PROTECTION DU PISTACHIER DE L'ATLAS. Lien conseillé pour sauver cet arbre: LIEN
ALGERIE: CRISE DE
L'HUILE
Djamel BELAID 12 avril
2021
Les causes de cette crise sont multiples,
mais les plus apparentes concernent le refus des commerçants de commercialiser de l'huile pour cause de marge trop faible sur ce produit.
Quelques propositions afin de réduire les
tensoins sur l'huile de table. Il s'agit de distinguer les mesures urgentes de celles à moyen terme. Il s'agit également de prendre des mesures dans diverses directions : production mais aussi
consommation. Des mesures radicales et non conventionnelles doivent être prises. Mais les pouvoirs publics sont souvent en manque d'imagination.
AU NIVEAU DE LA
CONSOMMATION
L'huile est beaucoup trop consommée pour la
friture en Algérie. "El-maqli" est une tradition : frites, poivrons, ... il y a une trop forte tradition de plats frits. Aussi, faut-il proposer au consommateur des produits de remplacement : purée
de pomme de terre en flocons, soupe de légumes en TetraPack, plus grande disponibilité en ustensiles telles les poeles Teffal qui ne nécessitent pas d'huile ou très peu. Des campagnes d'éducation
nutritionnelle encourageant une moindre consommation d'huile (facteur d'obésité) est indispensable. Cela peut être le cas en louant les avantages de la cuisine à la vapeur.
CONSOMMATION ET COOPERATION AVEC DES
PME
Afin de développer l'offre en matière de
produits, il devient urgent que des PME étrangères en agro-alimentaire s'installent en Algérie. Nous avons besoin de leur savoir faire pour proposer, par exemple, des soupes de légumes en TetraPack,
des flocons de purée, et tout autre formulation d'aliments permettant de réduire la consommation d'huile tout en valorisant la production locale de légumes, céréales et légumes secs. On peut penser à
l'instauration de zones franches réservées aux entreprises agro-alimentaires ou à revoir momentanément la loi du 51 -49% dans l'agro-alimentaire.
Un partenaire incontournable de
l'agro-alimentaire local est sans conteste, l'emballage de type TetraPack. Il offre un moyen moderne de conditionnement des aliments lors des surplus de production mais également offre le moyen
d'innovations culinaires. Innovations qui doivent aller vers une plus grande consommation de légumes et protéines végétales. Développons ainsi l'offre de soupes de légumes en Algérie. Cela est
bénéfique diététiquement, écologiquement et économiquement pour le budget de l'Etat et les surplus en légumes des fellahs.
AU NIVEAU DE LA
PRODUCTION
Concernant l'huile d'olives, elle peut
permettre de contribuer à l'approvisionnement de la population. Cependant, son prix reste élevé. Cerner les goulots d'étranglement: comme le coût de la main d'oeuvre à la récolte (importer
massivement des peignes mécaniques). La production tunisienne étant excédentaire, il serait intéressant d'étudier la possibilité d'importations à partir de ce pays afin de renforcer la coopération
dans cette filière. Ainsi, il devient urgent d'étudier ce qui a permis à ce pays voisin d'augmenter sa production locale d'huile d'olives.
Concernant le colza, on assiste à un bel
élan en faveur du renouveau de cette culture. Le ministère de l'agriculture a prévu en 2021 de porter les surfaces à 3 000 hectares. Il s'agit d'encourager le plan actuel et de procéder à un retour
d'expérience. Certes, la production locale reste modeste. Cependant, elle est indispensable dans la mesure où elle présente plusieurs avantages : assurer une production d'huile, une production de
tourteaux utilisables en aliments du bétail et enfin permettre de rompre avec la monoculture des céréales. En effet, cette monoculture favorise tout un cortège de parasites et prédateurs qui nuisent
au rendement des céréales.
Concernant le carthame, cette plante peut
être développée dans les zones plus sèches, là où la culture de colza est impossible. La coopération avec les Australiens en matière de semences et d'itinéraire technique est indispensable et
urgente.
Afin d'augmenter les surfaces à emblaver,
il s'agit de pénaliser les propriétaires et ayant droit de terres restant en jachère. Cela, surtout dans les zones à bon potentiel. Cela est possible en instaurant un impôt foncier. Mais aussi en
contribuant à réduire les coûts de mise en culture (notamment par une meilleure disponibilité en matériel de traction, en matériel pour le semis direct, une aide au développement des unités
motoculture des CCLS, ...).
Enfin, concernant le foncier, des mesures
indispensables sont nécessaires. Souvent demandées et argumentées par l'économiste Omar Bessaoud, ces mesures concernent l'urgence d'une loi sur le fermage, c'est à dire une loi permettant de sortir
de l'informel la location des terres agricoles par leurs propriétaires ou ayant droit. Ces mesures concernent également l'agriculture familiale et notamment une legislation adaptée protégeant les
terres du morcellement au cours de l'héritage entre générations.
A MOYEN TERME, LA
CONTRACTUALISATION.
Il est indispensable d'exiger des
industriels du secteur oléagineux qu'ils encouragent la production locale. Cela est possible par un encadrement technique, matériel et financier (avances sur récolte) des producteurs d'oléagineux
comme savent le faire si bien les laiteries et conserveries de tomates industrielles. Mais en échange, il s'agit d' autoriser ces industriels à collecter la récolte des producteurs. Cette collecte ne
serait plus uniquement le fait de l'OAIC ou d'un quelconque organisme administratif du "beylik" comme les agriculteurs aiment à désigner les structures d'Etat. Mais cela suppose la mise sur pied d'un
système de compensations financières liées au soutien des prix à la consommation.
DU POINT DE VUE
FISCAL
Un impôt sur chaque hectare de terre
agricole devient nécessaire. Ainsi, les propriétaires et ayant droit seront obligés de les travailler ou de les louer. Ainsi, plus de superficies pourront être consacrées aux oléagineux (colza et
carthame). Mais, il faut donc une loi sur la location des terres (fermage) et offrir aux producteurs des moyens pour emblaver à moindre coût et de façon rentable. Il faut que cultiver du colza, du
tournesol ou du carthame procure une marge bénéficiaire intéressante à l'agriculteur. Comme, l'Etat n'a plus de moyens budgétaires illimités,
on ne peut penser aux seules augmentations
de prix proposés par les pouvoirs publics ni aux habituelles exonération de TVA. Aussi, il s'agit d'assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée liée à la transformation des produits
agricoles entre producteurs et transformateurs. Dans le cas des céréales, l'engouement actuel des investisseurs pour la meunerie est sans conteste un signe flagrant de marges bénéficiaires élevées.
Pourquoi l'agriculteur est-il exclu de la transformation des produits agricoles qui viennent de ses champs?
CEDER AUX EXIGENCES DES
COMMERCANTS
Tensions sur la viande blanche, l'huile,
l'eau, et récemment la semoule, les pouvoirs publics ne peuvent se permettre un climat aussi détestable en cette veille de ramadhan. Pour éteindre ce début d'incendie (voir l'analyse de Abou Semmar
dans AlgériePart.com), il est donc nécessaire de céder (provisoirement) aux commerçants. Mais, étant donné que les réserves de change fondent à vue d'oeil, il est nécessaire d'adopter des réformes
radicales permettant une substitution des importations : renoncement à la politique de développement tout azimuth des filières avicoles et laitières ; cela est trop coûteux et des alternatives sont
possibles comme mieux utiliser les sources de protéines végétales.
Enfin, il est urgent de développer le
principe de la contractualisation afin de pousser l'agro-industrie à encadrer techniquement les producteurs de la filière des oléagineux (olives et graines d'oléagineux).
ALGERIE: LE NAUFRAGE FUTUR DE L'AVICULTURE INDUSTRIELLE
Djamel BELAID 12 janvier 2021
Les tourteaux de soja atteignent le prix de 10000 DA le quintal. Sur les réseaux sociaux, Abdelmadjid Bournane, ce bon connaisseur des réalités de l'Algérie profonde se demande s'il ne faut pas opter
pour une autre alternative.
L'ECHEC PREVISIBLE DU MODELE MAÏS-SOJA
L'échec était prévisible. L'élevage des volailles a été dès le début basé sur le modèle alimentaire faisant appel au couple maïs-tourteaux de soja. Or, étant donné la nature semi-désertique du climat
local, ces deux matières premières ne peuvent pas être produite localement. Elles ont donc dû être importées. Et ces importations n'ont cessé de croître. Elles atteignent annuellement le chiffre
faramineux de 1,4 milliard de dollars.Très tôt de nombreux universitaires ont vainement tiré la sonnette d'alarme. Ils ont dénoncé l'utilisation exclusive du couple maïs-soja et ont proposé la
mobilisation d'autres ressources locales: orge, triticales, féveroles et sous produits des industries agro-alimentaires.
Il est étonnant que les fabricants publics et privés d'aliments du bétail n'aient pas eu l'obligation d'incorporer progressivement des produits locaux. Une telle démarche accompagné d'un suivi
matériel, technique et financier aurait pu faire décoller une production locale de ces différentes matières premières.
Dès le milieu des années 1970, de nombreuses voies ont vainement dénoncé le recours aux seules protéines animales issues de l'aviculture au détriment des protéines végétales telles les légumes secs.
Ces derniers sont moins gourmands en eau que le maïs et soja et leur production locale est possible. Puis du point de vue écologique le rendement est meilleur. Mais rien n'y a fait.
ASSURER UN PLAN DE RECONVERSION A LA FILIERE AVICOLE
Aujourd'hui face à la réduction de l'aisance financière, l'Etat peine à financer les importations. Par ailleurs, des fabricants d'aliments pour bétail peu scrupuleux spéculent sur ce type de
produits. Plusieurs fois, la politique des pouvoirs publics à été de réduire le taux de TVA sur ces importations. Mais la limite de cette politique semble atteinte. La filière avicole offre 500 000
emplois: fabrication de l'aliment ou de matériel, distributeurs, éleveurs, abattoirs et commerçants. C'est dire l'enjeu.
Ces dernières années, la consommation annuelle moyenne de viande de volaille a nettement progressé. Elle est actuellement de 20 kg/an, alors qu’elle ne dépassait pas les 10 kg/an avant les années
1990 selon le vétérinaire Salim Kebbab. Plus de 650 000 tonnes de viande blanche et 8 milliards d’œufs sont produits annuellement.
Une des pistes pourrait être de tourner le dos radicalement à la politique de ces 40 dernières années et de miser sur la production intensive d'orge, triticale et féverole ainsi que sur une politique
d'utilisation des sous-produits de l'industrie agro-alimentaire: issues de meunerie, drêches de brasserie, mélasse... Certes de nouvelles formules d'aliments seraient à mettre au pont. Signalons que
cela a été un des axes de travail du département élevage de l'ENSA D'El-Harrach. Aujourd'hui des références techniques existent.
Si les quantités produites localement pourraient réduire le niveau des importations, elles ne pourraient jamais en venir à bout. Il s'agit donc de trouver de nouvelles alternatives et de mettre sur
pied un véritable "Plan Protéines". Un tel plan pourrait faire appel à des alternatives non encore explorées.
ASSURER DES SUBTITUTS PROTEIQUES AUX CONSOMMATEURS LOCAUX
Paralellemment aux tentatives de sauvetage de la filière ou du moins de ce qui va en rester d'ici deux trois ans, l'alternative pourrait être d'offrir au consommateur local une ration alimentaire
contenant beaucoup plus de protéines végétales qu'animales. En effet, du point de vue rendement calorique et économique pour le budget de l'Etat, il est plus intéressant de diriger les cargaisons de
tourteau de soja vers des usines de produits alimentaires au lieu de les destiner aux élevages de volailles. En effet, les décideurs algériens ont oublié que les estomacs humains peuvent consommer du
soja. Il suffit pour cela d'aller faire un tour en Asie. Mais le problème est que l'industrie agro-alimentaire et les consommateurs n'y ont pas été préparé.
Il faudrait pourtant penser à insérer du soja texturé dans la charcuterie locale: merguez, cashir, tripes... Mais également dans différents plats cuisinés ou aliments simples: pâtes alimentaires,
biscuits et même produits laitiers tels lait, fromage, yaourts, crèmes desserts...
Outre le soja existe également les produits utilisés par les entreprises de la Food Tech. La société française Roquette exploite des milliers d'hectares de pois jaune en France et au Canada. Dans son
usine française, elle a mis un procédé pour isoler les protéines du pois de l'amidon contenu dans la graine. Aujourd'hui cette entreprise met sur le marché des concentrés de protéines végétales
utilisés dans les industries agro-alimentaires. Avec les extrudeuses de la société Clextral et les protéines de Roquette, il est aujourd'hui possible de produire du blanc de poulet. Mais les
investisseurs, les décideurs et l'université ont-ils seulement entendu parler de Food-Tech ou simplement l'idée de feuilleter les revues spécialisées de l'industrie agro-alimentaires? Pour réduire le
niveau des importations, les décideurs algériens seraient bien inspirés de laisser entrer et mettre en kiosque les titres de la presse d'entreprise telle l'Usine Nouvelle, LSA, ...
L'Aviculture industrielle algérienne, telle qu'elle a été imaginée par les décideurs obnubilés par la rente pétrolière vit ses dernières années de gloire. Le déclin est son avenir. Il est possible de
limiter partiellement les effets désastreux du manque de moyens d'importations du maïs-soja par le développement de matières premières locales. Mais le salut passe par la Food Tech.n
LABOURS-SEMAILLES 2020,
UNE CAMPAGNE MAL ENGAGEE
Hésitations et absence de
stratégie de la part du MADR
Djamel BELAID Chercheur indépendant. Publié le 5 décembre
2020
Les céréaliers français peuvent d'ore et déjà se frotter les
mains, l'an prochain l'Algérie sera encore fortement importattrice de blé. En effet, la campagne céréalière s'engage dans de mauvaises conditions climatiques mais aussi organisationnelles du côté du
Madr. Ce serait un miracle que la récolte à venir soit exceptionnelles. Pourtant, le professeur Mekliche estime que l'Algérie possède un potentiel de production de 100 millions de quintaux. Voyons ce
que nous ne savons pas encore faire.
DES PLUIES AUTOMNALES EN RETARD
Comme souvent cette année, les pluies automnales sont tardives
et irrégulières. En septembre et octobre, il a très peu plu. L'Ouest du pays n'a particulièrement rien reçu. Le centre a eu quelques pluies, quant à l'est du pays il a été un peu plus
arrosé.
Quand il ne pleut pas, les agriculteurs ne labourent pas et ne
sèment pas. Ils attendent la pluie afin que le sol soit moins dur à travailler et surtout qu'il y ait assez d'eau pour que les semences déposées en terre aient assez d'eau pour germer et se
développer.
Ces dernières années, avec le réchauffement climatique, le
niveau des pluies s'est réduit de 25%. Fin novembre-début décembre, des pluies abondantes ont eu lieu, mais en de nombreux endroits, les agriculteurs n'ont pas pu travailler ce sol détrempé car les
tracteurs risquaient de s'embourber. Ils ont dû attendre quelques jours ce qui a retardé d'autant plus les semis.
LES PARTICULARITES DU CLIMAT
SEMI-ARIDE
On le voit, le climat méditerranéen et en zone-semi-aride est
capricieux. Outre des pluies irrégulières, il ne permet pas de développer des cultures dites de printemps en sec (tournesol, betterave notamment). La plupart du temps ces cultures doivent recevoir un
complément d'irrigation. Aussi, contrairement à ce qui se passe en Europe, toutes les cultures doivent-elles être implantées à l'automne. C'est le cas de l'orge, du blé dur, du blé tendre, des
fourrages de vesce-avoine, des pois-chiche, lentilles.
Un vrai casse-tête pour les exploitations agricoles. Car en un
laps de temps très court, il faut labourer et semer plus de 3,5 millions d'hectares. A cela, il faudrait rajouter la même superficie actuellement en jachère; c'est à dire non travaillée et laissée
comme pâturage pour l'élevage du mouton. Cette dernière activité est très rémunératrice et concurrence donc la production de céréales. Comment dans de telles conditions cultiver des céréales et
notamment les semer à temps? Car, précisons-le, les céréales doivent être semées entre la mi-octobre et la mi-ovembre. Au delà, on s'expose à de fortes chutes de rendement.
LA STRATEGIE PROPOSEE PAR LE MADR
Face au manque de pluie, les instituts techniques sous tutelle
du Madr proposent d'irriguer les champs de céréales dès le mois de novembre. C'est ce que vient de déclarer à Ennahar un des responsables d'un institut technique du Madr. Penchons nous un instant sur
cette bonne fausse idée.
Tout d'abord conviendra que s'il faut arrosser les champs
c'est qu'il n'a pas plu et que dans ce cas là, les barrages ne sont pas totalement remplis. Il s'agit donc d'utiliser ces réserves d'eau de façon parcimonieuse sachant qu'il s'agit de les partager
avec l'industrie et les besoins d'eau potable des villes. Rappelons que pour approvisionner en eau les villes du littoral il est fait appel au très coûteux système de dessalement de l'eau de mer.
Selon Mr Attar, le dessalement de l'eau de mer dévore 95% du budget du ministère de l'énergie et le mètre cube d'eau est cédé à 17 centimes alors qu'il revient à 80 centimes à l'Etat. Quant à
l'approvisionnement en eau des villes de l'intérieur du pays, il est question d'installer des canalisations jusqu'au sud afin d'y prélever l'eau des immenses nappes souterraines d'eau
fossile.
Considérons ensuite les choses du côté des agriculteurs.
Arroser des champs présente un coût en heures de travail et matériel. Il faut déployer des arroseurs et des canons à eau et veiller à les déplacer régulièrement. Or, ce coût ne permet pas un gain
aussi important que dans le cas d'un champs de pomme de terre ou de pastèques. Aussi, avant d'arroser dès novembre une parcelle de blé, un agriculteur y regardera à deux
fois...
FAIRE COMME LES MAROCAINS ET LES
ESPAGNOLS
Comme on le voit, la stratégie d'irrigation précoce prônée par
le Madr, ne colle pas aux réalités du terrain. Mais, surtout, avant d'arroser, il s'agit de s'assurer que les actions de base ait été effectuées. Chacun connaît l'adage: "un binage vaut deux
arrosages". Or, en matière de céréales, il existe des méthodes de travail du sol qui préservent l'humidité du sol. Elles ont particulièrement été quantifiées à la station agronomique de Settat
(Maroc). Il est apparu que le labour a le plus grand effet sur le déssèchement du sol et qu'à l'opposé, les outils à dents et la technique de semis direct valorisent l'humidité du
sol.
Depuis l'obtention de ces résultats, au Maroc, l'INRA
développe cette technique du semis direct. En Espagne également, elle est développée. Et le constructeur espagnol Sola (présent en Algérie) développe des semoirs adaptés à cette technique qui se
passe du labour.
LE LABOUR, TRES COUTEUX EN CARBURANT
Arrêtons nous un instant sur le labour par la charrue en acier
introduite en Algérie par les colons. Il s'agit d'un outil brutal qui contribue à éliminer les vers de terre et détruit la fertilité du sol. A ce titre il contribue également à l'érosion et à
l'envasement des barrages. A ce titre, c'est un outil à proscrire. Mais les agriculteurs y sont très attachés, le travail d'explication pour les en détacher sera long.
Mais le labour présente deux autres inconvénients: sa lenteur
(en une journée on ne laboure en moyenne que deux hectares) et sa forte consommation en carburant (25 litres de gazoil par hectare). A propos de gazoil, il faut noter la forte tension que connaît le
marché. Cela est dû à sa forte consommation par les véhicules, la contrebande aux frontières et à son utilisation par les groupes électrogènes. Mr Attar, ex-PDG de Sonatrach, expliquait récemment sur
les ondes de la Chaïne III qu'une de ce carburant est importé au prix de 1 dollar le litre alors qu'il est à un prix très bas au consommateur.
Est ce l'arrêt à terme de ces subventions qui fera les
agriculteurs se tourner vers le non-labour avec semois direct? En 2008, bien avant l'agression qu'a subit la Syrie, le gouvernement avait dû suspendre les subventions sur les carbuants qui
représentaient 15% du PIB. Les agriculteurs avaient alors vu les prix des carburants être multipliés par 3. Et nombreux s'étaient alors tournés vers le semis direct. Un de ces céréaliers syriens
avaient alors confié à un agronome local "avec la quantité de carburant autrefois utilisée par labourer mes terres, avec cette nouvelle technique, je peux maintenant en travailler 4 fois
plus".
LE SEMIS DIRECT, DES CHANTIERS 6 FOIS PLUS
RAPIDES
Chacun l'aura compris, le non-labour avec semis direct est une
sérieuse alternative à la situation actuelle. Par rapport, aux méthodes traditionnelles, il possède l'avantage de réduire les coûts de mécanisation, de multiplier par 6 la vitesse des chantiers et de
pouvoir être opérationnel même après une pluie. En effet, l'absence de travail profond du sol évite le risque d'embourbement des tracteurs.
Quand on a en tête que la céréaliculture algérienne repose sur
la capacité des agriculteurs algériens à emblaver près de 7 000 000 d'hectares en moins d'un mois et demi, la technique du semis direct est une alternative intéressante qui mérite l'intérêt de tous.
C'est si vrai qu'en Algérie, maroc et Tunisie de grosses exploitations sont déjà passées au semis direct. En Australie, ce sont plus de 85% des exploitations qu l'utilisent.
Cerise sur le gâteau, un semoir pour semis direct peut être
tiré par un tracteur de faible puissance, tel le tracteur de marque Cirta fabriqué à Constantine et majoritairement présent dans les exploitations. Rappelons la position actuelle prônée par les
instituts techniques du Madr; elle se résume à ce leitmotiv: pour labourer et semer plus vite, les agriculteurs doivent s'équiper en plus gros tracteurs. Quand on connaît le prix actuel des
tracteurs, le lecteur pourra se demander sur quelle analyse sont fondées ces préconisations.
FAIRE APPEL A TOUTES LES BONNES VOLONTES
LOCALES
Malgrè la léthargie actuelle concernant les techniques
céréalières, en Algérie, un petit groupe d'agronomes, d'universitaires et d'agriculteurs a très tôt perçu la révolution technique actuellement en cours dans le monde. C'est que l'Algérie est affiliée
à un institut internationnal l'Icarda d'Alep au sein duquel des spécialistes australiens ont procédé à un transfert de technologie. Intéressés par une coopération avec l'Icarda et ses banques de
variétés de blé, ils ont montré aux artisans locaux comment construire des semoirs low-cost. Et entre 2006 et 211, 8 ateliers privés ont construits 92 semoirs pour semis
direct.
Les cadres algériens de l'ITGC, en contact avec l'Icarda, ont
ramené ce concept et ont construit un prototype de semoir: le semoir Boudour. Cette mise au point s'est faite en partenariat avec l'entreprise publique de matériel agricole PMAT et l'entreprise
espagnole Sola au niveau de l'unité CMA de Sidi Bel-Abbès. Depuis, plus d'une quinzaine d'engins ont été construits et régulièrement exposés dans les foires et salons agricoles. Ainsi, quelques
agriculteurs se sont équipés de ces engins.
CEREALES, RAISONNER ALGERIEN
On peut se demander comment malgré l'existence d'une
fabrication locale de semoirs innovants tout n'est pas fait au niveau du secteur agricole afin de mieux faire connaître la technique du semis direct.
Il faut compter avec les lourdeurs administratives propres aux structures actuelles et notamment l'absence d'associations paysannes fortes et représentatives. Comme il cela avait été précisé à Sétif,
lors du premier séminaire internationnal consacré à ce sujet, il faut également compter sur le fait que ce nouvel outil s'incrit dans un système de cultures. En effet, malgrè tous ses défauts, le
labour présente l'intérêt d'éliminer les mauvaises herbes. Aussi, utiliser le semis direct implique de varier les cultures dans la rotation et d'utiliser régulièrement les techniques de désherbage
chimiques et de désherbage mécanique. Or, sur ces deux points l'agriculture locale est très en retard, seulement 25% des superficies sont désherbées chimiquement. Par ailleurs, dans les rotations les
céréales d'hivers (blé, orge, avoine) dominent. L'introduction massive de cultures de printemps n'étant pas possible, il s'agit d'introduire plus massivement des cultures de légumes secs et
d'oléagineux. En effet, dans ce type de culture, il est plus facile, par exemple, de se débarasser des mauvaises herbes de la famille des graminées qui colonisent habituellement les céréales, c'est à
dire la folle avoine, le ray grass et surtout le brome.
Ainsi, si irriguer permet de plaquer dans les campagnes
algériennes, des techniques importées de l'étranger, cultiver en sec et notamment en non-labour avec semis direct, cela nécessite de se creuser la cervelle. Avec le peu d'équipement des petites
exploitations et l'actuel faible développement des légumes secs et des oléagineux, l'introduction du semis direct doit répondre à la préoccupation du désherbage.
Si en Espagne, dans les grandes plaines canadiennes et
australiennes, cela ne pose pas de problème étant donné la débauche de moyens techniques existant, en Algérie, il s'agit de se mettre à niveau et de faire avec les conditions du
terrain.
LA CEREALICULTURE A LA VEILLE D'UNE REVOLUTION
TECHNIQUE
Le fait de ne pas simplement raisonner introduction d'un
outil, en l'occurence ici du semoir pour semis direct, mais en terme de système de culture, peut expliquer le retard dans la mobilisation de la lourde administration du ministère de l'agriculture et
de l'entreprise PMAT.
Nous sommes à la veille d'une révolution technique, celle du
non-labour avec semis direct plus largement désignée sous le vocable d'agriculture de conservation dont les deux autres piliers sont le nécessaire maintien sur le sol d'un minimum de résidus de
récolte et le nécessaire allongement des rotations évoqué plus haut.
Malgré les hésitations et le repli corporatiste de certains
administratifs, ou les lourdeurs de l'administration centrale, nous sommes à la veille de cette révolution technique car nous n'en avons pas le choix. Les défis de l'économie et de l'agriculture
locale sont multiples: accroissement de la population, réduction des revenus liés aux hydrocarbures, réchauffement climatique, érosion dramatique, crise politique et situation géo-politique (menaces
armées à la plupart de nos nombreuses frontières).
Tôt au tard, le prix des carburants agricoles augmentera. Tôt
ou tard les prix à la production des céréales stagneront ou seront revus à la baisse. Tôt ou tard, les pluies automnales seront encore plus faibles. Tôt ou tard les possibilités d'achats de céréales
à l'étranger se réduiront.
Nous reste seule notre capacité d'innovation et de mobilisation des énérgies créatives parmis les cadres et les fellahs. L'agriculture de conservation avec le non-labour et semis direct s'incrit dans
cette perspective..
MONTEE DES PERILS AUX FRONTIERES
ET EN INTERNE
Algérie, quel plan comm à
l'international?
Djamel BELAID. Chercheur indépendant.
15 novembre 2020
Les médias français montrent une méonnaissance crasse de la
situation actuelle en Algérie. Méconnaissance réelle ou feinte? Souvent ce ne sont que procès à charge. Dans tous les cas, cette situation porte tort au pays. Comment y faire face? A l'heure actuelle
où MBS se paye les services de l'agence Publicis pour redorer son blason, quel plan comm pour l'Algérie? Il ne s'agit pas d'être dans une situation manichéenne: "nous contre eux". Mais de rétablir
l'exactitude des faits.
LES MOYENS A METTRE EN OEUVRE
Il nous semble que deux types de moyens sont à mettre en
oeuvre: les moyens institutionnels avec notamment les moyens consulaires et diplomatiques ainsi que que les patriotes où qu'ils se trouvent: en Algérie ou dans la diaspora à l'étranger. Les moyens
sont variés: préventifs ou en réaction à un article ou déclaration incomplet et à charge.
Actions préventives:
Beaucoup de rédactions sont sous informées et par ailleurs
même les rédactions qui paraissent les "plus main-stream" sont souvent hétérogènes et y existent des journalistes courageux ayant l'éthique du métier chevillé au corps. Aussi, il
s'agit:
-d'envoyer des dossiers de presse objectifs à ces
rédation,
-d'inviter des délagations mixtes (hommes politiques, hommes
d'affaires, journalistes) à des visites de l'Algérie,
-de réactiver le groupe d'amitié-France-Algérie au sein de
l'Assemblée Nationale française.
Actions en réaction:
On pourra bien sûr déployer les mesures précédentes. Pour
rappel, beaucoup de personnes en France ne connaissent pas l'Algérie. Récemment, un univeritaire français ayant eu l'occasion de visiter l'Algérie, s'est dit émerveillé de ce qu'il a vu dans le pays.
Précisons tout de suite qu'il y a nulle volonté de notre part de cacher les dysfonctionnements actuels du pays, mais il est nécessaire également de montrer l'ensemble des réalisations de ces
dernières années. Sinon, ce serait nous auto-flageller.
Parmi ces réalisations: une université dans chaque wilaya, le
soutien aux prix des produits alimentaires de première nécessité mais aussi à l'eau, le gaz, l'essence et l'électricité. Subventions multiformes dans le domaine de l'agriculture et l'industrie, aide
au financement des auto-entrepreneurs. El la liste reste longue...
Chaque patriote peux également agir individuellement en
contactant les journalistes français dont il estime que le point de vue est incomplet et, sur un ton poli, leur rappeler l'exacte situation du pays avec ses avancées et bien sûr ses
dysfonctionnements actuels.
UN CONTEXTE GEOPOLITIQUE CONTRE
L'ALGERIE
Dès qu'on aborde la question du contexte géopolitique, les
individus qui nagent en eau trouble feront immédiatement que nous essayons de reporter sur l'étranger les carences internes du pays. Ce n'est en aucune façon notre desein. Quelques
évidences.
Suite à la tentative américaine de renversement de l'Iran, les
monarchies moyennageuses du Proche Orient ne peuvent que vouloir faire pression sur l'Algérie afin qu'elle s'aligne.
Dans le nouveau plan américain concernant la tentative de
liquidation de la résistance palestinienne, l'Algérie ne peut être vue que comme un obstacle. A ce propos, en France les menées contre Pascal Boniface illustrent la volonté des inconditionnels
français d'Israël, de contribuer à disqualifier les soutiens à la résistance du peuple palestinien.
Dans sa volonté de spolier le peuple sahraoui de son
territoire et de ses richesses tels les droits de pêche et la richesse de nombreux gisements de phosphates naturels, le makhzen marocain et ses afidiés en France voient d'un mauvais oeil le soutien
de l'Algérie à ce peuple en lutte.
Ainsi, les dossiers iranien, palestinien et sahraoui peuvent
être la cause d'attaques camouflées de médias contre l'Algérie. Outre ces dossiers, il faut rajouter le cas lybien qui constitue une lourde menace obligeant le pays à de considérables efforts en
moyens de défense.
UN CONTEXTE GEOPOLITIQUE CONTRE
L'ALGERIE
Dès qu'on aborde la question du contexte géopolitique, les
individus qui nagent en eau trouble feront immédiatement que nous essayons de reporter sur l'étranger les carences internes du pays. Ce n'est en aucune façon notre desein. Quelques
évidences.
Suite à la tentative américaine de renversement de l'Iran, les
monarchies moyennageuses du Proche Orient ne peuvent que vouloir faire pression sur l'Algérie afin qu'elle s'aligne.
Dans le nouveau plan américain concernant la tentative de
liquidation de la résistance palestinienne, l'Algérie ne peut être vue que comme un obstacle. A ce propos, en France les menées contre Pascal Boniface illustrent la volonté des inconditionnels
français d'Israël, de contribuer à disqualifier les soutiens à la résistance du peuple palestinien.
Dans sa volonté de spolier le peuple sahraoui de son
territoire et de ses richesses tels les droits de pêche et la richesse de nombreux gisements de phosphates naturels, le makhzen marocain et ses afidiés en France voient d'un mauvais oeil le soutien
de l'Algérie à ce peuple en lutte.
Ainsi, les dossiers iranien, palestinien et sahraoui peuvent
être la cause d'attaques camouflées de médias contre l'Algérie. Outre ces dossiers, il faut rajouter le cas lybien qui constitue une lourde menace obligeant le pays à de considérables efforts en
moyens de défense.
LE DRAME DES HARRAGAS ALGERIENS
Il ne peut y avoir d'excuses pour ceux qui, pendant des
années, ont participé de près ou de loin, à l'économie du conteneur. Tels ces gros commerçants, souvent affichant une piété débrodante, importants par cargaisons entières de la pacotille chinoise ou
turque et ruinant l'industrie locale et mettant au chomâge des milliers de pères de famille et de jeunes. Le Hirak a permis que soit mis fin à cette prédation. De nombreux individus sont aujourd'hui
derrière les barreaux.
Avec la politique de l'Ansej, le pays peut s'enorguillir
d'avoir permis à des miliers de jeunes à créer de démarer et de créer une entreprise. Certes, des dysfonctionnements ont été constatés. Mais nombreux sont les jeunes entrepreneurs qui dans d'autres
pays auraient aimé bénéficier de ce type de facilités.
Nous estimons qu'il faut absolument créer des emplois pour les
jeunes mais également dessérer l'étau conservateur actuel qui fait qu'actuellement le seul horizon pour les jeunes est a mosqué. Où sont les camps de vacances mixtes où tout jeune dont tout jeune
devrait pouvoir bénficier. Où sont les biblothèques, les maisons de jeunes et de la culture, les discothèques? Pourquoi cette prohibition rampante qui fait que c'est au wali qui fermera le plus de
débits de boisson.
PRESIDENCE TEBBOUNE ET
AGRICULTURE: 6 MESURES URGENTES
Djamel BELAID 20 10 2020
Depuis la présidence Tebboune, on peut se demander quels sont
les changements les plus marquants qu'a connu le secteur agricole? A notre connaissance, aucun. Certes, un nouveau ministre de l'agriculture a été nommé et le président a vertement critiqué le
penchant pour "l'import-import" de certains offices publics tel l'Onab ou l'Oaic. Certes, il y a également la directive du président d'encourager le développement des cultures industrielles (sucre et
huile) afin de réduire les importations et l'énoncé de la nécessité de demander, à l'avenir, des comptes aux entités économiques ayant bénéficié des largesses de l'Etat. Mais cela ne fait pas une
politique agricole répondant aux impératifs de l'heure. En effet, toute politique doit comporter des mesures conjoncturelles mais aussi structurelles tournées vers plus d'auto-suffisance, d'emplois,
de répartition équitable des fruits de la croissance et de durabilité écologique. Or, nombreuses sont encore les situations ubuesques du secteur agricole. Situations d'autant plus graves que ces
façons de faire sont devenues la norme pour beaucoup de cadres du secteur agricole imprégnés de dirigisme administratif. Faute de directives précises, les exécutants de la politique agricole
gouvernementale, et cela malgré toute leur bonne volonté, sont donc cantonnés à une gestion au jour le jour comme l'ère Bouteflika. Et cette situation nous rapproche plus du dirigisme propre à la
Corée du Nord que celle des pays à l'agriculture moderne.
A l'heure où les agriculteurs sèment leur champs, que faire si
l'année climatique à venir est défavorable et les rendements catastrophiques? Or, on ne peut plus compter sur le filet étatique car les fameuses "réserves de change" fondent à vue d'oeil. Il y a donc
"obligation de résultats". Par exemple, le manque de pluie ne peut plus être l'argument permettant de cacher l'incompétence et l'immobilisme de certains services agricoles. Le pays possède des
réserves énormes de productivité. La question est donc de savoir comment les mobiliser pour une agriculture au service de plus d'auto-suffisance, de justice sociale et de durabilité. Aussi, il nous
semble que certaines mesures s'imposent. Nous les portons au débat.
1 Soutenir le revenu des
fellahs
Nous ne le répetterons jamais assez. Il est nécessaire de
trouver des ressources financières autres que celles provenant de l'Etat afin d'améliorer le revenu des agriculteurs. Une remarque technique s'impose ainsi. Alors que les agriculteurs s'échinent à
labourer le sol comme ils l'ont vu faire par les colons, les techniques modernes liées à l'agriculture dite de conservation permettent de revisiter ce dry-farming colonial qui épuise les sols. Ainsi
avec le semis-direct, l'agriculteur peut réduire ses coûts d'implantation de plus de 40%. Voilà un premier moyen d'amélioration du revenu paysan. Par ailleurs, alors que dans les pays avancés, les
agriculteurs tirent un revenu supplémentaire de la fabrication de farine, de semoule ou de fromage et de produits laitiers, en Algérie, cela leur est impossible. Ils ne peuvent que vendre leurs
produits à l'état brut. En effet, ce rôle de transformation est dévolu à des investisseurs privés dont certains, parmi les plus gros, ont profité de leur proximité avec l'entourage de l'ex-président
de la république. Cette absence de concurrence entre acteurs privés et coopératives de transformation permet que se construisent des empires agro-industriels aux dépends des moyens mis par l'Etat
pour développer l'agriculture et aux dépends des producteurs. Il y a captation d'une rente par de gros intérêts privés sans que puisse s'exercer une concurrence saine, les agriculteurs étant écartés
d'office.
2 Instaurer un impôt
agricole
Il devient urgent d'instaurer un impôt agricole. S'il est
nécessaire de soutenir le secteur agricole, il est indécent de ne pas demander aux entreprises agricoles les plus prospères: gros agriculteurs, mandataires en fruits et légumes, propriétaires de
chambres froides, grainetiers, transformateurs... une participation à l'effort collectif. Actuellement ce sont des fortunes que réalisent certains gros maraichers ou certains gros éleveurs. Or, les
bénéfices issus de l'agriculture servent le plus souvent à des investissements hors de ce secteur - on ne comptent plus les dépenses somptuaires - ou alimentent même parfois les trafics du square
Port Saïd. Un impôt juste servira à redistribuer des moyens aux petites exploitations familiales et à l'installation de jeunes agriculteurs.
L'impôt agricole a une autre vertu: celle de renforcer le
système statistique national, ce qui permettra une meilleure connaissance du secteur agricole et une meilleure planification de la part des décideurs.
3 Réduire le pouvoir des empires privés édifiés
sous l'ère Bouteflika
Il ne s'agit pas de s'attaquer à l'investissement privé.
Celui-ci est nécessaire au secteur agricole et a toute sa place en Algérie. Mais il s'agit de permettre aux producteurs agricoles de pouvoir jouer à armes égales et pouvoir eux aussi capter une
partie de la valeur ajoutée liée à la transformation des produits agricoles, notamment concernant le blé dur, le blé tendre et le lait. Ces trois productions peuvent sembler anecdotiques si l'on
pense à la variété des productions agricoles: fruits et légumes, ovins, dattes... Mais examinons les choses de plus près. Créer des embryons de structures paysannes gérées, par des fellahs, afin de
transformer une partie de leurs productions, c'est leur permettre de récupérer plus de valeur ajoutée, mais c'est également favoriser une forme d'organisation autonome du monde paysan. Organisation
qui peut permettre d'acheter en gros des intrants ou de recruter un technicien. Avouons qu'actuellement notre agriculture est largement fonctionarisée. Où voit-on en Algérie, des agriculteurs gérer
des budgets ou recruter leurs techniciens? Cette seule évocation fera trés certainement sourire plus d'un responsable des services agricoles. Et pourtant, chaque jour, dans les structures de base
auxquelles s'adressent les producteurs telles une CCLS ou une antenne de la Badr, les employés sont payés sur les deniers publics et les agriculteurs n'ont pas droit au chapitre. Dans ces structures,
ce sont des administratifs. Or, malgré tout le dévouement de ces personnels, rien ne vaut des organisations économiques basées sur des fonds privés provenant de l'organisation de producteurs. En
France, Hollande, Nouvelle Zélande les plus grosses sociétés de collecte et de transformation de produits agricoles sont des coopératives paysannes. Il est temps de donner à celles-ci les mêmes
moyens qui ont été largement distribués aux affidés du cercle de l'ex-président Bouteflika.
