdeurs administratives. L'avantage est aussi d'augmenter les revenus des
agriculteurs. Dans la mesure où l'agro-industriel (ou promoteur) assure des avances de trésorerie cela permet un accès des petits paysans au crédit.
Dans cette optique, pour des productions très déficitaires, il est intéressant pour les pouvoirs publics d'étudier ce que pourrait apporter l'AC.
Les domaines prioritaires concernent le sucre, l'huile et le lait.
Dans le cadre de la production d'huile pourrait être offert la possibilité à une entreprise privée ou coopérative de signer des contrats avec des
agriculteurs et assurer l'aide technique. Une telle mesure pourrait être imposée aux entreprises important des graines oléagineuses. Il serait normal qu'une partie de ces graines soient produites
localement. Cette production nécessite le même matériel que pour la culture des céréales. Le promoteur n'aurait pas à investir dans du nouveau matériel de trituration. En effet, les oléagineux à
produire localement seraient le colza jusque là entièrement importé.
POUR LA PRODUCTION D'HUILE DE COLZA PAR AGRICULTURE CONTRACTUELLE
Le cas du sucre est différent. Produire du sucre à partir de betteraves à sucre nécessite un matériel agricole spécifique. De même que la transformation
des racines nécessite des raffineries et donc des investissements notables. Par ailleurs, les racines de betteraves à sucre sont des produits frais. Leur durée de conservation en silos en bordure de
champs est limitée à quelques jours.
La production de sucre entre bien dans le cadre de l'AC. La culture doit être située dans une zone proche de la raffinerie. Les intrans peuvent être
amenés par le promoteur. Celui-ci peut également investir pour une meilleure disponibilité en matériel spécifique de récolte. Dans un tel système, le promoteur rachète l'ensemble de la production qui
ne peut être valorisée qu'au niveau de la raffinerie. L'étude des succès marocains en la matière nécessite d'être menée en Algérie.
Dans le cas du lait, les quelques
cas locaux se rapprochant de l'AC mériteraient d'être analysés. La production de lait se prête bien à l'AC. En effet, les laiteries achètent le lait frais. Pour sécuriser leurs approvisionnements,
elles ont intérêt à une amélioration de la quantité et de la qualité. Or avec l'alimentation, le suivi technique est fondamental. Aussi, un cahier des charges pourrait être défini de telle façon que
les laiteries se chargent de l'ensemble des opérations de suivi technique et d'amélioration génétique en collaboration avec les services concernés. Pour les laiteries, l'avantage consiste en des coûts de main d'oeuvre faibles (recours à la main d'oeuvre familiale).
Pour les éleveurs, l'AC est un moyen d'accès au marché. Ils sont assurés d'écouler de grandes quantités de lait sans avoir à se préoccuper de son
stockage et de sa vente au consommateur. L'intégration des éleveurs pourrait être poussée jusqu'à la vente par la laiterie de solutions améliorant l'alimentation des animaux comme par exemple des
blocs multinutritionnels.
En résumé, l'AC présente différentes caractéristiques qui répondent bien aux contexte de l'agriculture algérienne. Résumons les avantages pour le
triptyque pouvoirs publics, promoteur et agriculteurs.
Pour ces derniers: accès au marché, à l'information technique et au crédit.
Pour le promoteur, peu de capital immobilisé, coût faible de la main d'oeuvre et transfert de la responsabilité de la gestion du personnel aux
agriculteurs.
Enfin pour les pouvoirs publics, augmentation du revenu des agriculteurs, investissements étrangers, assistance technique aux agriculteurs réalisée par
le promoteur et recrutement des diplômés par le promoteur.
Il reste à procéder à l'étude fine des cas d'AC actuellement en place afin d'en tirer les enseignements pour le futur.Parmi les productions, la
production de graines oléagineuses est à examiner. Quant à la production de sucre avec la betterave sucrière, l'AC peut être d'une utilité mais dans ce cas, les investissements doivent être
conséquents.
ALGERIE, LES PREMICES D'UNE AGRICULTURE CONTRACTUELLE
D.BELAID 11.07.14
L'agriculture contractuelle (AC) correspond à un accord entre un industriel (agro-industrie) et un agriculteur. Le premier s'engage à acheter la
production à un prix et à acheter la production à un prix et à une qualité définie.
AGRICULTURE CONTRACTUELLE, MODE D'EMPLOI.
L'agriculteur s'engage à livrer la production à l'agro-industriel, à respecter la charte de qualité. Il bénéficie de moyens techniques et de conseils de
la part de ce dernier . Peu connue en Algérie, ce système se développe progressivement sous différentes formes. C'est le cas pour la production de semences fourragères et de céréales. C'est aussi le
cas avec la tomate industrielle. L'application de contrats par le Groupe Benamor a permis de multiplier par 3 les rendements de tomates industrielle.
ANALYSE DE CAS
L'AC existe depuis les années 70 en production de semences de céréales. Les CCLS livrent à l'agriculteur des semences issues de lots auparavant
multipliés dans les stations ITGC. L'agriculteur signe un contrat par lequel il s'engage à livrer sa production à la CCLS. Il s'engage également à respecter un itinéraire spécifique et la visite d'un
technicien pour s'assurer du respect de cet itinéraire: désherbage des parcelles, épuration manuelle (élimination des épis des autres variétés ou espèces présentent sur la parcelle). Moyennant quoi,
il bénéficie d'un tarif préférentiel supérieur au tarif conventionnel. En cas de non respect des consignes, la production est déclassée en catégorie « céréales de consommation ».
En cas de suivi de l'itinéraire technique et d'une intensification par ajout d'engrais, fongicides voir irrigation d'appoint les marges brutes de telles productions s'avèrent très rémunératrices.
Toujours en production de semences, des contrats sont passés entre la société Axium SPA de Constantine et des producteurs. Ces derniers s'engagent à
livrer leur production à Axium. Celle-ci livre les semences de pois fourrager et propose à l'agriculteur un itinéraire technique. Ainsi, afin d'améliorer la récolte, il est proposé à l'agriculteur de
semer de la féverole avec le pois. Celle-ci servira de tuteur au pois dont le port est en général rampant. Les 2 espèces ayant des tailles de graines différentes, un simple tri de post-récolte
permettra de les séparer.
Dans le cas de la tomate industrielle, des contrats sont passés entre la conserverie du groupe Benamor et les producteurs. Ceux-ci reçoivent des plants
produits par la pépinière du groupe. C'est l'occasion de fournir aux planteurs une variété précise qui correspond aux exigences de l'industriel. Par ailleurs, plantée avec une motte les jeunes
tomates reprennent plus vite une fois repiquées. Un gain de précocité est ainsi obtenu. Un itinéraire technique est proposé selon un cahier des charges. La récolte est dans certains cas assurée par
des machines de la conserverie. Une cellule agronomique de la conserverie se charge du suivi des planteurs.
Dans le cas de la production laitière, des cas d'AC existent. C'est le cas de la laiterie Soumam. Celle-ci livre des génisses aux éleveurs souhaitant
démarrer ou agrandir un élevage bovin laitier. Les agriculteurs reçoivent un appui technique. L'alimentation est à leur charge. La laiterie rachète la production de lait selon des tarifs édictés par
les pouvoirs publics. Au Maroc, la laiterie Imtiyaz propose des contrats aux agriculteurs. Pour cela, ils doivent disposer d'au moins 50 hectares dont 10 irrigués. Dans ce cas, la laiterie fournit
les génisses et également une aide à la construction de l'étable.
AGRICULTURE CONTRACTUELLE ET CEREALES
Les CCLS s'illustrent également en AC dans le cas de la promotion de l'irrigation d'appoint. Elles proposent aux céréaliculteurs le matériel pour
irrigation d'appoint. A charge à ces derniers de rembourser par des livraisons de grains.
Dans le cas de la production de blé dur, des formes d'AC apparaissent. Elles sont initiées par groupe Benamor qui possède de nombreux moulins. Ceux-ci
nécessitent d'être approvisionnés en grains non mitadinées et sans impuretés (graines de mauvaises herbes, gravillons, …). De ce fait, le groupe a engagé des actions de suivi technique sous la forme
d'un réseau d'agriculteurs sur un bassin d'approvisionnement. Ceux-ci reçoivent des conseils techniques afin d'assurer
la qualité de leurs produits (choix variétal, désherbage chimique) et la quantité (fongicides). Les semences restent fournies par les CCLS. De même que la production leur est également livrée. Les
moulins qui sont à l'origine des opérations de suivi technique bénéficient ainsi d'une amélioration progressive de la production de grains sur leur zone d'approvisionnement. Mais l'efficacité d'une
telle approche n'est possible que par la mise en place d'un système d'identification des lots et d'une traçabilité. En effet, il est nécessaire que les lots ne soient constitués que des récoltes
issues de variétés recommandées par les moulins et ayant bénéficié de l'itinéraire technique recommandé.
En France de tels accords entre producteurs, organismes de stockage et transformateurs existent dans le cas de l'orge de brasserie. Le taux de protéines
ne doit pas dépasser les 11%. L'organisme de stockage assure un suivi technique des agriculteurs et leur propose un choix variétal. Les spécifications techniques sont parfois plus poussées lorsqu'il
s'agit de fournir en farine un utilisateur tel mac Donald.
AGRICULTURE CONTRACTUELLE QUELLES MOTIVATIONS QUELS AVANTAGES?
ARRETER LE BETON EN « PLANTANT DES PISTACHIERS »?
D.BELAID 8.07.2014
La presse nationale rapporte que dans l'Ouest du pays l'ONCV encourage la plantation de pistachiers. L'un des avantages de cet arbre serait de permettre
de s'opposer à l'avancée du béton sur les terres agricoles. Le vœu est pieu. On ne peut que le respecter. Il n'en demeure cependant qu'un vœu. La préservation des terres agricoles nécessite d'autres
mesures.
Nous aimerions apporter sur la question le regard de l'agronome.
PRENDRE DES MESURES DE BON SENS
Pour mesurer l'étendue du problème, les images satellitales sont un bon outil. Prises à quelques années d'intervalles de telles images prises en Mitidja
montre la progression du béton sur les plus belles terres agricoles du pays. Ces images permettent de délimiter des zones à préserver. Ensuite, il s'agit de faire respecter l'état de droit en luttant
contre les constructions illicites et en procédant à leurs destruction; le coût étant bien entendu à la charge du contrevenant. Reste à l'autorité publique de proposer des solutions de relogement là
où la construction est possible.
Plusieurs solutions sont à envisager: construction en hauteur, mais surtout gestion du territoire. Il est salutaire que des immeubles d'une dizaine
d'étages aient par exemple été construits dans la région d'Alger. Il s'agit là d'autant moins de pression sur les terres agricoles. Mais sans compter sur les besoins induits des occupants en surface
au sol: parking, routes, «équipements sociaux, emplois. La solution est donc une gestion fine du territoire nationale en s'appuyant sur les spécialistes en la matière.
Il est étonnant de concentrer toutes les structures économiques au Nord du pays. Est-il normal par exemple, que des instituts de recherche agronomique:
INRAA, INPV, ITGC aient leur siège localisé à Alger? La vocation de ces organismes concerne l'ensemble du territoir. Dans ce cas là comment expliquer leur maintien dans la région d'Alger?
Il s'agit là de quelques exemples dans le domaine agricole. Mais en cherchant, les exemples seraient nombreux dans différents domaines. Certes, déplacer
des personnels n'est pas chose aisée. Il s'agit de trouver les moyens afin de réaliser des transitions. Ainsi, une structure peut être provisoirement dédoublée à l'intérieur du pays et tout nouvelle
embauche y être affectée. Les départs en retraite au niveau au niveau de l'ancien siège n'étant plus remplacés. Des primes de ré-installations peuvent être proposées. C'est par le dialogue et la
concertation que des solutions sont à rechercher.
Les villes du Nord pourraient avoir une surface d'empreinte au sol définie. Tout agrandissement pourrait y être interdit. Un nombre d'habitants maximum
d'habitants pourrait être défini.
Idem concernant les centres universitaires du Nord. Ils devraient avoir une taille maximum qui devrait à terme être réduite au bénéfice de ceux des
villes de l'intérieur du pays. Notons à ce propos l'effet positif qu'aura eu la création de pôles universitaires à l'intérieur du pays pour la préservation des terres au Nord.
DU PAIN ET DES ROSES
Des moyens incitatifs pour fixer la population à l'intérieur du pays sont nombreux: investissements publics dans l'emploi, exonérations fiscales,
développement de zones industrielles...
Au risque de se répéter, une telle politique de décentralisation implique, outre une vue à long terme, des investissements massifs à l'intérieur du
pays: emplois, logements, infrastructures d 'éducation, de santé et de loisirs.
Les loisirs sont un aspect à ne pas négliger. Pour les villes loin du bord de mer, des centres nautiques sont à développer. Le succès des centres
actuellement ouverts par des investisseurs privés montre l'attente des populations. De même que sont à envisager des piscines dans les résidences collectives d'habitations comme cela se pratique dans
le Sud de la France. Enfin, le secteur des piscines privées est à encourager.
L'habitat à l'intérieur du pays et dans le Sud nécessitent d'être l'objet de toutes les attentions. Les surfaces à bâtir y étant souvent non limitantes,
l'habitat collectif doit comprendre un faible nombre d'étages avec des cours et des terrasses ombragées. Le recours à des spécialistes doit permettre d'atténuer à l'intérieur des habitations l'effet
des températures caniculaires. Il existe pour cela des dispositifs et des matériaux de construction appropriés.
LE FAUX ARGUMENT DE LA MISE EN VALEUR DE TERRES NOUVELLES
Répondant un jour à un journaliste qui s'alarmait de la mise à la disposition du secteur de la construction de terres agricoles, un ancien ministre de
l'agriculture répondit qu'on pouvait compter avec la mise en valeur de nouvelles terres agricoles.
Notons au passage que l'imprévision qui règne depuis des années au niveau de l'aménagement du territoire est la cause de ces crises récurrentes: trouver
des assises foncières pour des tours d'habitations, zones industrielles, équipements électriques... Et à chaque fois, la solution est de déclasser des terres agricoles en terres à construire.