4 Aller vers plus de
contractualisation
Nous remarquions plus haut le rôle que peut jouer
l'investissement privé. Dans le cas des laiteries et des conserveries privés on observe souvent un soutien technique, matériel et même financier des transformateurs envers les agriculteurs. Il ne
s'agit pas de philantropie mais d'une action afin d'assurer plus disponibilité de matière première à transformer. Mais cette politique privée va dans l'intérêt des producteurs et de la nation.
Comment l'étendre à d'autres secteurs tels les céréales, les légumes secs, l'aliment du bétail ou la production (future) de sucre. Notons que dans le cas des oléagineux, un projet de production de
colza est en cours. Des investisseurs tels Cevital et S.I.M ont été associés à cette démarche de relance de cette filière. Il s'agit donc d'appliquer à toutes les filières agricoles ce
"donnant-donnant" évoqué, certes en d'autres termes, par le président Tebboune. Comment expliquer qu'à ce jour des agro-industriels tels ceux des boissons et sodas n'investissent pas un seul dinar
dans la production locale de sucre ou dans celle de fruits préférant ainsi importer du Brésil des concentrés de jus. Idem avec ces groupes d'aliments du bétail qui ont largement prospéré sous l'ère Bouteflika mais qui n'ont jamais tenté de soutenir les fellahs afin de produire orge, triticale, féverole, pois
protéagineux... préférant importer maïs et tourteaux de soja par cargaisons entières aliénant ainsi l'avenir économique du pays à des groupes d'intérêts étrangers. De gros fabricants d'aliments du
bétail ont même utilisé le chantage, menacant les pouvoirs publics de mise au chômage de centaines d'employés et d'arrêt de l'élevage avicole quant il a été question de réglementer ce type
d'importations. Par ailleurs, que se passera-t-il si un jour, le Brésil décide de transformer sur son sol le sucre roux actuellement raffiné dans les unités de Cevital et du groupe La Belle? Pourquoi
ces industriels ne produisent-ils pas une partie de leurs besoins en sucre à partir de dattes, d'amidon de pomme de terre ou d'orge? Est-il normal de bénéficier de la protection de barrières
douanières, d'un marché captif de plus de 40 millions de consommateurs, de subventions diverses et d'une main-d'oeuvre qualifiée sans rendre quoi que ce soit à la communauté nationale si ce n'est
quelques "couffins du ramadhan"?
5 Sécuriser l'investissement agricole par une loi
sur le fermage
Bien au fait du fonctionnement des agricultures modernes,
l'économiste Omar Bessaoud, seul Algérien à avoir été admis à l'Académie d'agriculture de France, ne cesse de clamer la nécessité d'un loi sur la location des terres, c'est à dire une loi sur le
fermage afin de clarifier la situation du foncier. Actuellement, nombre d'agriculteurs louent dans l'illégalité la plus totale la terre qu'ils travaillent. De ce fait ils ne peuvent avoir cette
vision à long terme qui leur permettrait d'investir plus. Mais, ne nous trompons pas. Il ne s'agit pas de permettre à des apétits voraces de mettre la main sur les terres du domaine de l'Etat. Ces
terres libérées grâce au sacrifice de dizaines de milliers d'Algériens durant la lutte de libération nationale. Ces terres sont les terres des chouhadas "ardh ech-chouhada" et sont un patrimoine
national qui devra servir à nourrir les générations futures. Ce patrimoine est inaliénable et ne peut en aucun cas appartenir à des intérêt privés. Mais qu'est ce qui empêchent de louer ces terres?
Elles sont actuellement légalement détenues par des ayants droits dont des EAC et EAI. Il faut autoriser les attributaires de ces structures à les louer. Mais en échange, il s'agit d'instaurer un
impôt agricole juste permettant d'empêcher des rentes de situation.
6 Pour des syndicats agricoles
libres
La paysannerie algérienne a par deux fois montré son haut
niveau de conscience politique: en témoigne comme le note Omar Bessaoud "le rôle qu’elle a joué dans la lutte
de libération et actuellement dans la stabilité politique du pays." Il est donc d'autant plus inacceptable qu'il lui soit refusé toute possibilité de s'organiser dans un syndicalisme agricole
démocratique et représentatif. Qu'est ce qui justifie l'existence actuelle d'un seul syndicat agricole? Qu'est ce qui justifie la légitimité de son actuelle direction controversée avec à sa tête
l'aparatchik Aloui? Est-elle réellement l'émanation de la base? Il est temps d'aller vers plus de démocratisation dans les instances agricoles: syndicats et chambres d'agriculture, conseils de
filières, ...
Donner plus de visibilité au changement permis par
le Hirak
Nombreux sont les personnes encore non convaincues de la
volonté du président Tebboune de tourner la page de la période de prédation généralisée dont a connu le pays sous le président Bouteflika. A ceux qui doutent, la mise derrière les barreaux des
principaux prédateurs est une preuve tangible de cette page tournée. Une affirmation plus nette de la volonté de la direction politique du pays d'agir dans la direction de l'édification d'une
agriculture tournée vers les besoins du pays et à même de fournir du travail est nécessaire. Elle est d'une urgence capitale. Celle-ci ne doit pas tarder au moment où des nostalgiques de la période
précédente restent présents à différents niveaux. Celle-ci ne doit pas tarder afin de convaincre ceux qui, en l'absence des moyens de réaliser une analyse objective de la situation réelle du pays,
restent sur le bord du chemin ou peuvent être entraînés vers des directions erronées. A l'heure de la baisse de l'aisance budgétaire de la puissance publique et de la situation économique et sociale
difficile créée notamment par la pandémie du Covid-19, il est urgent d'avancer dans les mesures conjoncturelles mais aussi structurelles.
Un observateur déclarait récemment à Jeune-Afrique qu'Issad Rebrab n'avait jamais autant gagné d'argent que sous
Bouteflika.
«Ce qu’impose l’impératif de
la sécurité alimentaire…» Omar Bessaoud. 01.08.16 El Watan.
FINANCEMENT DE L'AGRICULTURE, MISER SUR UNE CONTRIBUTION OBLIGATOIRE
VOLONTAIRE Djamel BELAID
18.07.2020
Alors que le premier ministre communique sur la situation
délicate de l'éconoie du pays, la question du financement du secteur agricole reste plus que jamais posée. Une des solutions à ce financement réside dans la généralisation de "contributions
obligatoires volontaires" à chacune des filières agricoles du pays.
Le principe des contributions obligatoires volontaires (COV)
consiste en un prélèvement minime sur le prix de chaque produit agricole collecté. Cette pratique existe en France depuis 1975. En Algérie, elle existerait dans le cas de la filière céréales avec un
prélèvement de 18 DA sur chaque quintal de blé collecté par l'OAIC. Dans le cas d'une COV, les sommes réunies doivent servir au développement de la filière. Le prélèvement est en général réalisé par
un organisme de collecte ou un transformateur.
Les sommes réunies ne sont pas conisdérées comme une
subvention publique mais comme une source de financement privé. Bien que mince, la nuance mérite d'être soulignée. En effet, dans le cas d'accord avec le FMI ou l'OMC, les filières concernées restent
autorisées à utiliser ces fonds qui peuvent représenter des sommes considérables.
PRELEVEMENT ET UTILISATION DES COV
Dans le cas algérien, le montant des COV de la filière
céréales seraient dirigées par l'OAIC vers la Chambre Nationale d'Agriculture. Peu d'informations sont disponibles concernant ce financement et son utilisation.
Selon les filières, les COV pourraient être prélevées par les
laiteries, les pressoirs d'huile d'olives, les abattoirs, les couvoirs, les fabriques d'aliment de bétail, les chambres froides, les boites de semences maraichères...
Quant à l'utilisation des COV, il s'agit d'opter sur la
transparence. Il ne s'agit pas de fonds publics mais de fonds privés. Aussi, c'est aux acteurs privés de chaque filière de les gérer. Les pouvoirs publics peuvent à la rigueur mettre à disposition
des bureaux des filières des agents comptables, mais en aucun cas, ils ne doivent se substituer aux élus.
OLEO-PROTEAGINEUX, L'EXCELLENCE DES COV
FRANCAIS
Lorsque les consommateurs algériens dégustent de la mayonnaise
de marque Djaddi, ils ne se doutent pas qu'ils bénéficient de COV français. Idem pour les consommateurs de poulets de Aïn Defla nourris aux aliments du bétail en provenance de l'usine SIM-Sanders ou
les consommateurs marocains et tunisiens d'huile Lesieur-Cristal. En fait, à chaque fois le groupe françis Avril est impliqué dans ces productions. Or, ce puissant groupe français n'est que
l'émanation de la structure financière paysanne Sofiprotéol qui est à l'initiative de la collecte des COV issues de la filière oléo-protéagineux. Cette filière regroupe les producteurs français de
colza, tournesol, lin, pois, féverole et soja. Sofiprotéol qui dispose d'un sacré pactole financier s'est mué en groupe Avril. Et à coups de rachats de sociétés, ce dernier s'est aujourd'hui
diversifié dans l'amont et l'aval des oléo-protéagineux, allant jusqu'à racheter les huiles d'olives de marque Puget. Le groupe Avril comprend notamment les sociétés Sanders, Matines, Saipol
(bio-carburants) et investit dans l'extraction de protéines à partir de colza. Longtemps ce puissant groupe paysan a essayé de s'associer avec Cevital, mais à ce jour aucun projet n'a
aboutit.
RENCONTRE BELHIMER-REBRAB
En ce mois de juillet, la presse rapporte une rencontre entre
le ministre de la communication, le talentueux Amar Belhimer et Rebrab. Beaucoup ont supputé que cette renontre faisait suite à la violente campagne de presse du quotidien Liberté, propriété de Issad
Rebrab,quant à une suposée incurie des autorités face à la pandémie du Covid-19. Si on en croit le communiqué ministériel faisant suite à cette réunion, l'objet en était la relance de projets
industriels: "cette longue entrevue, qui s'est déroulée au siège du ministère, a
permis d'évoquer les moyens d'une relance de l'économie nationale, à travers la stratégie du gouvernement qui consiste à encourager les entreprises économiques, satisfaire les besoins du marché
national et se diriger vers l'exportation, tout en réduisant le volume des importations, étant donné les circonstances actuelles que vit le pays". On ne peut que s'en réjouir.
En effet, Cevital avait commandé à une entreprise chinoise le
matériel pour démarrer une usine de trituration de graines d'oléagineux. Empêchés d'être débarqués dans le port de Béjaïa les 16 conteneurs de matériel l'avaient été dans le port de Skikda. Mais
l'industriel avait été empêché de les utiliser pour vice de forme.
On peut espèrer que cet épisode est du passé et que cette
unité de trituration sera, en partie, alimentée par des oléagineux locaux. A ce titre le groupe Avril pourrait apporter une aide précieuse comme c'est le cas en ce moment au
Maroc.
La relance de la production d'oléagineux en Algérie, pourrait
être l'occasion d'instaurer des COV au niveau de la filière en question et pourquoi pas, d'essayer de reproduire en Algérie la succes story de la filière française en s'y inspirant et en l'adaptant à
nos conditions.
ENCADRE: LE
GROUPE AVRIL EN TUNISIE
Initié et porté par le GOUVERNEMENT DE TUNISIE, ce projet
s’inscrit dans le cadre d’un partenariat réunissant :
-les savoir-faire et compétences du groupe AVRIL et de ses
filiales CRISTAL TUNISIE, LESIEUR, LESIEUR CRISTAL et SANDERS TUNISIE en matière de structuration et de développement de filières agro-industrielles ;
-les expertises reconnues dans les domaines de la
production, de la transformation et de l’organisation de filières agricoles d’AGROPOL, organisme interprofessionnel de promotion et de coopération internationale de la filière française des huiles et
des protéines végétales, et de TERRES INOVIA, l’institut technique des professionnels de la filière.
La valorisation des premières récoltes est assurée par les
partenaires industriels suivants :
-Le groupe CARTHAGE GRAIN, seul triturateur en Tunisie,
assure la valorisation des graines en huile et en tourteaux.
-Le raffinage est assuré par un raffineur
tunisien.
-CRISTAL TUNISIE assure le conditionnement et la
commercialisation de l’huile raffinée sous la marque LESIEUR.
-SANDERS TUNISIE assure de son côté la valorisation et la
commercialisation des tourteaux de colza pour l’alimentation animale des élevages tunisiens.
HAMID HAMDANI: VERS UN SECOND SENATUS CONSULTE?
Djamel BELAID 25.06.2020
Mr A. Djerad a remanié son équipe ministérielle. Le poste de l'agriculture est confié à Mr Hamid Hamdani qui occupait jusqu'à présent au sein du MADR la direction
centrale de l’organisation foncière et de la protection des patrimoines. A son poste, Mr Chérif Omari a courageusement supporté la tâche du secteur agricole avec les moyens et les orientations venues
d'en haut. Ainsi, il a eu l'injonction du président Tebboune d'encourager le développement des cultures industrielles dans le grand sud, pari quelque peu improbable. Quelles seront les missions du
nouveau ministre?
UN GOUVERNEMENT AUX ABOIS
La situation économique du pays est délicate. Il y a quelques mois, Mr Attar déclarait sur la même chaîne que les seules importations de gazoil nous coûtent 3 milliards
de dollars et que la contrebande sur le carburant était du même ordre de grandeur. Quant aux prochaines augmentations des capacités de production de gaz naturel, elles ne pourraient que servir à
tenter de couvrir la demande interne. C'est dire les défis qui attendent le pays.
Cependant l'absence de dettes fait qu'une bonne gouvernance pourrait être en mesure de nous faire franchir cette passe difficile. En matière agricole, le cap est mis
vers la réduction des importations de produits alimentaires. Pour se faire la politique du gouvernement est de travailler plus de terres dont celles du grand sud. Si cette orientation est louable,
elle ne doit pas faire oublier les autres dossiers du développement agricole: absence de marché officiel pour la location des terres agricoles, non encouragement à la création de coopératives
agricoles, répartition inéquitable de la valeur ajoutée à la transformation des produits agricoles, absence de co-gestion avec les associations professionnelles, absence de syndicalisme autonome
paysan...
APRES LES GPF, LES GPS
Si chaque ministre applique un programme gouvernemental, chaque grand serviteur de l'Etat possède des convictions. Cela a été le cas ou est le cas par exemple de
personnalités telles Mme Nouria Benghabrit, MM Ferhat Aït Ali, A. Attar, Amar Belhimer... Dans le cas de Mr Hamid Hamdani, l'écoute attentive de ses interventions lors de ses différents passages sur
les ondes de la chaîne III est très instructive. A ce titre elle est même quelque peu inquiétante concernant les terres arch et le satisfecit données aux forces qui tentent de s'accaparer ces terres
en Algérie. Car, ne nous y trompons pas, la lutte de la paysannerie algérienne contre les colons confiscateurs des meilleures terres continue aujourd'hui, même si aujourd'hui les prédateurs ont
changé de nature.
Ainsi, Mr Hamdani a indiqué que pour augmenter la production agricole, il était nécessaire d'identifier les ayants droits des terres arch sur les parcours steppiques.
Cela, bien sûr, a-t-i rajouté en concertation avec les intéressés et les occupants actuels. Ce discours fait écho aux rédacteurs du senatus consulte des années 1863, lorsque le pouvoir colonial
décida d'asseoir dans la législation coloniale la dépossession des fellahs algériens.
Questionné par l'animatrice, Mr Hamdani précisa que concernant la politique de concessions de terres, il serait tenu compte des jeunes mais également des Grands Projets
Structurants (GPS). Le président Boumédiène avait tenté de nationaliser les Grands Propriétaires Fonciers (GPF), voilà qu'on prévoit d'encourager des aventuriers attirés par les subventions en tout
genre liés aux projets de mise en valeur. Rappelons que dans ces projets la gratuité et quasi totale et concerne la terre, l'eau, le matériel d'irrigation, crédits. Que deviendrons ces méga projets
lorsque l'Etat arrêtera de les subventionner? Les pivots resteront-ils à rouiller dans les sables comme à Adrar dans le cas du méga projet du CAAS?
HAMDANI, QUELLE VISION STRATEGIQUE?
Plus grave, parmi les propos du nouveau ministre, on note la persistance en la croyance d'une agriculture fortement centralisée administrativement comme garant de sa
réussite. Ainsi, concernant les concessions non encore mise en valeur, il préconise la poursuite des commissions de contrôle de wilayas et les enquêtes de terrain pour débusquer les fraudeurs.
Si cette préoccupation est tout à son honneur, ne faudrait-il pas arrêter au sein du MADR, de monter des "usines à gaz" et appliquer des principes adoptés par la plupart
des agricultures modernes? Les superficies des concessions étant connues, il suffit d'appliquer un barème d'imposition sur les bénéfices agricoles proportionnel à ces surfaces. Quitte à laisser un
délai d'un à deux ans pour la mise en valeur. Quant à ceux qui sous-louent, pourquoi les criminaliser alors que dans un pays comme la France, les deux tirs des exploitants louent des terres? Il
suffit d'instaurer un statut du fermage avec un loyer adapté aux potentialités de chaque région.
Poussé dans ses retranchements par l'animatrice, Mr Hamdani a indiqué que même dans le cas des terres privées les commissions de wilayas pourraient également enquêter
sur le cas des terres non travaillées. Pourtant chacun sait que dans le cas des terres privées, outre des situations particulières, il s'agit également de tenir compte des coûts que représente la
culture des céréales. Si l'Etat a consentit de nombreuses aides, il est du rôle du MADR d'impulser les moyens de mise en oeuvre de techniques d'agriculture en sec adaptées au milieu semi-aride et peu
coûteuses. La répartition équitable de la valeur ajoutée issue de la transformation des produits agricoles ne saurait également être occultée.
LA TERRE A CELUI QUI LA TRAVAILLE?
Rappelons à nouveau, qu'une loi sur le fermage ainsi qu'une autre sur la constitution de société civile d'exploitation agricole (SCEA) seraient particulièrement adaptées
au cas des terres en indivision qui pourraient être ainsi confiées légalement à un gérant désigné par les ayants droits. Comme le font remarquer les économistes A. Benachenou, Ali Daoudi ou Omar
Bessaoud, il devient urgent de faire sortir de l'informel les agriculteurs locataires et donc que l'Etat statue sur les différents modes de faire valoir ayant cours dans les campagnes en instaurant
un impôt équitable afin de parer aux effets de rente.
Appliquer le slogan "la terre à celui qui la travaille" peut se faire sous la forme de l'impôt foncier s'opposant aux positions de rente. Il n'est pas nécessaire de
possèder la terre pour travailler, la louer peut suffire en présence d'une fiscalité adéquate. Sinon, le consommateur algérien devra payer le coût du travail de l'agriculteur et le coût d'achat de la
terre.
Rappelons que la terre des fermes d'Etat est la terre des chouhadas. Cette terre auparavant spoliées par les Borgeaud, Bugeaud ou Dufourg et reconquises par la lutte
d'indépendance. Cette terre peut être louée mais devra rester propriétée d'Etat au service des générations futures qui vivront sur cette terre d'Algérie.
Mais tout cela, bien que chargé des questions foncières, Mr Hamdani n'en a pas parlé ou à peine effleuré. Si ce n'est à un moment à propos d'une forme de fiscalité à
établir. Quand à la préservation des terres agricoles du béton et du bitume, on aura noté les voeux pieux. Nous ne manquerons pas de poursuivre l'analyse de son discours.
Notons au crédit du ministre la volonté de compte sur l'intensification de la production des terres situées au nord en s'appuyant sur les connaissances agronomiques.
Omar Bessaoud. Economiste agricole : «Rompre avec le modèle
agri-business»
Samira Imadalou El Watan 22 juin 2020
Omar Bessaoud est économiste agricole. Spécialiste des
politiques publiques agricoles et rurales et auteur du livre AGRICULTURE ET PAYSANNERIE EN ALGÉRIE : De la période coloniale aux politiques agricoles et rurales d’aujourd’hui, il revient dans cet
entretien sur le dossier de l’agriculture saharienne.
Il estime dans ce sillage que le coût des investissements dans
le développement d’un modèle entrepreneurial dans la mise en valeur du grand sud sont très lourds. Investir de manière productive dans ces régions passe selon cet ancien chercheur au CIHEA (Institut
agronomique méditerranéen de Montpellier) par une rupture avec le modèle agro-business qui n’a pas fait la démonstration de son efficience.
-Depuis quelques mois, le développement de l’agriculture
saharienne fait débat. Engager l’Algérie dans ce vaste chantier est-il possible dans les conditions actuelles, notamment financières ?
Je confirme en effet que la question du développement de
l’agriculture saharienne fait débat dans les milieux scientifiques et des techniciens depuis de très nombreuses années. Ce débat n’est fort malheureusement pas audible pour l’opinion publique pour
des conditions politiques connues. Les orientations de politique économique ont toujours fait l’objet d’un monopole de cercles fermées, «cercles» qui n’ont jamais rendu compte des résultats souvent
désastreux des décisions qui ont été prises. Le temps est venu d’ouvrir l’espace public aux citoyens qui revendiquent aujourd’hui d’être consultés dans les choix qui engagent l’avenir du
pays.
Mettons de côté le débat technique relatif à la viabilité de
cette agriculture de type nouveau, et abordons les possibilités de son développement dans un contexte économique marqué par une crise qui affecte les moyens de paiement. Cette crise est certes
réelle, et nos ressources financières sont gravement affectées par la baisse des recettes d’exportation des hydrocarbures. Elle ouvre toutefois l’opportunité de repenser notre modèle de croissance
agricole, et donc n’interdit pas de renouer avec des ambitions nationales de développement.
Vous le savez, l’aisance financière que le pays a connue n’a
pas doté le pays d’un tissu économique robuste et favorisé l’investissement productif. La question ne réside donc pas exclusivement dans l’existence d’une rente pétrolière, mais fondamentalement dans
l’usage que l’on en fait. L’Algérie a su dans le passé investir productivement cette rente qui était loin d’atteindre les montants des décennies 2000.
Le pays n’est pas dans la situation de 1986, où un endettement
extérieur insoutenable se conjuguait avec des réserves de change inexistantes ; comme le soulignent certains experts, et je pense ici notamment à l’éclairante contribution de Saïd Ighilhariz dans
votre quotidien, l’Algérie a toutes les potentialités pour dépasser les tensions budgétaires actuelles. Le ministre des Finances n’a-t-il pas déclaré, lors de la présentation de la loi de finances
complémentaire 2020, que la relance économique était possible… pour autant que l’on ait une gouvernance plus éclairée de nos dépenses d’équipement et que la dette publique soit intelligemment
investie ?
Les coûts des investissements dans le développement d’un
modèle entrepreneurial dans la mise en valeur du Grand Sud sont effectivement très lourds : aménagement des périmètres (forages, électrification, pistes, brise-vent), achats des intrants, des
matériels de culture et de récolte souvent importés, entretien et maintenance des matériels hydrauliques, des pièces de rechange, coûts du drainage et de la lutte contre la dégradation des sols, des
installations des sites industriels pour la transformation, le stockage, la chaîne logistique de distribution…et ceci, sans garantir les résultats économiques.
Aussi, pour être complet, je pense qu’investir productivement
dans le Grand Sud est possible, mais pour cela, il faut absolument rompre avec ce modèle agri-business qui n’a pas fait la démonstration de son efficience. L’alternative à penser est celle d’une
rénovation et/ou à une refondation du modèle oasien existant, qui lui, a fait la preuve de son efficience économique, sociale et environnementale.
-Un office dédié à l’agriculture saharienne est-il nécessaire
pour mener ce projet ?
Il me semble que cet office est une institution de trop… Je
voudrais en effet faire remarquer qu’il existe déjà une agence, l’ANRH (Agence Nationale des Ressources hydrauliques) qui existe depuis près de 40 ans, et qui recouvre les fonctions que l’on veut
assigner à l’Agence que l’on projette de créer. A titre de rappel, l’on note parmi les objectifs de l’ANRH, qu’elle a pour mission : «de réaliser un inventaire des ressources en sols destinés à être
mis en valeur par l’irrigation et le drainage» ; «le suivi de la ressource au plan quantitatif et qualitatif ; la préservation, la protection et la sauvegarde de la ressource contre toutes formes de
dégradation ; de réaliser des études spécifiques sur le plan régional» …Cette Agence dispose d’antennes régionales, y compris dans le Sud (Adrar, Ouargla).
L’actuel ministre de l’Hydraulique a même récemment évoqué la
nécessité d’une réforme afin d’étendre son action, y compris dans les domaines de la recherche scientifique. En cette période de crise budgétaire, pourquoi dédoubler une Agence qui bénéficie, il faut
le souligner, d’un capital de connaissances et de compétences avéré sur l’agriculture saharienne. Les études qu’elle a conduites, en coordination avec l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), et
dont l’Algérie est membre, la désigne naturellement comme l’institution clé, ce qui n’écarte pas l’hypothèse de son redéploiement (ou de sa réorganisation) sur le terrain, en coordination avec les
autres ministères (Agriculture et Développement rural et le ministère délégué à l’Agriculture saharienne, environnement), l’Office des terres agricoles
-N’y a-t-il pas lieu d’abord d’évaluer ce qui a été fait
auparavant dans le cadre des différents plans de développement et de tirer les leçons des expériences menées à travers le monde dans ce domaine avant de se lancer dans ce projet
?
Cette question de l’évaluation est fondamentale, et tout
projet futur de relance de l’agriculture saharienne devrait impérativement faire l’objet d’une évaluation de l’expérience passée, et celle-ci doit être collective et le plus large possible. De très
nombreuses recherches et études documentent la mise en valeur du sud du pays réalisées au cours de ces trente ou quarante années (depuis l’APFA de 1983), autant sur ses acquis (émergence de nouvelles
exploitations, investissements et innovations sociales et techniques ayant autorisé une augmentation des surfaces irriguées et des productions de fruits et légumes), que sur les limites auxquelles se
sont heurtées, notamment les grandes exploitations agricoles : investissements lourds (forages, rampes-pivots, matériels de labours ou de récolte, serres…) et peu efficients, remontée des sels et
pollution des terres, rampes-pivots oxydés rongés par le sel et dont les carcasses abîment les paysages locaux, faible rentabilité des cultures stratégiques du fait des coûts excessifs (céréales),
absence d’installation des acteurs sur les terres et recours à une main-d’œuvre aux conditions de vie précaire (migrants africains)…
L’enquête que nous avions menée en 1990 sur les exploitations
agricoles de la wilaya d’Adrar, dans le cadre d’une étude du CENEAP, avait conclu que la forme la plus robuste qui avait été constatée était une exploitation comprise entre 5 et 20 ha, gérée par des
ménages familiaux, résidants sur l’exploitation et ayant reproduit et modernisé (notamment sur les techniques d’irrigation) en partie le système polyculture associé à un petit élevage et à des
plantations de palmiers ou d’arbres fruitiers. Maîtrisant parfaitement leurs milieux, ces exploitants en majorité d’origine oasienne avaient rénové avec beaucoup d’intelligence l’écosystème
oasien.
Nous signalons enfin deux études de l’OSS (2008 et 2014)
conduites avec les collaborations de l’Agence Nationale des Ressources Hydraulique (ANRH) fournissent des éléments d’évaluation extrêmement instructifs dont il faudra tenir compte avant de définir
les nouvelles étapes dans la mise en valeur des terres du sud du pays.
Les expériences des périmètres de Gassi Touil, d’Abadla dans
le pays, de l’Arabie Saoudite ou de la Libye sont là pour nous montrer ce qu’il ne faut pas reproduire. Sofiane Benadjila, agronome averti et expert, a décrit dans une récente contribution ces
expériences et fait état des raisons de leurs échecs. Cette contribution a déconstruit un mythe de l’eldorado californien entretenu par les tenants de la mise en valeur à grande échelle. La
Californie n’est pas un désert au climat aride : c’est un territoire agricole au climat méditerranéen, disposant des terres fertiles et des eaux renouvelables. L’Arabie Saoudite a consommé en 3
décennies son capital environnemental et a abandonné depuis plus de 10 ans son rêve californien. En Libye, le projet de création de la grande rivière artificielle en exploitant la nappe du
Continental intercalaire s’est également heurté à des problèmes économiques, techniques et environnementaux qui ont également signé son échec.
-Quel serait l’impact sur l’exploitation des ressources
hydriques dans le Sud ?
«La première étude de l’OSS (2008) indiquait déjà que les
puits et les forages profonds dont certains descendaient à plus de 1000 m s’étaient multipliés au cours des trente dernières années…Chaque année, plus de 2,5 milliards de mètres cubes d’eau sont
ainsi ponctionnés – contre seulement 600 millions de mètres cubes en 1970 – pour alimenter les villes et villages en eau et surtout, les périmètres d’irrigation… » (OSS,
2008).
La première étude de l’OSS (2008) observait déjà en 2008 qu’il
y avait une surexploitation de ces nappes profondes… Des consommations jugées excessives avaient entraîné un abaissement généralisé du niveau piézométrique, et de nombreux puits artésiens et sources
naturelles, autour desquels s’étaient développées les oasis, étaient sur le point de se tarir. Il faut savoir que chaque hectare attribué au Sud s’accompagne en moyenne d’une affectation/consommation
d’eau comprise en moyenne entre 10 000 et 15 000 m3 d’eau par ha et par an, et même davantage pour les productions industrielles. L’étude révélait que Biskra et El Oued comptaient parmi les régions
où la nappe était la plus vulnérable. Avec un doublement de la population entre 2000 et 2030, et en doublant les superficies (de 170 000 ha en 2000 à 340 000 ha en 2050), l’on pourrait atteindre 5
milliards de m3 d’eau additionnelle prélevée sur la nappe, ce qui accentuait l’écart entre l’offre d’eau disponible et la demande.
L’OSS notait, par ailleurs, que les eaux de ces nappes sont
minéralisées : sur le Complexe terminal, elle contient 2 à 5 g de sel par litre et sur le Continental intercalaire 1 à 4,5 g de sel par litre. Mal drainée, l’eau laisse après irrigation un résidu
salin qui détériore les sols cultivables. Ces rabattements augmentaient ainsi le risque de percolation des eaux salées du chott dans la nappe et la salinisation. Le constat tiré d’une deuxième étude
de l’OSS (2014), et qui s’est appuyé sur une enquête de terrain portant sur les territoires agricoles de Biskra, Oued Souf, Adrar et Oued Rhir, est quant à lui sans appel : «En cinq décennies,
l’exploitation des eaux du SASS a quadruplé en faisant basculer le système dans un état de surexploitation critique depuis les années 1980 passant de prélèvements de 0,6 milliards de m3/an au début
des années 1970 à 2,7 milliards de m3/an alors que la recharge du système est estimé à 1 milliard de m3/an. Cette dynamique de surexploitation est clairement avérée d’un point de vue qualitatif et
quantitatif, notamment par le tarissement de plusieurs sources, la réduction de l’artésianisme, phénomène naturel de jaillissement d’eau souterraine à la surface du sol, mais aussi par la dégradation
de la qualité des eaux par salinisation.
Le changement climatique fait partie d’un ensemble de
facteurs, qui commandent et aggravent cette situation d’augmentation des volumes d’eau d’irrigation par hectare.»
Avant de mettre en place des applications numériques pour
aider, comme l’affirme le ministère de l’Agriculture, «à avoir une meilleure visibilité sur ce qui existe sur le terrain en termes de foncier ainsi que sur le choix des cultures à développer», tirons
d’abord les enseignements des résultats obtenus par des outils satellitaires d’observation modernes. Ces résultats concluent que l’accroissement des productions attendu de l’extension des superficies
irriguées n’est donc pas aisément réalisable compte tenu des défis environnementaux et de la nécessaire préservation de toute forme de vie dans les territoires oasiens où l’eau est une ressource
vitale.
-Au final, quel avenir pour l’agriculture saharienne en
Algérie et quel apport pour les exportations hors hydrocarbures ?
Sur l’avenir, une première certitude : l’approche des
gouvernements antérieurs qui consistait à concéder des grandes surfaces dans le Sud et à confier à des investisseurs privés le soin d’assurer la sécurité alimentaire du pays a été coûteuse et n’a pas
réduit d’un iota notre dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. La seule logique à laquelle obéissait cette stratégie était une logique rentière avec son lot d’exploitation minière de nos
ressources, une perte de notre souveraineté alimentaire (dépendance en semences, en machines, produits vétérinaires, matériel génétique animal, en pesticides). Cette voie a fait la fortune de firmes
privées étrangères, d’importateurs et de pseudo-investisseurs nationaux qui ont émargé sur les fonds publics octroyés ou été candidats aux crédits des banques.
Une deuxième certitude : il faut sortir de ce modèle prédateur
et s’orienter vers un modèle d’exploitation de nos ressources en eau qui s’inspire du modèle oasien traditionnel qui a été durable, car pour paraphraser le philosophe Sénèque, c’est le passé [qui]
doit [nous] conseiller l’avenir envisagé pour l’agriculture saharienne.
Nos ancêtres nous ont, en effet, légué des systèmes agricoles
relativement durables en dépit des contraintes de toute sorte auxquelles ils ont été confrontés : regardons donc avec humilité mais aussi sans nostalgie ou archaïsme cet héritage, et faisons l’effort
de transformer les visions… L’avenir de l’agriculture saharienne est dans l’extension et l’aménagement du modèle oasien, là où les sols et l’eau le permettent, soit comme l’avancent certains experts
(Saci Belgat) à peu près 200.000 ha à court terme.
L’on se doit de mobiliser le travail de milliers d’exploitants
oasiens, de leurs enfants (certainement mieux instruits) pour étendre avec mesure les surfaces irriguées en adoptant des systèmes techniques fondés sur les connaissances nouvelles relatives aux sols,
aux plantes, aux arbres (palmiers-dattiers et fruitiers), aux animaux et à leurs associations. Les vocations des systèmes oasiens qui étaient d’assurer la sécurité alimentaire des familles et
l’approvisionnement de leurs territoires doivent être préservées.
Ces systèmes étaient soucieux de leur autonomie alimentaire,
de l’entretien de leurs patrimoines génétiques animal ou végétal. Ils ont été fondés sur une connaissance de leurs terroirs et de pratiques techniques ingénieuses répliquées avec plus ou moins de
bonheur dans le but de reproduire la fertilité des sols. De nouvelles révolutions techniques agricoles en maturation – l’agroécologie associée au recours au numérique – peuvent être adaptées pour
faire face aux défis du futur.
Pour nous résumer, il conviendra de s’intéresser, à ce que ce
grand auteur de la Méditerranée Fernand Braudel appelait son «rez-de-chaussée», c’est-à-dire à ces petits producteurs, aux commerces de proximité, aux ateliers de réparation et aux petites
entreprises de conditionnement et de transformation qui, en amont ou en aval, irriguent et entretiennent la vraie économie de marché.
Avant d’aborder les marchés extérieurs, commençons par
accorder une priorité au commerce local de proximité, par aller à une conquête du marché intérieur. L’agriculture oasienne devra à l’avenir renouer avec les liens d’échanges avec l’Afrique
subsaharienne. Engageons dès lors l’agriculture saharienne dans des productions à haute valeur ajoutée bénéficiant des signes de qualité (dattes et leurs dérivés, produits condimentaires, henné,
fruits et tomates séchés, huiles essentielles…).
L’avenir de l’agriculture saharienne ne peut être envisagé
sans la nécessaire valorisation des patrimoines historique, architectural, culturel, culinaire, paysager et religieux. L’activation et la transformation en actifs économiques de ces ressources
patrimoniales sont des objectifs réalistes : le tourisme (national et international) constitue une voie à explorer.
Les revenus issus d’une offre touristique spécifique
contribueront ainsi, non seulement à stabiliser des populations rurales tentées par des migrations dans les agglomérations urbaines, mais aussi à améliorer leur bien-être.
« La sécurité alimentaire est sous la menace de la dégradation des sols »…
« La sécurité alimentaire est sous la menace de la dégradation des sols »
La lutte contre la dégradation des terres est un enjeu planétaire crucial qui donne un caractère d’urgence à la transition écologique de l’agriculture, affirme un collectif dont font
partie Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand.
De l’état des sols dépendent les biens que nous consommons, l’occulter serait fatal. Dans une multitude d’écosystèmes locaux, les sols retiennent ou filtrent l’eau, hébergent la biodiversité,
élaborent la fertilité nécessaire à la production agricole, fournissent des matériaux et des fibres. Leur contribution est aussi essentielle à la qualité de l’air et à celle des paysages sur lesquels
se posent nos yeux.
Les sols sont vivants, et s’y élabore en silence le potentiel du futur. Il faut environ cinq cents ans pour former 5 centimètres de sol, et la faune qu’il comprend comptabilise 25 % de
toutes les espèces décrites sur la terre. Le volume d’une seule cuillère à café de sol contient des milliards de micro-organismes tous nécessaires à la vie !
Plus de 3,5 milliards d’hectares de terres sont dégradés dans le monde et risquent de devenir impossibles à cultiver. Dans les zones arides qui comptent pour 44 % de la surface terrestre
émergée, le phénomène est massif. En Afrique, par exemple, il touche 65 % des terres cultivables. Partout, la dégradation des terres met en péril les modes de vie des personnes qui dépendent de
l’agriculture. Leur présent est difficile et leur avenir incertain.
Les causes multiples de la désertification
Ce processus est qualifié de « désertification ». La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification définit ce terme comme « la dégradation des terres dans
les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, par suite de divers facteurs parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». La désertification diminue chaque
seconde les potentialités productives des sols sous toutes les latitudes.
Les causes de la désertification sont multiples, mais les activités humaines en sont les plus grandes responsables. Défrichements abusifs, labours excessifs, exposition de la faune du sol à l’air
et au soleil, excès d’irrigation, épandage de pesticides et d’engrais chimiques, destruction de la faune, monoculture, fuite de l’humus des sols et perte de leur fertilité… aucune civilisation n’a
survécu à la mort de ses sols.
Dans les enjeux environnementaux globaux, la mère de toutes les fragilités et de toutes les batailles demeure la lutte contre la dégradation des terres. Elle est pressante car les agressions ont
atteint leur point de basculement. L’Objectif du développement durable (ODD) n° 15 [17 objectifs à l’horizon
2030 ont été adoptés par l’ONU en 2015] en fixe un excellent cadre à trois niveaux : éviter de dégrader, réduire la dégradation qu’on ne peut éviter, restaurer les terres dégradées
pour atteindre la neutralité, soit « un état où la quantité et la qualité des ressources terrestres nécessaires au soutien des fonctions et services écosystémiques et au renforcement de la
sécurité alimentaire restent stables ou augmentent au sein d’un écosystème ».
Reconnaissance par les rapports scientifiques
Dans les perspectives du « jour d’après » évoqué en ces temps de crise sanitaire et pour agir « contre la réintoxication du monde », des leviers existent. Parmi eux, les plans
d’action nationaux élaborés par de nombreux Etats pour atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres doivent bénéficier d’un soutien particulier.
Une première bonne nouvelle est la reconnaissance du problème par différents rapports scientifiques parus en 2019. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
insiste sur le rôle-clé des terres dans le système climatique : « Les sols, second puits de carbone à l’échelle mondiale après les océans, peuvent contribuer massivement à l’atténuation
et à l’adaptation aux changements climatiques. »
De même la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) souligne que, concernant la dégradation des terres, « le
coût de la perte induite des espèces et services écosystémiques s’élèverait à au moins 10 % du PIB mondial annuel ». Enfin, le groupe d’experts du Comité des Nations unies sur la
sécurité alimentaire (CSA) s’attache aux liens entre la santé des sols et l’amélioration de la santé écologique et humaine.
Reconnaisance de l’agroécologie comme alternative
Alors que près de la moitié des systèmes cultivés sur terre se situent dans les zones arides, la sécurité alimentaire est sous la menace de leur dégradation. L’insécurité alimentaire qui en
découle constitue un facteur majeur de pauvreté qui conduit partout à des instabilités sociales et politiques. Des terres dégradées mènent à des vies dégradées. L’ONU estime que la désertification,
les pénuries d’eau et la baisse de la production agricole pourraient entraîner la migration forcée de 50 à 700 millions de personnes d’ici à 2050.
Une seconde bonne nouvelle consiste en la reconnaissance progressive de l’agroécologie comme alternative, au vu de l’extrême fragilité des systèmes alimentaires avérée par la crise due au
Covid-19. Son approche et ses méthodes, alliant agronomie, écologie et social, permettent de répondre aux besoins de la production agricole et alimentaire tout en évitant les effets délétères de
l’agriculture conventionnelle. Les paysannes et les paysans qui pratiquent l’agroécologie sont des acteurs majeurs du maintien des patrimoines nourriciers tout en contribuant à la lutte contre le
réchauffement climatique et la perte de la biodiversité. Elles et ils assurent une production alimentaire nutritive, la durabilité environnementale et une meilleure résilience socio-économique à
l’échelle des territoires.
Alors qu’elle est hautement résiliente, l’agroécologie souffre surtout du manque de ressources financières et matérielles, et d’un cadre institutionnel favorable. Cette situation est aggravée par
la volatilité des prix agricoles et la spéculation des denrées sur les marchés internationaux. La transition écologique de l’agriculture est indispensable à la lutte contre la désertification et la
dégradation des terres. Elle ne peut se faire sans les paysannes et les paysans qui pratiquent l’agroécologie, et les politiques commerciales doivent les y aider, et non leur nuire. C’est urgent.
Premiers signataires : Monique Barbut, ancienne secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification ;
Yann Arthus-Bertrand, président de la Fondation GoodPlanet ; Omar Bessaoud, administrateur scientifique au CIHEAM IAMM ; Marc
Bied-Charreton, président d’honneur du Comité scientifique français de la désertification ; Lydia Bourguignon, directrice du Laboratoire d’analyse microbiologique des
sols ; Patrice Burger, président du Centre d’actions et de réalisations internationales (CARI) ; Claire Chenu, coordinatrice du Programme européen sur la
gestion durable des sols agricoles (EJP SOIL) ; Juliette Compaoré, présidente du Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales (Burkina Faso) ; Marc
Dufumier, professeur honoraire à AgroParisTech ; Michel Eddi, président directeur général du Cirad ; Emile Frison, membre du panel
d’IPES-Food ; Nicolas Hulot, président d’honneur de la Fondation pour la nature et l’homme ; Philippe Jahshan, président de Coordination SUD ;
Emmanuel Poilane, président du Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID) ; Arnaud Schwartz, président de France Nature
Environnement ; Goundo Sissoko, présidente du Réseau des femmes pour les droits environnementaux (Mali) ; Mariam Sow, secrétaire exécutive d’ENDA Pronat
(Sénégal) ; Julie Stoll, déléguée générale de Commerce équitable France ; Michel Vampouille, président de Terre de liens ; Françoise
Vernet, présidente de Terre & Humanisme.
CHERIF OMARI RECONDUIT DANS SES FONCTIONS. RENFORCER LA SECURITE ALIMENTAIRE DU PAYS. تحسين الأمن الغذائي في البلاد
Djamel Belaid·Jeudi 2 janvier 2020.
Mr Chérif Omari vient d’être reconduit dans ses anciennes fonctions de ministre de l’agriculture. De par son parcours au sein du MADR, pour cet
agro-économiste, les questions agricoles sont maîtrisées sur le plan technique. La question qui reste posée concerne l’orientation de la politique agricole: agriculture familiale et durable ou
agriculture entrepreunariale reposant sur les subventions publiques. Irons nous vers une agriculture qui réduit les importations agricoles ou vers une politique dispendieuse tournée vers
l'export?
LES MISES EN GARDE DE PLUSIEURS EXPERTS
Ces dernières années, le secteur agricole a connu de nets progrès dans de nombreuses filières. Cela, grâce à une politique de subventions On consultera à
ce propos, le cas de la filière lait et celle de la tomate industrielle étudiée par le Pr Ali Daoudi de l’ENSA.
Plusieurs experts dont le Pr Slimane Bedrani ou Omar Bessaoud ont, dans de récents articles, relevé les nombreux dysfonctionnements dont souffre le
secteur: dirigisme administratif pour le premier, danger de l’agriculture entrepreuniale pour le second. A propos de l'approche participative en zone steppique, l'universitaire Abdelkader Khaldi note
que "les communautés acceptent de coopérer pour peu que les pouvoirs publics leur fassent confiance et les associent pour protéger leur patrimoine commun. Dans le cas du Maghreb, l’agro-économiste
Denis Pommier, critique l’absence d’implication des agriculteurs dans la définition et la mise en oeuvre des politiques agricoles. On le voit donc, les défis que doit relever Mr Omari n’en sont que
plus grands.
BAISSE DES MOYENS BUDGETAIRES DE L’ETAT
Dans ses premières déclarations, le président Tebboune a été clair; les importations ont atteint un niveau intolérable. Le ministre de l’agriculture aura
comme mission de réduire les importations alimentaires. Dans ce domaine plusieurs visions s’opposent: agriculture entrepreunariale au détriment de l’agriculture familiale, développement durable au
détriment d’une utilisation inconsidérée des ressources naturelles dont les réserves en eau, satisfaction des besoins locaux contre volonté exportatrice.
A propos du foncier, s’affrontent deux visions privatisation des terres arch et des terres publiques ou utilisation de ces surfaces au bénéfice de tous.
L’impératif de réduction des importations va exacerber ces affrontements. Les tenants d’un ultra-libéralisme ne manqueront pas de tenter de faire avancer leurs positions.
CHANGER LES MAUVAISES HABITUDES
Mais plus grave est cette habitude, fortement ancrée dans les structures agricoles, de négliger la participation des agriculteurs. Les exemples les plus
flagrants sont illustrées par les CCLS et les “Sarl Cassap”. Ces structures étatiques possèdent au niveau de leur dénomination le terme de “coopérative” alors qu’il n’en est rien dans la réalité. Le
directeur de ces structures est nommé par le ministère et il n’existe ni achat de parts sociales ni élection en assemblée générale d’un conseil d’administration possédant les pleins pouvoirs.
Autre exemple, il n’existe pas de réel syndicalisme agricole. Les syndicats libres sont interdits. Pour beaucoup d'agriculteurs, l’UNPA reste une
coquille vide.
Cette situation a créé des façons de faire dont est imprégnée l’encadrement agricole. Et pour beaucoup de cadres honnêtes cette situation est devenue la
normalité. Ainsi pour la plupart des cadres, il est inimaginable que ce soit des agriculteurs élus qui puissent recruter leurs techniciens. Le ministre saura-t-il et pourra-t-il insuffler un vent
nouveau?
CHERIF OMARI, QUELLE FEUILLE DE ROUTE?
Le ministre aura pour mission de réduire les importations de produits alimentaires, mais quels pouvoirs de réforme lui accorderont le président Tebboune
et le premier ministre? La baisse des revenus des hydrocarbures, fait que dans deux ans, le pays risque de faire appel au FMI. Mr Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, a à plusieurs reprises
alerté sur la gravité de la situation économique du pays. On imagine ce que serait la recette du FMI: privatisations, réductions des subventions ainsi que des effectifs de fonctionnaires avec à la
clé risque de révolte sociale.
Cette optique pourrait amener les pouvoirs publics à plus de volonté de réforme dans un secteur agricole sclérosé et fonctionnant sur le modèle
nord-coréen. En effet, dans le cas du secteur céréalier ni les organismes de collecte (CCLS) ni les agriculteurs ne peuvent moudre leurs grains. Il s'agit là d'une aberration. Quant aux moulins
privés, ils sont totalement déconnectés des exploitations agricoles dans la mesure où leur approvisionnement passe par l’OAIC. Certes, il s'agit d'éviter toute spéculation sur une denrée de base.
Mais cela nous oblige-t-il à rester dans des schémas sclérosés?
Dans le domaine du foncier, il n’existe pas de statut du fermage. Comment dans ces conditions sécuriser l'acte d'investissement dans le secteur agricole?
En Algérie, le fermier qui investit en agriculture en louant des terres est par définition classé dans l'informel.
Le ministre aura-t-il la possibilité à s’attaquer à ces goulots d’étranglement? Si ce n’est pas le cas, les efforts des pouvoirs publics pour réduire les
importations agricoles resteront vains.
MIEUX REPARTIR CONCESSIONS ET SUBVENTIONS
Mais la façon dont les dysfonctionnements actuels peuvent être combattus peut se faire également en favorisant les petites et moyennes exploitations. Ce
sont ces entreprises qui créent de la richesse. Chacun connaît les cas de l’attribution de concessions de terre portant sur des milliers d’hectares à de pseudo-investisseurs. La presse a même révélé
le cas d’entreprises américaines fantoches qui promettaient monts et merveilles. La politique du MADR devra donc mieux cibler l’attribution des concessions et des subventions. Celles-ci doivent aussi
être dirigées vers les petites exploitations agricoles. Mais, rappelons le, nombre d’entre elles restent cantonnées dans l’informel du fait de l’inexistence d’un statut du fermage.
MIEUX REPARTIR LA VALEUR AJOUTEE
Dans le cas de la transformation des produits agricoles, de véritables empires sont en train d’être constitués avec l’argent du contribuable. Les
exemples sont nombreux. C'est le cas du lait avec la Laiterie Soummam ou de Danone Djurdjura, dans les céréales avec le groupe Benmor qui a même pensé un temps investir dans la boulangerie
industrielle.
Les laiteries et moulins privés prospèrent grâce aux subventions publiques. Et cela sans qu’aucun effort ne soit réalisé par le MADR afin que les
agriculteurs puissent également se lancer dans la transformation de leur production. A terme, ce kidnapping de la valeur ajoutée au profit des seules entreprises privées ne peut qu'affaiblir les
revenus des éleveurs laitiers et faire qu'ils se détournent de cette activité. En effet, le budget de l'Etat ne permet plus d'augmenter les subventions aux éleveurs.
Il est par ailleurs anormal que l’Etat ne demande pas des comptes à l’industrie de l’aliment du bétail et du secteur de l’agro-transformation. Il est
anormal que ces industriels n’encadrent pas techniquement les agriculteurs afin de favoriser la production locale. Ces industriels bénéficient d'un marché protégé de 42 000 000 de consommateurs.
L'Etat, en la personne de Mr Omari, doit exiger que ces industriels intégrent plus de matière première locale. On ne peut plus accepter le diktat des fabriccants d'aliments du bétail dès la moindre
réduction des importations de maïs et de soja. Leur chantage à l'emploi doit être combattu. Il est du devoir de ces fabricants privés de soutenir les agriculteurs pour produire localement triticale
et féverole afin contribuer à baisser les importations.
RELEVER LE NIVEAU TECHNIQUE DE L’ENCADREMENT
Ces dernières années, si des initiatives sont prises par l’encadrement, dans la majorité des cas, techniquement l’encadrement est à la traîne. Chacun
connaît des cas concrets dans son domaine de compétence. Dans le cas des céréales par exemple, le semis direct est quasi inconnu. Idem concernant le désherbage mécanique en grande culture. Un expert
australien a pu dire que le secteur céréalier possédait 30 années de retard. Dans le cas des fourrages, une innovation telle l’enrubannage ne provient pas des instituts techniques du MADR mais de
concessionnaires privés.
Cette situation nécessite de revoir la vulgarisation agricole mais aussi les relations avec les firmes locales d’agro-fourniture et la coopération
technique avec l’étranger. Mr Omari aura-t-il les moyens pour dynamiser les instituts techniques dépendant de son ministère? Doit-on continuer à fonctionnariser et à accorder une éternelle sécurité
de l'emploi à la recherche agronomique ou rechercher une politique dynamique favorisant les compétences?
Dans cet ordre d’idée, le ministre pourra-t-il arracher la possibilité que des subventions (pour des postes budgétaires liés à des missions de 2 à 3 ans)
soient attribuées à des associations professionnelles représentatives afin que ce soit des élus paysans qui recrutent leurs techniciens? Ces derniers ayant alors “obligation de résultats”. Il nous
faut en finir avec cette politique consistant à toujours fonctionnariser l’encadrement agricole.
FONCIER, PROTEGER LES TERRES DE LA SPECULATION
Parmi les questions relatives au foncier, il est urgent de respecter l’esprit des terres arch et de ne pas les laisser tomber entre les mains de
spéculateurs. Par ailleurs, afin de sécuriser l’acte de location de terre, l’instauration d’une loi sur le fermage est d’une urgence cruciale. Comme l’est également la définition de formes juridiques
pour les exploitations familiales afin de les protéger du morcellement suite aux transitions au cours des générations. On consultera à cet égard les travaux du Pr Omar Bessaoud et ses entretiens
accordés à la presse dont El Watan.
SUCRE, HUILE LE SCANDALE DU TOUT IMPORTATION
Concernant le raffinage de l’huile brute importée et du sucre roux importé, rien n’est fait pour développer un embryon de production nationale. Cette
situation permet à des sociétés privées de se développer et de constituer des empires au détriment de l’intérêt national. C’est par exemple le cas de Cevital qui n’a jamais produit localement le
moindre gramme de sucre ou d’huile. En la matière, Cevital est le roi de l’import. Cette situation est anormale lorsque l’on sait que notre voisin marocain produit 50% de ses besoins en sucre à
partir de bettervae à sucre.
LE MYTHE DES EXPORTATIONS AGRICOLES
Actuellement le mot d’ordre du MADR est d’exporter les surplus agricoles. Comme si la vocation de l’agriculture algérienne était de nourrir Européens,
Qatari et Mauritaniens. Lors de la dernière foire de la production nationale, Lounis Hammitouche, PDG de la Laiterie Soummam, a demandé au président Tebboune plus de terres et de moyens de transport
pour exporter plus de yaourts au Qatar et en Libye. Il est à rappeler qu’à part les dattes et quelques autres produits de niche, il est illusoire de vouloir exporter sans porter atteinte au milieu
naturel. Nombreux sont ceux qui oublient la nature aride et semi-aride du pays. L’eau et les sols agricoles sont insuffisants. En plusieurs endroits du pays, le niveau des nappes a baissé. Quant à
l'eau de la Mitidja, sa teneur en nitrates dépasse la norme autorisée des 50 mg/l. L'utilisation des ressources naturelles doit donc se faire de façon durable.
En cas d’excédents agricoles, il s’agit pour le MADR de savoir orienter les producteurs vers d’autres cultures. Avec les excédents de pomme de terre de
consommation, pourquoi ne pas proposer aux agriculteurs de produire de la betterave à sucre ou de la pomme de terre fécule afin de fabriquer du sirop de glucose?
ANTICIPER LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
A l'heure où dans l'hémisphère sud, dans l'été australien, les températures atteignent 50°C et que les forêts se consument dans de gigantesques
incendies, le MADR saura-t-il anticiper le réchauffement climatique? Car, ne nous voilons pas la face, dorénavant des températures de 44°C seront de retour chaque été à Alger, Oran ou Tizi-Ouzou.
La sagesse voudrait que dans de telles conditions on privilégie la production de protéines végétales moins consommatrices en eau que les protéines
animales. Toute une batterie de mesures devraient être aussi adoptées.
CHERIF OMARI, OSER INNOVER?
C’est sur tous ces points que chacun devra être attentif afin de juger l’action du ministre. Ce dernier, et les autorités de tutelle, seront certainement
l’objet de groupes de pression (lobby laitier, lobby des importateurs d’aliments du bétail, du sucre et de l’huile, lobby des moulins privés, lobby des “exportateurs”, lobby de la privatisation des
terres arch, ...). Comme à chaque fois, ils utiliseront à leur profit l'argument du risque de pénuries et des licenciements pour cause de matière première importée.
Lors de la dernière foire de la production nationale, chacun aura pu voir Lounis Hammitouche le PDG de Laiterie Soummam, se plaindre lors du passage sur
son stand du président Tebboune. Il a réclamé plus de terres agricoles et plus de moyens de transport pour exporter ses yaourts vers le Qatar, la Mauritanie et même le Canada! Mais le plus grave dans
l'affaire est que le président Tebboune ait promis le développement de moyens de transports maritimes par "cargo". Mr Omari aura la délicate mission d'expliquer à la direction politique du pays ce
qu'est une agriculture durable, une agriculture tournée, avant tout, vers la satisfaction des besoins du pays.
Aussi, le Hirak ne doit pas donner un chèque en blanc au ministre et au gouvernement. Il doit être vigilant et doit être l’aiguillon pour une réduction
des importations, un développement agricole durable au service du pays et plus d'emploi agricole pour les jeunes
CHERIF OMARI: BLE TENDRE, CE N'EST PAS UN PROBLEME DU SEUL SECTEUR AGRICOLE
ALGERIE, COMMENT REDUIRE NOTRE CONSOMMATION DE PAIN?
Djamel BELAID 21
septembre 2019
Au milieu des années
80, au sein de l'institut agronomique de Batna, j'ai eu le plaisir de travailler aux côtés du Pr Amor Hallitim. Nous étions un groupe de jeunes diplômés et étions friands de discussions à bâtons
rompus sur différents sujets scientifiques avec cet éminent universitaire. Il avait connu l'activité des laboratoires de recherche à l'étranger. Un jour, ce pédologue de renom, nous a fait remarquer
que lors d'un voyage en URSS dans les années 70, il avait remarqué qu'il y avait du pain de couleur noire. Cela a été une découverte pour nous, si habitués au pain blanc de la baguette parisienne
confectionnée par nos boulangers. A la place de ce pain blanc, ne faudrait-il pas aussi penser à des pains avec d'autres compositions? Mais aussi manger plus de légumes? Voire, n'accorder le soutien
des prix qu'aux familles nécessiteuses détentrices d'une carte à puces spécifique comme cela se pratique déjà en Egypte? Ce serait le moyen pour réduire la facture annuelle de 1 600 000 000 $
d'importation de blé tendre. Mr Chérif OMARI l'a récemment rappelé: "le blé tendre, c'est un problème national. Il faut un grand chantier. Et ce n'est pas au secteur de l'agriculture tout seul" de le
résoudre.
FABRIQUER DU PAIN
MOINS BLANC
Afin de fabriquer des
pains moins blancs, il existe différentes possibilités.
Incorporer plus
d'issues de meunerie
Actuellement les
baguettes de pain sont confectionnées avec de la farine de blé tendre. Il pourrait être possible d'y ajouter une part d'issues de meunerie (son). Pourquoi vouloir absolument travailler uniquement
avec de la farine type 55? En effet, il existe 6 principaux types de farine* en partant de la plus « pure ». Il s'agit donc de proposer au consommateur des pains complets ou
semi-complets.
Type 45 : Farine
blanche à pâtisserie ou « fleur de farine » destinée à la pâtisserie.
Type 55 : Farine
blanche ordinaire destinée aux pains blancs, pâtes à tarte et pizzas.
Type 65 : Farine
blanche pour pains spéciaux et pizzas.
Type 80 : Farine bise
ou semi-complète pour les pains spéciaux.
Type 110 : Farine
complète pour pains bis et pains complets.
Type 150 : Farine dite
intégrale pour pains au son.
Incorporer de l'orge
dans la farine de blé tendre
On l'oublie souvent,
mais l'Algérie est un grand producteur d'orge. Notre climat se prête particulièrement bien à cette céréale dont le grain mûrit avant les grosses chaleurs de fin juin. Malheureusement, l'orge produite
est destinée majoritairement à nos moutons, vaches et poules. Pourtant, riche en fibres de beta-glucanne, l'orge et l'avoine ont des vertus diététique internationalement reconnues – même par la très
sévère FDA américaine. Elle réduit l'absorption intestinale des graisses et réduit donc les maladies métaboliques.
Il est également
possible de mélanger à la farine de blé tendre de la farine de pois-chiche. En matière de pâtes alimentaires, il existe déjà des ajouts d'épinards qui donnent une couleur vertes aux spaghettis,
coquillettes et autres nouilles.
Notons, que plus
d'utilisation d'orge en consommation humaine ne serait pas une trop grande concurrence pour l'élevage ovin. En effet, il est possible de réduire les besoins en orge des animaux. Des travaux menés dès
la fin des années 70 à l'ENSA (ex-INA) ont montré qu'en ajoutant de l'urée (engrais azoté largement présent dans les exploitations) à de l'orge en grains, on améliore notablement la valeur des
rations des animaux. Malheureusement, cette pratique simple est méconnue des éleveurs. En effet, il n'y a pas de techniciens de terrain leur expliquant qu'un animal a des besoins en énergie (orge) et
en azote (fourrage vert ou urée).
MANGER PLUS DE
LEGUMES
Par quoi remplacer le
pain? Par des légumes! Le problème pour les ménages à faible revenu est leur prix souvent trop élevé. Aussi, s'agit-il avant tout d'améliorer leur disponibilité.
Améliorer la
disponibilité en légumes
L'amélioration de la
disponibilité en légumes passe par une mécanisation accrue et une réduction des intermédiaires au niveau des circuits de commercialisation. A ce propos, comme dans la filière tomate industrielle, il
s'agit également de faire appel aux techniques modernes – semis en godets, plantation et récolte mécanisée - utilisées par les grands groupes légumiers à l'étranger (Bonduelle, Daucy ...). Ces
entreprises établissent des contrats avec des agriculteurs triés sur le volet pour produire des légumes, dont des petits pois et haricots verts. L'agriculteur se doit de semer la variété demandée par
l'industriel, n'utiliser que des herbicides spécifiques et recevoir les visites de contrôle des conseillers de terrains. Ce sont ces mêmes conseillés qui déterminent la date de récolte et font appel
au matériel de l'entreprise.
Outre la tomate
industrielle, on peut se féliciter en Algérie que certains industriels aient investi dans la mise en conserve de poivrons. De tels investissements sont à encourager.
Définir une gamme de
légumes prioritaires
A ce propos, il faut
noter la remarquable progression de la production et consommation de pomme de terre. Ce légume est devenu le premier aliment consommé derrière le blé. Ce tubercule peut faire l'objet de plusieurs
récoltes dans l'année. Ces dernières années la filière pomme de terre s'est étoffée: début de mécanisation de la plantation et récolte, développement de l'irrigation – notamment sous forme du pivots
artisanal "made in El Oued" – stockage en chambre froide, système Syrpalac. Notons au passage, que le stockage de la pomme de terre est moins aisé que celui des céréales. En matière d'ail, on assiste
à une dynamisation de la filière avec notamment un début de mécanisation, un meilleur stockage et la décision des pouvoirs publics de ne plus laisser des importations sauvages concurrencer la
production nationale.
Haricot vert, navets,
carottes et fenouil
Il reste à définir la
liste des légumes prioritaires qui pourrait faire l'objet d'un soutien multiforme de la part des pouvoirs publics. Ce choix doit être fait en fonction de leur valeur nutritionnelle, leur facilité de
culture locale, des possibilités de conservation/transformation et bien sûr des goûts des consommateurs. Ce qui n'empêche pas de proposer à chaque fois sur les carreaux des marchés des produits
nouveaux. Des légumes comme le haricot vert, les navets et carottes méritent toute l'attention. Un légume tel le fenouil a toute sa place. Il s'adapte très bien au Nord du pays et est ancré tant dans
chez les agriculteurs du Nord du pays que chez de nombreux consommateurs. Une production de masse passe par une mécanisation de leur culture et une coordination avec des industriels de la
transformation.
Des légumes sous
différentes formes
Traditionnellement le
consommateur achète des légumes entiers. Il est intéressant de développer la disponibilité de légumes frais épluchés et découpés ou même congelés. Les carottes peuvent être proposées rappées en
barquettes plastique et les radis lavés, débarrassés de leurs fanes et mis sous sachet. Comme peut l'être également la salade verte. Une adjonction d'azote dans le sachet ralentit le développement
éventuels de bactéries.
Certains industriels
algériens de l'agro-alimentaire proposent déjà, pour les restaurants et collectivités, des pommes de terre épluchées et lavées sous vide en sac plastique d'une dizaine de
kilogrammes.
La présentation de
légumes en conserve (type "macédoine" par exemple) est également indispensable. A ce propos, il est regrettable que des entreprises privées ayant un savoir-faire reconnu aient abandonné la conserve
pour un secteur plus juteux: les sodas. C'est le cas de NCA, leader algérien des boissons, dont les initiales signifient en effet "Nouvelles Conserverie Algérienne de
Rouiba).
Des champignons
cultivés dans des garages
Il faut noter
l'importance de la filière champignon de couche. Ces champignons peuvent être produit à l'obscurité dans des garages. Cette production présente l'avantage d'être indépendante du climat. Leur culture
se fait sur des étagères ou dans des sacs plastique suspendus à des poutres. La technologie de la préparation de leur substrat et des ferments est maîtrisé par des techniciens algériens. Un
investisseur privé souhaite même développer à grande échelle ce type de culture. Il est urgent de créer une filière champignons. Pour cela, il s'agit de créer une structure industrielle produisant
massivement des sacs de substrats et de ferments. Outre la fourniture de "viande végétale", cette activité est susceptible de création d'emplois en zone urbaine et rurale.
Réhabiliter la soupe
de légumes
La soupe de légumes
est présente dans les traditions culinaires algériennes sous la forme de chorba et hrira. Il s'agit de s'appuyer sur ces façons de consommer pour réhabiliter au niveau des jeunes, l'ensemble des
soupes de légumes dont celles à base de légumes d'hiver (poireaux, pomme de terre et carotte). Les industriels des sodas possèdent des lignes d'emballage sous forme de TetraPack, il s'agit de leur
proposer de développer la production de ces soupes et du gazpacho espagnol (soupe de légumes d'été). L'abandon de la loi du 49-51% devrait permettre de faciliter plus de partenariats avec des
entreprises étrangères ayant de l'expérience dans ce domaine (Leibig, ...).
POUR UNE EDUCATION
NUTRITIONNELLE
En Europe, après les
cours d'éducation sexuelle inclus dans l'enseignement des Sciences Naturelles, c'est d'éducation nutritionnelle dont il est question face au surpoids des adolescents. Des notions simples sur les
maladies telles le diabète, l'hypercholestérolémie ou l'hyper tension doivent figurer dans les programmes scolaires.
Une tendance au
surpoids et aux maladies métaboliques
En Algérie, également
cette question de surpoids s'observe. Il suffit de regarder les gens dans la rue. Il s'agit donc de développer une éducation nutritionnelle à tous les niveaux (école, lycées, cantines, restauration
colletive, médias).
Au niveau personnel,
il s'agit de "commencer par des gestes tout bêtes. Supprimez la baguette de pain sur la table. Prédécoupez plutôt des tranches dans une corbeille, ou limitez-vous à une tranche par personne1." Il
s'agit également d'éviter les plats en sauce qui invite à "saucer" et donc à consommer plus de pain.
Autre astuce,
consommer de la soupe de légumes en début de repas. En remplissant l'estomac, la soupe améliore la sensation de satiété.
Miser sur le
packaging
Faire manger plus de
légumes aux jeunes génération passe aussi par le packaging. De nos jours, nombre de femmes travaillent et recherche des produits lavés et découpés. La multiplication de grandes surfaces et de
réfrigérateurs dans la population se prête donc à des innovations. C'est aux industriels des IAA, mais aussi des groupements d'agriculteurs de mettre sur pieds des ateliers de mise en sachet de
légumes lavés et coupés. Dans le cas des radis, ou des jeunes carottes, il suffit d'un lavage à l'eau d'un traitement à l'eau légèrement javélisées puis d'une mise en sachet. La salade verte se prête
également à l'ensachage, notamment la variété "iceberg". Les champignons de couche peuvent être mis en barquette plastique avec un simple film plastique. Les investisseurs s'engageant dans la
production de légumes en sachet devraient pouvoir bénéficier d'une aide publique sous forme de subventions et d'exonérations fiscales.
UNE CONCERTATION A
DIFFERENTS NIVEAUX
On le voit, vouloir
réduire la consommation de pain blanc et ses effets néfastes sur la santé et les finances de l'Etat implique de très nombreux acteurs et cela à différents niveaux. Il s'agit donc de définir une
structure qui permettra la concertation entre les différents acteurs locaux et étrangers.
Concertation et
ré-orientation des subventions
En effet, on ne peut
engager un processus de soutien à la production d'un légume particulier si les industriels de la conservation et les consommateurs ne sont pas associés. Par ailleurs, un vigoureux programme de
subventions multiformes à la production et la transformation des légumes doit être défini par les pouvoirs publics. Il est temps de ré-orienter une partie des subventions auparavant destinées à la
seule consommation de pain blanc vers la production et surtout la transformation de légumes. Si les gros investisseurs privés des IAA doivent encouragés, il s'agit également d'apporter également une
aide multi-forme à de petits ateliers de mise en sachets de légumes lavés et coupés et de production et transformation de champignons.
Suivre l'exemple de
l'APAB
Dans le cas de la
consommation de sucre, ce type d'approche a déjà été mis en oeuvre entre les professionnels du secteur des boisons (APAB) dont Ali Hamani et les pouvoirs publics. L'Algérie présente l'avantage de
posséder déjà des investisseurs dans l'agro-alimentaire (boissons, conserveries) et des compétentes universitaires en IAA. A cela peut s'ajouter des mesures d'encouragement basés sur une plus faible
fiscalité. Nul doute qu'il devrait-être possible de bâtir une stratégie pour réduire cette lourde facture d'importation des céréales.
Chiche, ce midi vous
commencez! Pas de baguette de pain posée sur la table, mais seulement un à deux morceau de pain à côté de votre assiette.
Notes:
(*)
https://chefsimon.com/articles/produits-la-farine
1
https://www.fitnessheroes.fr/manger-moins-de-pain-et-de-pates/
ALGERIE: CEREALES, LE TEMPS DU COURAGE POLITIQUE
La
filière a besoin d'un choc de rupture
Djamel BELAID 7
septembre 2019
Ces jours-ci, la Une
du journal "Le Monde" est consacrée à la situation économique actuelle de l'Algérie. Sont notés les défis à relever. C'est dans ce contexte difficile que le dossier Céréales revient sur la scéne. Le
MADR souhaiterait trouver les moyens afin de réduire le montant des importations: 2 000 000 000 $/an. Le futur plan d'amélioration ne doit pas faire dans les demi-mesures. Il s'agit d'avoir le
courage politique pour sortir du dirigisme administratif qui marque l'agriculture.
CHUTE DES REVENUS DES
HYDROCARBURES
Cité par Le Monde, Dalia Ghanem, chercheuse résidente au Carnegie Middle East Center, déclare: « Avec une économie rentière fondée sur les
exportations d’hydrocarbures, qui représentent 95 % des revenus en devises et plus de 60 % des recettes fiscales, la marge de manœuvre des dirigeants est limitée. Le recours à la planche à billets
n’a fait que retarder l’échéance en plus de permettre plus ou moins à l’Etat de faire face à ses engagements internes – paiement des créditeurs, entreprises de construction… Le tableau dressé par le
FMI montre que la situation économique se dégrade inexorablement : les réserves de change sont passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 72 milliards en avril 2019. Ce qui reste pourra couvrir à
peu près treize mois d’importations alors que l’Algérie importe 70 % des produits qu’elle consomme. »
Sont ensuite cités ces chiffres qui donnent clairement l'image des défis à
relever. "Pour équilibrer son budget, le pays aurait besoin d’un baril à 116 dollars – soit 50 de plus que le cours actuel – et du maintien du niveau de sa production, en chute libre depuis le début
de l’année".
EVITER LES SEULES
RECETTES FINANCIERES ET TECHNICISTES
Pour le MADR chargé du
dossier Céréales, l'objectif est de parer au plus pressé. La tentation est d'avoir recours aux recettes du passé: augmentation des prix à la production, des subventions et des prêts à taux bonifié.
Sauf que cette fois ci, les moyens bugétaires sont réduits.
Ces dernières années,
les cadres du MADR se sont confortés dans l'idée que la solution passait par plus de semences certifiées, d'engrais, de produits phytosanitaires, d'irrigation, de semoirs et d'engins de récolte.
Certes, ces moyens modernes sont nécessaires pour augmenter les rendements. Mais ces seules recettes faisant recours à plus de moyens financiers et techniques ne suffisent pas. Le plus grave est que
ce message ne semble pas être reçu par les décideurs actuels.
La véritable solution
passe par la levée des goulots d'étranglements à caractère politique et organisationnel. Ainsi, du point de vue politique, les pouvoirs publics sont-ils prêts à :
-
ne plus favoriser –
objectivement ou non – l'agriculture entrepreunariale et les entreprises privées de l'agro-transformation?
-
ne plus favoriser –
objectivement ou non – les seules grosses exploitations du fait de l'absence de statut du fermage et autres moyens juridiques afin d'éviter le morcellement des exploitations?
-
autoriser plus de
représentativité des agriculteurs au niveau des chambres d'agriculture, syndicats agricoles et autres structures agricoles (CCLS, Cassap, Instituts Techniques ...)?
-
ne plus laisser la
plus-value tirée de la transformation des produits agricoles aller vers les seuls investisseurs privés urbains?
LE COURAGE POLITIQUE
QUI MANQUE
Lever ces goulots
d'étranglements est fondamental. Certes, leur effet sur l'augmentation sur la production peut ne pas être immédiat, mais c'est là un passage obligé.
Car sinon, c'est
oublier que l'acte agricole vise en fait à assurer un revenu aux agriculteurs. Or, rappelons le, comme tout investisseur, ces derniers ont l'aversion du risque et arbitrerons à chaque fois la
production à même de leur garantir le meilleur revenu. Aussi, comment faire du blé si il est plus rentable de louer ses terres aux éleveurs de moutons? Comment faire de la pomme de terre quand la
pstèque est plus rentable? Comment continuer à produire du lait lorsque le prix des fourrages flambe?
La réponse, nous
l'avons dit à maintes reprises, n'est pas dans l'augmentation des subventions, mais dans la création du cadre juridique légal qui permettra aux agriculteurs d'apprendre à s'organiser afin de défendre
un partable plus équitable de la plus-value actuellement captée par les seuls agro-transformateurs et autres madataires et maquignons.
La réponse est
également dans la création du cadre juridique légal qui permettra aux agriculteurs d'avoir accès à l'innovation technique en recrutant eux-même leurs techniciens au niveau d'instances où ils auront
enfin leur mot à dire. Il n'y a pas d'autres voies.
Or, dans un pays, où
l'administratif prime sur l'agriculteur, pour nombre de cadres, de telles mesures sont inimaginables. Il faudra que les pouvoirs publics imaginent que ce n'est plus à eux de gérer certains budgets,
mais que ce sera à des instances paysannes représentatives de le faire. Il faudra, par exemple, que des céréaliers puissent écraser leurs grains et qu'ils bénéficient des généreux avantages dont
bénéficient actuellement les moulins privés. Il faudra mettre un coup d'arrêt aux tentatives d'accaparement des
terres agricoles, notamment par des processus de privatisation des terres arch. C'est pourquoi nous parlons de courage politique.
Selon le
PDG de SIM, TaÏeb Ezzraïmi, c'est Mr Sid Ahmed Ghozali alors premier ministre qui lui avait conseillé d'investir dans la reprise des moulins de l'Ex-Sempac alors bradés.
ALGERIE: les 5 handicaps de la
céréaliculture.
Une organisation à la Nord-Coréenne très prégnante au niveau de l'encadrement.
25 juillet 2019 Djamel
BELAID.
مهندس زراعي
En Algérie, nombreuses
sont les études sur le coût des importations de céréales. Trop souvent, au delà de savants constats, les chercheurs restent coi quant aux solutions à proposer afin de débloquer les réserves de
productivité.
PREGNANCE DU
CONSERVATISME
Nombreux sont les
analystes algériens – et Français – qui se confortent dans le schéma actuel, schéma digne de l'économie nord-coréenne. La prégnance du conservatisme est forte. C'est comme si ces analystes méconnaissaient les formes d'organisation qui à l'étranger ont fait le succès des filières céréales. Pour eux, les
céréales en France, Canada, Australie, connait pas!
Un exemple nous est donné avec les dernières analyses parues dans la presse et qui portent seulement sur les
dysfonctionnements conjoncturels (trafic de blé importé, exagération des capacités des moulins) tout en occultant les dysfonctionnements
structurels.
Si cela peut
s'expliquer pour les analystes locaux, formatés par un enseignement universitaire sans ouverture vers l'étranger et par un attentisme professionnel qui ignore ce qui se passe au delà des frontières,
on peut être qu'étonné par ces directeurs de thèse d'universités françaises qui donnent leur imprimatur à des mémoires fades et sans originalité.
Au risque de passer
pour iconoclaste, nous analyserons la situation locale par rapport aux formes d'innovations techniques, organisationnelles et managériales qui ont cours dans les grandes régions céréalières dans le
monde.
C'est ainsi qu'il nous
apparaît de résoudre 5 difficultés particulières de la céréaliculture telle qu'elle se pratique en Algérie:
-sur le plan
technique, revisiter le dry-farming,
-sur le plan de
l'organisation, promouvoir des coopératives de collecte et d'approvisionnement,
-sur le plan de la
collecte, ouvrir celle-ci à des opérateurs autres que les CCLS,
-sur le plan de la
transformation des céréales, permettre aux producteurs d'investir dans des moulins,
-sur le plan du
foncier, légaliser le fermage .
DRY-FARMING, PASSER AU SEMIS
DIRECT
Diagnostic
Plus de 98% des
surfaces céréalières sont travaillées de façon conventionnelle (labour ou pseudo-labour au cover-crop). Cette méthode ne permet pas de valoriser l'humidité du sol.
L'encadrement agricole
est peu sensibilisé à l'agriculture de conservation (abandon du labour et remplacement par le semis direct).
Conséquences
Les coûts
d'installation des cultures sont élevés en main d'oeuvre et carburantdu fait des nombreuses passages de tracteur.
Les chantiers de semis
sont peu rapides et s'éternisent jusqu'à la fin du mois de décembre; d'où des chutes de rendement. Le travail du sol est à l'origine de mottes de terre qui nuisent à la qualité de la
germination-levée des semences.
Propositions
Promouvoir l'usage de
semoirs pour semis direct. Améliorer la disponibilité de ces engins qui commencent à être fabriqués par CMA-SOLA (Sidi Bel-Abbès). Intéresser les fabriquants privés de matériel agricole au semis
direct.
DES COOPERATIVES DE COLLECTE AUX
COTES DES CCLS
Diagnostic
En Algérie, il
n'existe pas de coopératives de collecte et d'approvisionnement (CCA). Alors que l'agriculture coloniale a laissé le modèle des SAP, il reste à étudier l'origine de l'absence de coopératives.
Actuellement, les CCLS sont affublées du nom ce coopératives alors que leurs statuts sont très éloignés des statuts universels des coopératives.
Conséquences
Les conséquences sont
une infantilisation du monde paysan, des intrants à prix élevé mais surtout une absence de diversification des activités. En effet, si les CCLS assurent la vente de semences certifiées à des prix
raisonnables, le marché des engrais et produits phytosanitaires est, en partie, entre les mains de commerçants privés. D'où, souvent, des prix spéculatifs.
Propositions
Promotion de CCA par l'utilisation de tous les outils aux mains des pouvoirs publics: financiers, fiscaux et juridiques. En effet, si en Europe, l'apparition de coopératives
paysannes a été permis par la présence d' élites paysannes et rurales, leur essor n'a été permis que par un fort appui de la puissance publique (lois de 1947 puis de 1960 en
France).
DES MOULINS DISPOSANT D'UN
AGREMENT POUR LA COLLECTE
Diagnostic
Actuellement en
Algérie, seules les CCLS organisent la collecte du blé dur et blé tendre. Etant donnée la tension sur l'orge, trés recherchée par les éleveurs d'ovins, la collecte de cette céréale échappe, en
partie, aux CCLS.