Penser que la mise en valeur est la solution à l'avancée du béton sur les terres agricoles du littorale manque de réalisme. Pour un ministre de
l'agriculture, oserions nous dire qu'il s'agit également d'ignorance? Certes, il existe à l'intérieur d'immenses surfaces potentiellement cultivables; Mais à condition de les irriguer, car ces
surfaces sont situées dans des zones semi-arides ou arides. Or, cultiver en zone aride relève du miracle. Ainsi, c'est devoir répondre à une évapo-transpiration de 200 mm. C'est à dire qu'il s'agit
d'apporter jusqu'à 2 000 litres d'eau par m2 aux cultures lors d'une campagne agricole. Cela demande donc de mobiliser des ressources en eau considérables. Ressources certes présentes au niveau des
nappes phréatiques mais non renouvelables car pour l'essentiel fossiles. Il faut compter par ailleurs avec la salinité de ces eaux qui en 5 à 6 ans peuvent rendre impropres à la culture les parcelles
sous pivot. Quant aux sols sahariens, leur fort taux de sable fait qu'ils ne retiennent ni eau ni engrais. Les sols steppiques ne sont guère mieux lotis. Ils sont extrêmement fragiles et pour partie
en voie de désertification du fait d'un pastoralisme incontrôlé. C'est dire si laisser bétonner les terres les plus riches de la frange littorale car les plus arrosées est criminel pour les
générations à venir.
Que feront nos descendants lorsque la Mitidja sera entièrement bétonnée, le gaz et pétrole ainsi que les nappes phréatiques épuisées?
Outre la population locale, il s'agit de tenir compte des phénomènes migratoires. Les frontières Sud du pays sont limitrophes de pays dont, selon les
démographes, le pic de population est à venir lors de ces prochaines décennies. Ces pics de population sont actuellement parmi les plus élevés au monde. Or, il s'agit pour la plupart de pays en
déshérence. Alors que les frontières de l'Europe se ferment faudra-t-il que ces migrants restent éternellement en transit en Algérie?
ALGER, UNE CAPITALE QUI TOURNE LE DOS AU PAYS
L'heure est à la prospective et à la prise de décisions courageuses. Certes, ces dernières années les investissements publics dans les communes rurales
ont fortement progressé. Les attentes des populations rurales en matière d'équipements de base sont fortes. C'est aux économistes, géographes et spécialistes de l'aménagement de l'espace de tirer le
bilan de ces actions, mais également du retard accumulé mais aussi des effets de la décennie noire sur l'exode rural.
Par ailleurs, d'autres phénomènes de répartition de la population sont à souligner. Il existe des wilayas où la majorité de la population est localisée
au niveau du chef-lieu. C'est le cas de Batna. A l'origine, la ville s'est constituée sur une cuvette fertile. Cuvette constituée à partir de la terre arrachée par l'érosion aux hauteurs
environnantes. Aujourd'hui le développement de la ville est tentaculaire. L'ensemble de la vallée est occupée. Ainsi, même à l'intérieur du pays la fixation des populations ne signifie pas
préservation des terres agricoles.
En définitive, face à l'avancée du béton sur les terres agricoles, il serait faux de dire que rien n'est fait par les pouvoirs publics. Mais pour notre
regard d'agronome, l'observation de terrain montre que cette réponse est sans commune mesure avec la gravité du problème. Il s'agit de prendre des mesures selon un plan concerté sur le long terme.
Celles-ci doivent également comprendre des mesures symboliques au retentissement médiatique telles la destruction de construction illicites. Mais c'est aussi aux pouvoirs publics à montrer l'exemple:
en organisant la relocalisation d'institutions à l'intérieur du pays et sans oublier aucun levier.
A l'heure des moyens modernes de communication, la concentration de toutes les institutions à Alger n'a plus de sens. Cette capitale tourne le
dos au pays et regarde vers l'Europe. Nombre de services pourraient être installés à l'intérieur du territoire et vivre
plus au diapason des besoins de la population.
Un dernier aspect mérite également toute l'attention des pouvoirs publics. Il s'agit de la nécessaire occupation homogène du territoire national et d'un
meilleur brassage des populations. A l'heure de menaces aux frontières Sud du pays, il s'agit là d'un aspect non négligeable. La nature ayant horreur du vide...
ALGERIE: AUGMENTER LE PRIX DES CARBURANTS ET DE L'ELECTRICITE, UNE BONNE CHOSE, A LONG TERME, POUR
L'AGRICULTURE.
D.BELAID 6/7/14 réactualisé le 11.07.14
Les carburants et l'électricité sont deux sources d'énergie très utilisées. Les carburants sont principalement utilisés pour actionner les moteurs des
engins agricoles: tracteurs, moissonneuses-batteuses, ramasseuse-presse... L'électricité est plus particulièrement utilisée pour actionner les pompes hydrauliques pour l'irrigation des cultures. Elle
est si vitale que tout nouvel investisseur agricole réclame avant tout une ligne électrique.
Bien que non dérisoires, les prix de l'énergie est bas. Cette énergie n'est pas payée à sa juste valeur aux entreprises Sonatrach et Sonelgaz. Pour
cette dernière et en tenant compte l'électricité fournit aux villes, la situation financière est telle que c'est tout l'avenir de l'entreprise qui risque à terme d'être compromis. Son PDG demande aux
pouvoirs publics des augmentations de prix, mais elles lui sont refusées. Conséquences, une quasi absence de fonds pour la recherche-développement dénoncée notamment par l'économiste A. Benchenhou
dans une récente conférence. Pour Sonatrch, une plus grande aisance financière évite cette situation. Cependant, la conséquence est une tragique hémorragie de carburant à travers les frontières
Ouest, Est et Sud du pays. Certaines années, dans l'Ouest du pays, il est arrivé que les agriculteurs ne trouvent plus de carburant lors des moissons. Chacun des voisins de l'Algérie profite indûment
des investissements pétroliers de la nation.
POUR UNE JUSTE POLITIQUE DES PRIX DE L'ENERGIE
Ce faible coût de l'énergie entraine de graves conséquences en agriculture, notamment pour le travail du sol et de l'irrigation.
Concernant le travail du sol, il permet la poursuite de pratiques telles le labour qui sont épuisantes pour le sol en région semi-aride. A propos de
l'irrigation, cette abondance d'eau se traduit par la poursuite de l'irrigation par submersion. Cette façon de faire se traduit par un gaspillage de l'eau.
Un relèvement progressif des prix de l'énergie constitue donc un puissant moyen pour inciter les agriculteurs à des pratiques plus vertueuses vis à vis
du milieu.
Ainsi, les agriculteurs pourraient remplacer le labour par le semis direct. Quant aux irrigants, ils pourraient remplacer l'irrigation par submersion
par celle permise par l'emploi de kits d'aspersion, d'enrouleurs ou du goutte à goutte. Dans le cas de l'irrigation par pivot dans le Sud, l'économie consisterait à passer à l'énergie solaire. A ce
propos, il est à noter l'excellent travail du HCDS qui équipe dans la steppe des puits à l'énergie solaire pour l'abreuvement des troupeaux et fournit progressivement aux nomades des panneaux
solaires.
POUR UNE VERITABLE TRANSITION ENERGETIQUE
Des études fines sont à mener sur les conséquences d'une augmentation des tarifs de l'énergie sur les revenus des exploitations agricoles. C'est aux
services spécialisés du MADR de procéder à ce type d'études par grand type de production et d'exploitation tout en
incluant dans le modèle informatique différents niveaux de relèvement de tarifs..
Vue l'ampleur des changements à opérer, une telle transition énergétique au niveau de l'agriculture ne peut être que progressive. Elle mérite d'être
préparée finement et le plus tôt sans attendre de devoir être faite « au son des canons ». Les atouts dont disposent les pouvoirs publics ne sont pas négligeables.
Concernant le semis direct, à travers PMAT, les pouvoirs publics ont les moyens de produire et de commercialiser le matériel nécessaire. Les unités de motoculture des CCLS peuvent également aider à
une meilleure connaissance de ce type de matériel.
Le semis direct a l'avantage de réduire les coûts de mécanisation ce qui permettrait aux exploitations céréalières de mieux encaisser
le coût d'une hausse des carburants.
Concernant l'irrigation, deux points forts sont à noter. Tout d'abord, la disponibilité toujours plus grande en matériel d'irrigation moderne dont une
partie est produite localement par des entreprises telles Anabib. Ensuite, l'existence d'offices régionaux qui supervisent les quantités d'eau vendues aux agriculteurs. Il est à remarquer que pour de
mêmes quantités d'eau utilisées ces dernières années au niveau de ces offices, les surfaces irriguées sont plus grandes. Cela est le signe d'une meilleure efficience des techniques d'irrigation mises
en route.
L'utilisation des engrais constitue une autre source de réduction des dépenses en énergie. L'utilisation de composts de fumier mélangés
à des boues résiduaires et à différentes sources de matières organiques permet de réduire considérablement les doses
d'engrais phosphatés et potassiques et dans une moindre mesure les engrais azotés. En la matière de notables progrès peuvent être réalisés par l'utilisation dans les rotations de légumineuses;
celle-ci possèdent l'avantage de fixer l'azote de l'air. Une autre optique consiste à développer les cultures qui associent associent une céréale à une légumineuse durant le cycle de culture. C'est
actuellement le cas du fourrage de vesce-avoine.
Il reste à introduire en Algérie des pivots mus par énergie solaire. Il en existe à l'étranger. Etant donné le taux d'ensoleillement
dont jouit le pays, il serait dommage de continuer à utiliser une électricité produite à partir de gaz dont les réserves sont limitées.
Les pouvoirs publics possèdent également un autre levier d'action. Il s'agit d'aider les producteurs à vendre leurs produits en s'affranchissant des
intermédiaires. Ceux-ci ne font pratiquement l'objet d'aucune fiscalité. Au niveau de la commercialisation des fruits et légumes plusieurs économistes notent que des sommes considérables sont
prélevées du circuit pour être investies ou parfois thésaurisées, hors du secteur agricole.
LES TARIFS DE L'ENERGIE FOSSOYEURS DE TOUTE INNOVATION
En définitive, ces dernières années, les tarifs actuels de l'énergie auront contribué à un véritable décollage de la massification des productions
agricoles. C'est notamment le cas en blé dur, orge et pomme de terre. L'agriculture est ainsi dopée et addict des niveaux bas de tarification de l'énergie. Ceux-ci auront été les fossoyeurs de toute
innovation en matière de travail du sol, utilisation des engrais et mode d'irrigation.
Les principaux postes de consommation en énergie sont représentés par le travail du sol, les engrais et l'irrigation.
Faire perdre au monde agricole l'habitude de cette énergie à bas prix ne peut se faire que par de profonds changements dans les façons de faire. C'est
pour cela que la mise en œuvre de nouvelles pratiques ne peut se faire que par un relèvement courageux des tarifs qu'il s'agit de plus différer. Il devra être programmé sur le long terme afin que les
exploitations puissent avoir l'opportunité de s'y s'adapter.
CONSOMMATEURS, UNE RESPONSABILITES CITOYENNE VIS A VIS DES AGRICULTEURS
D.BELAID 1.07.2014
En Europe et aux USA des consommateurs de produits agricoles optent pour la seule consommations de produits locaux. Le but de ces
« locavores » est de réduire la consommation frénétique de carburants. Il est vrai qu'il est devenu courant que les consommateurs européens trouvent en plein hiver des cerises venant du
Chili.
En Algérie, les consommateurs peuvent-ils modifier les façons de faire du monde agricole et de la distribution?
AGIR SUR LES PRIX
Ces dernières année, l'association des consommateurs algériens a eu l'occasion de lancer des mots d'ordre visant à moins consommer afin de peser à la
baisse sur les prix des fruits et légumes. Une autre façon de procéder des associations de consommateurs pourrait être de vulgariser les AMAP. Il s'agit de groupements de consommateurs qui s'engagent
à acheter durant toute une année la production d'un maraicher. Sont ainsi définis à l'avance des prix et la composition d'un panier hebdomadaire dont la composition peut varier au cours des saisons.
Chaque semaine les adhérents viennent chercher leur panier chez un dépositaire en ville. L'agriculteur bénéficie de prix rémunérateurs et de l'assurance d'écouler sa production. De leurs côtés, les
consommateurs se voient proposer des tarifs inférieurs à la moyenne du fait de l'absence d'intermédiaires.
AGIR SUR L'OFFRE
Plus difficile mais réalisable, les consommateurs peuvent agir sur la nature des produits offerts. Pour cela, il s'agit qu'un minimum d'offre existe.
Puis à eux, par leurs achats d'enclencher un effet d'entrainement.
Dans le cas de la semoule d'orge, les consommateurs peuvent contribuer, par leurs achats, à la réussite d'un producteur ou d'un transformateur qui
proposerait ce nouveau produit sur le marché. Rappelons que de par sa richesse en fibres et en glucides dont les bêta glucanes, l'orge possède d'éminentes vertus diététiques. Des produits à base de
soja (lait de soja, dessert chocolaté à base de soja, fromage de soja, soja texturé) peuvent permettre de réduire la pression sur les produits animaux. Mais la promotion de ces nouveaux produits
nécessite un éducation nutritionnelle. Cela peut être le rôle d'associations écologiques et de consommateurs auprès du public mais aussi des pouvoirs publics.
AGIR SUR LA FERTILITE DES SOLS
Il est également un domaine où les consommateurs peuvent apporter beaucoup. Il s'agit de la fertilité des sols.
L'un des objectifs est de favoriser toute action vers le retour à la terre de toute source de matière organique d'origine agricole (fumier, fientes de
volailles, composts divers, sciure de bois, …). Les sols agricoles ont besoin de cette matière organique. Celle-ci joue le rôle d'un éponge et retient eau et engrais. En se décompossant
progressivement la matière organique libère des minéraux qui nourrissent la plante. Or l'agriculture moderne est hyper spécialisée. Auparavant l'élevage était systématiquement associé aux cultures.
Ce n'est plus le cas depuis l'apparition des engrais azotés. Leur synthèse se fait à partir de l'azote de l'air. Ces engrais ont remplacé le fumier traditionnellement épandus dans les champs. Mais
cette substitution ne peut remplacer toutes les fonctions du fumier de ferme. Notamment, cette capacité à retenir l'eau et les élément minéraux. Ce qui peut être sans grand danger en climat tempéré
s'avère dangereux en climat semi-aride. En effet, la matière organique du sol y est rapidement détruite dès que l'humidité du sol et chaleur sont présentent. Aujourd'hui, en Algérie, de nombreux sols
ont ainsi perdus leur fertilité car personne ne s'est jamais préoccupé de ré-équilibrer les pertes annuelles en matière organique.
Durant des décennies, on a prélevé des éléments de la terre sans jamais rien lui restituer. Outre la perte de fertilité, l'évolution ultime de ce
processus est l'érosion. Car un sol pauvre en matière y devint extrêmement sensible.