Conséquences
Les nombreux moulins
privés ne sont pas agréés pour la collecte. Souvent installés au sein des régions céréalières, ils tournent donc le dos aux producteurs locaux.
En dépît
d'investissements conséquents, les CCLS peinent à assurer la collecte et le stockage des récoltes. Cela se traduit par des durées d'attente pouvant aller jusqu'à 3-4 jours devant les silos et du
stokage à l'air libre durant les mois de juillet et août.
Propositions
Attribuer des agréments aux moulins les plus professionnels. Le prix des céréales comprend une partie qui correspond au soutien à la production. Faire transiter par
les moulins, le soutien des prix à la production assuré par les pouvoirs publics. Autre solution, sur présentations des listes des agriculteurs et des quantités livrées au collecteur, faire transiter
les sommes relatives au soutien des prix à la production par l'organisme payeur.
Exiger des moulins qu'ils assurent un suivi technique des producteurs afin d'améliorer les quantités et la qualité de leurs récoltes. En effet, à part quelques
actions ponctuelles de la part des stations de l'ITGC et des technico-commerciaux des firmes d'agro-fourniture, le céréalier algérien reste éloigné des progrès agronomiques.
POUR DES MOULINS
PAYSANS
Diagnostic
Afin de bénéficier du
soutien public des prix à la production, la majorité des producteurs livrent leurs récolte aux CCLS. Celles-ci vendent ensuite les lots de grains aux moulins privés. Comme au niveau de la
consommation, les prix de la farine et de la semoule sont soutenus, les moulins reçoivent des compensations financières.
Conséquences
De ce fait, les
producteur ne peuvent transformer eux-m^me leurs grains. Rien n'est prévu au niveau des CCLS ou de groupements d'agriculteurs pour se doter de moulins mais surtout pour bénéficier de ces
compensations financières.
Propositions
Encourager les CCLS et des céréaliers constitués en groupement de producteurs de pouvoir bénéficier des compensations financières publiques permettant de transformer leurs grains en
semoule et farine et vendre leurs produits au tarifs consommateurs.
Envisager également à ce que les CCLS puissent passer des accords avec les moulins privés pour utiliser (sous contrat) leurs installations en sous-régime.
POUR UN STATUT DU
FERMAGE
Diagnostic
La structure de la
propriété foncière est très morcelée. Que ce soit les terres privées, les EAC, EAI ou concessions agricoles, nombre de propriétaires ou d'ayants droit ne travaillent pas leur
terre.
Conséquences
Pour les fermiers
louant ces terres, il n'existe aucune législation. Ils sont donc hors-la-loi et ne bénéficent pas des dispositifs publics de soutien à la production.
Propositions
Combattre l'idée très ancrée que tout agriculteur doit être propriétaire de la terre qu'il travaille.
Promulguer une loi sur le fermage et instaurer des comités de wilaya afin de déterminer les barèmes de location des terres selon la fertilité du sol.
CONCLUSION
En
Algérie, la céréaliculture est menée en dépît du bon sens. Ainsi, dans un pays sec, les paysans continuent d'assècher le sol en pratiquant le labour, n'ont pas le droit de s'organiser en coopérative
de collecte, ne peuvent vendre leur récolte aux moulins qui de ce fait leur tournent le dos et sont empêchés d'écraser leurs propres grains. Nombre d'entre eux exercent sans être protégés par le
statut du fermage.
Pire, pour les décideurs et encadrement, cette façon de procéder est la norme. Les tares de la céréaliculture ne sont vus que comme des dysfonctionnements conjoncturels et non pas
structurels. Tant que cette situation persistera, il est illusoire d'espérer une augmentation de la production céréalière locale.
Par analystes, nous entendons, journalistes, "experts agricoles" locaux, universitaires.
ALGERIE: ouvrir la collecte des céréales aux opérateurs
privés.
OAIC, en finir avec la vue à court terme.
23 juillet 2019 Djamel
BELAID.
مهندس زراعي
En dépit des larges
subventions accordées à la filière, la production locale de céréales n'augmente pas aussi vite que prévue. Une refonte de la collecte des céréales pourrait apporter une bouffée d'oxygène, mais
concernant ce produit stratégique les pouvoirs publics restent extrémement frileux.
CCLS, UNIQUE COLLECTEUR DE
CEREALES
Actuellement, l'OAIC à
travers les CCLS est le seul organisme habilité à collecter les céréales. L'attractivité des prix à la production des blés durs et blés tendres fait que les céréaliers livrent la plus grande partie
de leur récolte aux CCLS. Cest moins le cas conc
ernant l'orge très
prisé des éleveurs de moutons et donc très demandé sur le marché parallèle.
Au niveau des CCLS, la
collecte les céréales a longtemps était entachée de dysfonctionnements: lenteurs des opérations de déchargement, problème de pesée des livraisons, retards de paiement et barême d'agréage ne
favorisant pas une politique de qualité.
OUVRIR LA COLLECTE AUX OPERATEURS
PRIVES
A terme, comme pour le
Maroc, l'Algérie devrait adhérer à l'OMC. Ce pays ne peut rester, avec la Corée du Nord, parmi les derniers pays non signataires. Cela oblige à des aménagements progressifs. En effet, un monopole
d'Etat sur le commerce des céréales est incompatible avec l'OMC.
Aussi, il s'agit
d'envisager d'autres acteurs pouvant exercer le rôle de collecteurs de céréales. Outre les CCLS, l'agrément comme collecteur pourrait être attribué aux moulins publics et privés ayant fait preuve de
leur professionnalisme. Une charte des critères permettant l'attribution d'un tel agrément devrait être définie par les pouvoirs publics. En cas de manquement à cette charte, l'agrément permettant la
collecte serait retiré. Au lieu d'essayer de collecter toutes les céréales, et de le faire mal, les pouvoirs publics feraient mieux d'exercer le pouvoir régalien de l'Etat en édictant des régles
précise et mobiliser l'initiative privée.
L'agrément devrait
permettre la collecte de volumes déterminés sur une zone précise. Le moulin devrait être en mesure de présenter tous les justificatifs en cas de contrôle. En la matière, il s'agirait de s'inspirer
des modalités de versements des primes liéesà la Politique Agricole Européenne (PAC). En Europe, ce sont en effet les organismes collecteurs qui versent les primes aux
agriculteurs.
FAIRE DES SURCAPACITES DES
MOULINS UN ATOUT
Actuellement, les
surcapacités des moulins sont considérées comme un inconvénient. Sur injonction ministérielle, l'OAIC a d'ailleurs réduit les livraisons de blé importés aux moulins privés.
L'autorisation qui
pourrait être faite à certains moulins de collecter des céréales pourrait permettre de favoriser la contractualisation déjà présente dans les filières lait et tomate industrielle. Face à l'apétit des
moulins pour la recherche de matière première, aucun subside étatique ne serait ainsi nécessaire pour attirer les investisseurs.
Mieux, en échange d'un
agrément, il devrait être possible de demander aux moulins détenteurs du précieux sésame d'assurer un appui technique aux producteurs. Un tel appui serait nettement plus efficace que les structures
administratives de vulgarisation que soutiennent à bout de bras les pouvoirs publics.
OUVRIR LA COLLECTE AUX
COOPERATIVES PAYSANNES
En parallèle, il
s'agit d'encourager les céréaliers à s'organiser en coopérative de collecte et d'approvisionnement. Le semi-échec des coopératives liées à la réforme agraire des années 70 ont parfois laissé de
mauvais souvenirs. Mais, il s'agit d'expliquer à chacun, que des coopératives céréalières de collecte ne sont pas un retour en arrière. Il s'agit en effet de formes d'organisation courantes et
souvent majoritaires dans de nombreux pays (France, Pays-Bas, Irlande, Nouvelle-Zélande, ...) à l'économie non administrée. Cependant, cete voie nécessite des mesures juridiques et financières
conséquentes. Par ailleurs, traditionnellement à l'étranger, ces structures reposent sur la participation de leaders paysans blanchis sous le harnais du militantisme syndical agricole. En Algérie, il
s'agirait de compter sur les élites rurales qui ont émergé ces dernières années.
FORT CONSERVATISME AU SEIN DE
L'APPEREIL D'ETAT
Les pouvoirs publics
ont longtemps fait fonctionner un système ultra centralisé. Depuis 2008, les émeutes de la fain ont tétanisé les décideurs qui se sont cantonnés dans un immobilisme absolu. Les dysfonctionnements
liés à une sytricte application du monopole dEtat sur les céréales et au manque d'imagination pouvaient jusque là être amortis par la manne des hydrocarbures. Or, celle-ci se trouvant réduite, le
système en cours se doit d'être revu.
Mais il faut compter
avec le conservatisme des décideurs au sein de l'appareil d'Etat et de l'encadrement de l'OAIC – dont 500 ingénieurs - qui de tout temps a été habitué à un mode de gestion étatique. Or, envisager que
d'autres opérateurs puisse exister sur le marché est impensable pour cet encadrement. Aussi étonnant que cela puisse paraître nombreux sont les managers qui ne connaissent rien de l'existence et donc
du mode de fonctionnement des coopératives de collecte de céréales telles qu'elles existent à l'étranger. Le seul mode connu est de type nord-coréen;
NOUVEAUX OPERATEURS, DEVELOPPER
L'INITIATIVE
La mobilisation
d'investisseurs privés pourrait permettre, par exemple, de développer le stockage à la ferme et d'en finir avec le stockage en plein air comme cela se pratique traditionnellement en
juillet-août.
En outre, il pourrait
être possible d'utiliser les potentialités locales en matière de chaudronnerie afin de mettre sur pied un réseau de silos métalliques (cellules) dans les fermes. Une telle démarche permettrait
également d'assurer une meilleure traçabilité des récoltes et favoriser une politique d'allotement seul moyen de développement des blés de qualité dont à si besoin les secteurs de la boulangerie et
des pâtes alimentaires.
RESOUDRE LE LANCINANT PROBLEME
DES BLES DETOURNES
Une politique de
stockage à la ferme – bien moins onéreuse que le tout béton des silos des CCLS - nécessite cependant de résoudre l'actuel traffic portant sur les blés importés. Ceux-ci se retrouvent parfois utilisés
comme aliment du bétail ou présentés aux portes des silos des CCLS par des agriculteurs véreux les présentant comme des produits locaux.
On peut penser
qu'ouvrir la voie vers une collecte locale permettrait aux moulins de s'assurer de plus grandes quantités de grains nécessaires à leurs installations. En effet, la persistance de terres en jachère et
le non respect des itinéraires techniques montrent les immenses réserves de productivité qui existent.
Enfin des mesures
allant des plus simples (mesure du taux d'impuretés, du taux de protéine ou de la force boulangère) aux plus sophistiquées (mesure du profil protéique) permettraient de détecter les lots
frauduleux.
CCLS, EVOLUER VERS DES
COOPERATIVES PAYSANNES?
Ouvrir le champs à des
opérateurs privés ou coopératifs ne signifie pas la disparition des CCLS. Même si une adhésion à l'OMC devrait aboutir à leur disparition, des mesures progressives sont permises. Elles permettent aux
Etats de se préparer à leur rythme. Cependant, les CCLS devraient dès aujourd'hui anticiper les évolutions futures.
Les CCLS disposent
d'actifs considérables dont des silos modernes de grande capacités, des unités d'usinage de semences, un parc de matériel agricole et bien sûr d'un potentiel humain considérable. Les silos permettant
la constitution de réserves stratégiques, nul doute que des solutions originales devraient être trouvées avec l'OMC afin que ces installations restent un bien public.
Lorsqu'on considére
les mesures de réajussement structurel des années 90, une grande partie de ce patrimoine risque de tomber sous la coupe d'intérêts privés.
La solution pourrait
être de le confier, en partie, à des coopératives paysannes.
CCLS, S'INNITIER A LA
COOPERATION
Dès maintenant, il
s'agit de revoir les statuts des CCLS et leur management afin de créer les prémisses à l'émergence de coopératives paysannes. A ce titre, les CCLS peuvent être des écoles afin de faire émerger de
futurs gestionnaires paysans et cadres administratifs.
De premières mesures
pourraient consister en plus de co-gestion. Il s'agit d'assurer plus de représentativité paysanne au niveau des instances élues, de confier plus de responsabilités aux élus paysans et d'élargir
progressivement leur champs de compétence. En parallèle, il s'agit d'aller vers une participation financière (parts sociales) des céréaliers envers les CCLS.
MOINS DE DIRIGISME
ADMINISTRATIF
Entre augmentation des
besoins de la population et baisse des rentrées financières, les pouvoirs publics sont à la croisée des chemins. Il s'agit de prendre des mesures allant dans le sens des choses et donc de privilégier
les mesures ne nécessitant pas de multiplier le dirigisme administratif. L'agrément de nouveaux organismes de collecte va dans ce sens.
Par ailleurs, afin de
mieux cibler les ménages à qui assurer un soutien des prix du pain, il s'agit d'attribuer des cartes à puces. Certes, pour les pouvoirs publics, il s'agit d'un terrible aveu d'impuissance, mais
contre toute "honte bue" la mesure est devenue nécessaire.
CEREALES, LIMOGEAGE A LA TETE DE L'OAIC
EFFET DU HIRAK ET DE LA BAISSE DES REVENUS DES HYDROCARBURES.
Djamel BELAID 22
juillet 2019
Le directeur général
de l'OAIC, Mr Mohamed BELABDI a été limogé le 10 juillet suite à une réunion du gouvernement. Cette réunion s'est également soldée par la fermeture de 45 minoteries pour "violation de la
réglementation en vigueur". Ce limogeage constitue un signe des dysfonctionnement de la filière céréales. En effet, l'OAIC gére les importations de blé, est le principal organisme collecteur et a
pour tâche l'appui à la production. Au delà de ce limogeage, c'est toute l'organisation de la filière qui est interpellée.
TRAFFIC DE BLE
IMPORTE
Depuis plusieurs mois
la presse a rapporté des cas de détournements de cargaisons de blé importé. Ce blé cédé par l'OAIC au prix de à 1285 DA le quintal est revendu plus cher à des éleveurs de bétail. Au moment des
récoltes, il est redirigé vers les silos des CCLS par des agriculteurs véreux où il est présenté comme du blé produit localement et donc racheté au prix fort (3500 DA/qx). C'est ce dernier cas qui pourrait expliquer que 45 moulins ait été fermés. Ces deux dernières années, face à la multipliication
de nouveaux moulins, l'OAIC avait réduit les attributions de quotas de blé importé. Cette mesure avait entraîné une fronde des propriétaires de moulins. Les plus récents n'arrivant pas à rembourser
leurs dettes face à la sous activité liée à cette baisse des livraisons de l'OAIC.
L'OAIC, GARANT DU
SOUTIEN DU PRIX DU PAIN
En fait ce limogeage
du DG de l'l'OAIC, revient à s'attaquer à l'homme qui gère le pain quotidien des Algériens. En effet, c'est gra^ce à l'OAIC que d'Alger à Tamarasset, le consommateur peut acheter une baguette de pain
au mêm prix. Un prix soutenu par l'Etat qui certaines années consent l'effort d'importer jusqu'à 3,4 milliards de dollars de céréales.
Or, même si la pomme
de terre prend de plus en plus de place, le pain constitue l'aliment de base en Algérie. En 2008, lorsque que les pouvoirs publics avaient tenté de remettre en cause partiellement le soutien des prix
pour les produits de première nécessité (pain, huile, sucre), cela avait causé des émeutes "de la faim".
OAIC, MISSION
IMPOSSIBLE
Le rôle de régulateur
de l'OAIC est quasiment une "mission impossible" lorsqu'on considère l'ampleur de la tâche et l'environnement économique et administratif actuel.
Outre l'importation de
quantités toujours croissantes de blé tendre, blé dur et orge, l'OAIC a pour charge de collecter la récolte des agriculteurs mais également de réaliser un "appui à la production". Cela sous forme de
livraison de semences certifiées, d'aide à l'irrigation d'appoint, d'approvisionnement en engrais et produits phytosanitaires et de location de matériel allant depuis les travaux de labour jusqu'à la
récolte. C'est ce genre de structure qui fait dire à l'unviversitaire Slimane Bedrani que l'agriculture est marquée de "dirigisme administratif". Par certains aspect, l'organisation de l'OAIC semble
tout droit venu de Corée du Nord.
Collecte et appui à la
production sont mis en oeuvre par les CCLS. Ces CCLS, véritables dépôts de wilaya sont chargés de la mise en oeuvre à la base de la politique définie à Alger. Le directeur de chaque CCLS est nommé
depuis Alger et est flanqué d'un conseil de gestion sans véritable pouvoir et qui sert à justifier la pompeuse dénomination de "coopérative". Pour la majorité des agriculteurs, la CCLS représente le
"razk el-beylik", c'est à dire, les biens des pouvoirs publics. Ils ne s'identifient pas dans ce qui, à l'étranger et avec d'autres statuts, représente la base de toute politique
céréalière.
DOULEURS ET GLOIRE DES
CCLS
Pour de nombreux
agriculteurs et observateurs, après la vague de privatisation des années 80, les CCLS restent les seuls structures d'aide aux agriculteurs. Il est vrai que les CCLS achètent la totalité des récoltes
qui leur sont livrées par les agriculteurs. Et cela, à des prix garantis et soutenus par l'Etat quel que soient les fluctuations du prix des céréales sur le marché international. Depuis 2012, le
développement d'unités motoculture au sein des CCLS permet aux agriculteurs d'avoir recours à des travaux agricoles à des prix raisonnables.
Traditionnellement
pourvoyeurs de semences certifiées, les CCLS se sont récemment équipées de matériel ultra-moderne d'origine turque qui permet de décupler leur capacité à produire des semences triées et
traitées.
Mais à côté de ces
succès combien de frustrations suite à des passe-droits ou à l'incurie de petits chefs locaux. Ces dernières années, en plein hiver, il n'était pas rare de voir devant les guichets de CCLS des
agriculteurs patienter des journées entières pour se voir délivrer engrais, semences ou orge pour leur cheptel ovin. En été, il n'est pas rare de voir de longues files de remorques chargées de grains
devant les silos des CCLS. Certains agriculteurs déclarant patienter trois jours durant avant de pouvoir livrer leurs grains.
APPROVISIONNER LES
MOULINS, LA QUADRATURE DU CERCLE
Les détournement du
blé importé vers d'autres usages que la fabrication de pain subventionné représente l'un des plus grands défis qu'à à relever l'OAIC.
Certes, il ne s'agit pas de renforcer les dispositifs administratifs et de mettre un contrôleur devant chaque moulin privé. Cependant, il est urgent de remédier à ce type de dysfonctionnement qui
remet en cause le soutien des prix pour un produit de base.
Le cas des 45 moulins
privés récemment sanctionnés montre qu'il est possible de déceler les cas de malversations. Connaissant combien de kilo de farine peut produire un quintal de blé tendre, il est possible de vérifier
les flux entrant et sortant au niveau des moulins privés. Encore faut-il que les ventes sans facture aux grossistes et autres intermédiaires ne soient pas monnaie courante. Ce phénomène des ventes
sans facture constitue un fléau qui alimente le secteur informel et prive l'Etat de colossales rentrées financières.
MONOPOLE D'ETAT, DEMON
OU DEMIURGE?
Le monopole d'Etat sur
le commerce des céréales protège sans aucun doute consommateur et producteur local de céréales. Mais il n'est pas sans inconvénients.
Concernant le consommateur, la presse se fait souvent l'écho de cas de gaspillage de pain. Il n'est pas rare de voir des baguettes dépasser de poubelles à Alger. Par ailleurs, le soutien des prix
concernant tous les types de revenus, certains s'interrogent sur la possibilité de ne l'octroyer qu'aux ménages à faibles revenus. Cela en recourant, comme en Egypte, à une carte à puces permettant
l'accès au pain subventionné.
Concernant le
producteur, le mécanisme de soutien des prix à la production présente un effet pervers: celui de désaisir l'agriculteur de sa production. En effet, la majorité des producteurs livrent la totalité de
leur production. De ce fait les possibilités de valorisation des grains par leur transformation en farine ou en semoule se voient confiées aux moulins privés. De ce fait les céréaliers se voient
désaisis de la valeur ajoutée.
Mais plus grave. Le
statut actuel des CCLS est éloigné des statuts universel des coopératives. Aussi, les producteurs ne sont pas associés aux décisions. Ils se voient infantilisés alors que dans les coopératives
céréalières ayant cours à l'étranger ce sont eux qui détiennent les manettes.
POUVOIRS PUBLICS,
FAIRE PREUVE D'IMAGINATION ET DE COURAGE
Les pouvoirs publics
ont longtemps fait fonctionner un système ultra centralisé. Les émeutes de la fain ont tétanisé les décideurs qui se sont cantonnés dans un immobilisme absolu. Les dysfonctionnements liés au monopole
d"Etat sur les céréales pouvaient jusque là être amortis par la manne des hydrocarbures. Or, celle-ci se trouvant réduite, le système en cours se doit d'être revu.
Mais, il s'agit d'un
secteur ultra-sensible. Par ailleurs, l'appétît de certains affairistes liés au secteur privé est grand et est capable de mettre à bas l'édifice. Depuis peu, la corporation des moulins privés s'est
organisée et multiplie les pressions sur les poiuvoirs publics: rassemblement devant les ministères, courriers aux autorités.
A terme, l'Algérie
adhérera à l'OMC. Ce pays ne peut rester, avec la Corée du Nord, parmis les derniers non signataires. Cela oblige à des aménagements. En effet, un monopole d'Etat sur le commerce des céréales est
incompatible avec l'OMC.
Aussi, il s'agit
d'envisager d'autres acteurs comme organismes collecteurs de céréales. Outre les CCLS, l'agrément comme collecteur pourrait être attribué aux moulins publics et privés ayant fait preuve de leur
professionnalisme (une charte des critères permettant l'attribution d'un tel agrément devrait être défine). La mobilisation d'investisseurs privés pourrait permettre de développer le stockage à la
ferme et d'en finir avec le stockage en plein air comme il se pratique en juillet-août. Ainsi, il pourrait être possible d'utiliser les potentialités locales en chaudronnerie afin de mettre sur pied
un réseau de silos métalliques (cellules) dans les fermes. Une telle démarche permettrait d'assurer une meilleure traçabilité des récoltes et favoriser une politique d'allotement seul moyen de
développement des blés de qualité.
ENCOURAGER DES
COOPERATIVES PAYSANNES
Par ailleurs, il
s'agit d'encourager les céréaliers à s'organiser en coopérative de collecte et d'approvisionnement. Le semi-échec des coopératives liées à la réforme agraire des années 70 ont parfois laissés de
mauvais souvenir. Mais, il s'agit d'expliquer à chacun, que des coopératives céréalières de collecte ne sont pas un retour en arrière. Il s'agit en effet de formes d'organisation courantes et souvent
majoritaires dans de nombreux pays (France, Pays-Bas, Irlande, Nouvelle-Zélande, ...) à l'économie non administrée. Cependant, cete voie nécessite des mesures juridiques et financières conséquentes.
Par ailleurs, traditionnellement, ces structures reposent sur la participation de leaders paysans blanchis sous le harnais du militantisme syndical agricole. En Algérie, il s'agirait de compter sur
les élites rurales qui ont émergé ces dernières années.
Il ne nous appartient
pas de juger des motifs connus ou non ayant aboutit au limogeage du DG de l'OAIC, cependant, une direction collégiale rajeunit et techniquement de haut niveau pourrait permettre de relancer la
filière céréales. Le Ministère de l'agriculture compte organiser fin juillet une conférence sur le développement des céréales en Algérie. Il est à espérer qu'à cette ocassion seront présents
différents sons de cloche et qu'il sera tenu compte de la nécessité de revoir la politique qui a prévalue depuis une dizaine d'années.
Pour le blé dur ce montant est de 4500 DA/qx.
ALGERIE, GERER L'APRES BOUTEFLIKA
20 MESURES URGENTES ET PRATIQUES POUR AUGMENTER LA PRODUCTION LOCALE DE CEREALES.
Djamel BELAID. 21 juillet 2019
Ce document liste des propositions à l'intention des pouvoirs publics qui succéderont au président
Bouteflika. Mais ces propositions concernent également céréaliers, cadres de terrain et élites rurales. En effet, nous pensons que la participation de tous est nécessaire à la
poursuite du renouveau agricole qui se manifeste ces dernières années. Et en particulier les agriculteurs, trop longtemps cantonnés par l'administration agricole dans un rôle subalterne.
En effet, en Agérie, il n'existe aucun organisme agricole où ce sont des agriculteurs qui gèrent un budget et recrutent
des techniciens. En Algérie, le paritarisme en matière agricole est pratiquement inexistant.
Cette façon de voir est prégnante à tous les niveaux de l'encadrement agricole. Il s'agit d'en être conscient et de s'en
défaire. C'est l'agriculteur qui est le maître du développement agricole, les pouvoirs publics n'ayant pour rôle que de mettre à leur disposition les outils les plus adaptés.
Ces propositions visent donc avant tout à :
-rendre plus attractive la production de céréales à travers une meilleure répartition de la valeur
ajoutée provenant de la transformation des grains,
-formaliser l'informel agricole à travers la mise sur place d'un statut du fermage,
-revisiter les pratiques du dry-farming à la lumière des
récents progrès agronomiques (agriculture de conservation),
-envisager un plan d'ensemble en abordant les aspects technico-économiques mais également juridiques et
fiscaux,
-confier plus de responsabilités aux membres de la filière céréales et notamment aux agriculteurs à
travers leur Chambre d'Agriculture, la promotion d'organisations professionnelles agricoles (OPA), et de coopératives de collecte de céréales.
-provoquer un choc de rupture et être directement profitables à la filière céréales,
-redéployer, plus que demander de nouveaux moyens financiers au budget de l'Etat.
1 . Des propositions destinées aux pouvoirs publics.
DU POINT DE VUE ECONOMIQUE
Augmenter les surfaces emblavées en céréales
De nombreuses terres agricoles ne sont pas emblavées en céréales. Elles restent en jachère (travaillée ou pâturée). Les
causes d'une telle situation sont diverses. Afin de pousser les agriculteurs à emblaver ces terres, il serait possible d'envisager de sanctionner financièrement les jachères et de valoriser
financièrement les terres mises en culture.
Un autre moyen serait de proposer une prime ayant un effet symbolique (seuil à définir) sur les terres consacrées aux
surfaces autres que les céréales et les fourrages récoltés c'est à dire les légumes secs et les mélanges fourragers pâturés.
Un impôt lié aux surfaces agricoles nécessite des moyens humains de contrôle. Aussi, dans un premier temps, elles
pourraient n'être mises en œuvre qu'au niveau des régions céréalières à fort potentiel. A noter que des outils tel le GPS et la cartographie aérienne permettent aujourd'hui de contrôler la surface
des exploitations et la nature des cultures mises en place.
Propositions :
-instaurer un impôt agricole sur chaque hectare de terre.
-maintenir, voire augmenter l'attractivité financière des légumes secs venant en rempacement de la
jachère.
-rendre éligible à une prime les terres anciennement en jachères pâturées et aujourd'hui semées de
fourrages et autres mélanges fourragers (méteil).
Financement des activités agricoles, soliciter les grainetiers et les moulins
Des études universitaires réalisées sur la plasticulture dans le sud du pays montrent la place
grandissante des grainetiers dans le financement des activité agricoles. Il s'agit donc d'étudier dans quelle mesure ces grainetiers pourraient être des partenaires des services agricoles publics et
notamment de quelle façon ils pourraient être sollicités afin d'encourager le financement de la culture des céréales.
Propositions :
-favoriser la création d'une
représentation nationale de la corporation des grainetiers,
-encourager les grainetiers à pratiquer des prix de gros aux céréaliers réalisant des
commandes groupées d'engrais et de produits phytosanitaires.
Financement des exploitations agricoles, créer une banque agricole
Selon certains spécialistes une des
causes du retard du développement agricole en Afrique du Nord vient du fait qu'il n'existe pas de banque appartenant aux agriculteurs. Une telle structure pourrait drainer les liquidités du monde
agricole. Et qui mieux que l'expertise d'agriculteurs et d'agronomes afin de juger de la solidité de projets agricoles?
Propositions :
-créer les prémisses d'une banque des agriculteurs.
Financement de l'appui technique de terrain
Les CCLS prélèvent sur chaque quintal de blé livré une taxe servant à financer des opérations d'appui technique à la
production. Les sommes collectées sont actuellement reversées à la Chambre nationale de l'Agriculture. Il s'agit également d'élargir l'assiette de ce type de cotisations aux
grainetiers, firmes de l'agro-fourniture et entreprises de transformation des céréales,
Propositions :
-assurer une transparence et un contrôle paysan des taxes prélevées par les CCLS pour l'appui technique
à la production,
-laisser gérer à travers des associations professionnelles locales, les céréaliers eux mêmes le montant
des taxes prélevées pour l'appui technique à la production,
-utiliser les fonds issus des taxes prélevées pour permettre le recrutement par les agriculteurs eux
mêmes de techniciens,
-prélever sur chaque quintal de céréales transformés par les moulins une taxe destinée au financement de
l'appui technique de terrain,
-asujettir chaque litre de produit phytosanitaire ou quintal d'engrais
vendu par les grainetiers, firmes de l'agro-fourniture et entreprises de transformation des céréales d'une taxe destinée à l'apui technique.
Moulins, développer la contractualisation
Ce n'est pas au MADR d'assurer le suivi technique de proximité aux céréaliers. Comme pour les filières lait et tomate
industrielle, ce rôle doit être dévolu aux opérateurs en amont (sociétés d'agro-fourniture, chambre d'agriculture, coopératives paysannes) et en aval de la production (minoteries et
semouleries).
Quant à eux, les Instituts Techniques doivent avoir pour rôle de produire des références techniques.
Concernant les moulins, il s'agit d'étudier l'expérience des quelques réseaux techniques d'appui à la production (Groupe
Benamor, SMID Tell) afin de les généraliser. A ce props, l'expérience marocaine en matière de contractualisation (nommée « agrégation ») mériterait d'être étudiée.
Propositions :
-autoriser les moulins privés
à collecter directement les récoltes des céréaliers (cela, sous réserve de poursuite du monopole d'Etat sur le commerce des céréales).
-encourager les efforts déployés par les moulins privés afin d'augmenter la production et la qualité des
céréales cultivées localement (encadrement technique des producteurs). Cela pourrait se faire par l'attribution préférentielle de quotas de blé importé aux moulins les plus impliqués dans l'appui
technique.
-exiger les moulins à financer des postes budgétaires de techniciens céréaliers de terrain,
-définir un cahier des charges définissant les obligations minimales des moulins en matière d'appui
technique aux agriculteurs.
Exploitations, réduire les coûts de production
Afin de réduire le fardeau des subventions sur le budget public et afin de maintenir l'attractivité des céréales (voir
plus rémunératrice que l'élevage du mouton), les pouvoirs publics doivent orienter les exploitations vers la réduction de leur coût de production.
Cela passe par l'emploi de techniques peu coûteuses. Dans le cadre de l'agriculture de conservation, il s'agit, par
exemple, d'aller vers un abandon progressif du labour pour le remplacer par le semis direct. Celui-ci allie, en effet, plus grande rapidité d'exécution des
chantiers de semis, et réduction des doses de semences et d'engrais utilisés. Selon la précocité des pluies automnales, un désherbage est nécessaire.
En année sèche, grâce à une meilleure préservation de l'humidité du sol, le semis direct présente l'avantage pour
l'agriculteur de pouvoir récolter un minimum de quintaux et de récupérer sa mise de départ.
Propositions :
-accroitre la production des semoirs low-cost pour semis direct (type Boudour) produit à Sidi Bel-Abbès
par l'entreprise CMA-SOLA (seuls 15 exemplaires produits à ce jour),
-assurer une plus grande disponibilité des semoirs Boudour par la participation de leur
commercialisation et maintenance par les concessionnaires privés de matériel agricole,
par une aide à l'achat et à l'emploi de ce type d'engins.
-Associer les artisans soudeurs locaux à la maintenance et l'amélioration des semoirs Boudour (exemple, par
l'installation de roues plombeuses),
-lier le montant des crédits de campagne à l'utilisation des semoirs pour semis direct.
-interdire le labour en amont des barrages (zones à définir), étant donnée l'érosion provoquée par la
pratique du labour, les semoirs pour semis direct pourraient être les seuls admis.
-équiper les unités motoculture de semoirs Boudour,
-reconnaître et promouvoir les entreprises privées de travaux agricoles,
-promouvoir les CUMA et autres Cercles d'Echange de Matériel (un animateur en Chambre d'Agriculteur
mettant en relation offre et demande de travaux).
Exploitations, encourager des moulins paysans
Actuellement, les surfaces consacrées au blé dur et blé tendre sont concurrencées par les surfaces réservées à l'élevage
ovin. C'est le cas avec la culture de l'orge et la jachère pâturée. Afin de conserver une plus forte attractivité à la culture du blé, les pouvoirs publics peuvent adopter plusieurs mesures. La
principale est d'assurer une répartition plus équitable de la valeur ajoutée (liée à la transformation des céréales) entre céréaliers et transformateurs.
Propositions :
-encourager la constitution d'ateliers modernes de transformation des céréales au
sein de structures communes à plusieurs exploitations céréalières.
-assurer à ces ateliers les mêmes avantages financiers et fiscaux (exonération sur
les bénéfices et bien sûr bénéficier des mêmes compensations financières que les grands moulins privés)
CCLS, participation à la transformation des céréales
La baisse des revenus pétroliers implique d'envisager de nouvelles rentrées financières pour rémunérer les céréaliers
mais aussi assurer le fonctionnement des CCLS. La transformation des céréales constitue une activité très rentable. Ce type d'activité devrait être autorisé au niveau des CCLS; au moins pour une
partie ou la totalité des céréales qu'elles collectent.
Il s'agirait ainsi, de procéder à une meilleure répartition de la valeur ajoutée obtenue lors de la transformation des
céréales. Rappelons que cette valeur ajoutée est actuellement essentiellement captée par les urbains détenant des moulins privés.
Propositions :
-autoriser les CCLS à transformer des céréales et à conditionner les légumes secs (demi-gros et détail).
L'activité de transformation par les CCLS pourrait se faire en s'équipant de matériel neuf ou en rachetant des moulins privés, actuellement en surcapacité, ou en collaborant avec eux.
-autoriser les CCLS à passer des accords avec les moulins privés afin d'utiliser leurs installations.
Pour cela, définir la legislation adéquate.
Instituts techniques, participation financières des firmes d'amont et d'aval
Afin de leur donner plus de moyens matériels, humains et financiers, les instituts techniques dépendant du MADR devraient
s'ouvrir à l'amont, à l'aval et aux agriculteurs.
Des partenariats sont possibles. En effet, plusieurs sociétés développent des initiatives originales.
Exemples:
-promotion des analyses d'azote du sol pour affiner les apports d'engrais aztés (Syngenta Saba
Plus),
-encouragement de la production de semences de vesce par Axium Spa à Constantine,
-construction de pivots rotatifs par des artisans soudeurs à El Oued.
Propositions :
-intégrer dans leur conseil scientifique ou conseil d'administration des représentants des firmes
d'amont et d'aval de la filière céréales ainsi que des représentants des céréaliers.
-accompagner cette participation d'une contribution financière au budget des instituts,
-dissoudre l'INVA et ré-affecter ses moyens matériels aux autres instituts techniques,
-utiliser les postes budgétaires de l'INVA pour doter des associations de céréaliers en moyens
humains.
Chambres d'Agriculture, attribution d'une partie des impôts fonciers
Les Chambres d'Agriculture (CA) devraient recevoir une partie des sommes provenant des impôts fonciers prélevés sur le
monde agricole, rural et urbain.
-doter les CA de délégations de daïra composées d'équipes de 2 à 3 techniciens recrutés par les
adhérents paysans de la CA.
Coopération internationale, bénéficier du savoir-faire étranger
Il ne faut pas se voiler la face. De nombreux cadres des services agricoles sont restés dans des schémas techniques
datant des années 60. La formation passée et actuelle de techniciens et ingénieurs agronomes reste coupée des avancées techniques mais surtout organisationnel existant à l'étranger. Une mise à jour
des connaissances est indispensable. Or, dans le domaine de la céréaliculture en zone semi-aride plusieurs organismes (CIHEAM, ICARDA, FERT) possèdent une réelle expérience.
En Syrie, de 2005 à 2011, l'ICARDA a beaucoup travaillé sur l'agriculture de conservation et notamment a impulsé la
fabrication de semoirs low-cost par des artisans locaux. Quant à FERT, ses réalisations en Tunisie sont exceptionnelles : promotion du semis direct de céréales sous couvert de luzerne, mise au
point de mélanges fourragers (méteil) à base d'espèces fourragères locales, réalisation de témoignages vidéo en langue arabe.
Propositions :
-inviter les experts Australiens ayant travaillé auprès de l'ICARDA afin de stimuler la production
locale de semoirs pour semis direct par des entreprises et artisans locaux (les besoins en semoirs sont immenses),
-créer autour de ces experts internationaux et des experts locaux un cluster machinisme dans le but de
regrouper les intervenants de la filière afin d'améliorer le matériel spécifique aux céréales (semoirs, bineuses, herses, houes rotatives, moissonneuses-batteuses, ... etc),
-développer une coopération active avec FERT et les services agricoles Tunisiens impliqués dans
l'agriculture de conservation,
-donner, à qualité équivalente, la priorité à la production locale de petit matériel de manutention des
céréales (tapis roulants, vis sans fin, ...). Entreprises concernées (BEKAI, ...),
-stimuler la production nationale de cellules métaliques pour stockage des céréales (entreprises
concernées DJOUDI Métal, ...)
DU POINT DE VUE JURIDIQUE ET ORGANISATIONNEL
Actuellement, comme le note l'agro-économiste Omar BESSAOUD, c'est un véritable vide juridique qui entoure les
exploitations. Dans de telles conditions, des céréaliers sans terre se voient exclus des aides publiques et
cantonnés dans l'informel.
Concernant les coopératives de service et de collecte des céréales, de nouveaux droits devraient leur être octroyés afin
de susciter plus d'intérêt de la part des céréaliers.
Concernant les chambres d'agriculture, un premier bilan d'étape mérite d'être établi afin de renforcer la
représentativité des agriculteurs.
Foncier, officialiser la location des terres agricoles
L'existence d'un marché de la location des terres agricoles est normal. Rappelons qu'en France plus de 60% des
superficies cultivées n'appartiennent pas aux agriculteurs mais sont louées. Les pouvoirs publics ne doivent donc pas criminaliser ce genre de pratiques mais les encadrer comme cela se fait à
l'étranger.
Propositions :
-promulguer une loi sur le fermage.
-installer pour chaque zone agro-climatique, des commissions mixtes définissent annuellement les tarifs
de location des terres.
Statut des exploitations : éviter le morcellement
Au niveau de certaines exploitations familiales, il arrive que le travail des terres soit confié à un seul membre de la
famille. Il s'agit donc de légaliser ce genre de situation qui permet d'éviter le morcellement des exploitations.
Propositions :
-développer des formes juridiques telles les sociétés civiles d'exploitation agricole (SCEA).
-assurer un cadre juridique afin que les co-indivisaires puissent être rémunérés légalement.
Coopératives paysannes, offrir des avantages fiscaux et de nouveaux droits
En Algérie, il n'existe pas de véritables coopératives paysannes. Les CCLS usurpent cette dénomination. Elles ne sont que
des dépôts décentralisés de l'OAIC dont le directeur local est flanqué d'un conseil de gestion élu mais sans aucune prérogative.
Il s'agit de maintenir le monopole d'Etat sur le commerce du blé mais aussi, sur le long terme, de faire évoluer les CCLS
en de véritables coopératives céréalières tel que le défini le statut internationnal de la coopération.
Les CCLS doivent être le lieu de formation de leaders paysans à même de s'affranchir à terme de la tutelle de
l'administration.
A travers l'activité de leurs technico-commerciaux, les CCLS doivent montrer ce que pourraient être, à l'avenir, de
véritables coopératives céréalières de collecte et d'approvisionnement.
Propositions :
-envoyer à l'étranger des missions d'études pour étudier le fonctionnement de coopératives céréalières
de collecte et d'approvisionnement,
-laisser de façon générale plus de place à l'initiative paysanne dans la gestion des CCLS (exemple dans
la planification des travaux des unités motoculture des CCLS),
-attribuer aux technico-commerciaux des CCLS des zones régionales précises (secteur),
-rémunérer les technico-commerciaux des CCLS au volume d'engrais et de produits phyto-sanitaires vendus
dans leur secteur,
-rémunérer les technico-commerciaux des CCLS aux volumes de céréales collectées sur leur
secteur.
Coopératives paysannes, offrir des avantages fiscaux et de nouveaux droits
Il s'agit d'encourager les céréaliers à investir dans la création de coopératives paysannes de
collecte des céréales, d'approvisionnement (vente d'intrants agricoles). Ces coopératives existeraient aux côtés des CCLS et possèderaient une totale autonomie de gestion. Elles seraient organisées
selon le statut intérnational des coopératives agricoles.
Propositions :
-promulguer ou dépoussiérer la legislation actuelle afin de développer aux côtés des CCLS, des
coopératives selon le statut international de la coopération (part sociale, un adhérant pour une voix, recrutement du directeur par les adhérents). Ces coopératives concerneraient la collecte, les
approvisionnements et la transformation.
-encourager, à travers le maintien et le renforcement d'avantages fiscaux et financiers, la création de
Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) et de Cercles d'Echange de matériel.
Négoce des céréales
Une éventuelle adhésion de l'Algérie à l'OMC obligerait à revoir le monopole d'Etat sur les céréales. Comme au Maroc, une
telle adhésion devrait se traduire par la disparition de l'OAIC. Dans une telle optique, comment se préparer?
-envisager l'achat direct de blé local par les moulins privés et publics, cela par l'attribution de
quota sous forme d'enveloppes financières assurant la compensation entre prix à la production et prix de vente à la consommation.
Chambre d'agriculture, pour plus de représentativité
L'agro-économiste Omar BESSAOUD porte
un regard sévère sur le mode de fonctionnement des chambres d'agriculture: « Les Associations professionnelles agricoles sont créées dans le cadre de la loi sur les associations (quel que
soit leur type). Elles étaient quasiment inexistantes avant les années 1990, mises à part deux ou trois s’occupant de l’élevage. En 1999, on compte, d’après les services du ministère de
l’Agriculture, environ 1 300 associations regroupant 112 000 adhérents, toutes ayant été créées dans le cadre de la loi 90-31 sur les associations de 1990 (qui ne soumet plus à autorisation politique
la création d’associations de citoyens). Les associations de wilaya, nationales et régionales, ont pratiquement toutes été créées à l’instigation de l’administration agricole qui en avait besoin pour
mener à bien la mise en place des Chambres d’agriculture de wilaya et nationale. »
Propositions :
-baser les élections non plus par rapport aux associations professionnelles, mais sur la base des
adhérents selon la formule : « une personne, une voix »,
-décider que le secrétaire de chambre d'agriculture soit recruté par les adhérents et non plus nommé par
le MADR.
Grainetiers, partenaires des céréaliers
Comme déjà souligné, les céréaliers font de plus en plus appel aux « grainetiers » encore appelés
« négoce » ou secteur de l'« agro-fourniture » à l'étranger. A côté des filiales de grands groupes étrangers spécialisés dans les produits phytosanitaires (Syngenta, Bayer... etc)
ou les fertilisants (Timac, …) existe différents établissements à capitaux nationaux et de plus ou moins grande taille (ProFert, détaillants locaux…).
Dans le cadre d'une étude sur la plasticulture dans le Sud, l'agro-économiste Ali DAOUDI note l'apport technique mais
aussi financier de cette corporation aux exploitations. Dans le domaine céréalier, concernant les produits phytosanitaires et les engrais l'apport technique de l'agro-fourniture est indéniable. Grâce
aux spécialistes travaillant dans les maisons mères de ces sociétés, les agriculteurs Algériens sont en mesure de bénéficier de techniques nouvelles que les Instituts Techniques et la Recherche
Agronomique locale sont encore incapables d'apporter.
Propositions:
-assurer l'organisation de la corporation de l'agro-fourniture afin que les pouvoirs publics aient des
interlocuteurs identifiés et fiables,
-agir sur le secteur de l'agro-fourniture et des grainetiers à travers les outils que sont la TVA
(suppression/augmentation) et la fiscalité,
-définir, un cahier des charges en matière de vulgarisation technique (reconnaissance du travail des
agents technico-commerciaux, journées techniques, visite de parcelles, plate-forme de démonstration, …),
-définir les modalités d'un partenariat gagnant-gagnant entre agriculteurs et agro-fourniture. Exemples:
possibilité d'aides financières aux agriculteurs (sous forme d'avance sur récolte) ou d'achats groupés par des agriculteurs afin de bénéficier de prix de gros (l'idée étant également de favoriser la
coopération entre agriculteurs).
Pain, réduire le gaspillage
Les images de baguettes de pain jetées dans des poubelles constituent l'une des manifestations les plus visibles du
gaspillage du pain en Algérie. Le climat sec ou humide sur le littoral ne garantit pas une qualité durable à la baguette de pain (baguette parisienne).
Les solutions sont multiples : assurer une « vérité des prix » du pain (en Egypte, grâce à une carte à
puces, seuls les ménages à faibles revenus bénéficiient du soutien des prix), jouer sur les qualités boulangères des farines ou adopter des mesures de réutilisation du pain sec.
-étudier l'expérience égyptienne de cartes à puces pour les ménages à faible revenu,
-revoir à la hausse les paramètres technologiques des blés tendres importés,
-tester la vente au détail de pain sous forme de pâte fraîche levée ou congelée que les consommateurs
pourraient cuire chez eux à leur guise et selon leurs besoins,
-développer des formes de ré-utilisation par les boulangers-patissiers et les ménages du pain sec non
consommé (exemple sous forme de chapelure).
DU POINT DE VUE TECHNIQUE
Concernant les aspects techniques, il s'agit d'agir sur des points prioritaires. Contrairement aux régions d'Europe à
climat tempéré qui peuvent pratiquer des semis d'automne ou de printemps, dans le cas algérien toutes les grandes cultures (céréales, fourrages, légumes secs, oléagineux) sont à implanter lors d'une
seule période : l'automne. Cela engendre de fortes pointes de travail dans les exploitations qui ont de multiples conséquences négatives.
Par ailleurs, le contexte actuel est marqué par le réchauffement climatique. Il oblige à tenir compte des nouvelles
façons de procéder afin de valoriser au mieux l'humidité du sol. Dans ce cadre là, l'agriculture de conservation trouve toute sa place, notamment en agriculture pluviale (terres non irriguées). Afin
de maintenir le maximum d'humidité dans le sol, la lutte contre les mauvaises herbes constitue également une priorité.
Les propositions qui suivent seront à moduler selon les régions. Celles à haut potentiel pourraient se voir accorder une
attention particulière afin que ces techniques soient le plus rapidement adaptées.
De par les moyens dont elles disposent, les CCLS méritent toute l'attention. Leur contribution actuelle à l'inovation
agronomique concerne surtout les semences certifiées. Il s'agit de voir comment mieux utiliser leurs moyens afin de couvrir les autres aspects techniques: fertilisation et désherbage. Cependant, il
ne faut pas oublier que quelque soit leur mérite et dévouement, les services administratifs des CCLS, comme ceux des DSA et des Instituts techniques dépendant du MADR ne peuvent en aucune manière
remplacer
-
un corps de techniciens recrutés par des élus paysans des OPA,
-
les services technico-commerciaux des firmes d'amont et d'aval.
C'est à ces derniers que doit revenir à l'avenir l'animation de terrain.
Travail du sol : abandonner le labour
Le labour est une perte de temps et de carburant. Il est à l'origine de l'érosion des sols. Pourtant cette opération est
ancrée chez les agriculteurs. Après les opérations de labour, les façons superficielles relatives à la préparation du lit de semences sont longues et souvent inadaptéess. D'où un retard des semis et
également de faibles taux de germination-levée obligeant les agriculteurs à utiliser de plus fortes doses de semences.
Plus grave, en climat semi-aride comme les cultures semées au printemps sont rares, la majorité des semis se font à
l'automne d'où des pointes de travail à l'origine de retards de semis. Or, le cycle de vie des céréales se trouve raccourcit et le rendement réduit d'autant. La priorité est donc d'arriver à semer à
temps (octobre) et non plus jusqu'au mois de décembre.
Propositions :
-tirer un premier bilan de la
pratique du semis direct (à Sétif notamment),
-remplacer le labour par le semis direct pour mieux valoriser l'humidité du sol,
-remplacer le labour par le semis direct pour multiplier par 6 la vitesse de réalisation des semis (les
semis peuvent ainsi être réalisés avant décembre).
-équiper les unités motoculture des CCLS du semoir low-cost Boudour (produit par CMA-SOLA) afin de mieux
vulgariser ce type de matériel.
-envisager les moyens afin de dynamiser les ventes du semoir Boudour (seuls 15 exemplaires construits à
ce jour).
En zone steppique il existe des zones au sol assez profond pour pratiquer des cultures de céréales irriguées ou non. Des
possibilités d'une céréaliculture extensive existent. Elle peut permettre la production
Mais il s'agit d'adopter les mesures agro-écologiques adaptées au milieu fragile de la steppe. Dans la mesure où l'aléas
climatique rend plus aléatoire les récoltes en grains, il devient indispensable de réduire les coûts de production. Dans cette optique le semis-direct présente un fort intérêt et les récoltes
pourraient être même envisagées en utilisant des moissonneuses-lieuses (spicadora) dont bon nombre fonctionnent encore.
Propositions:
-interdire les labours et travail au cover-crop,
-promouvoir le semis direct,
-poursuivre la politique initiée par le HCDS de construction de sed de dérivation dans le lit des oueds
en utilisant les images satellitales afin de déterminer les meilleurs emplacements,
-construire des semoirs adaptés à l'irrigation de submersion (cas de l'irrigation liée au sed de
dérivation) en utilisant la technique dite du "raised-bed" développée en Egypte par l'Icarda (voir fiche technique sur le site "Impact Sciences" de l'Icarda).
Travail du sol, transformer les semoirs conventionnels en semoirs pour semis direct
Le manque de semoirs pour semis direct est actuellement crucial. Selon l'expert australien Jack Desbiolles ayant testé
sur le terrain le semoir conventionnel fabriqué à Sidi Bel-Abbès par CMA-SOLA, il est possible de transformer ce semoir conventionnel à dents en double spire en semoir pour semis direct. Cela est en
effet possible dans le cas des sols meubles et non caillouteux en suivant les modalités suivantes.
Propositions:
-
enlever 4 des onze dents du semoirs,
-
espacer ces dents afin de réduire les forces s'exerçant sur le chassis du semoir et pour éviter tout
bourrage avec les résidus de récolte,
-
remplacer l'actuelle pointe des dents par des dents plus étroiutes afin de renforcer la pénétration des
dents dans le sol et afin de réduire les efforts de traction sur le tracteur,
-
renforcer si besoin l'armature du chassis du semoir,
Travail du sol, cas des 24 semoirs SD SOLA acquis par les CCLS
L'OAIC a acquis 24 semoirs à gros gabarit pour semis direct. Il s'agit de semoirs
portés de marque SOLA. Le fait que ces semoirs soient portés exige d'utiliser des tracteurs de forte puissance. Par ailleurs, étrangement, le modèle de semoir importé ne comporte qu'une trémie à
grains et pas de trémie à engrais. Or, les CCLS peuvent avoir un effet d'entrainement à propos du semis direct lorsque celui-ci est correctement réalisé (dépot de la semence et de l'engrais en même
temps).
Propositions:
Désherbage : développer la lutte chimique et mécanique
En milieu semi-aride, les céréales poussent dans un contexte marqué par le manque d'eau. Assurer une lutte implacable
contre la concurence exercée par les mauvaises herbes permet donc d' assurer une meilleure alimentation hydrique aux plantes. C'est l'un des principaux facteur limitant des cultures.
Propositions :
-favoriser le désherbage chimique en prenant les mesures adéquates permettant une plus grande
disponibilité (quantités, prix) en désherbants chimiques et en matériel (pulvérisateurs, citernes d'eau).
-favoriser le désherbage mécanique en rendant disponible bineuses, herses étrilles et houes rotatives
(cette démarche initialement propre à l'agriculture biologique européenne se développe aujourd'hui en agriculture conventionnelle).
-demander aux concessionnaires de faire connaître tout type de matériel de désherbage mécanique en
important les outils adaptés.
-réduire temporairement les droits de douanes sur l'importation de bineuses, houes rotatives et herses
étrilles.
-initier la construction locale de bineuses, houes rotatives et de herses étrilles par des artisans
soudeurs et par le groupe PMAT.
-encourager la fabrication de ces engins en accordant une aide financière et matériel à tout constructeur local (ces engins, peu sophistiqués peuvent être aisément produit localement).
-envisager de recourir à la pulvérisation par avion.
Désherbage : développer la concertation avec les constructeurs et importateurs
L'industrie locale produit des pulvérisateurs et divers outils de désherbage dont des bineuses. Il s'agit de
perfectionner le matériel existant (pulvérisateurs et bineuses) et de fabriquer les engins ayant fait leur preuve à l'étranger (herses étrilles, houes rotatives).
Propositions:
-réunir les fabriquants (petits et grands, public et privés) et chercheurs au niveau d'un cluster afin
de construire bineuses, herses rotatives et herses étrilles mais également d'envisager une modernisation des modèles de pulvérisateurs construits localement par PMA.
Fertilisation : développer la localisation des engrais
En Algérie, les sols calcaires et secs réduisent l'absorption des engrais par les plantes (surtout dans le cas des
engrais phosphatés). La solution passe donc par leur localisation au plus près des semences lors du semis. Par ailleurs, il semble que des intermédiaires spéculent sur le prix des engrais.
Propositions :
-vulgariser la technique de localisation des engrais au semis des céréales et des légumes secs. Et cela
que ce soit par le biais de l'emploi de semoirs pour semis direct ou conventionnel.
-demander la possibilité de faire installer une deuxième trémie pour les engrais sur les modèles de
semoirs conventionnels produits par l'entreprise CMA-SOLA à Sidi Bel-Abbès.
-demander de faire installer une deuxième trémie pour les engrais sur les modèles de semoirs
conventionnels produits par des artisans soudeurs.
-équiper les semoirs conventionnels des unités motoculture des CCLS d'une deuxième trémie à engrais
permettant de localiser les engrais et ainsi de contribuer à vulgariser ce type de matériel et de pratique.
Fertilisation azotée: développer l'analyse des reliquats azotés en sortie hiver
Dans le sol l'azote possède une dynamique particulière qui nécessite des analyses
de sol en sortie hiver. Sinon, il est difficile d'adapter la dose d'azote aux caractéristiques des parcelles. Conséquences: moindres rendements et moindre qualité des grains (mitadinage et faible
poids spécifique).
La situation sécuritaire oblige à l'utilisation d'urée à la place d'ammonitrate.
Les exploitations se trouvent défavorisées du fait des pertes par volatilisation de l'urée apportée en couverture. Ces pertes sont accrues par temps de vent et par temps sec. Bon nombre de céréaliers
se plaignent des coûts élevés des engrais azotés.
Propositions:
-demander aux propriétaires de moulins de réaliser les analyses
de l'azote du sol,
-demander aux autres opérateurs locaux (Fertial, laboratoires
privés et d'universités, ...) de réaliser les analyses de l'azote du sol,
-publier en temps réel, sur les sites internet
des opérateurs locaux (DSA, chambres d'agriculture, ...) les résultats de ces analyses d'azote afin d'indiquer aux agriculteurs n'ayant pas effectué d'analyses la tendance annuelle,
-favoriser (par des outils à développer) les pratiques
d'enfouissement de l'urée apporté en couverture afin de réduire les fortes pertes enregistrées par volatilisation.
Semences certifiées
Grâce à l'acquisition d'un matériel moderne et d'un réseau de multiplicateurs les
CCLS usinent des lots conséquents de semences certifiées. A côté de de type de semences, il s'agit de favoriser l'amélioration qualitative des semences de ferme.
-favoriser par l'importation temporaire et l'encouragement de la
production locale la disponibilité en tarare,
-favoriser par l'importation temporaire et l'encouragement de la
production locale la disponibilité en engins de traitement des semences,
-reconnaître et encourager le tri et le traitement à façon des
semences de ferme par des unités mobiles appartenant à de petits investisseurs privés (exemple Ansej).
Rotations des cultures, développer l'alternance
Du fait de la prime de 1000 da/ha, les surperficies de blé dur se sont
considérablement développées depuis 2008. Ce retour fréquent de céréales à pailles sur les parcelles s'est accompagné d'une cohorte de ravageurs (petits rongeurs, parasites divers dont insectes et
nématodes, mauvaises herbes). La lutte contre ces nuisances passe par un allongement des rotations. Dans ce cadre là, selon les étages bio-climatiques, les cultures industrielles et fourragères ont
toute leur place.
-obliger les raffineurs d'huile et de sucre importés à
développer par contractualisation des cultures industrielles locales,
-obliger les producteurs locaux d'aliments du bétail à
développer par contractualisation les cultures permettant un remplacement partiel du maïs et soja importé. Il s'agit de l'orge, triticale, féverole, colza...
Afin de tenir compte de l'élevage ovin souvent associé à la céréaliculture, il
est indispensable d'utiliser les techniques permettant d'améliorer l'offre fourragère: cultures associées, méteil, sursemis des jachères pâturées.
-vulgariser la culture associée de céréales et de luzerne
(variété africaine) développée en Tunisie par l'ONG française FERT (l'optimum de croissance de chacune des cultures étant décalé, il est possible de les cultiver en même temps sur la même
parcelle),
-vulgariser la culture de mélanges fourragers (méteil)
comportant orge, vesce, sulla et fenugrec développée en Tunisie par l'ONG française FERT,
-vulgariser les techniques de "sursemis" consistant à semer sans
labour et à moindre coût les jachères pâturées avec des espèces fourragères plus productives que la flore spontannée,
-assurer la production de semences nécessaire afin de permettre
de cultiver des mélanges tels pois-triticale mais aussi méteil ou le traditionnel mélange vesce-avoine.
Obtention de références techniques
Il est illusoire de faire progresser à la même vitesse l'ensemble des céréaliers.
Mais les innovations peuvent se répandre à la faveur d'agriculteurs leaders.
Dans cette optique, il est impératif d'acquérir des références techniques
locales. Cela peut se faire par l'édition de "carnets de champs" permettant de noter l'itinéraire technique de leurs parcelles. Un technicien local peut alors récupérer le maximum de données et les
rentrées sur un tableur afin de comprendre quel a été l'itinéraire technique des meilleures parcelles.
Propositions
- faire éditer par l'ITGC, les DSA ou les CCLS des carnets de
champs (ils pourront être sponsorisés par des firmes de l'agro-fourniture).
Mise en oeuvre des aspects techniques, aspects généraux
La mise en oeuvre des aspects techniques ne peut être confiée aux DSA ou stations
de l'ITGC mais à des techniciens recrutés (pour des contrats de 2 à 3 ans renouvelables) par:
-
les élus paysans d'associations professionnelles locales,
-
les élus paysans de Chambre d'Agriculture,
-
les élus paysans de coopératives céréalières,
-
les services techniques des moulins privés (voir le cas de Groupe
Benamor).
Des contrats courts permettront de ne conserver que les techniciens les plus
motivés par l'animation de terrain. Leur recrutement et financement par leur employeur paysan permettra
-
d'exiger une obligation de résultats,
-
d'éviter le sempiternel problème de la voiture de fonction en
leur demandant d'utiliser leur véhicule personnel en se faisant rembourser les frais kilométriques suite à leurs déplacement dûment justifiés.
Si les références techniques de base sont fournies par les stations de l'ITGC et
par l'INRAA, les références techniques locales ne peuvent que provenir de pratiques novatrices paysannes et d'essais locaux de techniciens de terrain motivés travaillant sur des parcelles
d'agriculteurs.
Mise en oeuvre des aspects techniques, cas particulier des moulins et unités d'aliments du
bétail
Ce sont les pouvoirs publics qui
-
dotent les moulins et unités d'aliments de bétail de quotas de
matières premières importées,
-
assurent à ces investisseurs privés l'exclusivité sur un marché
protégé par de fortes barrières douanières,
-
privilégient le secteur de l'agro-transformation privée au
dépend du secteur coopératif (voir la puissance des coopératives paysannes en France, Pays-Bas, Irlande ou Nouvelle-Zélande).
Aussi, la puissance public est en mesure d'exiger, en échange,
plus de patriotisme économique. Cela, à travers la mise sur pied de services techniques d'appui à la production afin d'encourager la production de matières premières locales.
Dans ce cadre là, ce secteur de l'agro-transformation doit être en mesure de
déployer les efforts nécessaires de vulgarisation. En s'appuyant sur des techniques de management moderne et d'intéressement des technico-commerciaux, cette action d'animation de terrain présente une
efficacité bien supérieure à celle que les services agricoles peuvent offrir.
DU POINT DE VUE FISCAL
Un impôt pour les terres en jachère
Actuellement, une proportion non négligeable de surfaces agricoles ne sont pas emblavées (jachère). Les causes sont
diverses. La mise en œuvre d'un impôt agricole au prorata de la superficie des exploitations agricoles pourrait pousser propriétaires et fermiers à les travailler ou les louer.
Par ailleurs, il s'agit de permettre à ces exploitants de s'affranchir du labour. Cela, par une meilleure disponibilité
en semoirs pour semis direct. Ils permettent de réduire les coûts de mécanisation et donc les besoins de financement des exploitants. Plus de surfaces pourraient donc être emblavées chaque année en
céréales. Ce phénomène d'augmentation des surfaces emblavées a été observé en Espagne avec l'introduction du semis direct.
Propositions :
-imposer fiscalement les terres laissées en jachère,
-alléger le coût de l'implantation des céréales pour les petites exploitations ne disposant pas de leur
propre matériel, en renforçant le service motoculture des CCLS,
-alléger le coût de l'implantation des céréales pour les petites exploitations ne disposant pas de leur
propre matériel, en assurant une plus large disponibilité en semoirs pour semis direct.
2 . Des propositions destinées aux céréaliers, cadres de terrains et élites rurales.
Il s'agit là d'actions à entreprendre en dehors des cadres administratifs habituels. Des initiatives doivent être prises
par les céréaliers, les membres de la filière et les élites rurales. Il ne faut plus se contenter dans un attentisme.
JURIDIQUEMENT
Le vide juridique qui entoure actuellement les exploitations ne pourra être comblé au plus vite que par des pressions
venues des premiers concernés.
Fermage : définir des barèmes de location des terres pr chaque
wilaya
Face à l'immobilisme des pouvoirs publics concernant le fermage, c'est aux acteurs de terrain de préparer les conditions
à la venue de ce statut. Cela peut commencer par la création de commissions locales de fermage au sein de l'UNPA, Chambre d'Agriculture ou associations professionnelles définissant les barèmes de
location des terres à céréales. Selon la fertilité des sols des différentes zones dans une wilaya, peuvent être définis des montants de location ; exemple : 4 quintaux de blé par hectare loué et par
année.
Fermage : définir les fondements du fermage
Les commissions définissant le barème de location des terres agricoles, ou tout autre collectif paysan ou rural
pourraient élaborer ce que devrait être la loi sur le fermage. A partir des traditions locales et au regard de considérations juridiques il s'agit de fixer les modalités du bail pour la terre et les
bâtiments.
ECONOMIQUEMENT
Exploitations : développer des moulins paysans
Etant donnée la rentabilité de la transformation du blé, les céréaliers ont avantage à s'intéresser à ce type d'activité.
Cependant, rien n'est prévu afin qu'ils reçoivent les mêmes compensations financières que les moulins privés. Aussi, pour le céréalier, se lancer dans la transformation tout en étant concurrentiel
passe par la réduction de ses coûts de production et par la recherche de niches : farine et semoule bio et/ou complète, fabrication artisanale de couscous ou de pâtes alimentaires. Loin d'être une
vue de l'esprit, ce type de démarche est indispensable afin d'arracher des concessions aux pouvoirs publics qui ne privilégient actuellement que les transformateurs.
On lira à ce propos l'analyse de l'agronome Denis Pommier qui a longtemps travaillé en Tunisie dans le cadre de la
coopération avec l'UE.
Cette production de semences de vesce est originale; elle utilise la féverolle comme tuteur.
Consulter à ce propos le travail du Pr Omar BESSAOUD.
Loi n° 90-31 du 4-12-90 relative aux associations. ÉCONOMIE RURALE 303-304-305/JANVIER-MAI
2008.
Ce type de matériel peut également intéresser les producteurs de cultures maraîchères.
On peut penser à des exonérations fiscales et ou baisse de TVA.
ALGERIE, HOLD-UP SUR LE FONCIER
Nous proposons à nos lecteurs un article édifiant sur le hold-up des terres arch en Algérie. Cet article documenté est de l'économiste Omar Bessaoud,
notamment spécialiste du droit foncier. Il nous semble que le Hirak doit avoir un prolongement dans le domaine agricole. Il faut s'opposer à la dépossession de la terre arch des petits agriculteurs.
En effet, les rapaces qui veulent s'accaparer cette terre vont aussi s'accaparer comme en Andalousie d'un droit de pompage de l'eau dans les nappes phréatiques. Cela demande vigilance de chacun.
Djamel BELAID.
ps: merci de la confiance des lecteurs. Le compteur indique à ce jour le chiffre de 1,2 millions connexions. Les contributions patriotes de chacun pour
développer une agriculture durable, qui réduit la dépendance alimentaire et qui crée des emplois sont les bienvenues.
Economie politique du
pillage du foncier agricole
Publié par LSA
le 19.06.2019 , 11h00
Par Omar Bessaoud, économiste
L’ex-wali d’El-Bayadh et l’Office national des terres
agricoles (Onta) ont pris, tout récemment, la décision d’annuler une concession de terres accordée à Ali Haddad d’une superficie de 50 000 ha. Plus récemment, des citoyens de Blida ont dénoncé,
auprès du wali, les attributions abusives de terres à des clients du régime et réclamé leur restitution. Les scandales liés au détournement du foncier ou d’attribution en violation des lois du pays
révèlent à l’opinion publique l’une des sources d’enrichissement illégitime de nombreux affairistes et des appétits sans limite d’une classe de prédateurs aidés en cela par l’Etat
makhzénien.
La liste des hommes d’affaires qui ont bénéficié des largesses
des autorités et des institutions publiques (services agricoles, Onta) dans cette région du pays est longue, car de nombreuses mesures foncières — prises sous le prétexte de la réalisation de
«projets structurants», selon l’expression du ministère de l’Agriculture — ont facilité ces quasi-acquisitions. Le projet de privatisation des terres arch est aujourd’hui estimé entre 2 et 2,5
millions d'hectares, et un groupe de travail a été mis en place l’automne 2018 avec le ministère de l'Intérieur pour enquêter sur les exploitants de ces terres, «afin de les sécuriser et doter ses
occupants d’actes administratifs».
Pour n’évoquer que le cas de la wilaya d’El Bayadh, rappelons
que plus de 360 000 ha de terres qui ont le statut de arch auraient été délimités pour être redistribués à des affairistes influents parmi lesquels — et la liste n’est pas exhaustive — le groupe de
Abdelmalek Sahraoui (bénéficiaire de 18 000 ha), le fils Tahkout (à qui l’on vient de reprendre les 8 000 ha concédés), le groupe Lachheb (35 000 ha) et Sami Agli (actuel candidat à la présidence du
FCE, concessionnaire de 5 000 ha)…
Le compromis historique, qui date de l’ère coloniale
(sénatus-consulte de 1863), était que même si ces terres sont toujours classées dans le domaine de l’Etat, les droits historiques de possession sont exercés par les tribus locales, et la coutume en
vigueur était que les attributions individuelles se réalisaient avec l’assentiment des représentants des communautés rurales locales.
Ces concessions à grande échelle aux milieux d’affaires nous
rappellent celles que Napoléon III et le IIe Empire (1850-1870) avait accordées en 1865 à de riches entrepreneurs, aux banques et autres sociétés financières. Près de 350 000 ha avaient ainsi été
distribués et livrés à la spéculation (concession de 25 000 ha à la société française de l’Habra et de La Macta, de 100 000 ha localisés pour l’essentiel dans l’est du pays, vastes concessions de
terres du domaine de l’Etat à l’ouest…).
Les cas d’attribution de terres de l’Etat aux entrepreneurs
nationaux que nous venons d’évoquer ne sont pas isolés. Tous les nouveaux riches (affairistes, commerçants, grands propriétaires, industriels, dignitaires et clients du système) se sont empressés, au
cours de ces quatre dernières décennies, soit de racheter à des bénéficiaires, souvent démunis de moyens, les actifs fonciers attribués par l’Etat, soit ont bénéficié de concessions foncières du pays
à la faveur des mesures foncières adoptées par les différents gouvernements depuis la présidence de Chadli… La réforme agricole de 1987 a été le prélude au détournement du foncier hérité de la
colonisation : rappelons-nous la publication, en 1990, par El-Moudjahid, et ce, à l’initiative du gouvernement Hamrouche, des listes des attributions illégales de terres.
De très nombreux scandales ont, depuis, jalonné l’histoire
foncière du pays. Rappelons, à titre d’exemple, les attributions d’assiettes foncières par les responsables élus du FIS en 1990 qui ont effacé du paysage agricole le périmètre irrigué du Hamiz, à
l’est d’Alger.
L’histoire du foncier rural algérien est riche d’épisodes, où
l’accumulation des richesses matérielles et l’accaparement des terres se sont réalisés dans un climat de violence politique et sociale extrême. C’est, par exemple, au cours des années 1990 que l’on a
observé une accélération des processus d’accaparement des terres agricoles de l’Etat. La terre changera de main à la faveur de la décomposition des collectifs ouvriers, et toutes les réformes
agricoles (loi 87/19 et la loi foncière 90/25 de décembre 1990 pour laquelle le FIS avait beaucoup milité) ont été favorables à l’émergence d’investisseurs privés mieux dotés en capitaux (monétaires,
physiques ou sociaux) et bien mieux insérés aux marchés des produits agricoles (souvent spéculatifs) que la majorité des fellahs.
Les fortes pressions exercées par certains industriels,
relayés par des réseaux politiques influents, ont souvent brisé les résistances des collectifs ouvriers des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC/EAI), disqualifiés par les
banques dans l’accès aux crédits, les actes administratifs établis ne présentant pas une garantie suffisante.
De nombreux attributaires se sont vu ainsi proposer des
millions (de 200 millions de centimes à 1 milliard) dans la Mitidja pour la cession des actifs fonciers qui leur avaient été attribués par l’Etat. Les quelques enquêtes instruites par les services de
l’Etat, à l’instar de l’IGF (Inspection générale des finances), ou de la Cour des comptes ont attesté de ces pratiques totalement illégales. Nous citerons pour mémoire l’affaire du domaine Bouchaoui
(que la presse avait évoquée en 2006), et où l’enquête de la Gendarmerie nationale décrivait les pratiques d’industriels puissants dans l’accaparement de parcelles agricoles d’EAC, en violation même
des textes régissant la cession des droits d’exploitation des terres du domaine privé de l’Etat.
Un groupe immobilier, celui du richissime homme d’affaires
libanais Hariri, s’était même porté candidat pour acquérir des terres agricoles de ce domaine dans le but de réaliser un projet immobilier ; on affectera ces terres à un projet national réalisé par
le directeur de la Société d’investissement hôtelier (Club-des-Pins). Que reste-il aujourd’hui du domaine Bouchaoui, l’un des premiers domaines autogérés, créé sur les terres du colon Borgeaud, et
qui fut un symbole de la colonisation des terres algériennes ?… Si le vent libérateur qui soufflait en 1962 avait permis aux ouvriers agricoles d’accomplir la tâche historique de transférer au jeune
Etat national, en voie d’installation, les terres coloniales spoliées au peuple algérien et à la paysannerie, des vents contraires portés par le climat libéral des années 1990 aura eu raison de cette
période. «Les capitalistes qui rôdent autour des agriculteurs ont déjà acheté locaux, étables et bâtisses en tous genres. Ils louent leurs terres à l’année et achètent à l’avance les productions. Ils
sont largement entrés dans les territoires des exploitations de l’ancien domaine autogéré», témoignait un ouvrier agricole d’une EAC à un journaliste d’investigation… Le bilan de ces pratiques
d’accaparement reste à établir : que sont devenus, par exemple, les actifs fonciers (ne parlons pas des actifs économiques) des centaines de coopératives communales de services, des offices nationaux
(terrains et hangars des Offices des fruits et légumes, l’Office du matériel agricole… et des autres SAP) dissous, sans fondement juridique, et effacés définitivement du paysage agricole ? Quel bilan
peut-on faire de toutes les mesures liées à l’accession de la propriété foncière agricole (APFA) qui date, faut-il le rappeler, de 1983 (il y a donc plus de 35 ans), et quels sont les résultats des
grandes exploitations modèles créées à cette époque et équipées de forages, de pivots, très souvent soutenus à coups de subventions publiques, et qui nous promettaient un nouvel eldorado
?
La nation s’est-elle enrichie et a-t-elle gagné en termes de
sécurité alimentaire, et la population achète-t-elle moins cher les fruits et légumes produits sur ces nouveaux périmètres ? Quels sont les groupes qui contrôlent aujourd’hui les actifs fonciers
agricoles de l’Etat, plus de cinquante ans après la récupération des terres coloniales ?
Le bilan provisoire que l’on peut établir est que si l’offre
agricole (de lait, de céréales, de fruits ou de légumes) est aujourd’hui plus abondante, cela résulte essentiellement du travail de centaines de milliers de producteurs agricoles familiaux de petite
et moyenne échelle, et de l’effort de familles paysannes de toutes les régions du pays, qui ont su mobiliser leurs ressources et tirer profit d’investissements publics inédits dans l’histoire
agricole du pays (dans le domaine de l’irrigation agricole et la mise en valeur des terres, de l’équipement en matériel, de l’approvisionnement en intrants agricoles, de l’encadrement technique…).
Avec les multiples fonds créés dans le cadre du Programme national de développement agricole au début des années 2000, le secteur agricole a été, comme on le sait, l’un des premiers secteurs
économiques à bénéficier des plans de relance de l’économie nationale — plus de 500 millions de dollars/an entre 2000 et 2007 et plus de 1,5 milliard de dollars/an sur la période quinquennale
2010-2014.
Les grands concessionnaires ont, quant à eux, été davantage
intéressés par la rentabilité financière (qui est fondée sur l’intérêt privé et non sur l’intérêt général) d’une agriculture de mieux en mieux dotée en ressources (eau et terre, capital, matériel),
et fortement motivés par la conquête des marchés (nationaux et étrangers) ; ils ont combiné, dans leurs stratégies d’expansion, mobilisation des fonds publics, fonds privés et fait valoir un
partenariat technique étranger, qui s’est révélé très souvent défaillant. Comme l’évoquait la presse en novembre 2016, la concession agricole était devenue, «après l’importation, le commerce des
grandes-surfaces, l’immobilier ou le BTP», le «nouveau business juteux des dirigeants algériens». Ils se sont portés candidats à la concession de terres dans le cadre de la mise en valeur mais aussi
au partenariat public-privé qui a concerné, non seulement les terres des EAC, mais surtout aussi les terres des fermes-pilotes, terres qui sont, comme tout le monde le sait, les terres les mieux
situées et les plus fertiles du pays.
Les principaux partenaires algériens identifiés dans le cadre
de ce partenariat public-privé sont pour leur majorité des groupes de l’agroalimentaire (Sim de Blida, Sarl Hodna Lait, Cevi-Agro Alger, Laacheb de Blida, la Société Tifralait, le groupe Safruit…),
ou des «professionnels» impliqués dans le développement de filières agricoles, des commerçants, des propriétaires de biens immobiliers ou des hommes politiques. Certains hommes d’affaires se sont
même vu attribuer plusieurs fermes-pilotes (de 100 ha en irrigués dans la plaine de la Mitidja à près de 1000 ha dans d’autres régions agricoles du pays), en violation des règles et lois agricoles du
pays.
L’on connaît le sort politique qui a été réservé à l’ancien
Premier ministre Tebboune qui avait décidé en juin 2017 de remettre en question les décisions de l’ancien Premier ministre Sellal d’attribuer des terres de fermes-pilotes au profit de ces hommes
d’affaires alliés du système, voire d’autoriser des sociétés étrangères à bénéficier de ce partenariat… A quoi donc aura servi la lutte engagée par le peuple algérien pour recouvrer sa souveraineté
et récupérer, en 1962, des terres spoliées par le colonisateur pour les transférer, un demi-siècle plus tard, à d’autres «colonisateurs»?… L’accès à la rente foncière était ouvertement mise au
service d’une rente politique, et l’on est loin ici des formes d’alliance politique avec la paysannerie que le mouvement national avait su tisser au cours de l’histoire récente pour libérer le pays
de l’oppression et de l’exploitation coloniale.
Le partenariat public-privé et l’attribution de grandes
concessions aux investisseurs privés ont donc été autant de mécanismes qui ont contribué à transformer les conditions d’accès à la terre ; ils sont à l’origine d’un ordre foncier qui a été mis au
service de groupes qui ne sont pas des «gens de terre» (pour reprendre une expression de Jacques Berque), et donc est non seulement injuste socialement, mais aussi inefficace sur le plan
économique.
Face aux changements climatiques qui se profilent, cet ordre
foncier menace, par ailleurs, gravement des ressources naturelles, objet aujourd’hui d’une exploitation minière, car, comme dans tous les secteurs où l’Etat cède des actifs naturels ou distribue
généreusement des soutiens financiers, aucun instrument ne permet de contrôler efficacement l’usage réel qui est fait des communs ou des ressources foncières partagées.
Le mouvement en cours dans notre pays et la dénonciation de la
corruption et du pillage de nos ressources qu’il développe («klitou lebled ya serraqine») concernent aussi la terre et l’eau qui sont des patrimoines naturels que la nation
partage.
La question de la préservation de ces ressources naturelles
est d’une importance vitale pour l’avenir du pays (ses sécurité et souveraineté alimentaires, l’emploi, le développement des territoires ruraux…). Il est temps de mettre fin à ce pillage, à la
dégradation de nos ressources, et de renouer avec les aspirations historiques d’un peuple qui a libéré le pays du système colonial, et qui exprime aujourd’hui sa fidélité à nos martyrs, peuple qui
s’est mobilisé pour garder le contrôle des terres des colons après l’indépendance.
Le message profond que le mouvement en cours nous invite à
entendre est que ces terres algériennes spoliées par le système colonial ne doivent aucunement être de nouveau confisquées par un système politique et économique fondé, lui également, à la fois sur
l’appropriation individuelle et à grande échelle des terres qui appartiennent à la nation entière, sur la confiscation des droits historiques des communautés rurales du pays et sur l’exploitation du
travail paysan.
O. B.
MINISTERE DE L'AGRICULTURE
CHERIF OMARI, UN MINISTRE QUI FAIT LE JOB.