Tous ces prélèvements de matière à partir du sol et sous forme de récoltes de grains, tiges feuilles ou racines sont effectués afin de nourrir le citadin. A ce titre, un retour au sol des déchets
organiques liées à l'activité humaine est une nécessité. La fraction organique de nos poubelles (épluchures de fruits et légumes, marc de café, serviettes en papier, …), boues résiduaires de nos
stations dépuration, composts de déchets verts en provenance des jardins devraient retourner à la terre. Or, cela ne se fait que très peu en Algérie. Nous enfouissons par exemple la fraction
organiques des déchets ménagers dans des CET au lieu d'en faire du terreau agricole. Certes, l'utilisation des boues résiduaires se développe mais elle reste limitée. Et dans certaines villes, des
usines déversent dans les égouts des eaux chargées de métaux lourds sans procéder à un traitement préalable. Ces métaux lourds devraient être traités à la base. Le travail des stations d'épuration
s'en trouverait ainsi grandement facilité.
Que peut faire le citoyen devant si peu d'intérêt porté au statut organique des sols? Lune des actions est de créer ou rejoindre des associations
écologiques afin de peser sur le choix des décideurs et cela à tous les niveaux.
Car qu'est ce qui empêche une municipalité d'installer des bacs afin de de promouvoir le développement du compost de la fraction organique des déchets
ménagers ou des déchets verts? Cela peut être de démarrer expérimentalement dans un seul quartier puis progressivement étendu à toute une ville.
Des citoyens organisés en associations peuvent par exemple demander l'installation de bacs afin de récupérer les piles sources potentielles de
m étaux lourds dans les composts urbains. Idem quant au tri sélectif du verre, carton, plastique et métal. Tout progrès dans la généralisation de ce tri est un gage vers la possibilité de plus
de composts urbains pour l'agriculture.
Nous sommes tous, agriculteurs et urbains, liés par un fil invisible: celui du cycle de lla matière organique. Ne pas en être conscient, c'est rendre
notre agriculture moins productive, c'est fragiliser les sols agricoles et hypothéquer notre avenir.
La décennie de la dernière chance: Emergence ou Déchéance de l’Economie Algérienne ?
Un nouvel ouvrage vient d’être édité du Professeur Lamiri Abdelhak (Enseignant chercheur à l’Ecole Supérieure de commerce d’Alger). Éditions Chihab, 2013.
Introduction:
Cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de réflexions et d’analyses. Il est construit sur la base d’une méthodologie rigoureuse qui est décrite dans les chapitres qui suivent. Pour chaque
problème crucial, avant de fournir des recommandations appropriées, il nous fallait répondre à trois questions précises : que connaît-on scientifiquement sur la question ? Quelles sont les
expériences, bonnes et mauvaises, nationales et internationales, pertinentes ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? Non pas que les solutions jaillissent toujours d’elles-mêmes après un exercice
pareil ; mais en se posant ces questions on devient modeste, on apprend d’autrui et on respecte mieux les connaissances scientifiques. Notre longue expérience aux US A, en France et en Algérie nous a
été d’un secours limité par rapport à l’ampleur des difficultés analysées. Cependant, les connaissances produites et les expériences de nombreux pays ont mieux mis en évidence les alternatives
disponibles. La vaste majorité des problèmes que nous connaissons ont trouvé des solutions ailleurs. Malgré les spécificités culturelles, beaucoup sont transposables.
Nous avons usé d’un ton tantôt alarmiste tantôt optimiste. La situation présente l’exige. Nous sommes sur un fil de rasoir. Quelques décisions malencontreuses plus tard et nous basculerons vers un
enfer qu’on n’a jamais vécu, même durant la décennie noire. Tout le monde y laissera des plumes. Surtout ceux qui ont amassé des fortunes mal acquises placées sous d’autres cieux. Ils seront les
premiers visés. Le citoyen moyen sera durement et durablement touché, victime innocente de décisions qu’il n’a jamais prises. Par contre, la décennie de la dernière chance si par bonheur,
des choix judicieux sont faits ; alors, les quelques petits sacrifices éphémères consentis induiront quiétude et bien être pour tous. Tel est le message de cet ouvrage. Il est porté sur l’action. Il
situe les mauvaises décisions qu’il faut éviter coûte que coûte. Il est centré sur les décisions salutaires qu’il convient de prendre. La moitié de l’ouvrage est consacrée aux options disponibles
pour se défaire d’un marasme qui n’a que trop duré. Nous avons résumé en quelques pages, à la fin de l’ouvrage, pour les décideurs pressés, le diagnostic et les décisions salutaires qu’il convient de
prendre. Le reste de l’oeuvre détaille les analyses et les alternatives salutaires dont nous disposons. Nous avons même expliqué brièvement quelques conceptualisations théoriques indispensables à la
compréhension du reste du texte.
Durant les années quatre-vingt-dix, les décideurs politiques pouvaient se prévaloir des divisions qui existaient entre les élites scientifiques du pays pour faire n’importe quel choix. Les tenants de
l’économie de marché public, les éclectiques et les libéraux extrêmes se querellaient inlassablement, offrant aux responsables politiques l’occasion de justifier n’importe quelle orientation. De nos
jours, la vaste majorité des élites est d’accord sur le chemin à prendre. Une économie sociale de marché, l’égalité de traitement entre secteur public et secteur privé, la libération des initiatives,
la dé-bureaucratisation, le respect et l’écoute de tous les citoyens, un meilleur partage du revenu national et autres ne sont qu’un échantillon d’orientations sur lesquelles convergent les points de
vue des analystes nationaux et nos chercheurs expatriés. Mais la fracture est grande entre les élites du pays et les responsables politiques. Nous n’avons pas encore su promouvoir une sociologie
politique compatible avec l’émergence et le développement. Les risques énergétiques et économiques qui pèsent sur le pays vont-elles induire des changements politiques conformes aux exigences de
l’émergence ? Rien n’est moins sûr. Cependant, nos élites scientifiques n’ont pas le droit de baisser les bras. Il faut lutter pacifiquement, calmement et avec clairvoyance pour contribuer à faire
émerger une classe politique honnête, crédible, visionnaire et qui sait jouer son rôle et distribuer les tâches et les responsabilités autour d’elle.
Chapitres de l’ouvrages:
Chapitre I: Pour comprendre ce qui nous arrive …………………………….15
Chapitre II: brève analyse rétrospective de l’économie algérienne …….59
Chapitre III: choisir l’émergence , recommandations ……………………..95
Chapitre IV: résumé des analyses et des recommandations ……….277
Professeur Lamiri Abdelhak
Pour consulter la couverture du livre ainsi que les ouvrages des autres enseignants:
http://www.esc-alger.dz/corps-prof.html#ancre2
Mustapha Mekideche plaide pour une politique de réindustrialisation
Le vice-président du Conseil économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, a plaidé,
jeudi à Alger, pour la mise en œuvre d’une stratégie ciblant l’émergence d’une économie nationale diversifiée, estimant que le prochain plan quinquennal devrait favoriser l’émergence de cette
économie.
« Le prochain plan quinquennal 2015-2019 devrait favoriser l’émergence d’une
économie diversifiée et compétitive », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio nationale. La réalisation de cet objectif passe, selon M. Mekideche, par une « réindustrialisation du
pays » et la mise en œuvre « d’une stratégie de substitution aux importations ». « Les pouvoirs publics doivent agir pour favoriser l’essor d’une industrie nationale en vue de
rompre avec logique de l’ouverture aux importations », a-t-il soutenu.
Il a fait remarquer que « la baisse en volumes de nos exportations d’hydrocarbures
sur le marché pétrolier est une tendance lourde » qui aura des incidences négatives sur le niveau des recettes issues de la fiscalité pétrolière, relevant que l’amenuisement progressif des
recettes issues de la rente pétrolière est une réalité que l’on ne peut éluder.
Rappelant le seuil alarmant atteint par les importations (55 milliards de dollars en
2013), le vice-président du CNES a imputé les retards enregistrés dans la mise œuvre d’une politique de substitution aux importations, aux « lobby » et aux « groupes de pressions
intéressés » par le maintien d’un statu quo « suicidaire » pour l’économie nationale.
Détaillant les mécanismes de mise en œuvre de la stratégie de substitution aux
importations, M. Mekideche a estimé que celle-ci pourrait être mise en œuvre par l’action concertée de grands groupes publics et privés nationaux, adossés à un réseau de petites et moyennes
entreprises. La compétitivité des entreprises nationales peut être par ailleurs notablement améliorée par l’acquisition d’actifs technologiques en Europe, a-t-il encore soutenu.
Jugeant « inacceptable » de continuer à construire des logements « clés
en main » en sollicitant le concours direct d’entreprises étrangères, le vice-président du CNES a estimé, par ailleurs, que l’acquisition d’actifs de firmes étrangères est la voie la plus
opportune pour améliorer le savoir-faire des entreprises nationales notamment dans le secteur du BTPH.
Abordant, la question de l’évolution des dépenses publiques, M. Mekideche a estimé que
le prochain plan quinquennal ne pourra pas faire l’impasse sur une rationalisation des dépenses publiques. « La révision des modèles de consommation et de la tarification du prix de l’énergie
seront inéluctablement des dossiers à l’ordre du jour, dans un proche avenir », a-t-il soutenu.
Relevant que la démarche « d’un Etat social » ne doit pas être assimilée à
celle « d’un Etat gaspilleur » et citant l’exemple des carburants et de certains produits alimentaires, le vice-président du CNES a rappelé que la politique de subvention tout azimut
conduit à une consommation irresponsable et à des fuites importantes à travers les frontières.
Une révision des subventions de l’Etat est ainsi, selon lui, inévitable, à charge pour
l’Etat de mettre en place de nouveaux mécanismes d’aides ciblant les populations fragiles et à faibles revenus.
OAIC: VERS UN INSTITUT DE FORMATION DE CADRES PAYSANS ?
D. BELAID 15.04.2014
De par ses missions, l'OAIC est l'organisme qui est le plus en contact avec le monde paysan. Non pas seulement par des transactions agricoles mais du point de vue de la participation dans des
structures de gestion. En effet, les Coopératives de Céréales et de Légumes Secs sont des structures "coopératives" où sont représentés des agriculteurs. En France les coopératives de collecte de
céréales ont leur institut de formation des cadres paysans (IFOCAP). Où est l'institut de formation des cadres paysans de l'Oaic?Il serait bien que l'Oaic fasse quelque chose pour ses cadres paysans
et s'inspire de se qui se fait par exemple à l'IFOCAP France et ailleurs. Car, il ne faudrait pas ensuite se plaindre du manque de connaissances des élus paysans et de la difficulté de leur confier
des responsabilités. La même question est posée pour les laiteries publiques, les Chambres d'Agriculture et les coopératives de fruits et légumes à venir.
LES CONDITIONS D’EMANCIPATION DU MONDE PAYSAN
Mais en fait, les élus paysans ne doivent pas attendre le bon vouloir de qui que ce soit. A eux de prendre leur destin en main et de créer un institut indépendant de formation. Quitte à demander
au démarrage quelques subventions des pouvoirs publics. Mais à l'image de l'expérience des années 50 du mouvement coopératif français, c'est à une poignée d'élus paysans de créer les conditions de
leur émancipation. Le film relatif aux 50 ans de l’IFOCAP est intéressant à plus d’un titre (voir sur le site de cet institut). On peut y voir comment Michel DEBATISSE, élu paysan, a mobilisé il y a
de cela une cinquantaine d’années des énergies afin de faire émerger des structures de formation à destination des agriculteurs.
UN CONTEXTE EN PERPETUEL CHANGEMENT
Former des cadres paysans est essentiel pour la réussite de l’agriculture et le développement rural. L’actualité agricole algérienne montre chaque jour comment le monde agricole est dépossédé des
fruits de son travail malgré les investissements colossaux des pouvoirs publics. Un exemple frappant est celui des chambres froides. Celles aux mains d’intermédiaires stockant de la pomme de terre et
qui n’ont aucun lien avec la production permettent de dégager des marges bénéficiaires bien supérieures à celles des producteurs.
La solution serait que des producteurs de pommes de terre et de fruits et légumes en général créent les conditions afin de réunir leurs productions et être ainsi en position de force afin de
discuter avec les intermédiaires et voire s’en affranchir. C’est le seul moyen de renforcer leur pouvoir de négociation. Que ce soit concernant les filières lait, céréales, sucre ou oléagineux, les
producteurs ont des revendications spécifiques qui peuvent être différentes de celles des transformateurs et des centrales d’achat des grandes surfaces. Seuls de puissants groupements de producteurs
peuvent permettre de sauvegarder les intérêts paysans. Une absence de coopératives laitière au profit de laiteries privées et ce sont les producteurs qui dépendront du bon vouloir des transformateurs
de lait.
Malgré l’octroi de subventions agricoles par les pouvoirs publics, la tendance en Algérie est à la privatisation. Les discussions actuellement menées par M. BENBADA avec l’OMC ne devraient que
rendre plus âpre la compétition économique. Qui défendra la petite et moyenne paysannerie, si ce n’est elle même ?
DEVELOPPER DES RELATIONS INTERNATIONALES
Les moyens de communication peuvent permettre aux élus représentatifs du monde agricole d’étudier les expériences des pays qui nous entourent. Il est possible de nouer des contacts et d’échanger
des expériences. Pourquoi ne pas nouer des relations avec l’IFOCAP et des instituts similaires ( www.inter-reseaux.org/IMG/pdf_dossier_IR_5.pdf http://www.agriculturepaysanne.org/formations.php
)?
L’IFOCAP possède une riche expérience en matière de formation. Le panorama de ses cycles de formations est large : cycles de formation à la responsabilité (OMEGA), méthodologie d'écoute,
d'expression et de relations humaines, dynamique collective et gouvernance, cycle gestion de l'entreprise, développement local, ouverture à l'international, filières, marchés et territoire.
La session relative à la méthodologie d'écoute, d'expression et de relations humaines comprend les modules suivants : sortir des impasses relationnelles,
développer des compétences de négociation, écrire : un outil au service de la gestion de l'information, apprendre à gérer ses émotions
pour développer sa confiance en soi, communiquer avec les médias, savoir écouter et s'affirmer, résoudre les conflits ou s’outiller pour piloter une réunion productive. Cela laisse rêveur quant aux
capacités de d’acquisitions de compétences du monde paysan. Monde qui a été le plus souvent tenu à l’écart des prises de décision.
www.ifocap.fr/
Contatct : 01 55 50 45 45 - e-mail :ifocap@ifocap.fr
AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DE LAIT EN ALGERIE : DANS MADR, NE PAS OUBLIER LE « D » ET LE « R ».
Contribution parue dans le blog "Paysans d'Algérie" d'El Watan. Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 23.03.2014
Suite aux pénuries de lait ayant récemment concerné plusieurs villes en Algérie, le lait est plus que jamais un sujet d’actualité. La presse note régulièrement de dysfonctionnements dans la
distribution du lait reconstitué à partir de poudre de lait importée. Les pouvoirs publics et en particulier le MADR sont amenés à des annonces. De quels leviers disposent-ils afin d’accroitre la
production locale et d’assurer des revenus au million de familles paysannes que compte le pays ?
I- FILIERE LAIT EN ALGERIE, UN DEVELOPPEMENT RECENT
La consommation locale est bien plus supérieure que la production. D’où un recours massif à l’importation de poudre de lait. La solution adoptée par les pouvoirs publics a été également d’importer
des génisses. Cela a suscité un vif intérêt des investisseurs locaux dont certains n’ont cependant pas de terres. On assiste ainsi à un fort développement de l’élevage hors sol. Mais les prix élevés
des aliments concentrés et du foin rend difficilement rémunérateur ce type d’élevage. Il ne se maintient que grâce à des subventions qui concernent également collecteurs et laiteries.
Une partie de la poudre de lait attribuée aux laiteries est détournée pour la fabrication de produits dérivés permettant de meilleures marges. Cela a récemment poussé le MADR à en fermer plusieurs
pour non respect de leurs obligations.
Le paysage laitier est actuellement marqué par diverses initiatives. Les producteurs disposant suffisamment de terres se tournent progressivement vers la production de fourrages verts. Des
laiteries telles Danone-Djurdjura améliorent régulièrement leur collecte en lait frais. De son côté le MADR a engagé un partenariat avec des éleveurs bretons dans le cadre du projet Alban dont un des
aspects consiste à mettre sur pied des groupes d’appui technique. Des discussions sont également en cours avec une société irlandaise pour la mise en place entre El Ménéa et Ghardaïa de 12 fermes de
3000 vaches laitières chacune réparties sur superficie de 120 000 ha. L’investissement serait réalisé selon la règle 51/49. La presse note que les pouvoirs publics auraient déjà réservé 5000 ha
pour lancer le projet.
II-NOURRIR, NOURRIR ET ENCORE NOURRIR LES VACHES
Quels sont les caractéristiques et les besoins du cheptel local?
Pour produire plus, il s’agit tout d’abord de disposer d’un cheptel de bon niveau génétique. L’importation massive de génisses a permis d’atteindre cet objectif. Le développement de l’insémination
artificielle (50% du cheptel) permet d’améliorer les performances génétiques du cheptel.
Il s’agit également d’assurer une alimentation adéquate des bêtes. C’est là que le bat blesse. La production de fourrages verts ne suit pas. Le sorgho connait un timide développement. La
production de fourrage concerne surtout un foin de vesce-avoine de mauvaise qualité car récolté tardivement. Il manque des moyens d’irrigation bien que des kits d’aspersion et des enrouleurs
commencent à être fabriqués sur place par Anabib. Les ensileuses et enrubanneuses sont pratiquement inconnues de la majorité des éleveurs. Concernant l’alimentation minérale, les pierres à lécher
sont peu disponibles.
En matière de suivi des élevages, l’hygiène de la traite laisse à désirer. Les techniciens d’Alban ont noté la forte présence de mammites. Concernant l’aménagement des bâtiments, nombre d’entre
eux ne sont pas conformes. La plupart n’offrent même pas un abreuvement en eau continu pour les bêtes. Et cela, même en plein été. Du point de vue sanitaire la présence de vétérinaires locaux en
assez grand nombre permet un assez bon suivi sanitaire. Ce qui n’empêche pas, parfois des cas de tuberculose bovine.
Il apparait donc, que le contexte local est marqué par des insuffisances (alimentation) mais qu’il existe des potentialités notamment concernant les moyens humains. Le constat étant connu, que
faire pour améliorer les choses ? Sur quels leviers agir prioritairement ?
III- LE MADR SUR TOUS LES FRONTS ENTRE VITESSE ET PRECIPITATION
A-Méga projet irlandais, mais où est le « DR » dans MADR ?
La presse fait état régulièrement d’un méga projet de fermes laitières dans le Sud du pays. Penser développer une production laitière sous 50°C en milieu aride pour approvisionner toute l’Algérie
est une hérésie. Il faut savoir que les vaches laitières sont stressées par les fortes chaleurs. Et dans ces cas là les conséquences ne se font pas attendre : la production chute. Des experts
laitiers Hollandais ont déjà tiré la sonnette d’alarme concernant des bêtes pourtant élevées dans la partie Nord du pays. Faudrait-il mettre la climatisation dans les étables ? Et si c’était
possible, mais pour quel coût du litre de lait ?
Mais surtout, dans le grand Sud, l’eau reste une denrée précieuse. Si les nappes phréatiques sont abondantes quel taux de renouvellement par les pluies peut-on attendre sous de tels climats ?
L’eau est également salée. La forte évaporation et les irrigations sont à l’origine d’une accumulation de sels. En quelques années, celle-ci provoque une salinisation des sols et une baisse des
rendements des céréales actuellement installées sous pivots. Ce qui a obligé des investisseurs à régulièrement déplacer leurs pivots amenant ce commentaire d’un pédologue local : « nous
avons réussi à désertifier le désert ».
Si une production laitière est à envisager dans le grand Sud, elle doit concerner l’auto-consommation locale des populations. L’eau disponible est à réserver à des systèmes de cultures qui ont
fait leurs preuves : palmiers dattiers avec en dessous un étage d’arbres fruitiers puis des légumes ou des fourrages (luzerne, sorgho).
Dans les déclarations qui entourent la préparation de ce projet, le MADR assure d’un réel transfert de technologie. Mais un transfert au bénéfice de qui ? Les grandes fermes envisagées
n’utiliseront que peu de main d’œuvre. En Irlande, les éleveurs en sont à utiliser des robots de traite. Les vaches se présentent d’elles mêmes à la traite. Imaginons qu’il y ait des techniciens
algériens embauchés. Mais ensuite le transfert devra se faire vers les éleveurs une fois les Irlandais partis. Or, un élevage laitier, c’est toute la journée que doivent
être assurés les soins. Qui mieux que le propriétaire des bêtes pour s’occuper du troupeau ? Il suffit que la désinfection des trayons ne soit pas assurée une seule fois après la traite pour
qu’une vache attrape des mammites et que la production de lait chute. Si transfert de technologie il doit y avoir, c’est dans le cadre d’un triptyque : partenaire étranger, techniciens algériens
et éleveurs algériens. Et non pas dans un tête à tête Irlandais – techniciens algériens. Un tel projet est une négation de la dimension « Développement rural » que doit assurer le
MADR.
B-Projet Alban, mais quelle tutelle pour les groupes d’appui ?
Le projet Alban consiste à importer des génisses, du matériel et à former des techniciens algériens auprès de leurs homologues français en situation dans des élevages en Bretagne. Par la suite,
ceux-ci forment à leur tour, en présence de techniciens bretons, des cadres locaux dans 3 wilayas pilotes. Certes, la partie française aide ses entreprises à exporter. Cependant, pour la partie
algérienne, outre le capital génétique constitué par l’importation de génisses, il y a un réel transfert de savoir faire. C’est vrai qu’il s’agit de gestes simples : (rationnement, hygiène de la
traite, aménagement des locaux, …) mais il y a le management, la rigueur de l’organisation laitière.
Cette rigueur dans par exemple la nécessité d’apporter des correctifs dans l’aménagement des étables a parfois amené des éleveurs à émettre des protestations lors du passage ministre de
l’agriculture lors d’un précédent salon agricole.
Cet incident illustre la question du statut de l’encadrement formé par Alban : les groupes d’appuis lait (Gaspels). S’agit-il de personnels qui seront sous l’autorité des services agricoles,
des Chambres d’Agriculture ou des laiteries ? Cela est un point déterminant. La réussite de l’élevage laitier nécessite des éleveurs dévoués à leurs bêtes. Dans le cas algérien, ils le sont.
Cela nécessite également des techniciens de terrain compétents et motivés. Il ne sert à rien de former des techniciens qui resteront dans des bureaux. Un groupe d’appui lait consiste en des
techniciens qui chaussent des bottes et qui n’ont pas peur de fouler la bouse de vache.
C-Danone, un partage des bonnes pratiques entre les éleveurs.
Dans le paysage local, la laiterie Danone-Djurdjura tranche. Elle adopte une toute autre approche. Forte de ses 90 ans d’expérience, la partie française assure aux éleveurs sous contrat un appui
technique efficace.
L’entreprise offre des primes à la qualité et finance l’achat d’équipements et de génisses. Danone assure des formations et le «partage des bonnes pratiques entre les éleveurs». Par ailleurs, des
agents ont été formés au contrôle laitier afin de garantir « le niveau élevé de sécurité et de qualité du produit».
Parmi cette batterie de mesures, le « partage de bonnes pratiques entre éleveurs » est à relever. La mise en avant de techniques qui ont fait leurs preuves chez des éleveurs de pointe
est la meilleure façon de convaincre les voisins à la traine. En effet, l’argument est imparable : si la technique a marché chez un éleveur pourquoi ne fonctionnerait-elle pas chez un
autre ? On n’est plus dans un schéma strictement de type « top-down ».
En général, la relation entre une laiterie collectant du lait frais et les éleveurs est particulière. La laiterie a besoin d’un accroissement de la collecte de lait et d’un lait de qualité. Elle
est la structure la plus intéressée par l’augmentation de la production. De ce fait, elle est donc la structure la mieux placée pour s’adresser aux éleveurs (appui lait).
De leurs côtés les éleveurs ont besoin d’augmenter leur technicité afin d’augmenter le niveau de leur production afin d’améliorer leur revenu.
Techniquement parlant, il s’agit de la meilleure forme de conseil technique qu’on puisse imaginer. Il n’est nécessaire de mettre une pointeuse biométrique derrière chaque technicien. Il suffit de
contrôler le volume de collecte et le rendement par vache du secteur dont il a la responsabilité. Muni d’un véhicule de service ou assuré du remboursement des frais kilométriques, à lui d’assurer son
planning d’intervention chez les éleveurs. C’est ce qu’on appelle l’obligation de résultats.
Reste que dans un schéma où les laiteries sont sous statut privé, celles-ci peuvent avoir tendance à minorer les avantages proposés aux éleveurs. Dans le cas où les laiteries sont sous statut
coopératif et sont l’émanation des éleveurs, la totalité des bénéfices leurs sont redistribués. Il y a là 2 logiques différentes.
APPUI TECHNIQUE, FAIRE COMME GROUPE BENAMOR ?
Afin d’augmenter la production de lait, comme cela est pratiqué en Europe avec la PAC, les pouvoirs publics ont massivement attribués des subventions au secteur laitier. Cela a permis un bond
spectaculaire.
Comment transformer l’essai ? Puis comment progressivement réduire un niveau de subventions difficile à maintenir sur le long terme pour les finances publiques?
L’effort d’importation de génisses et le développement de l’insémination artificielle assurent un bon niveau génétique du cheptel. Notons, qu’Il est cependant nécessaire de préserver le capital
génétique du cheptel local.
Le problème principal réside actuellement dans la production de fourrages. Pour certains éleveurs le problème est de ne pas posséder de terres, notamment en zone de montagne. Faut-il envisager une
politique de concessions de terres agricoles ? Pour ceux qui ont des surfaces la question est d’apprendre à cultiver des fourrages verts. Penser à axer principalement cette production fourragère
dans la zone aride du pays est une erreur. L’idéal est de produire des fourrages dans les zones à bonne pluviométrie ou à la rigueur dans l’étage semi-aride.
La réussite de l’élevage passe aussi par le suivi des élevages et une maîtrise de l’hygiène. La politique de formation de cadres permet de disposer d’un encadrement qualifié. Cependant, il manque
des vachers et un management efficace des techniciens. L’annonce de l’ouverture programmée d’écoles professionnelles est encourageante.
Parmi les stratégies possibles, celle de déléguer à des Irlandais l’élevage laitier en milieu aride pourrait faire rire si le sujet n’était pas aussi grave. Outre l’aspect climatique, la vocation
du MADR est certes d’assurer l’augmentation de la production de lait mais aussi d’assurer un revenu digne au million de familles paysannes vivant de l’agriculture. Le méga projet dessaisirait les
petites et moyennes exploitations de leur activité et cela au profit de qui ? Il faut par exemple voir la détresse de certaines populations du Sud laissée sur le côté du développement. C’est le
cas du quartier El Haïcha de Hassi Messaoud que décrit le quotidien Liberté de ce jour. « Nass aïcha ou nass El Haïcha taïcha !» disent ces laissés pour compte du développement. Pourquoi ne
pas préférer des projets offrant plus de perspectives d’emplois ?
Certes, ce n’est pas des exploitations avec 3 vaches laitières qui assureront l’autonomie laitière du pays. Mais ces exploitations assurent une autoconsommation et un approvisionnement en lait du
voisinage par des circuits courts. Ces productions mêmes minimes, créent de la valeur. Elles permettent un revenu et en fixant les populations rurales limitent le nombre de bouches urbaines à
nourrir. A côté de cela, l’effort du MADR doit également viser à aider des exploitations moyennes dont la taille est à déterminer en tenant compte d’un seuil de rentabilité et de l’emploi. Au Maroc,
les éleveurs sélectionnés par le projet laitier Imtiyaz doivent par exemple disposer au moins de 10 hectares irrigables.
Si une production laitière est à envisager dans le grand Sud, elle doit concerner l’autoconsommation locale des populations. La stratégie permettant une agriculture durable est de consolider les
schémas qui réussissent tel celui de la laiterie Danone-Djurdjura. Comme le fait le Groupe Benamor pour le blé dur et la tomate industrielle, c’est un centre de collecte privé ou coopératif qui est
le mieux à même d’organiser l’activité d’appui technique à des agriculteurs sous contrats afin d’améliorer les quantités et la qualité des produits collectés.
Les Chambres d’Agriculture mériteraient également d’être le lieu d’une meilleure participation des agriculteurs regroupés dans des associations représentatives et un syndicalisme authentique.
C’est dans ce cadre d’une cogestion que le MADR devrait progressivement attribuer à des représentants paysans démocratiquement élus plus de responsabilités, plus de moyens financiers et humains, et
plus de pouvoir d’attributions de subventions à répartir. Cela, tout en se gardant le pouvoir régalien du contrôle à posteriori. C’est au MADR d’initier la formation de cadres du mouvement associatif
et coopératif paysan. Ce sont ses interlocuteurs pour demain. C’est par le biais de ces structures que pourra se faire l’amélioration des productions agricoles. Il ne faut pas oublier combien de
cadres a donné le monde paysan lors au mouvement de libération national. Pourquoi ignorer sa disponibilité pour des actions de développement dont ne pourra jamais égaler la plus performante structure
administrative du MADR?