Djamel BELAID 26 juin
2019
Depuis sa nomination comme ministre de
l'agriculture, Mr Chérif OMARI est sur tous les fronts: là il récompense des producteurs d'huile d'olives, ailleurs il inspecte sur le terrain le dispositif de réception des céréales. Pour faciliter
les livraisons de céréales, cet ancien universitaire a annoncé que la seule possession d'une carte d'identité pouvait suffire pour livrer son orge au niveau des CCLS. Mieux, il a annoncé pour
septembre la tenue d'une conférence sur la production des céréales où tous les membres de la filière seraient invités et toute proposition écoutée. La question qu'on est en droit de se poser concerne
la liberté de manoeuvre dont dispose le ministre.
CHERIF OMARI, UN LANGAGE
NOUVEAU
Depuis sa nommination, Mr OMARI nous a
habitué à un langage nouveau. A propos du sempiternel débat sur les statistiques agricoles, récemment, il n'a pas hésité à adresser ce message aux directeurs départementaux de l'agriculture: adressez
nous vos chiffres, qu'ils soient bons ou mauvais (voir notre article sur ce sujet).
Puis toujours lors de la même réunion, il
n'a pas hésité a tancé les cadres départementaux à propos des dossiers d'agrément de coopératives. Il avait reproché les batons mis dans les roues de la part de l'administration agricole, lançant "le
bon cadre, c'est celui qui en fin de journée a contribué à faire avancer des dossiers et non pas celui qui l'a passé à en refuser" (voir la déclaration précise sur le site du
MADR).
Enfin, il a indiqué que "notre agenda
n'était pas politique, mais était l'agenda de l'auto-suffisance alimentaire" citant en exemple la contrariété que lui occasionnait la vue de bateaux déchargeant des conteneurs dans le port d'Alger".
S'écriant alors: "notre ennemi, c'est le conteneur".
De telles déclarations très iconoclastes et
donc en totale rupture avec le ronronnement des précédents ministres peut étonner. Est-ce des slogans si souvent entendus ou bien s'agit-il d'une nouvelle politique en réponse au tsunami politique
que constitue le Hirak?
CHERIF OMARI, COMBIEN DE
DIVISIONS?
Différents indices indiquent semblent
confirmer l'idée d'une assez grande liberté de manoeuvre dont disposerait le ministre. Le ton et l'assurance affichée montrent que le ministre a reçu, de la part de ses supérieurs ou directement de
la part de Mr GAÏD SALAH, l'objectif d'accélérer le redressement du secteur agricole.
Lors de ses visites de terrain et lors de
réunions au sein de son ministère, Mr OMARI a multiplié les interventions. Celles-ci ont été largement diffusées par le service de presse du MADR. Nous en retiendrons quelques
unes.
A propos de la réception des céréales au
niveau des CCLS, Mr OMARI a déclaré que dorénavant les silos seraient ouverts de la levée du jour à la tombée de la nuit et même plus si cela était nécessaire. Il a fait ces déclarations en présence de Mr Mohamed BELABDI, DG de l'OAIC. A priori, c'est à ce dernier que revenait le rôle
de faire de telles annonces. A une autre occasion, il a ajouté qu'à l'avenir il suffisait de la seule présentation
d'une carte d'identité pour livrer sa récolte d'orge au niveau des CCLS. Là aussi, une telle déclaration revenanit à Mr BELABDI.
Lorsqu'on connaît le zèle de chaque
administration à défendre son pré-carré, le fait que Mr OMARI empiète sur les prérogatives de l'OAIC est un signe clair de son poids politique.
Un autre signe qui ne trompe pas consiste
en l'annonce pour septembre d'une conférence sur l'intensification de la production des céréales. Mr OMARI a déclaré qu'elle serait largement ouverte à tous les opérateurs de la filière et qu'il
souhaitait qu'à l'occasion un choc de rupture permette de donner une nouvelle dynamique à ce secteur.
CEREALES, PLUS QUE DES
MESURETTES
L'assurance que met Mr OMARI dans ses
déclarations, montre clairement qu'il a reçu des consignes venant de haut lieu. Il faut dire que la situation est dramatique. Dans un contexte de baisse des rentrées liées aux hydrocarbures, les
importations annuelles de céréales tournent autour de 2 milliards $. Or, relancer le secteur céréalier ne peut plus se faire à coups de subventions comme lors de ces dernières années. Certes, Mr
OMARI a récemment abordé la revalorisation des prix à la production des céréales, mais il les a lié à la nécessaire ré-indexation des barèmes d'agréage. On peut donc penser que cette ré-indexation
concernera principalement les céréaliers s'inscrivant dans une démarche de qualité. Ce qui est loin de représenter la majorité de la profession.
Aujourd’hui, ce qui bloque la production
céréalière peut être résolu autrement que par la manne financière publique. Les pouvoirs venant d'indiquer qu'ils renonçaient à la planche à billets, on peut penser que c'est la voie de la
rationalisation de la filière céréales qui a été choisie. Et justement en la matière, les stratégies à déployer ne manquent pas. Il suffit pour cela de lire des agro-économistes Omar BESSAOUD de
l'Académie de l'Agriculture de France ou Ali DAOUDI de l'ENSA d'El Harrach.
FERMAGE ET
CONTRACTUALISATION
Le premier déplore le manque d'un statut du
fermage qui pourrait sortir de l'informel bon nombre de céréaliers. Dans un pays qui compte une très grande majorité de petites exploitations de 5 à 10 hectares – il faut tenir compte du
démantellement des domaines auto-gérés et des coopératives datant des années 70 – il est illusoire de penser que ce sont les petits propriétaires fonciers qui travaillent leur terre. Celle-ci sont
souvent louées à des éleveurs de moutons ou à des céréaliers sans terre et donc sans carte de fellah. C'est à dire à des céréaliers ne bénéficiant pas de l'aide publique. Comment donc leur demander
d'intensifier leur production dans ces conditions: absence de prêts de campagne, absence de vision à long terme pour investir dans du matériel performant permettant de parer à l'aléas
climatique?
Par ailleurs, plusieur fois Mr BESSAOUD a
soulevé le risque de morcellement des terres agricoles en l'absence de textes juridique permettant la création de nouvelles formes d'exploitation des terres telles des sociétés civiles d'exploitation
agricole (SCEA).
Le second possède une réelle expertise en
matière de contractualisation agricole. Il a ainsi dirigé des études sur deux filières pionnières en matière de contractualisation: les filières lait et tomate industrielle. Mr DAOUDI serait tout en
mesure de proposer aux pouvoirs publics des dispositifs afin de développer la contractualisation dans le dommaine des céréales et des aliments du bétail (les deux étant liés du fait du principe des
rotations sur les parcelles agricoles). Si dans les deux cas étudiés, ce sont les fortes subventions agricoles qui avait dopé ces deux filière, cet économiste avait clairement indiqué qu'il pouvait y
avoir d'autres façons de procéder en faisant moins appel au budget publique.
Or, dans le domaine des céréales et de
l'aliment du bétail, il devrait être possible de demander aux transformateurs de mettre sur pied des réseaux d'appui technique aux céréaliers. Déjà quelques initiatives se font jour. C'est le cas
avec le groupe Benamor de Guelma et de Smid Tell à Sétif. Mais développer la contractualisation en matière de céréales implique d'assurer que les moulins privés ou publics puissent devenir des
organismes collecteurs. Or, dans un pays où le blé est l'aliment de base, le commerce de cette céréale a toujours été un monopole d'Etat. La solution pourrait passer par l'attribution de quotas
provisoires de collecte aux moulins publics et privés.
A ce propos une telle déclaration semblerait totalement incongrue en France ou dans d'autres pays développés. En effet,
dans les pays où l'agriculture est développée, ce n'est pas l'administration qui gère les horaires des agriculteurs, mais les agriculteurs eux-mêmes organisés en coopératives de service qui fixent ce
genre de menue décision au personnel qu'ils recrutent. Cette anecdaote très révélative de la situation montre combien en Algérie le chemin à parcourir est long afin d'arriver à une politique agricole
efficiente.
A noter que de telles horaires étaient déjà apparues il y a quelques années dans des comptes-rendus rendus publics par la
presse.
GERER L'APRES BOUTEFLIKA
20 MESURES URGENTES POUR AUGMENTER LA PRODUCTION LOCALE DE
BLE
Djamel BELAID. Le 21 mars 2019*
(document de travail en cours d'élaboration)
Ce document liste des propositions pour les pouvoirs publics qui succéderont au président Bouteflika.
Mais ces propositions concernent également céréaliers, cadres de terrains et élites rurales. En effet, nous pensons que la participation de tous est nécessaire à la poursuite du
renouveau agricole qui se manifeste ces dernières années. Et en particuliers les agriculteurs, trop longtemps cantonnés en Algérie dans un rôle subalterne vis à vis de l'administration agricole. Il
n'existe aucun organisme agricole où ce sont des agriculteurs qui gèrent un budget et recrutent des techniciens. En Algérie, le paritarisme en matière agricole est pratiquement inexistant.
Cette façon de voir est prégnante à tous les niveaux de l'encadrement agricole. Il s'agit d'en être conscient et de s'en
méfier. C'est l'agriculteur qui est le maître du développement agricole, les pouvoirs publics n'ayant que pour rôle de mettre à leur disposition les outils les plus adaptés.
Ces propositions visent avant tout à :
-rendre plus attractive la production de céréales à travers une meilleure répartition de la valeur
ajoutée liée à la transformation des grains,
-créer un cadre légal à l'informel agricole à travers la mise sur place d'un statut du
fermage,
-revisiter les pratiques du dry-farming à la lumière du progrès agronomique (semis direct),
-envisager un plan d'ensemble en abordant les aspects technico-économiques mais également juridiques et
fiscaux,
-confier plus de responsabilités aux agriculteurs céréaliers.
1 . Des propositions destinées aux pouvoirs publics.
DU POINT DE VUE ECONOMIQUE
Augmenter les surfaces emblavées en céréales
De nombreuses terres ne sont pas emblavées de céréales. Elles restent en jachère. Les causes d'une telle situation sont
diverses. Afin de pousser les agriculteurs à emblaver ces terres, il serait possible d'envisager un impôt agricole calculé à l'hectare.
Un autre moyen est de proposer une prime ayant un effet symbolique (seuil à définir) sur les terres consacrées aux
surfaces autres que les céréales et les fourrages récoltés c'est à dire les légumes secs et les mélanges fourragers pâturés.
Ce genre de mesures nécessitent des moyens humains de contrôle. Aussi, elles pourraient être mise en œuvre qu'au niveau
des régions céréalières à fort potentiel.
Des outils tel le GPS et la cartographie aérienne permettent aujourd'hui de contrôler la nature des cultures en place au
niveau des exploitations.
Propositions :
-Maintenir, voire augmenter l'attractivité financière des légumes secs.
-Rendre éligible à une prime les terres anciennement en jachères pâturées et aujourd'hui semées de
mélanges fourragers (méteil).
Financement des activités agricoles, soliciter les grainetiers et les moulins
Des études sur la plasticulture dans le sud montrent la place grandissante des grainetiers dans le
financement des activité agricoles. La même démarche a également été observée avec de laiteries. Il s'agit d'étudier dans quelle mesure les grainetiers pourraient être sollicités afin d'encourager le
financement de la culture des céréales.
Propositions :
-Favoriser la création d'une
représentation nationale de la corporation des grainetiers,
-Encourager les grainetiers à pratiquer des prix de gros aux céréaliers réalisant des
commandes groupées d'engrais et de produits phytosanitaires.
Financement des activités agricoles, créer une banque agricole
Selon certains spécialistes une des cause du retard en matière de développement agricole vient du fait qu'il n'existe pas
de banque appartenant aux agriculteurs. Une telle structure pourrait drainer les liquidités du monde agricole. Et qui mieux que l'expertise d'agriculteurs afin de juger de la solidité de
projets.
Propositions :
-Créer les prémisses d'une banque des agriculteurs.
Financement de l'appui technique de terrain
Les CCLS prélèvent sur chaque quintal de blé livré une taxe servant à financer des opérations d'appui technique à la
production. Les sommes collectées seraient actuellement reversées à la Chambre nationale de l'Agriculture.
Chaque quintal de céréales transformés par les moulins devrait faire l'objet d'une taxe servant à financer l'appui
technique de terrain.
Propositions :
-assurer une transparence des taxes prélevées pour l'appui technique à la production,
-laisser gérer les agriculteurs eux mêms le montant des taxes prélevées pour l'appui technique à la
production,
-utiliser les fonds issus des taxes prélevées pour permettre le recrutement par les agriculteurs eux
mêmes de techniciens,
Moulins, développer la contractualisation
Ce n'est pas au MADR d'assurer le suivi technique des céréaliers sur le terrain. Comme pour les laiteries, ce rôle doit
être dévolu aux opérateurs en amont (sociétés d'agro-fourniture, chambre d'agriculture, coopératives paysannes) et en aval de la production (minoteries). Les Instituts Techniques ont pour rôle de
produire des références techniques.
Concernant les moulins, il s'agit d'étudier l'expérience des réseaux techniques d'appui à la production (Groupe Benamor,
SMID Tell) afin de les généraliser. A ce props, l'expérience marocaine en matière de contractualisation (nommée « agrégation ») mériterait d'être étudiée.
Propositions :
-Autoriser les moulins privés
à collecter directement les récoltes des céréaliers.
-Attribuer des quotas de blé importé ou attribuer une prime en fonction des efforts déployés par les
moulins privés afin d'augmenter la production des céréaliers locaux et donc à les encadrer techniquement.
-Contribuer au financement de postes budgétaires de techniciens céréaliers de terrain recrutés par les
moulins,
-Définir un cahier des charges minimum définissant les obligations des moulins en matière d'appui
technique aux agriculteurs.
Exploitations, réduire les coûts de production
Afin de réduire le fardeau des subventions sur le budget public et afin de faire des céréales une culture aussi
intéressante (voir plus que l'élevage du mouton) les pouvoirs publics doivent orienter les exploitations vers des techniques peu coûteuses. Il s'agit d'aller vers
un abandon du labour pour le remplacer par le semis direct.
Propositions :
-Permettre une plus grande disponibilité en semoirs low-cost pour semis direct, l'aide à l'achat et à l'emploi de ce type
d'engins.
-Lier le montant des crédits de campagne à l'utilisation des semoirs à semis direct.
-Interdir le labour en amont des barrages, étant donnée l'érosion provoquée par la pratique du labour, les semoirs pour
semis direct pourraient être les seuls admis.
Exploitations, encourager des moulins paysans
Actuellement, les surfaces consacrées au blé dur et blé tendre sont concurrencées par les surfaces réservées à l'élevage.
C'est le cas avec la culture de l'orge et la jachère pâturée. Afin de conserver une plus forte attractivité à la culture du blé, les pouvoirs publics devraient encourager la constitution d'ateliers
modernes de transformation des céréales au sein de groupements de céréaliers. Afin d'être concurrentiels, ces ateliers devraient bénéficier d'avantages financiers et fiscaux (exonération sur les
bénéfices et bien sûr bénéficier des mêmes compensations financières que les grands moulins privés).
CCLS, participation à la transformation des céréales
La baisse des revenus pétroliers implique d'envisager de nouvelles rentrées financières pour rémunérer les céréaliers et
aussi assurer le fonctionnement des CCLS. La transformation des céréales constitue une activité très rentable. Ce type d'activité devrait être autorisé au niveau des CCLS au moins pour lune partie ou
la totalité des céréales qu'elles collectent. Il s'agirait de procéder à une meilleure répartition de la valeur ajoutée obtenue lors de la transformation des céréales. Rappelons que cette valeur
ajoutée est actuellement essentiellement captée par les urbains détenant des moulins privés.
Propositions :
-Autoriser les CCLS à transformer des céréales. L'activité de transformation par les CCLS pourrait se
faire en rachetant des moulins privés, actuellement en surcapacité, ou en collaborant.
-Autoriser les CCLS à passer des accords avec les moulins privés afin d'utiliser leurs
installations.
Instituts techniques, participation financières des firmes d'amont et d'aval
Afin de leur donner plus de moyens matériel, humains et financiers, les instituts techniques dépendant du MADR devraient
s'ouvrir à l'amont, à l'aval et aux agriculteurs.
Propositions :
-intégrer dans leur conseil scientifique ou conseil d'administration des représentants des firmes
d'amont et d'aval de la filière céréales ainsi que des représentant des céréaliers.
-accompagner cette participation d'une participation financière au budget des instituts.
Coopération internationale, bénéficier du savoir faire étranger
Il ne faut pas se voiler la face. De nombreux cadres des services agricoles sont restés dans des schémas techniques
datant des années 60. Une mise à jour des connaissances est indispensable. Or, dans le domaine de la céréaliculture en zone semi-aride plusieurs organismes (ICARDA, FERT) possèdent une réelle
expérience. En Syrie, de 2005 à 2011, l'ICARDA a beaucoup travaillé sur l'agriculture de conservation et notamment la fabrication de semoirs low-cost par des artisans locaux. Quant à FERT, ses
réalisations en Tunisie sont exceptionnelles : promotion du semis direct de céréales sous couvert de luzerne, mise au point de mélanges fourragers (méteil) à base d'espèces fourragères
locales.
-Inviter les experts Australiens ayant travaillé auprès de l'ICARDA afin de stimuler la production de
semoirs pour semis direct par des entreprises et artisans locaux (les besoions en semoirs sont immenses),
-Développer une coopération active avec FERT et les services agricoles Tunisiens impliqués dans
l'agriculture de conservation.
DU POINT DE VUE JURIDIQUE ET ORGANISATIONNEL
Actuellement, c'est un véritable vide juridique qui entoure les exploitations. Dans de telles conditions, des céréaliers sans terre se voient exclus des aides publiques et cantonnés dans l'informel.
Concernant les coopératives de service et de collecte des céréales, de nouveaux droits devraient leur être octroyé afin
de susciter plus d'intérêt de la part des céréaliers.
Concernant les chambres d'agriculture, un premier bilan d'étape mérite d'être établi afin de renforcer la
représentativité des agriculteurs.
Foncier, officialiser la location des terres agricoles
Qu'il existe un marché de la location des terres agricoles, cela est normal. Les pouvoirs publics ne doivent pas
criminaliser ce genre de pratiques mais les encadrer comme cela se fait à l'étranger.
Propositions :
-Promulguer une loi sur le fermage.
-Installer pour chaque zone agro-climatique, des commissions mixtes définissent annuellement les tarifs
de location des terres.
Statut des exploitations : éviter le morcellement
Au niveau de certaines exploitations familiales, il arrive que le travail des terres soient confiées à un seul membre de
la famille.
-assurer un cadre juridique afin que les co-indivisaires puissent être rémunérés légalement.
Propositions :
-Développer des formes juridiques telles les sociétés civiles d'exploitation agricole (SCEA).
Coopératives paysannes, offrir des avantages fiscaux et de nouveaux droits
En céréaliculture, il n'existe pas de véritables coopératives paysannes. Les CCLS usurpent cette dénomination. Elles ne
sont que des dépôts décentralisés de l'OAIC. Il s'agit de maintenir le monopole d'Etat sur le commerce du blé mais aussi, sur le long terme, de faire évoluer les CCLS en de véritables coopératives
céréalière tel le statut internationnalement reconnu. Les CCLS doivent être le lieu de formation de leaders paysans à même de s'affranchir à terme de la tutelle de l'administration. A travers
l'activité de leurs technico-commerciaux, elles doivent montrer ce que pourraient être à l'avenir de véritables coopératives céréalières (à ce propos des missions d'études devraient aller voir les
homologues à l'étranger).
Propositions :
-Laisser plus de place à l'initiative paysanne dans la planification des travaux des unités motoculture
des CCLS,
-Attribuer aux technico-commerciaux des CCLS des zones régionales précises (secteur),
-Rémunérer les technico-commerciaux des CCLS au volume d'engrais et de phyto-sanitaires vendus dans leur
secteur,
-Rémunérer les technico-commerciaux des CCLS au volume de céréales collectés sur leur
secteur.
Coopératives paysannes, offrir des avantages fiscaux et de nouveaux droits
Il s'agit d'encourager les céréaliers à investir dans la création de coopératives de
service.
Propositions :
-Promulguer ou dépoussiérer la legislation actuelle afin de développer aux côtés des CCLS, des
coopératives selon le statut international de la coopération (part sociale, un adhérant pour une voix, recrutement du directeur par les adhérents). Ces coopératives concerneraient le secteur des
services et de la transformation.
-Encourager, à travers le maintien et le renforcement d'avantages fiscaux et financiers, la création de
Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole (CUMA).
Chambre d'agriculture, pour plus de représentativité
Selon l'agro-économiste Omar BESSAOUD
« Les Associations professionnelles agricoles sont créées dans le cadre de la loi sur les associations (quel que soit leur type). Elles étaient quasiment inexistantes avant les années 1990,
mises à part deux ou trois s’occupant de l’élevage. En 1999, on compte, d’après les services du ministère de l’Agriculture, environ 1 300 associations regroupant 112 000 adhérents, toutes ayant été
créées dans le cadre de la loi 90-31 sur les associations de 1990 (qui ne soumet plus à autorisation politique la création d’associations de citoyens). Les associations de wilaya, nationales et
régionales, ont pratiquement toutes été créées à l’instigation de l’administration agricole qui en avait besoin pour mener à bien la mise en place des Chambres d’agriculture de wilaya et
nationale. »
Propositions :
-Baser les élections non plus par rapport aux associations professionnelles, mais sur la base des
adhérents selon la formule : « une personne, une voix ».
-Décider que le directeur de chambre d'agriculture soit recruté par les adhérents et non plus nommé par
le MADR.
Grainetiers, partenaires des céréaliers
Les céréaliers font de plus en plus appel aux « grainetiers » encore appelé « négoce » ou
« agro-fourniture » à l'étranger. A côté des filiales de grands groupes étrangers spécialisés dans les produits phytosanitaires (Syngenta, Bayer... etc) ou de fertilisants (Timac, …) existe
différents établissements de plus ou moins grande taille (ProFert, détaillants locaux…). Dans le cadre d'une étude sur la plasticulture dans le Sud, l'agro-économiste Ali DAOUDI note l'apport
technique mais aussi financier de cette corporation aux exploitations. Dans le domaine céréalier, l'apport technique de l'agro-fourniture est indéniable. De part les spécialistes travaillant dans les
maisons mères, les agriculteurs Algériens sont en mesure de bénéficier de techniques nouvelles que les Instituts Techniques et la Recherche Agronomique locale sont encore incapables
d'apporter.
-Assurer l'organisation de l'agro-fourniture afin que les pouvoirs publics aient des interlocuteurs
fiables,
-Agir sur le secteur de l'agro-fourniture et les grainetiers à travers les outils de suppression de la
TVA et la fiscalité,
-Définir, un cahier des charges en matière de vulgarisation technique (reconnaissance du travail des
agents technico-commerciaux, journées techniques, visite de parcelles, plate-forme de démonstration, …),
-Définir les modalités d'un partenariat gagnant-gagnant telle la possibilité d'aides financières aux
agriculteurs (sous forme d'avance sur récolte), possibilité d'achats groupés à des prix de gros (l'idée étant de favoriser la coopération entre agriculteurs).
Pain, réduire le gaspillage
Les images de baguettes de pain jettées dans des poubelles est l'une des manifestations les plus visibles du gaspillage
du pain en Algérie. Le climat sec ou humide sur le littoral ne garantit pas une qualité durable à la baguette de pain (baguette parisienne). Les solutions sont multiples : assurer une
« vérité des prix » du pain (en Egypte, grâce à une carte à puces, seuls les ménages à faibles revenus bénéficiient du soutien des prix), jouer sur les qualités boulangères des farines ou
adopter des mesures de réutilisation du pain sec.
-Etudier l'expérience égyptienne de cartes à puces pour les ménages à faible revenu,
-Revoir les paramètres technologiques des blés tendres importés,
-Tester la vente au détail de pain sous forme de pâte fraîche levée ou congelée,
-Développer des formes de ré-utilisation par les boulangers et les ménages du pain sec non
consommé.
DU POINT DE VUE TECHNIQUE
Il s'agit d'agir sur des points prioritaires. Contrairement aux régions d'Europe à climat tempéré qui peuvent pratiquer
des semis d'automne ou de printemps, dans le cas algérien toutes les grandes cultures (céréales, fourrages, légumes secs, oléagineux) sont à implanter lors d'une seule période : l'automne. Cela
engendre de fortes pointes de travail dans les exploitations qui ont de multiples conséquences négatives.
Le contexte actuel est marqué par le réchauffement climatique. Il oblige à tenir compte des nouvelles façons de procéder
afin de valoriser au mieux l'humidité du sol. Dans ce cadre là, l'agriculture de conservation est à développer sur les terres non irriguées.
Travail du sol : abandonner le labour
Le labour est une perte de temps et de carburant. Il provoque l'érosion des sols. Pourtant cette opération est ancrée
chez les agriculteurs. Suite au labour, les façons superficielles relatives à la préparation du lit de semences sont souvent insuffisantes. D'où des retards dans les semis et de faible taux de
germination-levée obligeant les agriculteurs à utiliser de plus fortes doses de semences.
Propositions :
-auditionner les agriculteurs pratiquant le non labour avec semis
direct (à Sétif notamment),
-remplacer le labour par le semis direct pour mieux valoriser l'humidité du sol,
-remplacer le labour par le semis direct pour multiplier par 6 la vitesse de réalisation des semis (les
semis peuvent ainsi être réalisés avant décembre).
-équiper les unités motoculture des CCLS du semoir low-cost Boudour (produit par CMA-SOLA) afin de mieux
vulgariser ce type de matériel.
-Envisager les moyens afin de dynamiser les ventes du semoir Boudour (seuls 15 exemplaires
construits).
Désherbage : développer la lutte chimique et mécanique
En milieu semi-aride, les céréales poussent dans un contexte marqué par le manque d'eau. Assurer la lutte contre les
mauvaises herbes permet donc de leur assurer une meilleure alimentation hydrique. C'est le principal facteur limitant les cultures.
-Favoriser le désherbage chimique en prenant les mesures permettant une plus grande disponibilité en
désherbants et en matériel.
-Favoriser le désherbage mécanique en rendant disponible bineuses, herses étrilles et houes
rotatives.
-Encourager la fabrication de ces engins en accordant une aide à tout constructeur local (ces engins,
peu sophistiqués peuvent être aisément produit localement).
Désherbage : développer la concertation avec les constructeurs et importateurs
L'industrie locale produit des pulvérisateurs et divers outils de désherbage dont des bineuses. Il s'agit de
perfectionner le matériel existant (pulvérisateurs et bineuses) et de fabriquer les engins ayant fait leur preuve à l'étranger (herses étrilles, houes rotatives).
-Importer des bineuses, herses rotatives et herses étrilles afin de mieux faire connaître ces
outils.
-Réunir les fabriquants (petits et grands, public et privés) afin de construire bineuses, herses
rotatives et herses étrilles mais également d'envisager une modernisation des modèles de pulvérisateurs construits localement par PMA.
Fertilisation : développer la localisation des engrais
En Algérie, les sols calcaires et secs réduisent l'absorption des engrais par les plantes (surtout dans le cas des
engrais phosphatés). La solution passe donc par leur localisation au plus près des semences lors du semis.
-Vulgariser la technique de localisation des engrais au semis des céréales et des légumes
secs,
-Etudier la possibilité de faire installer une deuxième trémie pour les engrais sur les modèles de
semoirs conventionnels produits par l'entreprise CMA-SOLA à Sidi Bel-Abbès.
-Equiper les unités motoculture des CCLS de semoirs permettant de localiser les engrais afin de
vulgariser ce type de matériel.
DU POINT DE VUE FISCAL
Un impôt pour les terres en jachère
Actuellement, une proportion non négligeable de surfaces agricoles ne sont pas emblavées (jachère). Les causes sont
diverses. La mise en œuvre d'un impôt agricole au prorata de la superficie des exploitations agricoles pourrait pousser propriétaires et fermiers à les travailler ou les louer.
Par ailleurs, il s'agit de permettre à ces exploitants de s'affranchir du labour. Cela, par une meilleure disponibilité
en semoirs pour semis direct. Ils permettent de réduire les coûts de mécanisation et donc les besoins de financement des exploitants. Plus de surfaces pourraient donc être emblavées chaque année en
céréales. Ce phénomène d'augmentation des surfaces emblavées a été observé en Espagne avec l'introduction du semis direct.
Propositions :
-Imposer fiscalement les laissées terres en jachère,
-Alléger le coût de l'implantation des céréales pour les petites exploitations ne disposant pas de leur
propre matériel, en assurant une plus large disponibilité en semoirs pour semis direct.
2 . Des propositions destinées aux céréaliers, cadres de terrains et élites rurales.
Il s'agit là d'actions à entreprendre en dehors des cadres administratifs habituels. Des initiatives peuvent être prises
par les céréaliers, les membres de la filière et les élites rurales.
JURIDIQUEMENT
Le vide juridique qui entoure actuellement les exploitations ne pourra être comblé au plus vite que par des pressions
venues des premiers concernés.
Fermage : définir des barèmes de location par chaque wilaya
Face à l'immobilisme des pouvoirs publics concernant le fermage, c'est aux acteurs de terrain de préparer les conditions
à la venue de ce statut. Cela peut commencer par la création de commissions locales de fermage au sein de l'UNPA, Chambre d'Agriculture ou associations professionnelles définissant les barèmes de
location des terres à céréales. Selon la fertilité des sols des différentes zones dans une wilaya, peuvent être définis des montants de location ; exemple : 4 quintaux de blé par hectare loué et par
année.
Fermage : définir les fondements du fermage
Les commissions définissant le barème de location des terres agricoles, ou tout autre collectif paysan ou rural
pourraient élaborer ce que devrait être la loi sur le fermage. A partir des traditions locales et au regard de considérations juridiques il s'agit de fixer les modalités du bail pour la terre et les
bâtiments.
ECONOMIQUEMENT
Exploitations : développer des moulins paysans
Etant donnée la rentabilité de la transformation du blé, les céréaliers ont avantage à s'intéresser à ce type d'activité.
Cependant, rien n'est prévu afin qu'ils reçoivent les mêmes compensations financières que les moulins privés. Aussi, pour le céréalier, se lancer dans la transformation tout en étant concurrentiel
passe par la réduction de ses coûts de production et par la recherche de niches : farine et semoule bio et/ou complète, fabrication artisanale de couscous ou de pâtes alimentaires. Loin d'être une
vue de l'esprit, ce type de démarche est indispensable afin d'arracher des concessions aux pouvoirs publics qui ne privilégient actuellement que les transformateurs.
(*) réactualisé le 23/06/2019
On lira à ce propos l'analyse de l'agronome Denis Pommier qui a longtemps travaillé en Tunisie dans le cadre de la
coopération avec l'UE.
Consulter à ce propos le travail du Pr Omar BESSAOUD.
Loi n° 90-31 du 4-12-90 relative aux associations. ÉCONOMIE RURALE 303-304-305/JANVIER-MAI
2008.
OMARI,
UN DISCOURS VOLONTARISTE, MAIS LES VIEILLES HABITUDES PERDURENT
Djamel BELAID 12 mai
2019
Le site du MADR met en ligne en date du 8
mai, des extraits d'une rencontre entre le ministre de l'agriculture, Chérif OMARI, et divers responsables dont les directeurs des services agricoles de wilaya. Les propos sont fortement teintés de
volontarisme. On peut se demander de quels moyens dispose le ministre pour mener cette politique. Mais au delà du discours les vieilles pratiques ont-elles disparu des
esprits?
POUR DES STATISTIQUES REFLETANT LA
REALITE
L'un des premiers signes de changement
impulsé par le ministre concerne les statistiques agricoles. Le ministre a tenu à ce que le message soit clair. Il a demandé que quelque soient les résultats locaux, bons ou mauvais, des statistiques
reflétant la réalité doivent être envoyées au ministère. Cela est nouveau dans la mesure où plusieurs fois la presse et des universitaires ont mis en doute les chiffres avancés par le ministère de
l'agriculture.
A cet égard, suscitant les applaudissements
enthousiastes de l'auditoire, il a indiqué qu'il n'y avait pas d'agenda politique. Et que le seul agenda était celui de la réduction des importations de produits
alimentaires.
LE CONTENEUR, NOTRE
ENNEMI
Prenant l'exemple d'un bateau déchargeant
actuellement des conteneurs dans le port d'Alger, le ministre a indiqué que chaque conteneur de produits alimentaires représente un défi à relever. N'hésitant à déclarer que "le conteneur est notre
ennemi", il a indiqué qu'à travers ces importations, nous faisons travailler des agriculteurs étrangers. Or, l'objectif actuel est avant tout de faire travailler les agriculteurs locaux et notamment
les jeunes. A ce propos, il s'est félicité de la production d'ail qui permet une autosuffisance et même d'envisager des exportations. Prenant l'exemple d'un producteur de la région de Tizi-Ouzou, il
a relevé le haut niveau de maîtrise technique atteint par cette filière. Chérif OMARI a indiqué que l'ail était un début et qu'il fallait poursuivre dans cette voie. Rien cependant n'a été dit
concernant la relance des cultures industrielles (oléagineux et betterave à sucre).
ENCOURAGER LA CREATION DE
COOPERATIVES
Le ministre a longuement appelé les DSA à
encourager la création de coopératives agricoles. Il a indiqué que souvent c'était les services locaux eux mêmes qui mettaient les bâtons dans les roues aux agriculteurs désirant créer ce type de
structure. Il a ainsi indiqué que créer une coopérative était devenu une tâche presque insurmontable.
Il a ajouté qu'un responsable de
l'administration ne pouvait estimer son devoir accompli que lorsqu'en fin de journée, il avait facilité la tâche aux agriculteurs et non pas leur avoir dressé des obstacles.
BLE, PRENDRE EXEMPLE SUR LE CLUB DES 50
QUINTAUX
Concernant la production de céréales, le
ministre a noté les progrès mais également qu'il reste des réserves de productivité. Il a demandé que soit pris comme exemple les agriculteurs arrivant à produire 50 quintaux par hectare. Dans la
foulée, il a indiqué que ce rendement était largement dépassé par des agriculteurs de pointe qui obtenaient jusqu'à 80 quintaux par hectare. De façon étonnante, Mr OMARI n'a donné aucune indication
sur la façon de lever les freins à cette hausse des rendements. Or, en matière de céréales, ce secteur lui échappe puisque c'est l'OAIC qui a la main sur l'appui à la
production.
GARE AUX VIEILLES METHODES DE
TRAVAIL
Bien que le ministre ait exhorté les DSA a
plus de dynamisme, aucune orientation nouvelle n'est apparue dans son discours. Certes, être à l'écoute du monde agricole est louable. Mais est ce que cela permet d'atteindre les "réserves de
productivité" citées plus haut? Plusieurs universitaires et experts ont depuis longtemps dénoncé le dirigisme administratif qui caractérise notre agriculture. Malgrè les progrès accomplis avec par
exemple la loi relative à la création d'associations professionnelles, la création des Chambres d'Agriculture ou celle concernant des conseils de filière, l'agriculteur a peu droit à la
parole.
AGRICULTEURS, SUBORDONNES OU
PARTENAIRES?
Dans chacune des structures agricoles
actuelles, les agriculteurs sont plus considérés comme des subordonnés que des partenaires de l'administration. Ainsi, au niveau des chambres d'agriculture, les directeurs sont nommés par le
ministère de l'agriculture, le pluralisme des syndicats agricoles n'existe pas. Dans les CCLS dénommées pompeusement "coopératives", c'est un directeur désigné depuis Alger qui dirige les affaires
quotidiennes des agriculteurs. Il est un fait qui ne trompe pas. Dans son allocution, le ministre a indiqué qu'il s'adressait aux directeurs de wilaya des services agricoles, aux directeurs de CCLS
et aux directeurs de chambre d'agriculture (CA). Cela illustre la poursuite du dirigisme de l'administration centrale depuis Alger. Car à ce qu'on sache, les CCLS et CA sont à priori des structures
indépendantes du MADR. En effet, ces deux types de structures ont, en principe, des instances "élues" par des adhérents. A moins que le ministre conçoive que l'administration centrale ait la primauté
sur des structures qu'on nous présente comme disposant d'une liberté de gestion.
Si on recherchait en Algérie des structures
agricoles où des agriculteurs, élus par leurs pairs, gèrent un budget et recrutent leurs techniciens, force est de constater qu'on ne trouverait rien. Tout est géré depuis Alger par l'administration.
Or, comment dans ces conditions atteindre ces "réserves de productivité" tant vantées par le ministre?
Concernant cet aspect des choses, Mr Chérif
OMARI n'a marqué aucune rupture avec ces prédécesseurs. Le message est resté le même; c'est "El-Idara" qui décide de tout.
DSA, PARLEZ LA LANGUE DU TERROIR, CELLE DE L'AGRICULTEUR!
Le ministre a demandé à ce que les services
agricoles parlent dans une langue que comprennent les agriculteurs. « Ne leur parlez pas en français. Parlez leur en arabe, en kabyle ou en targui selon l'endroit où vous êtes a-t-il lancé.
Parlez leur la langue du terroir ». Il a insisté pour que les services agricoles soient au service des agriculteurs. Encore une fois, cela est louable. Mais "être au service de l'agriculteur" ou
"parlez la langue du terroir" ne rompt pas le rapport de subordination entre administration et agriculteurs. D'ailleurs, dans cette orientation de "parlez la langue de l'agriculteur", se profile la
prégnance du discours de type "top-down", c'est à dire du sommet vers la base. En effet, le ministre n'a pas dit "écoutez", mais "parlez".
Certes, les agriculteurs ont besoin qu'on
parle leur langue, mais ils ont surtout besoin qu'on arrête de les infantiliser. Répetons le, un agriculteur élu doit pouvoir participer à la gestion du budget d'une structure agricole. Il doit, par
exemple, pouvoir donner son avis sur le recrutement des techniciens agricoles ou encore disposer du cadre juridique lui permettant d'acquérir, au meilleur prix, ses intrants et vendre ses produits.
Or, cela a été pratiquement absent des orientations du ministre. Rendons lui cependant justice puisque cela a été effleuré seulement à propos de la dynamisation du processus de création de
coopératives agricoles ou de l'installation de points de vente de produits agricoles.
LE FONCIER, GRAND OUBLI DE CHERIF
OMARI,
Mais ce qui choque le plus au niveau du
discours du nouveau ministre, c'est l'absence de toute référence à la question du foncier. Or, il est connu en Algérie que de nombreux agriculteurs louent les terres qu'ils travaillent à des
propriétaires terriens ou à des ayant droits. La législation locale n'ayant pas prévu de statut du fermage, comme cela existe dans d'autres pays, ces agriculteurs se voient relégués dans l'informel.
Ils n'ont pas droit aux crédits bancaires et à la carte de fellah leur permettant de bénéficier des services des CCLS et des autres organismes publics. Nous ne militons pas pour les agriculteurs
soient propriétaires des terres qu'ils travaillent (cela ne ferait que renchérir leurs produits). C'est cette absence de statut qui empêche la mise en culture de nombreuses terres agricoles et
d'atteindre ces fameuses "réserves de productivité". Ces questions ont depuis longtemps été soulevées par des économistes tel Omar BESSAOUD. Cet oubli du ministre est étonnant et préoccupant.
D'autant plus qu'avant sa carrière au sein du ministère de l'agriculture, il a été un brillant économiste ayant encadré des thèses en économie rurale.
POUR DES SYNDICATS ET ASSOCIATIONS
PROFESSIONNELLES SOLIDES
Même si le nouveau ministre semble de bonne
volonté et ouvert au dialogue, on note chez lui la dominance d'une vision relevant du dirigisme centralisé. Et cela, même s'il semble s'en défendre; exemple lorsqu'il défend la création de
coopératives agricoles. On note des dossiers non abordés tel le foncier (avec la cruciale question d'un statut du fermage), la législation relative aux exploitations organisées en société civile afin
de résister au morcellement ou la nécessaire relance des cultures industrielles. Cela peut-être des oublis provisoires. Mais cela pose également la question des moyens dont dispose Mr Chérif OMARI.