N’aurait-il pas fallu, par exemple, proposer à MM. Rabah Ouguemmat et Mouloud Amis respectivement président et le secrétaire général de l’association pour le développement de l’agriculture de
la commune de Timizart et animateurs d’un mouvement syndical responsable début mars un poste budgétaire? Poste, afin que ces éleveurs organisés en association recrutent eux même un technicien en
élevage. Technicien qui puisse les initier aux techniques modernes permettant d’améliorer leur revenu non pas par d’éternelles subventions mais par une réduction du coût des charges en
fourrage ? Technicien qui n’aurait pas été envoyé par l’administration mais qui dépendrait directement de l’association et au service de ses membres. De nouvelles sources de financement sont
possibles. Il serait temps de revoir les scandaleuses exonérations fiscales dont bénéficient les propriétaires de chambres froides pour fruits et légumes et de réorienter intelligemment ces fonds
vers des productions déficitaires pour des actions d’animation technique de terrain.
Sans cette vison de ses réelles missions le MADR continuera à constater l’insuffisance de ses actions que l’actuelle aisance budgétaire parvient à masquer. Qu’en sera-t-il en cas de retour des
vaches maigres ?
Outre, l’aide à la production, ces stratégies participatives bien menées peuvent contribuer à un réel développement rural. C’est toute la noblesse du « D » et du « R » figurant
dans les initiales du MADR.
Le Sud et ses mirages… Une réflexion sur un méga projet laitier dans le Sud censé permettre l’autosuffisance laitière du pays.
LAIT: MEGA PROJET AVEC LA GRANDE BRETAGNE?
Djamel BELAID (ex-Ingénieur Conseil appui cultures en Chambre d’Agriculture – France). 17.04.2014
Suite à une visite de travail ce jour à Constantine, Mr le Ministre de l’Agriculture a évoqué des pourparlers en cours avec la GB pour un méga
projet laitier dans le Sud. Cela, afin de résoudre définitivement (sic) l’insuffisance de la production laitière. Cette démarche appelle des questions: fuite en avant ou est-ce les conseillers de Mr
le Ministre qui n’ont pas pris leurs responsabilités face au "politique"?
DURABILITE DU SYSTEME
Dans le Sud la température peut être de 50°C et la pluviométrie d’à peine 50 mm/an. Ce n’est guère les verts pâturages anglais. Certes, chez
nous, il existe de grandes réserves en eau mais elles se trouvent dans le sous sol. Il s’agit surtout de nappes qui ne se renouvellent pas ou très peu. Par ailleurs, cette eau est salée et
l’évaporation est forte; d’où un processus de salinisation des terres. Pas mal de pivots ont déjà provoqué une salinisation définitive des sols. Dans le futur contrat, cette question mérite d’être
posée. La GB est-elle experte en désalinisation des sols? Est-elle experte en fourrages tolérant à la sécheresse? La Grande-Bretagne ne risque-telle pas de contribuer à encore plus «désertifier le
désert » algérien? Les conseillers de Mr le Ministre lui ont-ils dit que sur certaines exploitations du Sud, les pivots ont été abandonnés. Et ils ont été ré-utilisés par exemple à El Oued et Menaa
pour des rampes plus petites et plus adaptées.
Chaque haut cadre du MADR devrait avoir sur son bureau cette étude : Tayeb Otmane et Yaël Kouzmine « Bilan spatialisé de la mise en valeur
agricole au Sahara algérien* ». Et avant de signer, ils devraient communiquer cette étude : « Salinisation des terres sahariennes » de l’Université de Ouargla*.
EMPLOI:
Les agro-économistes algériens (dont Omar BESSAOUD) disent que l’agriculture fait vivre un million de familles. Au lieu de projets gigantesques
ne faut-il pas aider les petites et moyennes exploitations? Sans aide et encadrement technique performant ces exploitations risquent de disparaître. Les éleveurs laitiers de la région de Tizi-Ouzou
ont récemment tiré la sonnette d’alarme. Une telle disparition d’exploitations laitières ferait qu’il y aurait encore plus de bouches à nourrir dans les villes et donc plus d’importations
alimentaires. Le développement de l’agriculture doit nourrir la population mais aussi créer de l’emploi rural. Qu’il nous soit permis de citer cet extraordinaire témoignage de gratitude à la
paysannerie algérienne de Omar BESSAOUD *’: « Le financement public, s’il peut être un élément décisif de ce progrès doit investir dans l’avenir du plus grand nombre de paysans algériens, et non
pas dans le financement quasiment gratuit des investissements de quelques dizaines de milliers d’exploitations, bénéficiant de fait de marchés nationaux très rémunérateurs aujourd’hui, parce qu’il
s’agit de produits périssables peu soumis à la concurrence internationale. Il serait illusoire de penser l’avenir de l’agriculture algérienne, uniquement au travers du filtre d’entreprises
agro-industrielles virtuellement exportatrices. L’enjeu, peut être plus modeste, mais plus ambitieux à long terme est de valoriser les ressources locales, l’ingéniosité et la force de travail du
million de familles paysannes. Elles occupent des territoires locaux, où l’avenir de l’agriculture et l’élevage repose d’abord sur cette fabuleuse capacité de flexibilité et d’adaptation à leur
environnement que les éleveurs et agriculteurs des zones semi-arides ont su sauvegarder jusqu’ici ».
Les conseillers de Mr le Ministre lui ont-ils assez expliqué les enjeux? Lui ont-ils parlé de l’expérience de nos voisins en matière de
développement laitier dans le Sud et pour des exploitations à taille humaine ? ( http://youtu.be/OcDv_Bt_UFc )
LES LECONS D’ALBAN.
Le retour d’expérience du projet Alban est à faire. Il montre déjà pour les 3 wilayas qui ont été bénéficiaires de la coopération françaises
(région Bretagne) l’intérêt de cette coopération avec formation de nos techniciens au contact de techniciens bretons de terrain rompus à l’appui lait, rompus à la rigueur. Il montre qu’augmenter la
production laitière consiste en des gestes simples de base : calendrier fourrager, hygiène de la traite, aménagement des bâtiments… Il démontre une chose qui fait mal. Malgré de notables progrès, et
l’existence de cadres plus nombreux, nous ne sommes pas encore arrivés à créer les conditions d’un encadrement compétent et motivé proche des agriculteurs. Le management de ces cadres fait défaut.
Or, c’est cela la mère des batailles. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation et aller signer de méga projets laitiers. Certes, nous ne sommes pas dupes. Avec Alban, les partenaires bretons
peuvent nous vendre des génisses et leurs différents produits. Mais, il y a un acquis indéniable, il faudrait presque dire un "butin de guerre": la formation à l’étranger de cadres algériens au
contact de réseaux d’appui lait de terrain tels qu’ils existent en Bretagne.
Faire appel à des étrangers pour un méga projet en cercle fermé ne permettra pas de résoudre cette question de base : construire un encadrement
technique avec la participation des premiers concernés : les agriculteurs rassemblés dans des associations professionnelles représentatives. Voir à cet égard les travaux de Mr Slimane BEDRANI sur ce
sujet**. Il écrit : « Il s’agit surtout de mieux utiliser les ressources actuellement disponibles : par exemple, consacrer moins de ressources à former des ingénieurs ou techniciens « supérieurs
» (sept établissements forment des ingénieurs qui deviennent chômeurs ou trouvent un travail hors de l’agriculture) et davantage à former des agriculteurs par la vulgarisation, utiliser de façon plus
efficace les milliers de fonctionnaires de l’agriculture censés être au service des producteurs (en en diminuant le nombre pour donner à ceux qui restent davantage de moyens de travail et davantage
de motivation à être plus productifs) ». Ne faudrait-il pas, par exemple, commencer à verser 10% des cadres des structures dépendant du MADR dans les Chambres d’Agriculture gérées par des
agriculteurs élus et représentatifs? N’est ce pas ce type de co-gestion qu’il nous faut? Est ce à l’Etat d’expliquer à un éleveur comment mener son troupeau de vaches? Pour plus d’engagement sur le
terrain et d’efficacité de l’encadrement agricole, l’Etat ne doit-il pas déléguer cette tâche à des structures de co-gestion?
En matière de développement, dans les colonnes d’El-Watan des économistes ont prévenus: " cette décennie, nous n’avons plus droit à
l’erreur***", en quelque sorte "zalga b’felga". Seront-ils entendus? Qu’en pensent les conseillers de Mr le Ministre? Eux qui ont l’expérience de la gestion des filières agricoles et qui ont vu
passer moult réformes. Ne doivent-ils pas dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité aux "politiques"? A ce stade de responsabilité, c’est toute la noblesse de leur tâche…
NOTES:
(*)Espace, Société, Territoire | 2013 – Cybergeo – Revues.org www. cybergeo.revues.org › Rubriques › Espace, Société,
Territoire
(*) Salinisation des terres sahariennes – université-Ouargla http://www.univ-ouargla.dz/Pagesweb/PressUniversitaire/doc/…/E020201.pdf
(*’) L’agriculture et la paysannerie en Algerie – Institut Agronomique …
http://www.iamm.fr/bn/pdf/publi/bessaoud-2004-paysannerie_algerie.pdf
(**) BEDRANI S. sur l’encadrement technique om.ciheam.org/om/pdf/b14/CI960044.pdf et sur la vulgarisation : om.ciheam.org/om/pdf/c02-4/94400039.pdf
(***) Voir le commentaire de N GRIM dans El Watan à propos de l’économiste Abdelhak Lamiri et de son récent ouvrage "La décennie de la dernière
chance". 10.3.2014
AGRICULTURE, QUELLE COOPERATION ENTRE FRANCE ET ALGERIE ?
Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 3.03.2014
La récente rencontre des ministres Algérien et Français lors du Salon International de l’Agriculture 2014 pourrait permettre une relance de la coopération agricole entre les deux pays. En la
matière les positions sont inégales. La France est un marché excédentaire qui cherche à écouler ses surplus alors que l’Algérie connait des importations alimentaires croissantes. Mais l’agriculture
française c’est aussi des méthodes nées de l’expérience de générations de paysans et d’industriels. Or, l’Algérie a besoin de voir ce qui se fait à l’extérieur pour choisir ce qui peut aider pour un
développement agricole en faveur des populations. Quelle coopération imaginer entre les deux pays ? Nous proposons un aperçu non exhaustif des défis de l’heure.
L’URGENCE DE LA SITUATION
Malgré les importants investissements consentis par les pouvoirs publics pour le secteur agricole, selon les secteurs les importations de produits alimentaires connaissent un quadruplement. Il y a
donc urgence en la matière. Et pour le ministre algérien de l’agriculture, la mission est de faire évoluer les choses. El Watan du 2.03.2014 note d’ailleurs que « L’un des objectifs clairement
affiché de la délégation algérienne a justement été de nouer des contacts avec les hommes d’affaires français désireux d’investir dans le pays. Abdelouahab Nouri s’est employé à vanter « les
potentiels immenses d’un grand territoire », en ajoutant que « l’Algérie a réservé un énorme budget pour le développement de l’agriculture », laissant entrevoir un soutien financier conséquent pour
les investisseurs étrangers ».
Le même article montre que « Cet appel a trouvé une oreille attentive en la personne de Xavier Beulin, Président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Ce
dernier a déclaré que « la page des relations purement commerciales doit être tournée ». Les partenariats avec les industriels des pays du Maghreb sont d’autant plus prometteurs qu’ils pourraient
représenter un point d’entrée vers les pays d’Afrique et du Proche-Orient, selon ce responsable syndical. »
LES BESOINS DE L’AGRICULTURE ALGERIENNE
Ces besoins sont immenses. Ils découlent notamment d’un contexte climatique majoritairement semi-aride et d’une population en augmentation tant en nombre que concernant le niveau de vie. Le
développement agricole outre l’objectif d’une meilleure auto-suffisance alimentaire vise au maintien de l’activité d’un million de familles paysannes dans un pays marqué par un fort exode rural.
L’agriculture algérienne possède des atouts : nombreux cadres, production locale de matériel agricole et d’engrais, évolution vers un statut juridique de la terre plus à même de libérer les
initiatives, encouragement de l’investissement privé.
L’ENCADREMENT DE TERRAIN
Un des premiers facteurs de faiblesse reste l’encadrement agricole. C’est à peine forcer le trait que de dire que l’agriculteur est laissé à lui-même. Il n’existe pas de réseaux de conseillers de
Chambre d’Agriculture motivés et compétents faisant le lien entre la recherche des instituts agronomiques et les exploitations. Les actuelles Chambres d’Agriculture ne sont que des coquilles vident
qui se cherchent.
Il n’y a pas également ces réseaux de technico-commerciaux
Un plan d’urgence pourrait être l’organisation de missions d’études de cadres agricoles à tous les niveaux vers les Chambres d’Agriculture françaises et les Coopératives Céréalières. Il s’agit de
faire connaître en Algérie le patient travail d’accompagnement des conseillers français de groupes de développement agricole en région.
Il est une chose propre à la partie algérienne, c’est continuer la mise en place d’associations professionnelles agricoles représentatives. Cela, avec le recrutement de conseillers agricoles par
des instances paritaires représentatives où les agriculteurs ont le mot à dire.
Enfin, il s’agit d’arriver à une évolution du statut des agents de CCLS et de tout autre organisme de collecte vers une partie variable du salaire. Partie indexée sur le volume de vente d’intrants
et de produits collectés. A ce sujet, la partie algérienne dispose de l’expérience de l’action des technico-commerciaux des sociétés privées d’agro-fournitures. L’analyse de son mode de
fonctionnement (loué par la plupart des agriculteurs) s’impose afin d’un retour d’expérience qui pourrait être profitable à l’ensemble du réseau agricole.
Il est étonnant alors que nombre de techniciens et agronomes soient à la direction d’exploitations agricoles, la presse agricole soit embryonnaire (souvent des bulletins des instituts techniques à
la périodicité incertaine et à la diffusion restreinte). Idem concernant les sites internet agricoles. A l’heure de la 3G, des vidéos sur you tube et des réseaux sociaux, peu de structures agricoles
communiquent par ce biais.
LA FILIERE CEREALES
L’essentiel des productions de grande culture se font en conditions de déficit hydrique. L’essentiel des efforts est à porter sur le développement de l’irrigation d’appoint et les techniques
permettant une durabilité des exploitations. A ce titre, le semis direct s’avère être une réponse aux conditions pédo-climatiques locales et à l’amélioration des marges étant donnée la faiblesse des
rendements en agriculture pluviale.
A l’intérieur du pays, l’irrigation d’appoint est relativement récente. Dans le grand sud se développent les céréales sous pivots. Mais l’eau des nappes phréatiques fossiles est salée et provoque
des accumulations de sels induisant des chutes de rendement. L’idée d’un « Sahara vert » est une utopie.
En grande culture, les goulots d’étranglement viennent du manque d’efficacité de la fertilisation. Les analyses sont peu pratiquées (dont les reliquats azotés) de même que la localisation des
engrais ou les pulvérisations foliaires dans les cas de sols à pH élevés.
Le désherbage et l’emploi de fongicides est en progression. La production locale de herses étrille et de houes rotatives permettrait le développement du désherbage mécanique notamment sur légumes
secs et au niveau des petites exploitations en système extensif ne disposant pas de pulvérisateurs. L’OAIC annonce des taux exceptionnels de couverture en semences certifiées. Sur le terrain, des
exploitants se plaignent de retard de livraison et du prix des emences. Ne faudrait-il pas encourager une production de semences de ferme triée et traitée en faisant appel à des unités mobiles ?
L’accession au matériel de traction et de récolte nécessiterait le développement de Cuma et de cercles d’échanges de matériel.
LA FILIERE SUCRE ET OLEAGINEUX
A l’exception des 5% d’huile d’olives produits localement, la totalité des besoins en huile est couverte par l’importation. Des essais ont montré que les variétés de colza donnent des résultats
honorables. Pourtant, cette culture est inexistante actuellement alors qu’elle prospère au Maroc. Outre la production d’huile un développement des superficies de colza permettrait la production de
tourteau de colza. Le développement de l’élevage ovin, bovin et avicole rend indispensable la diversification des sources d’aliments concentrés (actuellement essentiellement son et orge) dont les
tourteaux. Une transformation des graines de colza sur des circuits courts permettrait l’accès à ces tourteaux. L’INRA de Meknès au Maroc a sélectionné ses premières variétés de colza.
A l’exception de produits sucrants obtenus à base de dattes, l’entière demande en sucre est couverte par l’importation. La production de betteraves à sucre arrêtée dans les années 70 est possible.
L’exemple marocain le démontre. La maîtrise de la production de tomates industrielle par le Groupe Benamor montre la capacité de groupes agro-alimentaires à maîtriser des productions de produits
périssables depuis la parcelle jusqu’à l’usine.
LA FILIERE MARAICHERE ET ARBORICOLE
Cette filière est nette progression avec le développement des cultures sous serres et de l’extension de ces cultures dans le grand sud. A part la pomme de terre, il s’agit de productions non
mécanisées et au mode d’irrigation souvent peu économe en eau (malgré des adaptations originales comme les rampes pivots développées par des artisans à El Oued). Ces productions font appel à des
amendements organiques dont les volumes sont nettement insuffisants. La tradition du compost est peu développée localement. Pourtant des sources de matières organiques sont mobilisables dont le
BRF.
L’arboriculture est en nette progression : agrumes, arbres à pépins et noyaux, raisins. Les techniques modernes commencent à faire leur apparition : fertigation, haute densité, traitements
phytosanitaires. En matière de récolte, les secoueurs et les peignes mécaniques (olives) sont inconnus.
LA FILIERE ELEVAGE
De part la proximité culturelle avec la France et du fait de l’augmentation du niveau de vie, le consommateur Algérien est grand amateur de fromages. De ce fait, la demande en produits laitiers et
viandes est forte. La production laitière a connu un fort développement ces derniers temps du fait de petits éleveurs dévoués à leurs bêtes ou de grandes étables. Le goulot d’étranglement vient de
l’absence de fourrages. Il manque plusieurs millions d’UF. La production de fourrages consiste essentiellement en du foin de vesce-avoine récolté tardivement. Des fourrages en conditions pluviales
sont à développer (pois fourrager, féverole). La production de semences fourragère est insignifiante. Le sorgho se développe timidement. Le colza fourrager bien adapté au cycle climatique est
inexistant. La plupart des étables ne possèdent pas d’abreuvoirs automatiques dans un pays où en été la température est de 40°C. La disponibilité en pierre à lécher est faible.
Le modèle choisi pour produire des protéines animales est basé sur l’aviculture avec une alimentation importée (maïs-soja). Il aurait été possible de développer pois protéagineux, féverole et
triticale. Ou encore développer des protéines végétales (légumes secs). Les laits végétaux à base de soja seraient à développer.
TROUVER DES INTERLOCUTEURS COMPETENTS
Le mouvement de libéralisation économique mené durant les années 90 a fait émerger des sociétés agro-alimentaires bénéficiant d’aides étatiques et à la compétence aujourd’hui reconnue. C’est le
cas de Cevital (transformation de matières premières importées pour produire huile et sucre), Groupe Benamor (Semoule et tomate industrielle), SIM (Semoule), NCA (jus de fruits) ainsi que de
nombreuses laiteries. Des chambres froides sont montées à travers le territoire.
A l’image des récents accords entre Sanders et SIM, il semble que le partenariat avec un entrepreneur qui a fait ses preuves sur le marché local est un gage de réussite.
Certaines de ces entreprises privilégient un approvisionnement local en matière première. Ce segment d’entreprises modernes développe pour certaines des réseaux d’appui à la production permettant
de fortes augmentations de rendement (tomate industrielle, lait) ou de qualité (blé dur). De telles structures très ancrées dans le milieu agricole peuvent constituer des points forts de partenariat
pour agir sur le monde agricole. Les exemples locaux de réussite entre agriculteurs et usines de transformation méritent d’être étudiés, renforcés et dupliqués.
Depuis quelques années, des firmes d’agro-fournitures disposent d’entrepôts décentralisés et de réseaux de technico-commerciaux couvrant l’essentiel des zones agricoles. Elles apportent dans le
paysage local un management auparavant inconnu.
A ces réussites mises en avant par la presse locale, il ne faut pas oublier de puissants groupes publics ou associés avec des capitaux étrangers. Ainsi, PMAT produit des tracteurs et du matériel
agricole, ANABIB du matériel pour l’irrigation. PMAT dispose d’une large gamme de matériel de travail du sol, de traitement et de récolte. Sa gamme n’est pas complète. Par exemple, il n’est pas
produit de herse étrille ou de houes rotatives pour le désherbage mécanique. Idem, alors que l’élevage bovin produit plus de fumier, il n’existe pas de production de fourches hydrauliques à l’avant
des tracteurs. A part la réalisation récente d’un artisan, il n’existe pas de production locale de nacelles élévatrices qui pourraient être si utiles en phoeniculture. Dernièrement, le PDG de PMAT a
fait cas d’un probable accord afin de produire en partenariat avec une firme espagnole des semoirs pour semis direct.
Il existe quelques fabricants privés de matériel agricole dont parfois du montage à partir de kits importés.
Anabib fabrique depuis peu des enrouleurs et asperseurs qui viennent se rajouter à une gamme de pivots. En partenariat avec une entreprise espagnole Fertial produit des engrais azotés. Ferphos
produit des engrais phosphatés.
L’OAIC à travers un tissu de CCLS joue le rôle d’organisme de collecte de fourniture de services (travaux agricoles) et d’intrants (engrais et phytosanitaires). Les CCLS qui sont les
interlocuteurs privilégiés des agriculteurs ne possèdent pas de réseau de technico-commerciaux. Les CCLS n’encouragent pas le stockage à la ferme. D’où des encombrements devant les silos à la récolte
et la difficulté d’établir des lots homogènes de blé.
CONCLUSION
L’agriculture algérienne possède manifestement des capacités matérielles et humaines incontestables. Les moyens sont là, mais souvent dispersés, sous- utilisés voire inemployés. Le management des
cadres est à perfectionner afin d’arriver à plus d’efficacité sur le terrain. En effet, il s’agit de mieux mobiliser l’eau, les amendements organiques et les éléments minéraux pour les cultures. En
élevage, il s’agit d’améliorer la production fourragère.
L’irrigation et la mécanisation semblent des points clé pour l’agriculture algérienne. En effet, la plupart des productions se déroulent en situation de déficit hydrique. La plantation de pomme de
terre et l’arrachage sont souvent manuels. La récolte des céréales et légumes secs se fait en partie en utilisant des moissonneuses-batteuses avec des sacs.
Depuis quelques années, on note l’apparition d’associations professionnelles et de réseaux de technico-commerciaux couvrant l’essentiel des zones agricoles. Ces derniers bousculent les façons de
faire et illustrent les possibilités d’un encadrement technique de proximité allant au devant de l’agriculteur.
Une coopération réussie entre l’Algérie et la France serait une coopération qui aide à résoudre les points de blocage cités plus hauts. Les producteurs français de céréales et de lait peuvent être
rassurés, cela n’empêchera pas pour de longues années encore des achats algériens. L’appel du Ministre de l’Agriculture semble avoir été entendu par Mr Xavier Beulin, (FNSEA). Il a en effet déclaré
que « la page des relations purement commerciales doit être tournée ». La perche est dans son camp.
Un partenariat entre entreprises françaises et entreprises locales qui ont fait leurs preuves sur le terrain serait un gage d’efficacité. Ces entreprises peuvent servir de modèle pour d’autres
filières. Cependant, le secteur agricole a un grand besoin d’ouverture et ne doit pas rester cantonné à une vision « algéro-algérienne ». Aussi étrange que cela puisse paraître, une coopération
réussie avec la France pourrait être également d’aider à plus de coopération et d’intégration inter-maghrébine. Car nos voisins immédiats ont les mêmes problèmes que nous et dans certains secteurs,
ils sont particulièrement performants.
ALGERIE : LES LECONS DE L’AGRICULTURE MAROCAINE.
Djamel BELAID Ingénieur Agronome 2.03.2014
Relatant la rencontre à Paris entre les ministres Français et Algériens de l’Agriculture, dans le cadre du Salon International de l’Agriculture, Sophia Aït Kaci note dans El Watan de ce jour que
Mr A. NOURI a été interpelé par le délégué général d’IPEMED, Jean-Louis Guigou sur le manque de coopération entre les pays du Maghreb, rappelant que le coût du « non-Maghreb » est estimé entre 3 et 9
milliards de dollars par an par la Banque mondiale. Il est vrai que nous avons tout à gagner sur le plan alimentaire d’une intégration agricole maghrébine. En matière agricole, nous avons à apprendre
du Maroc.
SUCRE, 50% DES BESOINS ASSURES PAR LA BETTERAVE ET LA CANNE A SUCRE
Aussi étonnant que cela puisse paraître, comme à Cuba, la canne à sucre est cultivée au Maroc. Cette culture est ancienne puisque les archéologues ont retrouvé des traces d’anciens bassins à sucre
datant du 16ème siècle. La betterave à sucre est également cultivée sur de larges périmètres irrigués. Ces deux cultures assurent, bon an mal an, 50 % de la demande intérieure en sucre. La
compagnie Cosumar assure un suivi agronomique des agriculteurs. L’apparition des semences mono-germes, d’herbicides sélectifs et de machine de récolte permet une mécanisation de plus en plus poussée.
Les bonnes années, les rendements n’ont rien à envier à ceux des planteurs européens. En Algérie, il faut rappeler que la culture de la betterave a été abandonnée dans les années 70. De ce fait, mis
à part le sucre de dattes, nous sommes dépendants à 100% de l’étranger.
Vidéo : récolte mécanisée de betteraves http://youtu.be/cH52HwrP36w
FILIERE OLEAGINEUX, DEJA LES PREMIERES VARIETES DE COLZA
En matière de production d’huile, le Maroc se distingue par une production locale en provenance du colza et du tournesol. Cultures à peine testées en Algérie puis passées par la trappe. D’où une
dépendance actuelle de 95% vis-à-vis de l’étranger.
Certes la production marocaine d’oléagineux connait des hauts et des bas en fonctions du soutien accordé par les pouvoirs publics aux producteurs. L’existence d’une production locale de colza a
permis à l’INRA de Meknès de créer les premières variétés marocaines. La presse marocaine signale que « Le ministère de l'Agriculture et la Fédération interprofessionnelle des oléagineux ont
signé un programme de développement de la filière locale qui prévoit de porter les surfaces de tournesol et de colza au Maroc de 44 000 à 127 000 hectares d’ici à 2020 ».
Lien : Développement des premières variétés de colza Maroc webagris.inra.org.ma/doc/awamia/125-12601.pdf
CEREALES, CAP SUR LE SEMIS DIRECT
En matière de conduite des céréales, le Maroc est un des pionniers du non labour avec semis direct. Le centre d’arido-culture de Settat a acquis des références qui prouvent que cette technique
permet non seulement de stabiliser à la hausse les rendements mais également de préserver la fertilité des sols. Mieux, aidés par des experts en machinisme une entreprise marocaine (ATMAR) a
entrepris la production locale de semoirs pour semis direct 3 fois moins chers que ceux importés d’Europe.
Vidéo : http://youtu.be/FqqJVdVL5Xw
IRRIGATION, LES PROGRES DU GOUTTE A GOUTTE
Mais c’est en matière d’irrigation et de gestion de l’eau que les progrès sont les plus grands. Lorsqu’il est question de canne à sucre, betterave ou maïs, il n’est pas rare de voir des parcelles
irriguées au goutte à goutte. Dans les grands vergers d’agrumes et les serres, à l’eau d’irrigation sont ajoutés des engrais faisant des agriculteurs marocains des experts en matière de fertigation.
C’est également le cas dans les oliveraies modernes. Au lieu de planter les arbres aux densités habituelles, les arbres sont rapprochés les uns des autres. L’apport d’eau et d’engrais à même la
plante permet un développement adéquat des plants. La taille est mécanique et permet de garder un petit gabarit aux oliviers. La récolte peut être assurée mécaniquement et dans la trémie de la
machine ce sont des milliers d’olives qui sont engrangées et ramenées à l’huilerie.
Video : parcelle de betterave irriguée par goutte à goutte http://youtu.be/6988P-dSVdk
VULGARISATION
Avec l’irrigation la vulgarisation est l’un des points forts de l’agriculture marocaine. Alors que sur le Net on ne trouve que peu de références agronomiques algériennes concernant les cultures en
milieu sec ; il suffit de rajouter « Maroc » au moteur de recherche pour voir défiler plusieurs publications de très bonne facture. Chose extraordinaire, ces références agronomiques
parfois de très grandes valeurs sont en libre accès. C’est par exemple le cas de la valorisation de l’orge en aviculture afin de remplacer le maïs importé. Or, le plus souvent sur les sites
agronomiques algériens l’information est délivrée au compte goutte laissant agriculteurs et étudiants dans l’ignorance et obligeant à refaire ce qui a été déjà trouvé par des chercheurs.
Il n’est pas rare de voir des agriculteurs algériens prendre l’habitude de consulter directement des sites marocains. Tel cet agriculteur se lançant dans la culture des lentilles et affirmant
s’appuyer sur des préconisations trouvées sur un site marocain.