Sinon, c'est rester dans des effets d'annoce.
Face à la valse des ministres de
l'agriculture, les agriculteurs ont donc tout intérêt à disposer de syndicats et associations professionnelles solides où ils pourront faire valoir leurs droits. Espérer que tout vienne de
l'administration centrale est un leurre. Dans le contexte actuel du Hirak, tout est possible. C'est donc aux producteurs et membres des filières d'exiger les moyens pour une agriculture durable,
créatrice d'emplois et visant à plus d'auto-suffisance alimentaire : des syndicats agricoles autonomes, des CCLS privées, le droit à moudre son grain, un statut du fermage, … C'est seulement à
ce prix là que plus d'auto-suffisance alimentaire sera atteinte. Mais Mr Chérif OMAIR entend-t-il cela ou bien le peut-il?
REBRAB dans le Hirak: vers un renouveau des cultures
industrielles?
Le Hirak est l'occasion de bien des surprises. On a ainsi pu
voir messieurs A. Mokri et Issad Rebrab tenter de se mêler à la foule des manifestants. Pour ce dernier, le départ du Président Bouteflika va-t-il permettre l'ouverture de son usine de trituration de
graines d'oléagineux?
REBRAB, UN PDG ENTRE EN POLITIQUE
On peut s'étonner de cette volonté des pouvoirs publics à
empêcher l'ouverture de l'usine de trituration de Cevital.
Jusqu'à ces dernières années, le PDG de Cevital était bien vu
des cercles du pouvoir. Il était bien en cour. De par les avantages dont il bénéficiait, on peut affirmer qu'il appartenait même au système.
Il avait ses entrées et bénéficiait de nombreux appuis au
niveau de l'administration.
« Il n’a jamais fait autant d’argent que sous Bouteflika ! s’offusque un ancien ministre. Vous n’avez qu’à comparer
son chiffre d’affaires de 1999 à celui qu’il fait aujourd’hui. Même les stations d’essence Naftal, publiques, ont confié la gestion des supérettes à Uno, filiale de Cevital. »
C'est cette confortable situation proche des milieux
dirigeants qui avait permi à ce roi du fer à béton de se construire un empire agro-industriel.
Grâce à de solides appuis politiques, Issad Rebrab a pu
obtenir un quasi monopole sur l'importation du sucre roux brésilien. Quant à l'huile brute, il partage ce monopole avec la famille Kouninef. Cevital raffine dans des usines toutes situées à même les
ports d'arrivée de ces matières premières.
CEVITAL, DE NOMBREUSES AIDES
PUBLIQUES
Pour développer ces activités Cevital a perçu de nombreuses
aides publiques (subventions à l'investissement, prêts bancaires bonifiés, exonération de TVA sur les matières premières importées, ...).
Par ailleurs, le sucre et l'huile étant des produits de base largement subventionnés par les pouvoirs publics, Cevital reçoit de confortables royalties pour chaque kilo de sucre ou litre d'huile
raffiné dans ses usines et vendu au consommateur local algérien.
Ces deux activités situées dans un marché captif et assuré de
la garanti de paiement de l'Etat sont devenues au fil des années une prodigieuse machine à cash pour Cevital. Fort de cette position, Issad Rebrab a souhaité s'affranchir de ses parrains notamment en
tentant d'acheter un organe de presse. Progressivement, il est entré en politique.
Ainsi en mai 2018, Cevital publie dans TSA-Algérie un
communiqué indiquant: « le président de Cevital, M. Issad Rebrab, ainsi que l’ensemble des collaborateurs du groupe […] expriment leur soutien total et leur solidarité agissante avec Me Ali Yahia
Abdennour, dont le parcours, les sacrifices et le sens de la justice imposent à tous reconnaissance, respect et considération ». Or, Me Ali Yahia Abdennour en prise avec un problème de cadastre pour
son logement est le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, est un farouche opposant à Abdelaziz Bouteflika.
« Mais quelle mouche a piqué Issad ? se désole un proche. En tant qu’opérateur économique, quel besoin d’appuyer un opposant direct au régime dans un conflit avec le
cadastre ? C’est clairement une marque de soutien à la dissidence !
REBRAB, UN JEU DANGEREUX
En se mêlant avec aisance à la foule qui défilait à Béjaïa,
Issad Rebrab poursuit un cheminement entamé depuis plusieurs mois. Il a pour cela utilisé plusieurs registres.
Ainsi, il a joué sur le côté régionaliste. Face à la réistance
de ses anciens parrains contre son entrée en politique, il n'a pas hésité à clamer que sis ses projets faisaient l'objet de blocages, cela était à cause de ses origines kabyles. On ne peut que
s'étonner de ces propos. Pour rappel, d'autes agro-transformateurs ont vu leurs projets bloqués telle la boulangerie industrielle du groupe Benamor.
Mais ce qui peut expliquer la facilité avec laquelle le "tueur
au regard d'ange" a pu rejoindre les cortèges de manifestants c'est que Cevital est devenu l'un des plus gros employeur régional. Face à la baisse des investissements publics et des recrutements,
l'entreprise Cevital apparaît aujourd'hui pour beaucoup de jeunes à la recherche d'emploi comme la seule issus entre hittisme et harga.
CEVITAL, FAIRE TRAVAILLER LES PAYSANS
ALGERIENS
Avec son projet d'usine de trituration de graines
d'oléagineux, Cevital pourrait créer de nombreux emplois locaux. Cela, d'abord dans l'usine proprement dite, mais également dans les campagnes.
Actuellement, les importateurs tels Rebrab, Dahmani de LaBelle
ou Mazouz font essentiellement travailler les paysans américains, brésiliens ou français. En effet, la matière première agricole de leurs usines provient entièrement de l'étranger. Or, afin de créer
des emplois ruraux, il serait possible de produire une partie de cet approvisionnement localement. L'avantage supplémentaire serait de réduire l'hémorragie actuelle de
devises.
SUCRE ET HUILE DZ, YES WE CAN!
Produire du sucre et de l'huile à partir de matières premières
locales est possible. Certes, il ne s'agit pas de produire la totalité des besoins locaux, mais seulement une partie afin de garder une plus grande liberté de manoeuvre de négociation lors des achats
sur les marchés mondiaux.
Outre la création d'emplois, la production locale de betterave
à sucre et d'oléagineux présente l'intérêt de mettre en repos les sols. En effet, depuis 2008, du fait des prix rémunérateurs offerts par l'OAIC, on enregistre un regain d'intérêt pour la culture du
blé dur. Mais le retour fréquent des céréales à paille sur les mêmes parcelles a entrainé l'apparition de tout un cortège de parasites (nématodes, maladies à champignons et mauvaises herbes) et de
ravageurs (vers blancs, rongeurs). Intecaler entre deux cultures de céréales une culture d'espèce différente permet de casser le cycle de vie de ces indésirables. Par ailleurs, souvent oubliée, la
transformation locale de plantes entières génère la production de sous-produits (mélasse, pulpe, tourteaux) qui entrent dans la fabrication des aliments du bétail. Ces sous-produits seraient les
bienvenus. Rappelons que les importations annuelles de soja et de maïs pour aliments du bétail se chiffrent à 1,4 milliard de dollars.
USINES DE TRANSFORMATION, DES INVESTISSEMENTS
IMPORTANTS
Le développement de la betterave à sucre en Algérie, n'est pas
une chose inimaginable. Jusque dans les anées 70, en Algérie des agriculteurs poduisaient de la betterave à sucre. Pendant la période coloniale une raffinerie avait été constuite à Sfisef puis dans
les années 70, sous l'impulsion du Président Houari Boumédiène, une autre usine avait été construite à Guelma.
A cette époque, les semences monogermes n'existaient pas et
les agriculteurs devraient recourir à la pénible opération manuelle du démarriage. C'est une des causes du désamour des producteurs pour cette culture. A cela, il faut ajouter les dysfonctionnements
du secteur agricole de l'époque. Cela a aboutit a aboutit à l'arrêt de la culture. Pourtant, les agriculteurs Marocains arrivent, bon an mal an, à produire 50% des besoins nationaux en
sucre.
En Algérie, l'augmentation de la production de tomate
industrielle montre le haut niveau de maîtrise technique auquel sont arrivés les producteurs et transformateurs. Aujourd'hui les techniques mises en oeuvre font appel à l'introduction de variétés à
maturation groupée, la production de jeunes plants, l'irrigation au goutte à goutte, la mécanisation progressive de la récolte. Cette récolte est l'occasion d'une mobilisation de moyens logistiques
conséquent afin d'approvisionner les conserveries.
Dans le cas de la betterave à sucre, les usines de
transformation nécessitent des investissements considérables. Ceux-ci ne peuvent être amortis qu'avec une aide publique ainsi qu'une vision à long terme permettant la mobilisation de capitaux privés
importants. Un approvisionnement conséquent des conserveries nécessite également une implication des transformateurs dans l'encadrement technique des producteurs. L'exemple de la Cosumar au Maroc est
particulièrement édifiant.
L'expérience acquise par nos voisins montre que si la
production locale de sucre de betterave nécessite des investissements conséquents elle n'en reste pas moins très rentable pour les agriculteurs et les transformateurs.
REBRAB, JOUER LA CARTE NATIONALE
En se mêlant au flot des manifestant, le milliardaire Rebrab a
voulu se refaire une virginité et se forger l'image d'une personnalité proche des petites gens. Déjà, par le passé, il avait fait appel aux services de la société française Publicis afin de redorer
l'image de Cevital. En fait, l'amélioratiuon de l'image de ce groupe et de son PDG auprès de l'opinion publique passent par des gestes concrets en faveur de l'emploi rural et des jeunes diplômés.
Dans cette optique, il est à souhaiter qu'à l'avenir l'usine de trituration de Cevital utilise, au moins en partie, une matière première locale.
HIRAK, IMPOSER RELANCE DES CULTURES INDUSTRIELLES ET
CONTRACTUALISATION
Ce qui a jeté dans la rue des dizaines de milliers de
manifestants est un sentiment d'indignation face à la volonté d'un 5ème mandat. Mais à l'avenir, la cause de nouveaux mouvements sociaux pourrait être les mesures d'austérité que ne manqueront pas de
devoir prendre les pouvoirs publics de quel bord qu'ils puissent être. En effet la baisse de la rente liée à la vente des hydrocarbures devrait amener dans les deux ans à venir à des choix
budgétaires douloureux. L'ex-premier ministre Ahmed Benbitour a régulièrement indiqué dans les médias l'impasse budgétaire actuelle.
Des amortisseurs de crise sont donc nécessaires. La relance
des cultures industrielles (betterave sucrière, oléagineux) s'avère un moyen de créer des emplois. Dans le cas des oléagineux, il peut être envisagé l'installation de petits ateliers de trituration à
côté d'usines d'investisseurs privés. Ces ateliers permettraient une meilleure répartition de la valeur ajoutée
actuellement captée par les seuls raffineurs d'huile brute importée.
Mais audelà des cultures industrielles, la participation de
tous les transformateurs s'avère indispensable à l'effort de soutien au secteur agricole. En effet, comme dans le cas de la tomate industrielle et dans le cas de certaines laiteries privées, en
l'absence de coopératives paysannes, c'est aux transformateurs d'encourager la production locale de lait, céréales, légumes secs ou cultures industrielles.
La signature de conventions entre agriculteurs et
transformateurs doit permettre une politique de contractualisation. Dans ce système, le transformateur aide le producteur en intrants (semences, engrais, phytosanitaires, ...) voire en moyens de
financement (avance sur récolte, ...) et en échange celui-ci s'engage à lui verser sa récolte sur la base de prix équitablement négociés.
Le hirak pourrait donc être l'occasion d'un renouveau des
cultures industrielles.
Jeune-Afrique Farid Alilat et Neila Latrous. 06 juin 2018
Jeune-Afrique 6 juin 2018.
En 2014, le groupe Mazouz avait un temps envisagé un investisseemnt de 280 millions d'euros dans une usine de
trituration.
GERER L'APRES BOUTEFLIKA
20 MESURES URGENTES POUR AUGMENTER LA PRODUCTION LOCALE DE BLE
Le 21 mars 2019
Ce document liste des propositions pour les pouvoirs publics qui succéderont au président Bouteflika. Mais ces propositions concernent également
céréaliers, cadres de terrains et élites rurales. En effet, nous pensons que la participation de tous est nécessaire à la poursuite du renouveau agricole qui se manifeste ces dernières années.
Ces propositions visent avant tout à :
-
rendre plus attractive la production de céréales à travers une meilleure répartition de la valeur ajoutée liée à la transformation des
grains,
-
créer un cadre légal à l'informel agricole à travers la mise sur place d'un statut du fermage,
-
revisiter les pratiques du dry-farming à la lumière du progrès agronomique,
-
envisager un plan d'ensemble en abordant les aspects technico-économiques mais également juridiques et fiscaux.
1 . Des propositions pour les pouvoirs publics.
ECONOMIQUEMENT
Minoteries : Développer la contractualisation
Ce n'est pas au MADR d'assurer le suivi technique des céréaliers sur le terrain. Comme pour les laiteries, ce rôle doit être dévolu aux opérateurs en
amont (sociétés d'agro-fourniture, chambre d'agriculture, coopératives paysannes) et en aval de la production (minoteries).
Concernant les minoteries, il s'agit d'étudier l'expérience des réseaux techniques d'appui à la production (Groupe Benamor, SMID Tell) afin de les
généraliser. L'attribution de quotas de blé importé pourrait être liée aux efforts déployés par les moulins privés afin d'augmenter la production des céréaliers locaux et donc à les encadrer
techniquement. L'expérience marocaine de « l'agrégation » mériterait d'être prise en compte.
Exploitations : Réduire les coûts de production
Afin de réduire le fardeau des subventions sur le budget public et afin de faire des céréales une culture aussi intéressante (voir plus que l'élevage du
mouton) les pouvoirs publics doivent orienter les exploitations vers des techniques peu coûteuses. Exemple, abandonner le labour et le remplacer par le semis direct. Cela implique une plus grande
disponibilité en semoirs low-cost pour semis direct, l'aide à l'achat et à l'emploi de ce type d'engins. Les crédits de campagne pourraient être plus avantageux en cas d'utilisation de ces engins. En
amont des barrages, étant donnée l'érosion provoquée par la pratique du labour, ces engins pourraient être les seuls admis.
Exploitations : encourager des moulins paysans
Actuellement, les surfaces consacrées au blé dur et blé tendre sont concurrencées par les surfaces réservées à l'élevage. C'est le cas
avec la culture de l'orge et la jachère pâturée. Afin de garder une forte attractivité à la culture du blé, les pouvoirs publics devraient encourager la constitution d'ateliers modernes de
transformation des céréales au sein de groupements de céréaliers. Afin d'être concurrentiels, ces ateliers devraient bénéficier d'avantages financiers et fiscaux (exonération sur les bénéfices).
CCLS : participation à la transformation des céréales
La baisse des revenus pétroliers implique d'envisager de nouvelles rentrées financières pour rémunérer les céréaliers et assurer le fonctionnement des
CCLS. La transformation des céréales constitue une activité très rentable. Ce type d'activité devrait être autorisé au niveau des CCLS au moins pour les céréales collectées. Il s'agirait de procéder
à une meilleure répartition de la valeur ajoutée obtenue lors de la transformation des céréales. Cette valeur ajoutée est actuellement essentiellement captée par les moulins privés. L'activité de
transformation par les CCLS pourrait se faire en rachetant des moulins privés, actuellement en surcapacité, ou en collaborant.
Instituts techniques : participation financières des firmes d'amont et d'aval
Afin de donner plus de moyens et de les dynamiser, les instituts techniques dépendant du MADR devraient intégrer dans leur conseil d'administration les
firmes d'amont et d'aval de la filière céréales. Cette intégration devrait s'accompagner de paiement d'une participation financière au budget des instituts.
JURIDIQUEMENT
Actuellement, c'est un véritable vide juridique qui entoure les exploitations. Dans de telles conditions, des céréaliers sans terre se
voient exclus des aides publiques et cantonnés dans l'informel.
Fermage : officialiser la location des terres agricoles
Qu'il existe un marché de la location des terres agricoles, cela est normal. Les pouvoirs publics ne doivent pas criminaliser ce genre de pratiques mais
les encadrer comme cela se fait à l'étranger. Pour cela, une loi sur le fermage doit être promulguée afin que pour chaque zone agro-climatique, des commissions mixtes définissent annuellement les
tarifs de location des terres.
Statut des exploitations : éviter le morcellement
Au niveau de certaines exploitations familiales, il arrive que le travail des terres soient confiées à un seul membre de la famille. Il s'agit d'assurer
un cadre juridique afin que les co-indivisaires puissent être rémunérés légalement. A cet effet il s'agit de développer des formes juridiques telles les sociétés civiles d'exploitation agricole
(SCEA).
Coopératives paysannes: offrir des avantages fiscaux
En céréaliculture, il n'existe pas de véritables coopératives paysannes. Les CCLS usurpent cette dénomination. A côté
des CCLS, définir des textes statuant sur des coopératives selon le statut international de la coopération (part sociale, un adhérant pour une voix, recrutement du directeur par les adhérents). Ces
coopératives concerneraient le secteur des services et de la transformation. A leur côté, des Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) seraient également à encourager.
TECHNIQUEMENT
Il s'agit d'agir sur des points prioritaires. Contrairement aux régions d'Europe à climat tempéré qui peuvent pratiquer des semis d'automne ou de
printemps, dans le cas algérien toutes les grandes cultures (céréales, fourrages, légumes secs, oléagineux) sont à implanter lors d'une seule période : l'automne. Cela engendre de fortes pointes
de travail dans les exploitations.
Travail du sol : abandonner le labour
Le labour est une perte de temps et de carburant. Il provoque l'érosion des sols. Les façons superficielles relatives à la préparation du lit de semences
qui suivent sont la plupart du temps inadéquates. La solution consiste à remplacer le labour par le semis direct. Il permet de mieux valoriser l'eau du sol et de multiplier par 6 la vitesse de
réalisation des semis. Ainsi les semis peuvent être réalisés avant décembre.
Désherbage : développer la lutte chimique et mécanique
En milieu semi-aride, les céréales poussent dans un contexte marqué par le manque d'eau. Assurer la lutte contre les mauvaises herbes permet donc de leur
assurer une meilleure alimentation hydrique. C'est le principal facteur limitant les cultures. Il s'agit donc de favoriser le désherbage chimique en prenant les mesures permettant une plus grande
disponibilité en désherbants et en matériel. Le désherbage mécanique nécessite de rendre disponible bineuses, herses étrilles et houes rotatives. Ces engins, peu sophistiqués peuvent être aisément
produit localement. Mais l'usage de ces engins, issus de l'agriculture bio européenne, est pratiquement inconnu en Algérie.
Fertilisation : développer la localisation des engrais
En Algérie, les sols calcaires et secs réduisent l'absorption des engrais par les plantes. La solution passe donc par leur localisation au plus près des
semences lors du semis. Il faut donc pour cela installer une deuxième trémie à engrais sur les modèles de semoirs conventionnels produits par l'entreprise CMA-SOLA à Sidi Bel-Abbès.
FISCALEMENT
Imposer fiscalement les terres en jachère
Actuellement, une proportion non négligeable de surfaces agricoles ne sont pas emblavées (jachère). La mise en œuvre d'un impôt
agricole au prorata de la superficie des exploitations agricole pourrait pousser propriétaires et fermiers à les travailler ou les louer. Mais afin d'alléger le coût de l'implantation des céréales
pour les petites exploitations ne disposant pas de leur propre matériel, il est important d'assurer une plus large disponibilité en semoirs pour semis direct. En effet, en permettant de s'affranchir
du labour, ces engins permettent de réduire les coûts de mécanisation et donc les besoins de financement des exploitants. Plus de surfaces pourraient donc être emblavées chaque année. Ce phénomène a
été observé en Espagne avec l'introduction du semis direct.
2 . Des propositions pour les céréaliers, cadres de terrains et élites rurales.
Il s'agit là d'actions à entreprendre en dehors des cadres administratifs habituels. Des initiatives peuvent être prises par les
céréaliers, les membres de la filière et les élites rurales.
JURIDIQUEMENT
Le vide juridique qui entoure actuellement les exploitations ne pourra être comblé au plus vite que par des pressions venues des
premiers concernés.
Fermage : définir des barèmes de location par chaque wilaya
Face à l'immobilisme des pouvoirs publics concernant le fermage, c'est aux acteurs de terrain de préparer les conditions à la venue de
ce statut. Cela peut commencer par la création de commissions locales de fermage au sein de l'UNPA, Chambre d'Agriculture ou associations professionnelles définissant les barèmes de location des
terres à céréales. Selon la fertilité des sols des différentes zones dans une wilaya, peuvent être définis des montants de location ; exemple : 4 quintaux de blé par hectare loué et par
année.
Fermage : définir les fondements du fermage
Les commissions définissant le barème de location des terres agricoles, ou tout autre collectif paysan ou rural pourraient élaborer ce
que devrait être la loi sur le fermage. A partir des traditions locales et au regard de considérations juridiques il s'agit de fixer les modalités du bail pour la terre et les bâtiments.
ECONOMIQUEMENT
Exploitations : développer des moulins paysans
Etant donnée la rentabilité de la transformation du blé, les céréaliers ont avantage à s'intéresser à ce type d'activité. Cependant,
rien n'est prévu afin qu'ils reçoivent les mêmes compensations financières que les moulins privés. Aussi, pour le céréalier, se lancer dans la transformation tout en étant concurrentiel passe par la
réduction de ses coûts de production et par la recherche de niches : farine et semoule bio et/ou complète, fabrication artisanale de couscous ou de pâtes alimentaires. Loin d'être une lubie, ce
type de démarches est indispensable afin d'arracher des concessions aux pouvoirs publics qui ne privilégient actuellement que les transformateurs.
AGRICULTURE, LES ANNEES
BOUTEFLIKA
UN BILAN EN
MI-TEINTE
Djamel BELAID
09.03.2019
Encore récemment, Abdelkader Bouazgui,
ministre de l'agriculture, se félicitait que l'actuelle production agricole représentait l'équivalent de 30 millions de dollars. Il ne fait aucun doute que, sous la présidence de Bouteflika, la
production a augmenté. Mais en examinant de près chacune des filières agricoles, force est de constater que ce bilan est en mi-teinte.
SUBVENTIONS ET EFFACEMENT DES
DETTES
Dès les premiers mandats du président
Bouteflika, l'agriculture est redevenue une priorité nationale. Avec le Programme National de Développement Agricole, la décennie écoulée s'est traduite par une forte augmentation des sommes allouées
à l'agriculture - plusieurs dizaines de milliards de dollars. En 2009, sur ordre du président Bouteflika, les banques ont même reçu l'ordre d'effacer les dettes des agriculteurs. A ces largesses dans
le secteur secteur agricole, il faut rajouter le budget faramineux du secteur de hydraulique qui a permis la construction de dizaines de barrages. Ils permettent aujourd'hui de retenir 6,5 mètres
milliards de mètres cubes d'eau.
La manne
pétrolière a également concerné le secteur de l'agro-transformation. Elle a permis l'émergence de grands groupes tels Benamor, Metidji ou Cevital dirigé par le médiatique Issad Rebrab. Aux capitaux
privés sont parfois venus s'agréger des capitaux venus du Moyen-Orient ou de France.
LE MYTHE DES EXPORTATIONS
AGRICOLES
Ainsi dopées par les subventions, la
production de céréales, légumes, lait, huile et viandes ont connu de notables augmentations. L'actuel ministre de l'agriculture, Mr Abdelkader Bouazghi, ne rate jamais l'occasion de rappeler que la
production agricole atteint aujourd'hui une valeur estimée à 30 milliards de dollars.
L'arrêt des importations a également
encouragé les producteurs: c'est le cas de l'ail ou de la tomate industrielle. Ainsi, aujourd'hui le pays est autosuffisant en pomme de terre et en ail. Des productions primeurs sont mêmes exportées
vers la Russie ou le Qatar. Néanmoins, les importations de céréales et de lait en poudre représentent encore 60% des importations de produits alimentaires.
Face à la baisse vertigineuse des réserves
de change, l'exportation des produits agricoles est considérée à Alger comme un paliatif à la manne pétrolière.
Mais les chiffres sont cruels. Si l'an passé les exportations agricoles ont atteint 57 millions de dollars celles liées aux produits pétroliers ont représenté plus de 30 milliards de dollars. L'idée
que le salut viendra de l'export agricole reste fermement ancré dans l'opinion publique. Le mythe de "l'Algérie grenier de Rome" reste vivace. Le défi est de faire aussi bien que le voisin marocain.
Ainsi, la chambre d'agriculture d'El Oued s'enorgueillit d'avoir inauguré une chaîne logistique permettant des exportations de dattes par avion.
NOURRIR LES HOMMES ET LES
ANIMAUX
Mais, avec l'augmentation du niveau de vie,
il faut compter avec une évolution du mode de consommation alimentaire. Ces dernières années, la demande en viande et produits laitiers s'est considérablement accrue. Yaourts et fromages sont
aujourd'hui présents sur toutes les tables. Ramenés auparavant de France à l'occasion de voyages, ils sont maintenant produit localement. Mais la conséquence est que de plus en plus de superficies
sont aujourd'hui consacrées à la production d'orge et de fourrages verts. En Algérie, pays semi-aride, avant de nourrir les hommes, on nourrit les animaux.
Et aux vaches et moutons, il faut ajouter
les volailles. Pour celles-ci, le modèle d'alimentation repose sur l'importation de maïs et de soja. Bon an mal an, la facture est de 1,43 milliards de dollars. Quand, il y a un an l'éphémère premier
ministre du moment a voulu s'attaquer à ce type d'importations, les fabricants privés d'aliments du bétail ont brandit l'arme du licenciement dans une filière qui emploie, entre l'amant et l'aval
plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Il s'agit par ailleurs de tenir compte
également des besoins locaux en sucre et en huile actuellement importés. Lorsque le médiatique Issad Rebrab se targue d'être le premier fournisseur de sucre, il oublie de signaler qu'il ne fait que
rafffiner du sucre brut brésilien.
Cette liste serait incomplète si on ne
mentionnait pas les céréales. Ce type d'importations est en constante progression. Les montants annuels – 2 milliards de dollars – consacrés à ces achats extérieurs pésent si lourd qu'il est de plus
en plus envisager de ne plus importer de blé dur. Celui-ci, plus rare sur les marchés extérieurs, grève les achats de blé tendre qui sert à confectionner les baguettes parisiennes dont sont si
friands les consommateurs des grandes villes. Ce sont 70% des calories consommées localement qui sont importées.
SUBVENTIONNER A TOUT VENT NE SUFFIT
PAS
Le bilan de l'ère Bouteflika apparait donc
en demi-teinte. Les subventions au secteur agricole ont été massives. L'agriculture entrepreunariale a souvent été privilégiée au dépends des petites stuctures pourtant majoritaires. Dans le cas
l'attribution de concessions agricoles dans le sud, la durabilité des exploitations a été mise de côté. La plupart des exploitations utilisent des eaux fossiles chargées en
sel.
Aurait-on pu faire mieux? Certainement et
sans dépenser plus. Là où le bât blesse, c'est au niveau réglementaire. De tous les ministres qui se sont succèdés à l'agriculture, aucun n'a proposé des mesures permettant de moderniser les
exploitations agricoles et leur environnement. C'est le cas en matière de coopératives de commercialisation. Les actuelles CCLS sont dirigées par un directeur nommé par la tutelle à partir de la
capitale. Le statut du fermage est inexistant. De ce fait, les agriculteurs désirant travailler des terres qui ne leur appartiennent pas sont dans l'illégalité ou "informel" selon la formule d'usage
à Alger. Ils ne peuvent consentir à demander de prêts ni être éligibles aux subventions publiques.
Aussi grave est le processus de
morcellement des terres lié à l'héritage entre générations. Seules la création par les co-exploitants ou co-ayant droit d'exploitations sous forme de société civile d'exploitation agricoles (SCEA)
permettrait de maintenir l'intégrité et la viabilité des terres agricoles.
UNE MULTITUDE D'INITIATIVES DE TERRAIN
A cela il s'agit de noter la faiblesse de
l'encadrement technique des exploitations. Si nombre de techniciens dépendant de structures administratives se démènent avec les moyens de bord pour vulgariser de nouvelles techniques, beaucoup
restent sous employés. Suite à la dynamique de l'investissement publique, le secteur de l'agro-fourniture et de la transformation s'est considérablement étoffé. Plusieurs laiteries privés telles
Danone-Djurdjura ou Soummam assurent un suivi technique des éleveurs. Cette dernière n'a pas hésité des éleveurs à acquérir des enrubanneuses afin d'assurer une meilleure conservation de leur
fourrage. Même démarche avec certaines minoteries ou transformateurs de tomate industrielle. Dans le cas des minoteries, c'est le fort pourcentage d'impuretés dans les livraisons de grains qui a
motivé des industriels. Dans le cas de la conserverie liée au Groupe Benamor, la fourniture de plants et un suivi technique, a permi de trippler les rendements. La multiplication de salons et de
foires agricoles a permis également de faire connaître ces nouveaux matériels et procédés. Les technico-commerciaux de nombreuses firmes parcourent la campagne pour faire connaître produits
phyto-sanitaires, matériel de culture ou d'élevage. Le désherbage chimique des céréales connaît un renouveau tandis que nombre d'étables se voit doter d'abreuvement
automatique.
A El-Oued, à partir des pivots de large
dimension, des artisans soudeurs ont mis au point des engins plus modestes. Ces engins ont permis le succès de la culture de la pomme de terre. Face au développement des cultures maraîchères sous
serre, le président de la filière en question milite pour des coopératives permettant le conditionnement et le stockage des produits avant exportation.
Telle une chrysalide, l'agriculture de
l'ére Bouteflika se développe et se transforme. Elle reste corsetée par une législation ancienne et les traditions tatillonnes d'une administration centralisée. Mais elle porte en elle-même les
graines du changement.
Devant les députés, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, a indiqué le 23 décembre dernier que les réserves
de change du pays étaient de 82 milliards de dollars fin novembre contre 97 milliards de dollars fin 2017.
20 ANS DE POLITIQUE AGRICOLE AVEC
BOUTEFLIKA
Nourrir 40 millions
d'Algériens ?
Djamel BELAID Ingénieur agronome.
6/03/2019
Les dernières manifestations qu'a connu
l'Algérie concernent le désir d'un 5ème mandat du président Bouteflika. Mais ces prochaines années, dans les rues d'Alger, si les prix du pétrole venaient encore à baisser, il faudrait s'attendre à
des émeutes de la faim. Certes l'agriculture locale a fait l'objet de notables progrès, mais pour de nombreux aliments de base: céréales, lait, huile ou sucre le recours aux importations reste de mise. Comment nourrir 40 millions d'Algériens?
UNE SITUATION
PREOCCUPANTE
En Algérie, c'est une population de 40
millions d'habitants que l'agriculture locale doit nourrir. Or, avec la récente remontée du taux de natalité, ce sont 1 million de bouches à nourrir qui s'ajoutent chaque année. Si en 1962, chaque
habitant, disposait d'un hectare de terre agricole, ce ratio est aujourd'hui tombé à 0,2 hectare. La majorité de la population vivant à moins de 10 km du littoral, la pression urbaine est forte sur
les terres les plus fertiles. Ainsi, la Mitidja, autrefois pays des oranges, est aujourd'hui rongée par le béton.
Avec le réchauffement climatique, les
terres de l'intérieur du pays ont vu la moyenne des précipitations baisser de 50 à 100 mm. Les terres sont par ailleurs menacées par l'érosion et la désertification. Dans le grand sud la mise en
valeur n'est possible que grâce à un arrosage continu à partir de l'eau prélevée dans les nappes préatiques. Si ces réserves en eau sont considérables, elles n'en demeurent pas moins non
renouvelables. Et le sel contenu dans ces eaux fossiles stérilise peu à peu les sols obligeant les agriculteurs à déplacer leurs pivots d'irrigation tous les 4-5 ans.
NOURRIR LES HOMMES ET LES
ANIMAUX
Dès les premiers mandats du président
Bouteflika, l'agriculture est redevenue une priorité nationale. Avec le Programme National de Développement Agricole, la décennie écoulée s'est traduite par une forte augmentation des sommes allouées
à l'agriculture - plusieurs dizaines de milliards de dollars. En 2009, sur ordre du président Bouteflika, les banques ont même reçu l'ordre d'effacer les dettes des agriculteurs. A ces largesses dans
le secteur secteur agricole, il faut rajouter les budgets faramineux du secteur hydrulique qui ont permis la construction de dizaines de barrages. Ils permettent aujourd'hui de retenir 6,5 mètres
milliards de mètres cubes d'eau.
La manne pétrolière a également concerné le
secteur de l'agro-transformation. Elle a permis l'émergence de grands groupes tels Benamor, Metidji ou Cevital dirigé par le médiatique Issad Rebrab. Aux capitaux privés sont parfois venus s'agréger
des capitaux venus du Moyen-Orient ou de France.
Ainsi dopées par les subventions, la
production de céréales, légumes, lait, huile et viandes ont connu de notables augmentations. L'actuel ministre de l'agriculture, Mr Abdelkader Bouazghi, ne rate jamais l'occasion de rappeler que la
production agricole atteint aujourd'hui une valeur estimée à 30 milliards de dollars.
L'arrêt des importations a également
encouragé les producteurs: c'est le cas de l'ail ou de la tomate industrielle. Ainsi, aujourd'hui le pays est autosuffisant en pomme de terre et en ail. Des productions primeurs sont mêmes exportées
vers la Russie ou le Qatar. Néanmoins, les importations de céréales et de lait en poudre représentent encore 60% des importations de produits alimentaires.
Face à la baisse vertigineuse des réserves
de change, l'exportation des produits agricoles est considérée à Alger comme un paliatif à la manne pétrolière.
Mais les chiffres sont cruels. Si l'an passé les exportations agricoles ont atteint 57 millions de dollars celles liées aux produits pétroliers ont représenté plus de 30 milliards de dollars. L'idée
que le salut viendra de l'export agricole reste fermement ancré dans l'opinion publique. Le mythe de "l'Algérie grenier de Rome" reste vivace. Le défi est de faire aussi bien que le voisin marocain.
Ainsi, la chambre d'agriculture d'El Oued s'enorgueillit d'avoir inauguré une chaîne logistique permettant des exportations de dattes par avion.
Mais, avec l'augmentation du niveau de vie,
il faut compter avec une évolution du mode de consommation alimentaire. Ces dernières années, la demande en viande et produits laitiers s'est considérablement accrue. Yaourts et fromages sont
aujourd'hui présents sur toutes les tables. Ramenés auparavant de France à l'occasion de voyages, ils sont maintenant produit localement. Mais la conséquence est que de plus en plus de superficies
sont aujourd'hui consacrées à la production d'orge et de fourrages verts. En Algérie, pays semi-aride, avant de nourrir les hommes, on nourrit les animaux.
L'AGRICULTURE DES
POSSIBLES
Si au sud, les réserves limitées en eau
font de l'actuel développement agricole un pari douteux, plus au nord existent de réelles réserves de productivité. Une part importante des terres reste restent en jachère du fait de pratiques
dépassées. L'irrigation d'appoint reste balbutiante. Quant à l'appui technique, bien que l'agro-fourniture fasse une percée remarquée, il reste le plus souvent aux mains d'administratifs. Si les lois
sur les associations ont permi l'émergence de chambres d'agriculture celles-ci restent trop souvent vues comme des passages obligés pour recevoir des subventions. Dans le domaine céréalier, il
n'existe pas de coopératives paysannes assurant l'encadrement des producteurs et la valorisation de leurs productions. Quant au fermage, il est inexistant. Par manque de statut, un propriétaire
désirant louer ses terres ne peut le faire légalement.
Depuis peu de nombreuses fermes pilotes
font l'objet de partenariats public-privé. Ce système a notamment permis le développement rapide d'une arboriculture moderne.
Les partenariats concernent également les
capitaux étrangers. Des investisseurs américains sont actuellement associés à la production de lait et de céréales comme à Brézina. Danone a racheté une laiterie locale et s'active dans les produits
laitiers. L'amont et l'aval sont également concernés: l'entreprise Sola (Espagne) construit des semoirs à Sidi Bel-Abbès alors que Galucho (Portugal) produit du matériel aratoire. La filiale Sanders
du groupe français Avril fabrique des aliments du bétail à Aïn Defla. Face aux récentes restrictions des importations, une autre filiale de ce groupe français produit depuis peu de la
mayonnaise.
Effet de la loi 51-49% sur les
investissements? En tout cas la participation des entreprises françaises reste prudente et cela malgrè le patient travail du précédent ambassadeur de France en Algérie. Bernard Emié n'a jamais ménagé
sa peine pour renforcer les liens avec les agro-transformateurs locaux (Grands Crus de l'Ouest ou Groupe Metidji). Face au forcing des entreprises, chinoises, turques ou russes avec le blé de la mer
Noire, les entreprises françaises ont des positions privilégiées du fait de la proximité géographique et culturelle. Sauront-elles être au rendez-vous?
Les importations de produits alimentaires ont atteint 4,59 milliards de dollars entre janvier et fin juin 2018 contre 4,43
milliards durant la même période de 2017, soit une hausse de 3,45%.
Devant les députés, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, a indiqué le 23 décembre dernier que les réserves
de change du pays étaient de 82 milliards de dollars fin novembre contre 97 milliards de dollars fin 2017.
TIARET, UN WALI OFFENSIF
"EL ARDH LI MANE YOUKHDIMOUHA ET PAS LI IBISNASS BIHA"
Djamel BELAID
12.12.2018
C'est un wali à
l'offensive qui en ce début de mois de décembre qui a rassemblé les cadres du secteur agricole pour faire le point sur la situation locale. S'exprimant d'abord en langue arabe, Mr Abdessalam
Bentouati, wali de Tiaret a, au bout d'un moment, utilisé la langue de Voltaire pour mettre en garde les faux investisseurs et pour appeler cadres agricoles et agriculteurs à plus
d'efforts ?
DES RESULTATS
EXCEPTIONNELS GRACE A ALLAH MAIS PAS GRACE AUX HOMMES
Le wali a noté les
résultats exceptionnels en matière de céréales. Faisant sans doute référence aux pluies de la campagne écoulée, il a ainsi déclaré que c'était grâce à la volonté divine qu'un tel résultat avait été
obtenu. Alors qu'on aurait pu penser que c'était là les traditionnelles paroles afin de satisfaire les plus bigots des participants, il a ensuite ajouté que ce résultat n'était pas attribuable aux
hommes du secteur agricole. Retenant son souffle, l'assistance est restée bouche bée. Dans la salle, on aurait pu entendre les mouches voler.
Poursuivant, Mr
Bentouati a explicité son propos : « que ce soit en matière d'irrigation d'appoint ou de la fertilisation, la productivité du secteur des céréales est loin des normes universelles ».
Il a aussi indiqué qu'il ne se satisfaisait d'une classification de la wilaya à la 17 ème place quant aux résultats dans le secteur agricole.
EN FINIR AVEC LES
EFFETS D'AUBAINE
Le wali s'est surtout
insurgé contre la mentalité des pseudos investisseurs qui accourent à chaque projet de distribution de concessions agricoles comme le feraient de prétendus bénéficiaires de logements sociaux.
« L'investissement dans l'agriculture, ce n'est pas l'attribution de logements sociaux » a-t-il déclaré.
Il a annoncé être en
possession d'une liste de 32 investisseurs potentiels locaux qui représentaient une véritable force avec près de 2 millions de dollars d'investissement. « Il leur suffit d'un seul claquement de
doigts pour qu'ils accourent à conditions qu'il y ait un accord en bonne et due forme. Ils viendraient avec armes et bagages » a-t-il ajouté.