Lien : Cours en ligne sur la reproduction ovine. www.ma.auf.org/ovirep/cours3/mort.htm
CONCLUSION
Tout n’est pas rose en matière de développement agricole au Maroc. En témoigne la production de cannabis pas les petits paysans pauvres des zones de montagnes. Le développement de grosses
exploitations au standard européen essentiellement tournées vers l’exploitation n’est pas une réponse aux besoins du développement local. Le chômage reste en effet élevé au Maroc. Il reste cependant
que dans plusieurs domaines l’agriculture marocaine est plus avancée. L’expérience acquise par les agronomes, techniciens et agriculteurs marocains pourraient contribuer à gagner plusieurs années
dans la course vers plus d’auto-suffisance alimentaire. En effet, leur expérience provient de conditions climatiques identiques au nôtres. Du côté tunisien nous aurions également des choses à prendre
comme cette variété de sulla (fourrage) sélectionnée par les agronomes locaux ou l’expérience des groupes de développement agricole (GDA). En définitive, le développement agricole semble dépasser les
frontières.
ALGERIE: SUBVENTIONS AGRICOLES, UN OUTIL PUISSANT D'ORIENTATION DES POLITIQUES AGRICOLES.
BELAID Djamel. Juillet 2013. Ingénieur Agronome.
Les pouvoirs publiques subventionnent fortement le secteur agricole. Est-il possible d'arriver à une meilleure efficacité
des sommes dépensées? Les sommes allouées depuis les années 90 au secteur agricole peuvent susciter des convoitises et entraîner des dysfonctionnements. Au delà de ces épiphénomènes, les subventions
sont pour les pouvoirs publics un puissant moyen d'orientation des politiques agricoles. En Europe, après des années de productivisme, les subventions accordées dans le cadre de la Politique Agricole
Commune (PAC) visent dorénavant à orienter l'agriculteur vers des pratiques de « bonnes conditions agricoles et environnementales et vers des exigences réglementaires en matière de gestion ». Nous nous
proposons d'examiner la politique d'attribution des subventions agricoles en Algérie. Nous porterons sur ces questions un
regard d'agronome.
I-UN ETAT DES LIEUX.
A-Des subventions variées.
Les transferts et subventions vers le monde agricole ont été réguliers depuis l'indépendance: augmentation du salaire
minimum agricole garanti, édification de « Villages Agricoles de la Révolution Agraires »et aide à l'auto-construction en milieu rural durant les années 70, politique de soutien plus au
moins régulier des intrants agricoles.
Plus récemment, la politique de subventions au milieu agricole a été marquée par la suppression de TVA sur des produits
phytosanitaires, des aides à l'achat de matériel agricole, une prime de 1 000 DA/ quintal pour le blé dur en plus du prix de 3 500 DA/quintal, soit un différentiel de 1 000 DA par rapport au blé
tendre et des subventions pour le matériel d'irrigation des céréales. De leur côté des éleveurs reçoivent des subventions à travers l'importation d'animaux et l'existence de prix garantis pour le
lait.
Une autre forme de subventions existe: les prêts bonifiés. Les dettes des producteurs ont parfois été effacées par les
pouvoirs publics. Dans un autre domaine, l'OAIC propose dorénavant des systèmes de paiement en grains pour le remboursement de moissonneuse-batteuse.
D'autres formes de subventions existent également sous forme de l'accession à la terre à travers la politique de
concessions agricoles. Par ailleurs, la fiscalité sur les bénéfices agricoles est dérisoire.
B-Nécessité d'une vision prospective et territoriale.
Dans le cas des céréales, le versement des aides au quintal provoque l'engouement des céréaliers pour la production de
blé dur. Cette mesure est un puissant outil d'augmentation de la production nationale. Des études économiques fines mériterait d'être faites afin de déterminer l'évolution du revenu des
exploitations. Il serait intéressant de préciser les conséquences de ce type d'aides par rapport à la taille de l'exploitation et le niveau de productivité.
Par ailleurs, le montant des subventions est identique en zone de plaine ou de montagne. Or, dans le cas de la production
de lait, l’exiguïté des surfaces en zone de montagne devient un frein à toute production locale de fourrages.
II-LES SUBVENTIONS AGRICOLES: UNE PRATIQUE COURANTE DANS L'UNION EUROPENNE.
En Europe, jusqu'aux années 80, la Politique Agricole Commune (PAC) a permis une croissance régulière de la production.
Cette politique de prime attribuée à la livraison de chaque quintal de blé a eu des effets pervers: la course à la prime s'est traduite par une augmentation de la taille des exploitations avec une
forte réduction de la main d’œuvre. Les excédants agricoles, les différentes critiques émanant de certains producteurs ainsi que les demandes allemandes de ré-équilibrage des efforts communautaires
ont entraîné au milieu des années 90 des réformes radicales dont une politique de mise en jachère d'une partie des surfaces agricoles.
La PAC fait l'objet de nombreuses critiques. Ainsi, le soutien aux productions concerne essentiellement les céréales,
oléagineux, lait, viande et très peu la viticulture. Ce soutien, peut varier selon les régions.
La technique de soutien à une même production peut prendre différentes formes. Dans
le cas d'une aide « à l'hectare » ce sont les producteurs aux faibles rendements qui sont avantagés. Alors qu'en liant l'aide « au quintal » ou « à la tête de
bétail » ce sont au contraire les producteurs performants qui le sont.
En 2004, l'Union Européenne a publié la liste des principaux bénéficiaires des aides agricoles. Il est apparu que le
prince Albert de Monaco et la reine d’Angleterre ont reçu respectivement plus de 250 000 et 500 000 €.
Concernant les grandes cultures, les dix premiers bénéficiaires se partagent pas moins de 6 millions d'euro. Et c'est à
une entreprise productrice de riz en Camargue qui a reçu la plus forte aide 872 108 €. En élevage, les dix premiers bénéficiaires se partagent 2,6 millions d'euro; avec un maximum de 432 286 € pour
une exploitation de Haute-Vienne.
Face au tollé suscité par la publication de ces chiffres, l'UE envisage une dégressivité des aides à
partir de 150 000 € et de les plafonner au-delà de 300 000 € par exploitation et par an.
Depuis, la PAC s'est « verdie ». Pour le versement des subventions, elle a de plus en plus tenu compte des
mesures environnementales prises par l'agriculteur pour, par exemple, prévenir la pollution aux nitrates ou aux pesticides et protéger la biodiversité.
Fin juin 2013, de nouvelles dispositions ont été adoptées par l'Union Européenne. Le budget alloué à la PAC pour les
années 2014-2020 bien que réduit de 12 % s'établit à 373 milliards d'euros. La France recevra une enveloppe de 9,1 milliards d'euros par an.
Cette nouvelle PAC devrait être encore plus verte. Ainsi, selon le Ministre de l'agriculture français « 30% des
aides directes seront liées à l'environnement: sur 100 euros de subventions, 30 seront conditionnés au respect d'au moins trois règles environnementales. L'agriculteur devra diversifier ses cultures,
maintenir des prairies permanentes et dédier 5% de sa superficie d'exploitation à des surfaces d'intérêt écologique prenant en compte des éléments du paysage, comme les haies, les mares ou les murs
de pierres sèches ».
Près de 80% de l'aide devrait aller aux plus grosses exploitations. Mais l'écart entre les niveaux d'aide devra
s'atténuer. Dans certains cas c'est moins de 100 euros à l'hectare que reçoit l'agriculteur contre 340 euros en zones céréalières et 375 euros pour des producteurs de lait.
Afin de ré-équilibrer le montant des aides en faveur des petites exploitations, les primes seront majorées pour les 50
premiers hectares. Il s'agit là d'un moyen de redistribution des revenus vers les plus petites exploitations qui sont également celles qui emploient le plus de main d’œuvre. Les exploitations
céréalières de plus de 100 hectares percevront donc moins d'aides. Il faut préciser qu'il s'agit d'exploitations qui ont un niveau élevé de productivité et qui bénéficient de la bonne tenue des cours
des céréales sur les marchés mondiaux.
Outre la surprime des 50 premiers hectares, il est prévu de relever le plafond des aides particulières aux zones
difficiles comme celles de montagne. Chose inexistence en Algérie, les détails de l'application de ces mesures se fait en concertation avec les représentant de la profession agricole. « Nous
allons réunir d'ici une dizaine de jours l'ensemble des organisations syndicales pour travailler, à partir d'hypothèses chiffrées, aux différents scénarios de répartition des aides ».
III-POSSIBILITES DE MODULATION DES SUBVENTIONS AGRICOLES
En Algérie, les subventions agricoles pourraient être accordées à des territoires spécifiques: agriculture de montagne,
agriculture steppique. Outre l'aide à des productions, les subventions peuvent dans ce cas permettre de lutter contre l'exode rural, et servir l'aménagement du territoire. Les subventions peuvent
être un outil de lutte contre les inégalités territoriales.
Les subventions peuvent également s'avérer être d'efficaces outils de progrès techniques. C'est le cas de celles
accordées pour l'acquisition à prix modique par l'agriculteur des fertilisants, produits phytosanitaires et médicaments vétérinaires.
Dans le cas des subventions à l'irrigation, une modulation de celles-ci en fonction des matériels utilisés peut permettre
d'orienter les agriculteurs vers celles qui valorisent le mieux l'eau comme le goutte à goutte. Actuellement la politique de subvention à la culture des céréales irriguées constitue une aide
appréciable pour le développement de cette technique novatrice. Déjà utilisée dès le début des années 2000 en Tunisie, elle a permis un accroissement notables des rendements.
Des subventions à l'innovation technique pourraient également concerner les techniques culturales respectueuses de la
protection des sols contre l'érosion. Le non-labour avec semis direct nécessite des semoirs spécifiques déjà fabriqués au Maroc (AtMar) et en Syrie (Icarda). Une politique de protection du capital
sol pourrait donc envisager la mise à la disposition des agriculteurs de tels engins à prix accessibles. Dans les zones en pente, particulièrement sensibles à l'érosion, une politique de subvention
pourrait consister à remplacer progressivement les charrues en aidant l'acquisition d'outils plus adaptes, comme les outils à dents par exemple.
Si des subventions peuvent permettre des augmentations de production comme dans le cas de l'octroi de la prime blé dur de
1000 DA/quintal, parfois elles réservent des surprises. C'est le cas avec la qualité de certains blés durs. Face à l'engouement des céréaliers pour cette production et la réduction des importations
décidées par les pouvoirs publics, les moulins privés ont dû n'utiliser pratiquement que des grains locaux. Or, il s'est avéré que faute, respectivement de désherbage, de choix variétal adapté et de
politique de fertilisation azotée adéquate, les semouliers se sont retrouvés à devoir utiliser des grains mêlés d'impuretés (graines de mauvaises herbes, voire cailloux) et au taux de transformation
en semoule particulièrement faible (mitadinage). Des responsables d'organismes de collecte ont dû accepter d'acheter à des céréaliers des lots de blé dur. En effet, la prime de 1000 DA n'a pas été
accompagnée de l'actualisation de la grille qualité des organismes de collecte; celle-ci date de 1988. Des moulins tels ceux du Groupe Benamor ont dû développer des actions de formation et la visite
de leurs installations par les céréaliers afin de leur montrer par exemple les risques que faisaient courir aux machines la présence de cailloux parmi les grains de blé dur.
Idem avec les subventions concernant l'importation de vaches laitières. Celles-ci se sont faites sans tenir compte de la
capacité des éleveurs à produire les fourrages nécessaires pour nourrir les bêtes. De ce fait, dépassés par le poids du poste alimentation, des éleveurs laitiers ne possédant par la superficie de
terre nécessaire et incapables de trouver des terres à exploiter ont dû suspendre leurs activités et parfois diriger vers les abattoirs des vaches laitières en début de carrière.
Dans le cas d'un objectif de protection des sols contre l'érosion, l'octroi annuel des subventions pourrait être
subordonné à des pratiques anti-érosives: plantation de haies, bandes enherbées, construction de seuils contre le ravinement. Un peu comme le pratique l'Union Européenne avec la PAC dans le but de
lutter contre les pollutions agricoles liées aux nitrates.
Dans ce cas précis, la subvention ne concernerait plus un intrant acheté moins cher ou une augmentation de production
avec une prime attribué à chaque quintal livré mais à des pratiques agricoles. Il y aurait ainsi découplage entre quintal de grain livré et prime. Celle-ci serait alors liée à des hectares aménagés,
comme dans le cas de la politique de mise en jachère des terres (PAC des années 90). Il s'agirait alors de mettre au point le cahier des charges et les moyens de contrôle. Dans le cas du respect de
« bonnes conditions agricoles et environnementales », l'emploi du GPS, de photos aériennes, voire d'images satellitales pourrait s'avérer d'un grand intérêt. Dans le cas des
concessions agricoles, les formes peuvent également prendre la forme d'analyses de sols au début et à la fin de la concession.
CONCLUSION.
Les pouvoirs publics subventionnent les producteurs agricoles principalement à travers les intrants agricoles, des prêts
bonifiés et les prix à la production. La forme principale de l'intervention de la puissance publique se fait sous la forme d'une politique productiviste et accessoirement protectionniste.
On peut se demander l'effet du mode actuel d'attribution des subventions sur le revenu
agricole entre petites et grandes exploitations modernes. Par ailleurs, il est à noter l'absence de conditionnalité dans
l'attribution des aides. Or, la subvention pourrait être attribuée mais, sous conditions. D'autres
préoccupations que l'augmentation des productions agricoles pourraient être ainsi prises en compte dans l'attribution des subsides étatiques: résilience des sols et des écosystèmes, rétention
du carbone dans les sols, exigences réglementaires quant aux normes et à la qualité sanitaire des produits. Actuellement, les pouvoirs publics se privent d'un moyen d'orientation souple et puissant
d'orientation des pratiques agricoles.
L'introduction de la conditionnalité dans l'attribution des aides implique
cependant, la définition d'un cahier des charges et des procédures de contrôle. La réussite d'une telle politique implique une concertation avec des interlocuteurs professionnels agricoles
représentatifs.
La politique de subventions est un outil qui en définitive, peut conjuguer une politique agricole, alimentaire,
environnementale et territoriale.
Conférence de l’ancien ministre des finances Abdellatif Benachenhou à Annaba
«Non madame la marquise, rien ne va !»
le 17.03.14 El Watan
«Tout le monde sait que l’Algérie de 2014 ne ressemble pas à l’Algérie de 2000 ni à celle des années 1990. Le pays a été transformé en
profondeur, car nous avons eu les moyens et la volonté. Mais il faut mettre un bémol à ce changement», déclarait, ce week-end, Abellatif Benachenhou, l’ex-ministre des Finances, à l’ouverture de la
conférence ayant pour thème «Les nouveaux défis du développement», qu’il a animée à l’Ecole préparatoire des sciences économiques, commerciales et de gestion (EPSE) de Annaba.
Le Pr Benachenhou, l’un des plus influents membres du «brain-trust» de M. Bouteflika, qui a réitéré à son tour le leitmotiv de la stabilité pour
soutenir, à demi-mot, le président-candidat pour sa propre succession, a néanmoins étonné son auditoire en présentant un bilan des plus catastrophiques des années Bouteflika sur le plan économique.
De grands déséquilibres territoriaux, des disparités entre certaines régions et d’autres contre lesquels le conférencier a mis en garde les futurs dirigeants du pays. Ces injustices sociales ont
confortablement installé un sentiment de frustration auprès des populations, qui risque d’avoir de sérieuses incidences politiques et économiques. «Des changements sont intervenus dans certaines
régions au détriment d’autres. N’est-ce pas ce déséquilibre, ces inégalités, injustices sociales qui étaient le fondement de la révolution tunisienne ?», lançait-il à l’adresse du consul tunisien et
le vice-consul de Russie, présents à la rencontre.
«La sphère du service public ne doit pas être envahissante pour l’économie»
Un déséquilibre, mais d’une tout autre nature, a été longuement abordé par l’hôte de l’EPSE de Annaba. Il se rapporte aux ressources injectées
dans la sphère économique et celles englouties dans le service public. L’eau, l’énergie, les télécoms, le transport, la santé, l’éducation… composent, entre autres, la sphère du service laquelle,
soulignera l’économiste, «s’est, elle aussi, sensiblement transformée mais pas de façon équilibrée et équitable. La sphère du service public et l’économie sont à la fois liés et bien distincts. La
sphère du service public ne doit pas être envahissante pout l’économie.»
Ces dissemblances ne peuvent être acceptées au plan politique, soutiendra-t-il, ajoutant : «Durant toute ma vie, j’ai eu à démissionner par
trois fois et pour des raisons bien valables de… conscience», et d’enchaîner : «L’autoroute n’est pas un service public, la route nationale n’est pas un service public. L’autoroute est un service
rendu au public, c’est là la différence, toute la différence.» Pour M. Benachenhou, «la route nationale, le logement ne relèvent pas du service public. Le citoyen et les politiques doivent en prendre
conscience. Suivre une logique autre que celle-ci est de nature à pervertir le sens, le fondement du service public», ajoutant sur un ton ironique : «Je souhaiterais vivement que me l’on dise dans
quel texte, en termes religieux ou réglementaires, peut-on lire que le logement doit être assuré par l’Etat.» Et de
s’interroger : «N’est-ce pas une aberration de voir le m2 à 2500 DA et quelques mètres plus loin à 150 000 DA ?» D’où la nécessité d’engager une
réflexion autour de la problématique d’affectation des ressources foncières au secteur du logement.
Sur sa lancée, et pour mettre un bémol sur ses diatribes des politiques économiques choisies sous l’ère Bouteflika, le conférencier a tenu à
tempérer : «Il faut reconnaître que la période 2000-2014 a été marquée par une répartition des revenus très peu égalitaire. Mais l’Algérie devait réparer la société algérienne, recoudre de profondes
blessures.» Nombreuses, très nombreuses étaient, selon celui qui fut coopté par feu Chadli Bendjedid à la tête de la Commission des Affaires économique et sociales du FLN les erreurs commises pendant
cette même période (2000-2014). Mais il fallait y remédier, car ce sont ces erreurs qui ont conduit l’Algérie à la situation complexe actuelle. Toutefois, la plus grosse d’entre elles consistait en
le développement massif du service public au moment où la sphère économique est restée rabougrie, soulignera-t-il.
En témoigne ce constat : «Sur 100 DA consentis au titre d’investissement, 60 DA ont été réalisés par l’Etat, 25 DA par le secteur de l’énergie
et seulement 15 DA investis dans le reste de l’économie.» Un déséquilibre structurel de l’investissement dont l’Algérie peut se passer. «Un pays qui destine 23% de son PIB aux transferts sociaux et à
peine 3% à l’investissement productif est un pays qui va droit à la dérive, qui s’enlise dans le sous-développement», prévient-il.
D’où l’appel à plus de sagesse budgétaire du FMI dans son dernier rapport. «La sonnette d’alarme, nous l’avions tirée bien avant, mais personne
ne nous écoutait. Mais les mêmes mises en garde, lorsqu’elles proviennent de l’extérieur, sont prises très au sérieux. Pourtant, nombre d’experts de l’institution financière internationale étaient
nos étudiants», s’indigne le Pr Benachenhou. C’est à se demander si celui qui a sollicité l’expertise de ce dernier, mondialement reconnue, était le seul à détenir le véritable pouvoir de décision.
D’autant que, plus loin, l’orateur dont les déclarations ont suscité moult interrogations auprès de l’assistance, a encore lâché : «La décennie de Bouteflika — la première fois où celui-ci est
nommément cité par son ex-conseiller — a été celle des grands projets (routes, aéroports, rail, dessalements de l’eau de mer, etc.» «Encore, poursuit-il, fallait-il valoriser, rentabiliser ce qui a
été fait.»
De telles réalisations étaient, considère-t-il, certes nécessaires, utiles mais «une bonne idée peut être excessive», «une idée n’est pas
synonyme de projet». Partant, «s’impose une pause dans les grands projets. Il est temps de passer à une nouvelle génération de projets, c’est-à-dire des petits et moyens projets qui devraient être
réalisés par des Algériens, car il faut savoir que tous les grands projets ont été à 75% réalisés par des étrangers, une autre aberration.» D’où l’impérative relance voire réforme du secteur de la
formation professionnelle.
Le mal de l’agriculture nationale ne se situe pas dans le statut de la terre !
Autre grosse erreur, autre dimension ! Le Pr Benachenhou a mis en garde contre la menace de l’insécurité alimentaire qui pèse sur l’Algérie :
«Jamais le marché mondial des produits alimentaires n’a été aussi dangereux pour nous qu’il ne l’est maintenant.» La stérilité du secteur agricole est ainsi décriée par ce théoricien de l’économie
algérienne administrée : «L’Algérie est un pays d’idéologues. L’on n’arrive toujours pas à admettre que le mal de l’agriculture nationale ne se situe pas dans le statut de la terre. Il est lié et se
nourrit de l’inefficacité de la production et des circuits de commercialisation. En Algérie, le statut de la terre n’est que la moitié du problème de notre agriculture.»
Depuis plus d’une dizaine d’années, des sommes colossales ayant, toujours selon lui, été englouties dans le secteur sans pour autant aboutir aux
résultats escomptés. Et «personne ne semble s’en soucier. Personne n’a, jusqu’à l’heure, contesté les vains investissements dans ce secteur. On continue de se tapir allègrement derrière le problème
du foncier», s’insurge l’ancien directeur du Centre de recherches en économie appliquée (CREA). En somme, l’économie nationale est en berne, la situation est grave, prévient le vieux routier du monde
économique. «Même si elle risque de faire mal, la vérité doit être dite aux Algériens, loin des discours populistes.»
Que ceux qui crient sur tous les toits que «tout va bien madame la marquise, moi je dis non madame la marquise, rien ne va. Il faut apprendre à
faire son autocritique et arrêter de se voiler la face, ne pas persister dans l’erreur. Il n’y a pas un pays dans le monde qui ne s’autocritique pas. La vie est un ajustement permanent.» Pour
l’auteur de Environnement et coopération internationale, la liste des lourds handicaps dont souffre le pays est longue, si longue : «Dans la zone Moyen-Orient-Afrique du Nord (MENA), l’Algérie occupe
l’avant-dernière place en matière de haut débit, inadmissible pour un pays de la taille de l’Algérie. Une entreprise moderne c’est le haut débit, une université moderne c’est le haut débit, une
administration, une administration moderne c’est le haut débit, un hôpital moderne c’est le haut débit…».
Benachenhou futur P/APC ?
Le conférencier a, en outre, appelé à bannir la logique de la «ville à vocation», ses effets étant lourdement débilitants : «Pour booster le
développement local, chaque région, chaque zone territoriale a besoin d’être dotée de moyens de réalisation convenables.» Au même titre que leurs semblables des deux Chambres, les élus locaux
devraient être des hommes et des femmes à poigne pour atténuer les mille et un maux contre lesquels leurs électeurs se débattent seuls. Raison pour laquelle le conférencier exhorte les pouvoirs
publics à la refonte totale du mode de scrutin se rapportant aux «assemblées locales et nationales, surtout», insistera-t-il. Car, estime M.
Benachenhou, «le mode de scrutin en vigueur est de nature à entretenir la crise de confiance qui existe entre le citoyen et son représentant au
niveau des différentes assemblées.»
Ce citoyen n’a pas lui aussi été ménagé par le professeur : «L’Algérien achète le litre de carburant à 23,6 DA et n’hésite pas à critiquer
Bouteflika dans les cafés, alors que ce même litre le Tunisien le paie à un euro, l’équivalent de plus de 100 DA», s’indigne M. Benachenhou. Aussi, cet ex-argentier du pays sous les gouvernements
Ahmed Benbitour et Ali Benflis a interpellé, depuis Annaba, ses collègues, anciens ministres, sur la nécessité de penser à mettre leur expérience ainsi que leurs connaissances au service du
développement local : «L’Algérie compte au moins 233 anciens ministres.A l’exception de Abdelhamid Aberkane, devenu maire d’El Khroub, aucun autre ancien ministre n’a cherché à s’impliquer dans le
développement local. Un autre exemple, au Maroc, l’ancien ministre, Fathallah Oualalou, s’est consacré à la mairie de la ville de Rabat.» M. Benachenhou aurait-il omis qu’il fait partie des 233
anciens ministres ? A moins qu’il ne soit l’un des adeptes du «Faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais...». (…)
Naima Benouaret
Une vidéo qui montre quelque aspect de l'intensification agricole.
www.youtube.com/watch?v=IqfHO0Fn1Zc
Revendication de Miloud: trouver de la terre à travailler.
www.youtube.com/watch?v=lP7HJu_UU8Q
Sur le climat des affaires en Algérie.
www.youtube.com/watch?v=Fay-DbbhD_s
Les subventions agricoles en France.
www.youtube.com/watch?v=nqNj0SEo82U
Autosuffisance alimentaire
Autosuffisance alimentaire
L’agriculture algérienne demeure une agriculture de petits exploitants, et si les choses restent en l’état, l’Algérie ne pourrait plus dans un proche avenir assurer son autosuffisance
alimentaire.
C’est là le constat qui a été dressé, hier à Alger, lors d’une conférence-débat organisée au forum d’El Moudjahid. Ayant pour thème «L’agronome au cœur des défis de la production alimentaire à
l’échelle locale et mondiale», la conférence a été animée par Yahia Zane, président de l’Union nationale des agronomes, et Nouad Mohamed Amokrane, consultant et expert en agronomie, docteur en
développement des filières de l’Institut national agronomique de Paris.
Ce dernier a du reste plaidé pour «l’ouverture du foncier» arguant qu’on ne peut faire une agriculture «sur deux hectares», et«difficile à mécaniser». Il a, donc, insisté sur la nécessité de
prendre des mesures en faveur des investisseurs, car, a-t-il expliqué, l’exploitation de grandes surfaces exige beaucoup d’argent et de mécanisation. Pour sa part, un intervenant qui n’est autre que
Chabbour Mustapha, consultant et expert en agronomie et du développement agro-alimentaire, a soutenu, que pour s’attaquer au fond du problème, il faut que l’Etat pense sérieusement à dégager des
terres à l’effet de couvrir les besoins alimentaires qui ne manqueront pas de surgir dans les prochaines années.
Selon lui, «à l’horizon 2018, les besoins supplémentaires vont s’accroître. Pour prendre en charge la demande en lait, il faut 520.000 vaches laitières, (5 tonnes par vache et par an) ; cela
demande, a-t-il précisé, 500.000 ha de terre». Et d’ajouter : «Pour satisfaire la demande en oléagineux (huile), il nous faut 650.000 tonnes d’huile, soit 900.000 ha de terres, idem pour les
protéagineux dont les besoins sont évalués à 800.000 tonnes de graines qui nécessitent 400.000 ha de terres au niveau des zones céréalières».
Quant au sucre, cet expert en a évalué les besoins jusqu’à 2018 à 1,3 million de tonnes soit 17.000 ha de terres. «Ce sont, là, les problèmes de fond qu’il faut traiter ; la majeure partie de ces
produit sont importés», a-t-il ajouté. Et Chabbour Mustapha de s’interroger : «Où trouver ces surfaces agricoles ?» Nouad Mohamed Amokrane a abondé dans le même sens en évoquant «le risque de voir la
filière du poulet disparaître en Algérie si le Brésil venait à nous inonder de ses produits». La raison en est que «le coût du poulet produit dans ce pays revient 3 fois moins cher que celui produit
localement.
90 % d’intrants dont s’alimentent ces poulets proviennent de l’importation», a-t-il expliqué. Et de regretter : «Même les jus que vous buvez, à l’exception de Ngaous qui a réussi à réaliser un
mélange hybride, ne contiennent aucun produit algérien.» Et Nouad Mohamed Amokrane de tirer la sonnette d’alarme : «Il y a actuellement une crise alimentaire mondiale, mais on ne ressent pas ses
effets chez nous, parce que l’Etat, pour acheter la paix sociale, subventionne les produits de première nécessité comme les céréales, le pain, le lait, l’huile et le sucre.
Si, demain, l’argent du pétrole venait à manquer, ces produits coûteront 4 fois le prix pratiqué aujourd’hui.» Autrement dit, le véritable prix de la baguette de pain tournerait autour de 40 DA.
Nouad, qui est également SG de l’Union nationale des agronomes, a abordé aussi la question des OGM (organismes génétiquement modifiés), actuellement interdits en Algérie. Il a estimé nécessaire
d’engager un débat là-dessus, tout en indiquant que l’Union a retenu cette problématique comme l’un des thèmes qu’elle va aborder lors d’un forum qu’elle compte organiser prochainement.
Nouad Mohamed Amokrane a souligné le dilemme : «Faut-il accepter les OGM, ou faut-il laisser les gens mourir de faim comme en Somalie ?». Abdelmalek Serraï, autre intervenant, s’est montré hostile
à cette solution arguant qu’on «risque d’accentuer notre dépendance par rapport aux semences qui appartiennent à leurs producteurs». Il voit dans la décision du gouvernement algérien de ne pas
autoriser les OGM «une décision politique» dont il dit partager la pertinence. Il s’est vu rétorquer que les «biscuits que nous consommons sont fabriqués à base d’OGM et que les animaux mangent
également des OGM».
Quant à la possibilité de développer l’agriculture saharienne, les participants ont souligné la nécessité d’opter pour une agriculture industrielle. Abdelmalek Serraï a regretté d’avoir eu à
constater à «Ménéa que des ouvriers viennent du Mali et même du Niger et de Mauritanie», expliquant que «dans le Sud, il n’y a aucune mesure incitative pour encourager le développement de
l’agriculture». Et de plaider pour la défiscalisation et l’octroi de facilitations dans cette région du pays.
Conference au forum el moudjahid 07/09/2011