Il a indiqué qu'à
« Rechgaia tous les autochtones qui avaient déposé des dossiers étaient confortés » mais qu'il ne souhaitait plus de pratiques mafieuses. « Que ces gens là se taisent sinon ils seront
poursuivis devant les tribunaux ».
PLACE AUX VRAIS
INVESTISSEURS
Il faut en finir avec
ceux qui se disent « je vais à Tiaret car ils donnent des terres agricoles et des logements sociaux ». Il a poursuivi (propos retranscris de la vidéo):
« J'ai invité à
une réunion de travail les investisseurs du secteur agricole. Sur les 32 pré-selectionnés, tous étaient présents.
Je remercie à ce
propos le Bneder pour le travail de préparation des dossiers. Tous répondent à une acceptabilité sociale. De même que le responsable de l'hydraulique est à féliciter pour son travail et sa présence à
nos côtés.
L'ancien DSA est
également à féliciter. Il est aujourd'hui présent dans la salle même s'il est actuellement affecté à la wilaya de Tlemcen. Je le remercie car il a cru en notre démarche et
motivation.
Il y a aujourd'hui des
investisseurs qui se sont lancés, il y a trois ans dans la production d'olives et qui aujourd'hui pressent leur première récolte et sont en mesure de commercialiser une huile qu'ils peuvent vendre à
800 DA le litre3."
EN JANVIER, UN PLAN
DACTION POUR TIARET
Mr Bentouati a
également annoncé : « En janvier, nous organiserons des journées de réflexion sur le secteur agricole. Cela se fera au niveau de chaque filière. Nous en comptons une vingtaine depuis la
production de safran à celle des céréales.
Avec la profession et
l'aide du ministère de l'agriculture nous souhaitons faire de Tiaret une wilaya pionnière ».
C'est là un beau
projet de la part d'un responsable local. Mais, il est regrettable que des présidents d'APC, d'APW, des chefs de daïra et des walis n'aient pas les éléments clés techniques pour débloquer la
situation sur le terrain.
Concernant la
céréaliculture, nous souhaiterions proposer à ce wali (et aux autres décideurs locaux) de mettre sur pied un groupe de céréaliers et d'artisans soudeurs pour mettre au point un semoir low-cost pour
semis direct (sans labour). Cette méthode est la seule qui réponde aux conditions climatiques, agronomiques et économiques de Tiaret. Il existe à la station ITGC de Sétif un exemplaire de semoir
syrien qu'il s'agirait de copier (et d'améliorer).
Mr LE WALI N'ATTENDEZ PAS CMA-SOLA
A la wilaya de Tiaret,
et à son wali, d'impulser le même succès de la wilaya de Oued Souf. Dans cette wilaya, ce sont des fellahs et des artisans soudeurs qui ont inventé les pivots rotatifs qui ont permis le succès de la
pomme de terre. En zone céréalière, face à la criminelle inertie de certaines entreprises publiques, c'est à la filière de fabriquer ses propres outils dont ce semoir.
Mr le wali, attendre
indéfiniment que l'entreprise CMA-SOLA se bouge pour fabriquer ce type de semoir est une perte de temps. Dès les prochains semis, il vous faudrait 50 de ces semoirs pour remonter le classement de la
wilaya. Pensez à ces semoirs lil ou n'har monsieur le wali (ainsi que tous les patriotes qui veulent le succès de notre céréaliculture).
Mr LE WALI, PENSEZ
VALEUR AJOUTEE
Espérant que Mr le
wali nous lise, nous aimerions lui dire que pour assurer le succès de notre céréaliculture, il faut que cette culture rapporte financièrement beaucoup plus céréaliers. Pour cela, il y a un moyen
radical. Permettez aux céréaliers d'écraser leur récolte de blé dur pour en faire de la semoule (comme le font les moulins privés qui engrangent des fortunes). En lui permettant de récupérer cette
valeur ajoutée, le fellah sera ainsi amené à emblaver toutes ses terres en jachère, à mettre de l'engrais, à désherber et à faire de l'irrigation d'appoint. Mais pour cela, il faudrait que les CCLS
prennent l'initiative de se lancer dans ce type de transformation.
A défaut des CCLS,
pourquoi ne pas imaginer des G.I.E paysans qui se doteraient des moyens pour écraser le grain mais aussi bénéficieraient des mêmes restitutions financières que les moulins
privés.
APAB, L'ALLIANCE DU LAIT ET DES SODAS
Patrons de toutes wilaya, unissez vous !
Djamel BELAID
26.11.2018
Les patrons algériens
ont réellement le sens de l'innovation. Surtout ceux du secteur des sodas et du lait. Non pas qu'ils aient créé un moyen afin de réduire leurs coûteuses importations de poudre de lait et de sucre.
Ces deux catégories de patrons se sont unis au sein d'une même association patronale pour mieux peser sur les décisions de pouvoirs publics pris à la gorge par la baisse des cours du prix du
pétrole.
UNE INITIATIVE
POSITIVE
En un sens, cette
initiative est positive. Les pouvoirs publics ont ainsi face à eux des interlocuteurs, certes plus forts, mais identifiés. Cela peut permettre d'établir le dialogue si nécessaire avec les opérateurs
économiques. Qu'on en juge : face au secteur de l'informel, l'Etat n'a pas d'interlocuteurs et à part des mesures coercitives, il n'a pas prise sur ce secteur de
l'économie.
Sur certains points,
l'APAB-Soda présente un bilan positif. En effet, il s'agit de l'une des seules filières qui se soit structurée de façon indépendante. Dans le cas des minoteries ou des mandataires en fruits et
légumes cela n'est pas le cas. Son bilan positif concerne surtout la réduction les discussion avec les services de l'Etat sur la réduction du taux de sucre dans les boissons. L'APAB mène également un
combat interne à la filière afin de normaliser les produits de la filière ainsi que les normes d'hygiène. Si cela permet de rehausser la confiance des consommateurs vis à vis de ce type de boissons,
c'est également un moyen d'écarter des concurrents qui pourraient leur faire de l'ombre.
On se rappelle les propos dédaigneux de Mr Othmani, PDG de NCA Rouiba, à l'encontre des petits limonadiers
informels préparant des boissons dans des baignoires. On aurait pu s'attendre à ce que l'APAB tende la main à ces jeunes investisseurs pour les guider vers de meilleures
pratiques.
Au delà de
l'injonction concernant la baisse des taux de sucre, les pouvoirs publics devraient inciter les limonadiers à une substitution , même partielle, des importations de concentrés de jus et de
sucre. Ces patrons devraient être encouragés, voire incités, à aider les agriculteurs à produire des extraits de fruits ou des produits sucrant (sucre de dattes, sirop de glucose obtenu à partir de
pomme de terre, stevia, …).
LAIT, LA BATAILLE POUR
L'OR BLANC
Mais ce qui a motivé
cette soudaine alliance du lait et du soda réside dans la baisse des quotas de poudre de lait attribués aux laiteries privées. Le montant de importations de cette matière atteint aujourd'hui des
montants faramineux. La situation devient intenable dans un contexte de baisse des prix du pétrole. Les patrons des laiteries privées se plaignent également du mode d'attribution de ces quotas et de
la non possibilité de réceptionner cette marchandise dans le port de leur choix.
Il est à espérer que
réunis dans une même structure professionnelle, les patrons des laiteries privées essayent d'innover. Ils disposent de moyens modernes dont ceux de l'emballage. Au delà du lait de vache, il existe
des « laits » dit végétaux. Ces laits sont en fort développement à l'étranger. Ils sont le fait de plusieurs sociétés : SojaSun.fr ou Bjorg.fr pour n'en citer que les plus connues. Il
serait intéressant que l'Apab-lait se dote d'un laboratoire de recherche afin de mettre au point de tels laits végétaux. Ceux-ci sont à base de soja, de riz, d'orge ou d'amandes. Il y a tout un pan
de l'industrie laitière à développer. On pourrait penser à des laits mixtes : lait de vache coupé au lait végétal, lait végétal aromatisé au chocolat, à la fraise ou à la vanille. De telles
produits pourraient soulager les finances publique, créer de l'emploi local et soutenir la production agricole. Ainsi, auparavant, du fait de sa faible taille, la production locale d'amandes était
confidentielle. Or, grâce aux subventions du PNDA, par exemple à Djelfa, des investisseurs commencent à produire des quantités phénoménales d'amandes. Il y aurait ainsi de quoi tester la production
de lait d'amandes.
LAITERIES, DES PATRONS
ENCORE TROP HITTISTES
Si les patrons des
usines de boissons sont totalement liés aux importations de leur matière première (concentré de jus, sucre, malt, …), ceux des laiteries le sont un peu moins globalement. En effet, cette catégorie de
patrons peut s'enorgueillir de contribuer à la productions de lait frais local. C'est le cas des laiteries Soummam, Djurdjura-Danone et d'une kyrielle de petits établissements. Cette aide se fait le
plus souvent par l'aide aux éleveurs dans l'acquisition de génisses, d'aliments de bétail, de matériel de récolte des fourrages, de soins vétérinaires voire d'avances sur revenu. Mais la situation
est telle, que ce mouvement doit être amplifié et étendu à l'ensemble des laiteries privées et publiques. Il est regrettable que des laiteries coopératives ne soient pas encouragées. La valeur
ajoutée des activités qu'elles pourraient créer irait dans la poche des éleveurs et pourrait contribuer à rendre l'élevage laitier plus rémunérateur. Actuellement, l'or blanc va uniquement dans les
poches d'urbains ayant investi dans la collecte et transformation du lait : éleveurs, consommateurs et pouvoirs publics sont les grands perdants d'une telle organisation de la
filière.
POUDRE DE LAIT, REVOIR
LE MODE DE COMMERCIALISATION
L'Algérie est l'un des
seul pays au monde à utiliser des sachets plastique pour le lait . Il s'agit de revoir le mode de commercialisation de la poudre de lait. Pourquoi la faire reconditionner par des industriels
qui, au passage, en détourne une partie pour faire des yaourts et du fromage ? Il serait plus logique, comme en Chine et en France, de commercialiser la poudre de lait au détail directement vers
le consommateur. Cela, par exemple sous forme de paquets de 300 grammes.
Ces deux secteurs lait
et sodas sont très consommateurs en intrants importés de l'étranger. La constitution d'unions professionnelles dédiées à ces activités constituent une bonne nouvelle. A condition que cela permettent
la concertation entre industriels afin d'innover techniquement et non pas seulement comme moyen de pression contre les pouvoirs publics. Quant à ceux-ci, ils ne seront que plus respectés par ces
industriels et les consommateurs en favorisant transparence et incitation à l'innovation.
5
EME MANDAT, MEME LE LAIT CONCERNE ?
Quand le débat sur la production de lait devient politique.
Djamel BELAID
2.11.2018
Un récent
article du site « Maghreb Emergent » concernant la filière lait en Algérie trace un bilan catastrophique
de la situation de ce secteur. Certes, le montant des importations de poudre de lait est affolant. Ces importations nous coûtent de plus en plus cher. Cependant à ne voir que des aspects négatifs
dans un secteur où nombre d'éleveurs laitiers, laiteries et entreprises déploient des trésors d'innovations techniques révèle d'une certaine myopie ; à moins que l'auteur ne soit utilisé à son
insu pour de sombres desseins. La négation des réussites de ces dernières années est prégnante. C'est à se demander si le débat économique n'est pas contaminé par le débat
politique.
L'ARTICLE EN
QUESTION
Ce qui est troublant
dans un tel article est la litanie des dysfonctionnements constatés. Nulle intention de notre part de les masquer. Mais analyser un problème, c'est déjà trouver la cause d'un dysfonctionnement. Donc,
à tout problème, doit suivre des propositions de solutions. Mais, là nulle trace de propositions (si ce n'est pour « de grands élevages »). A part, parfois quelques rapides
généralités : « mise en place de modules des grands élevages pour élever cette filière au rang d’un tissu industriel par l’acquisition de la technologie des conduites informatisées des
cheptels ». Faut-il absolument passer par un ordinateur pour nourrir une vache ? Si une gestion rigoureuse d'un atelier bovin passe par l'outil informatique, l'urgence actuelle est de mieux
valoriser les fourrages disponibles.
A ce petit jeu, c'est
à se demander s'il ne s'agit pas là d'une tentative de réponse aux dernières assises de l'agriculture. C'est une hypothèse que nous soumettons à l'attention de chacun. En effet, selon certains
observateurs, celles-ci n'auraient eu pour seul but d'établir par des laudateurs patentés un bilan positif du secteur agricole et ainsi apporter un soutien à l'idée d'un cinquième mandat
présidentiel.
Que ce soit de la part
d'un camp ou de l'autre, l'agriculture doit rester loin des querelles de chapelles. Ce secteur a besoin d'analyses, de bilans, de prospectives constructives. L'enjeu de nourrir 40 millions
d'habitants dans un pays à dominante semi-aride et aride est trop grand pour se prêter à des luttes d'influence ou à des constats béats sur une impuissance présumée de notre
agriculture.
SUR LA RENTABILITE DES
PETITES EXPLOITATIONS
Les petites
exploitations sont raillées dans l'article. Or, il est établit que de petites exploitations agricoles peuvent avoir une rentabilité meilleure à de grands complexes. Par ailleurs, comme le note
l'agro-économiste Omar Bessaoud, l'agriculture algérienne emploie un million de familles. Leur travail permet de satisfaire, en partie, les consommateurs. Leur travail leur permet ainsi d'avoir un
revenu. Confier notre agriculture à de seules entreprises de grandes taille, c'est denier la contribution du secteur agricole à l'emploi. Par ailleurs, la politique de l'emploi en milieu agricole et
rural est le seul moyen d'éviter l'exode rural. Nourrir encore plus de populations urbaines entassées dans des agglomérations, la plupart du temps situées sur les meilleures terres agricoles n'aurait
pas de sens.
Quant aux grands
complexes laitiers installés en plein désert que nous promettent des investisseurs américains, leur réussite est aléatoire. Les lobbyistes pro-américains sont à l'oeuvre. Mais à part des consortiums
véreux venus des USA car attirés par le soutien que consentent les pouvoirs publics, nous n'avons pas vu de réalisations concrètes.
Par contre dans la
région du M'Zab, des investisseurs locaux, installés sur des exploitations à taille humaine, ont su mobiliser des ressources fourragères pour développer la production locale de
lait.
POUDRE DE LAIT, MIEUX
MAITRISER LE MARCHE
Le montant de la
facture liée aux importations de lait en poudre est de plus en plus élevée. Cette situation n'est pas tenable. Aux pouvoirs publics de réagir. Nous aurions aimé quelques suggestions de la part des
contradicteurs.
Selon les
potentialités climatiques et agricole, les pouvoirs publics doivent conditionner la délivrance aux laiteries de quota de poudre de lait par l'engagement de celle-ci dans la production locale –
directe ou indirecte - de lait frais. Cette production pouvant se faire par l'investissement dans des fermes laitières, mais surtout par l'encadrement technique des éleveurs.
Quant à la
distribution du lait en poudre, elle pourrait être revue. Actuellement, la méthode de reconditionnement par ajout d'eau est privilégiée. De nombreuses laiteries en profitent pour « faire leur
beurre ». Elles détournent cette poudre pour faire du fromage et ainsi maximiser leurs marges bénéficiaires. Question : dans de nombreux pays, le lait en poudre est commercialisé sous forme
de paquets de 300 grammes et ce sont les consommateurs qui rajoutent chez eux de l'eau pour en faire du lait. Pourquoi ne pas faire de même en Algérie ? Les livraisons de poudre de lait aux
laiteries seraient alors réservées à la seule production de fromages et de déserts lactés et donc facturés comme il se doit.
PRODUCTION DE LAIT
FRAIS, POUR ALLER DE L'AVANT
Les éleveurs et les
professionnels de la filière ont certainement des suggestions afin de développer la production. A Sétif, la coopérative d'élevage Anfel produit du « mash fourrager », une sorte de mélange
de différents aliments et fourrages qui améliore les performances des animaux. A Constantine, les éleveurs laitiers ont été aidé par laiterie Soummam pour bénéficier d'enrubanneuses et mieux
conserver leur fourrage. Dans le Haut-Chélif, des laiteries recrutent des vétérinaires et les mettent à la disposition des éleveurs adhérents. Le centre national d'insémination animale propose des
méthodes modernes pour améliorer la rentabilité des élevages.
Aux décideurs
régionaux d'agir sur ces différents leviers. Il existe des solutions concrètes pour améliorer la production et répondre aux pleureuses qui ne voient que dysfonctionnements et font silence des
réussites.
Parmi, toutes ces
solutions techniques et organisationnelles, il nous semble que développer le soutien technique des éleveurs par les laiteries privées et publiques est d'une urgence nécessité. Ces laiteries captent
l'or blanc des éleveurs. A elles d'investir dans la production. Et d'ailleurs, certaines jouent le jeu. A cet égard l'analyse de leur expérience à des fins de généralisation s'avère
urgente.
POUVOIRS PUBLICS, DIRE
LA VERITE AUX ALGERIENS
Promettre à chaque
consommateur algérien – 40 millions de consommateurs - du lait et des produits laitiers est une voie hasardeuse. Cette stratégie repose sur l'importation d'aliments concentré pour bétail et de poudre
de lait. Tôt ou tard, face à la chute des revenus pétroliers et à l'augmentation des besoins de la population, cette voie apparaîtra comme un échec. Aux pouvoirs publics d'informer les consommateurs
de l'impossibilité pour nous de suivre le modèle de consommation occidental.
Ainsi, il est
impensable de songer à des steacks « Made in Algeria » pour tous. La filière d'engraissement de jeunes veaux localement peut être améliorée par l'importation de veaux des ex-pays de l'Est,
par l'amélioration des disponibilités locales en fourrages et de la conduite. Mais les énormes besoins en eau qu'exige ce type de production ne pourra jamais en faire un produit de large consommation
(sauf pour les hauts revenus). Mais proposer des steacks végétaux est une voie à explorer.
Dès aujourd'hui, il
s'agit de proposer aux consommateurs locaux des produits de substitutions : laits végétaux ainsi que fromages et déserts lactés dérivés de ce type de lait. En la matière il s'agit de s'inspirer
des innovations du secteur agro-alimentaire des firmes étrangères orientées vers la satisfaction des consommateurs européens végétariens.
A ce titre, il est
indécent de voir des investisseurs locaux penser à exporter des produits laitiers en Mauritanie comme le propose Falait avec son fromage Tartino.
En définitive, face
aux insuffisances et dysfonctionnements dont se gaussent les détracteurs, nous pensons qu'il existe des alternatives. Cependant, à différents niveaux des institutions, les pouvoirs publics restent
dans une position attentiste par incompétence technique et organisationnelles et par effet des pressions de lobby. Mais pour notre part, surtout en ce début de mois de Novembre, nous sommes loin de
tomber dans le défaitisme. Aux patriotes en tout point du territoire et à différents niveaux des filières animales de relever le défi. D'autres, avant nous en Novembre 1954 ont relevé des défis bien
plus grands. La profession agricole en est capable. Encore faut-il que contrairement aux détracteurs et pleureuses de tout bord, nous soyons déterminés, après une analyse sans complaisance de la
situation, à formuler des propositions constructives.
Nous en sommes
capables.
“La production algérienne de lait ne couvre que 15% des besoins locaux” (Akli Moussouni). Par Maghreb Émergent. 28 octobre
2018
IMPORTATIONS DE BLE RUSSE PAR
L'ALGERIE
Interview accordée à Dziri.com
25/10/2018
1/Quelle est votre appréciation
du bilan de la production céréalière de l'Algérie 2018?
Incontestablement,
cette récolte de 60 millions de quintaux de céréales montre les progrès de la filière. Certes, les pluies ont été abondantes mais elles n'ont fait que valoriser les efforts des céréaliers. La
production locale de tracteurs n'a jamais aussi été élevée. Cette meilleure disponibilité en moyen de traction permet d'emblaver plus de surfaces. Grâce à la mise en service de nouveaux équipements
fournis par la société turque Akyurek, l'OAIC, à travers ses CCLS, a contribué à couvrir les besoins en semences certifiées. Ce matériel moderne a considérablement renforcé les capacités déjà
existantes. Outre, la qualité des semences, les CCLS ont été en mesure de fournir avec 50 jours d'avance les céréaliers. Cela a réduit les semis tardifs qui pénalisent fortement les rendements. Un
autre facteur, trop souvent oublié, est la présence sur le terrain des firmes d'agro-fournitures. Qu'il s'agisse d'investisseurs privés ou de grands groupes étrangers (Syngenta, Timac Agro filiale du
Groupe Roullier), les campagnes sont aujourd'hui quadrillées par des réseaux de technico-commerciaux qui réalisent un véritable travail de vente et de vulgarisation. Cette année par exemple, à
travers sa campagne Saba-Plus, Syngenta-Algérie a animé de nombreuses journées techniques en salle et sur le terrain à travers la visite de parcelles d'essais. Ainsi, aujourd'hui de nombreux
céréaliers utilisent comme désherbants les mêmes molécules que les gros céréaliers du bassin parisien. En matière d'engrais au traditionnel super-phosphate, est venue s'ajouter une foule de
formulations plus efficaces.
Concernant les
surfaces irriguées, elles progressent que ce soit celles en irrigation de complément ou dans le sud les surfaces sous pivot.
Nombre d'ingénieurs
agronomes et de techniciens – voire d'universitaires investissant dans le secteur agricole – sont présents dans les exploitations. Nombreux sont ceux qui mettent en pratique des techniques
modernes : semis direct à Sétif ou traitements fongicides à Constantine. Le non-labour avec semis direct permet de réduire de 40% les coûts de mécanisation et de semer 6 fois plus vite. A Sétif,
un groupe de céréaliers, conseillés par des universitaires, vont jusqu'à analyser chaque hiver l'azote du sol afin d'affiner les doses d'engrais azotés à apporter au printemps. Ainsi, aux côtés
d'agriculteurs traditionnels, apparaît une nouvelle catégorie de céréaliers performants.
2/Comment jugez-vous la dépendance de l'Algérie à l'importation des céréales, autrement avons-nous
les moyens de devenir indépendant à l'importation à moyen terme?
Actuellement,
l'autonomie en céréales est impossible. En effet, l'Algérie ne possède pas de vastes plaines avec du tchernoziom, ces sols noirs de Russie et d'Ukraine disposant de 3 à 10% de matière organique et
profond de 1 à 6 mètres. En Algérie, les sols sont peu épais et n'ont, en moyenne, que 1 à 1,5% de matière organique. Ils reposent pour beaucoup sur une couche de calcaire peu favorable au
développement des racines. Par ailleurs, la population algérienne augmente rapidement. Le consommateur désire plus de viandes et de produits laitiers. D'où les surfaces en orge consacrées à nourrir
les animaux. L'objectif immédiat est donc avant tout de réduire les importations de blé tendre.
Pour cela, il existe
de fortes réserves de productivité. Un expert australien a dit de l'Algérie que nous avions 30 ans de retard sur ce qui se fait aujourd'hui en Australie. S'il nous faut poursuivre les efforts en
matière d'irrigation de complément, dans le cas des cultures non irriguées, il s'agit surtout de définir les itinéraires techniques les mieux adaptés à nos conditions. Ainsi, une grande majorité
d'agriculteurs continuent à labourer le sol. Or, labourer prend du temps, coûte cher, assèche le sol et favorise l'érosion d'où un envasement des barrages. Concernant les engrais, le fort taux de
calcaire et le déficit hydrique nous oblige à localiser les engrais au semis. Quant au désherbage, sous nos conditions, il est vital afin de réserver le peu d'eau du sol aux seuls plants de blé. Or,
qu'il soit mécanique ou chimique, le désherbage reste encore non généralisé. Seuls des itinéraires techniques économes en eau et sobres en matériel et intrants nous permettrons d'intéresser les
céréaliers à cultiver plus de blé.
Il s'agit donc de
mettre à leur disposition le matériel nécessaire et les formes d'organisation les plus appropriées. Nous ne produisons ni les semoirs qui permettraient de s'affranchir du labour et de localiser les
engrais ni les herses étrilles et autres houes mécaniques qui permettraient aux petits fellahs de désherber mécaniquement à moindre frais. Pourtant, à Oued Souf, des artisans soudeurs ont su
concevoir les pivots artisanaux qui ont permis le succès de la pomme de terre dans cette région. Il est à espérer que cette succes story soit réitérée dans le cas des céréales avec la fabrication
locale de semoirs low-cost pour semis direct. Un cluster machinisme agricole mériterait d'être mis sur pied.
Quant aux formes
d'organisation, si les chambres d'agricultures sont encore à leur début, il doit y avoir à leurs côtés des coopératives céréalières paysannes. Comme dans les grands pays agricoles, indépendantes
d'une bureaucratie tatillonne, elles doivent pouvoir recruter elles même directeur, ingénieurs et techniciens avec un seul mot d'ordre : « l'obligation de résultats ». Elles doivent
pouvoir également transformer le grain en semoule, voire en pâtes alimentaires et ainsi produire plus de valeur ajoutée. C'est là le moyen de rendre plus attractif la culture des céréales et de
pérenniser cette attractivité. Actuellement l'élevage du mouton reste très rémunérateur, et si ce n'étaient les subventions publiques, bon nombre de terres à blé seraient consacrées exclusivement au
mouton. C'est dire l'urgence de revisiter nos façons de faire.
En attendant, il
s'agit d'orienter les transformateurs vers la création de réseaux d'appui technique aux céréaliers comme le font groupe Benamor ou Smid Tell. Dans le cas de la tomate industrielle, ce sont des
conserveries qui ont vulgarisé les techniques modernes permettant de tripler les rendements. Des laiteries privées ont également mis sur pied un tel appui technique.
Enfin, un statut du
fermage permettrait de légaliser la location des terres agricoles et sortirait de l'informel bon nombre de céréaliers qui n'ont donc pas accès aux prêts de campagnes et
subventions.
3/Que pensez-vous de la décision de l?Algérie de diversifier ses fournisseurs en blé (Polémique
concernant une possibilité d'achat de blé russe) ?
Le blé russe
bénéficient d'un avantage, il est moins cher de 20 dollars la tonne par rapport aux blés français. Ce différentiel est lié aux coûts de production : faibles salaires à l'Est et taille des
exploitations : 150 hectares en moyenne en France contre 1000 à 2000 hectares en Russie. Nous avons donc tout intérêt à consommer, comme les Egyptiens et les Marocains, du blé russe. C'est en
2016 que du fait d'une faible récolte, la France a perdu des parts de marché en Afrique au profit de la Russie.
La Russie et l'Ukraine
ont des terres fertiles et une population qui n'augmente pas ou peu. De ce fait, ces pays de la mer Noire sont des exportateurs avec qui il faudra compter. Leur blé est naturellement riche en
protéines, ce qui n'est pas le cas des blés français. Jusqu'à présent, les céréaliers français privilégiaient le rendement au détriment des protéines. Sans aucun état d'âme, ils versaient dans le
trou du silo de la coopérative des remorques entières de blé fourragers. Il fallait faire du tonnage. De quoi remplir rapidement un train pour l'export via le port de Rouen. Par ailleurs, les
opérations de nettoyage des grains n'étaient pas systématiques. « Papa, j'ai honte du blé français que j'ai vu débarquer en Egypte » m'a confié un jour un céréalier du bassin parisien dont
la fille travaillait dans le négoce. Aujourd'hui sous l'impulsion, notamment de Rémi Haquin, président du conseil de FranceAgriMer, la filière française tente de conserver ses parts de marché en
jouant la carte de la qualité. Ainsi, les silos sont aujourd'hui équipés d'analyseurs à infra-rouge permettant de déterminer de façon instantanée le taux de protéines de toute remorque de blé
arrivant devant un silo. Par ailleurs, la sélection s'oriente vers des variétés permettant de meilleurs taux de protéines et valorisant mieux les apports d'engrais azotés. Mais ce n'est pas chose
facile, car les mesures environnementales visant à lutter contre la pollution des nappes phréatiques par les nitrates contraignent les céréaliers à réduire leurs apports d'azote. Les blés français
sont également handicapés par les pluies d'été. Alors que les grains ne sont pas encore récoltés, le développement de moisissures sur les épis est à l'origine de la présence de mycotoxines (D.O.N)
dangereuses pour la santé. En 2016, le phénomène était tel que lorsqu'on se promenait près d'un champs de blé, on pouvait être dérangé par une odeur de moisi.
De leur côté les blés
de la mer Noire sont sujet à des attaques de punaises qui réduisent le poids spécifique et les propriétés de panification. Selon Pierre Duclos, président d'Agri Trade Consulting : « il y une
autorisation maximale de 0,10 % (de grains punaisés) dans le cahier des charges de l'OAIC et les blés russes sont en général entre 0,50 et 0,70 % alors qu'ils étaient par le passé plutôt entre 1 et
1,50 % », explique-t-il. L'OAIC a le choix de réduire son cahier des charges. On peut se demander si une telle décision pourrait être prise face à la sensibilité de l'opinion publique très sensible
sur la qualité sanitaire des cargaisons de blés déchargées au niveau du port d'Alger. De son côté, afin de conquérir de nouveaux marchés, le partenaire russe a tout intérêt à montrer qu'il est
capable de nouveaux progrès.
La volonté d'être
présent sur le marché de l'export est tel que nul doute que la filière russe saura trouver la parade. D'autant plus que cette filière fait l'objet de lourds investissements dans les infrastructures
portuaires. De grands groupes de négoce tels Louis Dreyfus Company ou Cargill investissent dans des terminaux céréaliers à Novorossiisk. Il est a espérer des progrès dans le transport ferroviaire
russe qui a souvent été montré du doigt pour le manque de wagons.
Les récentes visites
d'experts algériens dans les ports russes auront permis de vérifier des capacités locales d'exportations. Comme le port de Rouen, les ports russes disposent aujourd'hui de quais capables de recevoir
des cargos de fort tonnage de type Panamax.
Si comme l'autorité
égyptienne en charge des céréales (GASC), l'OAIC venait à choisir le blé russe, cela ne passerait pas inaperçu. L'Algérie est en effet le plus gros client de la France. Selon France Export Céréales,
près de 4,3 millions de tonnes de blé ont été exporté vers l'Algérie en 2017/2018. Un tel choix pourrait faire l'objet de fortes pressions de la part du partenaire français. En effet, avec la
nouvelle mouture de la Politique Agricole Commune, les céréaliers vont voir se réduire le montant des aides. Le Brexit verra également une réduction du budget agricole du fait de la perte des
contributions anglaises.
Le choix vers le blé
russe obligerait les meuniers algériens à travailler des grains plus durs, d'où une nécessaire adaptation et des coûts de mouture quelque peu plus élevés. Mais ils y gagnerons en taux de protéines.
Selon les meuniers du Cameroun, Sénégal et Maroc qui l'utilisent depuis 2016, le blé russe permet de produire toute sorte de farine : ménagère, boulangère ou pâtissière. Et ils en sont
satisfait.
LANCEMENT DE LA CAMPAGNE LABOURS-SEMAILLES A SETIF
LE WALI PRONE UNE MEILLEURE ATTRACTIVITE DE LA CCLS
Djamel BELAID
9.10.2018
Le site de la wilaya
de Sétif met en ligne une vidéo relative au lancement de la campagne « labours-semailles ». Avec ses cheveux blancs et sa cravate rouge, le wali était bien reconnaissable parmi les
responsables locaux se pressant sous une tente pour écouter les responsables du secteur agricole. Les échanges entre les participants était particulièrement intéressant. Mais, Mr le wali pose-t-il
les bonnes questions ? Et lui donne-t-on les bonnes informations ?
Apparemment le wali de
Sétif est un innovateur. Accueilli avec des fleurs, pour cette inauguration, il a eu l'élégance de les offrir à la dame qui était chargée de les lui remettre. Mais, c'est surtout au niveau des
échanges avec les responsables agricoles que les propos du wali sont détonants.
LE WALI :
DEVELOPPER L'ATTRACTIVITE DE LA CCLS DE SETIF
Répondant aux chiffres
sur les progrès de la collecte de céréales de la CCLS, le wali n'a pas manqué de noter la meilleure attractivité que représente cet organisme pour les céréaliers. « Nous sommes dans une économie
de marché ».
Il a conseillé à la
CCLS de ne plus avoir une position attentiste. Et pour mieux illustrer son propos, le wali a abordé les livraisons frauduleuses de blé importé. L'évocation de ce sujet a suscité la stupeur de son
interlocuteur qui a répondu qu'il y avait eu quelques tentatives minimes. Le responsable de la CCLS a cru un instant que cela lui était reproché.
Revenant à la charge,
le wali a repris les propos : « ces tentatives, elles sont minimes, el-hamdoulah. Mais cela montre que vous êtes devenus attractifs ». Puis généralisant aux cas les plus généraux, le
wali a ajouté « le fait que les gens viennent vous voir [pour livrer des céréales] montre que vous êtes devenus plus attractifs ». Avec le responsable de la CCLS, il a insisté sur la
nécessité d'aller au devant des fellahs.
LES QUESTIONS A POSER
AU DSA ET A LA CCLS
On ne peut que se
réjouir du souci d'un wali de contribuer au développement de la production de céréales. Afin d'aider ces responsables de l'exécutif de wilaya ou de daïra, il nous semble que d'autres questions
devraient être posées. Par exemple l'évolution des livraisons de matériel d'irrigation et les surfaces effectivement irriguées, l'évolution des surfaces emblavées par semis direct, l'évolution des
livraisons de semences certifiées, l'évolution des surfaces recevant des fertilisants et désherbées. Mais pourquoi
n'aborder que des questions relatives au matériel ? Les questions devraient également porter sur la gouvernance des hommes au niveau des CCLS. Quid du rôle des élus paysans de la CCLS ?
Quid de l'émulation salariale des agents chargés de la vente des intrants agricole ou de la collecte ? Revenons sur ces différents points.
Concernant
l'irrigation, si celle-ci mérite toute l'attention, il ne faut pas perdre de vue que la majorité des surfaces sont en sec et le resteront. L'attention doit donc porter également sur l'innovation
technique en culture pluviale. Cette innovation est d'autant plus fondamentale que les importations de céréales se chiffrent en centaines de milliers de dollars et que pour les fellahs le
réchauffement climatique est devenu une réalité.
LA QUESTION
CENTRALE : PRODUIRE A SETIF DES SEMOIRS POUR SEMIS DIRECT
Concernant le
semis-direct. Il s'agit d'une technique d'avenir aujourd'hui adoptée par les agricultures modernes des pays connaissant des conditions semi-arides (Australie, Espagne...). Or, force est d'observer
que nous sommes à la traîne en Algérie. Et la vidéo mise en ligne par la wilaya de Sétif en témoigne pour qui sait décrypter les faits. Ce sont trois semoirs conventionnels qui ont symboliquement
inauguré le déclenchement de la campagne « labours-semailles ». Le seul semoir moderne capable d'un semis direct était bien présent. Mais il était en photo ! Mr le wali, à l'avenir,
demandez pourquoi ce semoir ne vous est présenté seulement en photo. Demandez pourquoi cette technique plébiscitée par plusieurs gros céréaliers algériens du groupe des 50 quintaux n'est pas mise en
avant par la DSA et la CCLS de Sétif ? Ce sont là les questions décisives, les questions qui dérangent. L'urgence de la situation oblige à être plus exigeant.
Certes, il ne s'agit
pas d'accabler des responsables locaux pour un matériel développé par l'entreprise SOLA-CMA de Sidi Bel-Abbès. Mais, la question qu'on se doit de poser est la suivante : dans une des principales
wilaya céréalière d'Algérie, comment se fait-il que les semoirs utilisés soient si peu performants ?
Mr LE WALI DE SETIF,
REITEREZ LE SUCCES DES PIVOTS DE OUED SOUF
En effet, les trois
semoirs alignés sous les yeux du wali ne permettent ni de réaliser un semis direct ni de localiser les engrais près
des semences.
Mais que pourraient
faire des directeurs dynamiques de CCLS et de DSA ? Ils pourraient, en liaison avec l'ITGC, des agriculteurs et artisans soudeurs, contribuer à modifier les semoirs locaux et notamment ceux du
parc des CCLS. Ils pourraient également faire appel à des artisans soudeurs pour les aider à produire des semoirs pour semis direct. La technologie relative à la construction de ces semoirs est
simple. Elle est même mise en ligne sur le net en langue arabe. A Mezloug, Mr Refoufi s'est lancé dans cette
aventure.
Pourquoi, comme à Oued
Souf, dans le cas de la production de pivots artisanaux mieux adaptés aux conditions locales, ne pas essayer à Sétif, de réunir les conditions pour la fabrication et la modification du matériel local
(up-grading) ? Les semoirs pour semis direct permettent d'économiser l'eau du sol et de restaurer la fertilité des sols. Seuls ces engins permettront, en cas d'année sèche à venir (et elles
viendront), de s'adapter au manque de pluie.
Il y a là un combat
dont pourrait s'emparer Mr le wali de Sétif : arriver à produire localement des semoirs low-cost pour semis direct. A Sétif, il y a sur place les hommes (céréaliers, universitaires, artisans
soudeurs, investisseurs) et le matériel (découpe et pliage de l'acier, soudure). Il manque seulement un leader capable de fédérer les nombreuses énergies locales. Trop souvent nous avons négligé
l'initiative privée. Les pivots de Oued Souf sont là pour nous montrer « l'Algérie des possibles ». Fédérer les hommes autour de l'adaptation et la fabrication locale de semoirs pour le
semis-direct, Mr le wali de Sétif pourrait être cette personne.
POUR UN SEMOIR MADE IN
SETIF
Les conseils de Mr le
wali de Sétif concernant la nécessaire attractivité de la CCLS lors de la collecte des céréales, pourraient s'appliquer à la modernisation du parc de semoirs de cet organisme. Avec l'aide des moyens
humains dont dispose la wilaya, dans un premier temps, il est possible d'envisager d'adapter les semoirs conventionnels. Ceux de ces engins disposant de dents en double spire ont la capacité de semer
sans labour sur les sols les plus meubles. Pour arriver à cela, de légères modifications seraient à opérer sur les engins. Rappelons le, l'intérêt de cette mesure est de semer plus vite et à moindre coût. Dans une seconde phase, il s'agit d'arriver à produire un semoir low-cost pour
semis direct Made In Sétif. L'enlisement actuel du projet de semoir Boudour par CMA-SOLA dans la lointaine usine de Sidi Bel-Abbès montre la nécessité que la wilaya de Sétif et les céréaliers
sétifiens s'emparent de ce dossier. Il s'agirait d'aider à copier le semoir syrien actuellement à la station ITGC. Mr Refoufi a ainsi produit un premier exemplaire.
PRODUCTION
CEREALIERES, OBLIGATION DE RESULTATS
Nos propos peuvent
sembler sévères. Il ne s'agit d'accabler personne, mais de rappeler l'obligation de résultats à laquelle nous sommes tous tenus : responsable d'exécutif, élu, universitaire, cadre de terrain ou
fellah. Le niveau des importations de céréales et le réchauffement climatique nous poussent à toujours faire mieux. Mieux dans l'aspect quantitatif mais également qualitatif.
A ce
propos, il suffit de considérer le rapport entre les surfaces céréalières et les quantités d'engrais utilisées. En prenant comme postulat qu'il faut en moyenne un quintal d'engrais par hectares, on
s'aperçoit immédiatement que peu de surfaces reçoivent des engrais.
Voir
dans nos précédents articles l'intérêt de ce matériel.
Dans nos
conditions une bonne partie des engrais utilisés de façon conventionnels sont bloqués par le calcaire ou se perdent sous forme de gaz.
https://apps.icarda.org/wsInternet/wsInternet.asmx/DownloadFileToLocal?filePath=Tools_and_guidelines/Practical_Implementation_conservation_agriculture.pdf&fileName=Practical_Implementation_conservation_agriculture.pdf
Il s'agit d'espacer les dents de 17 cm à 22 cm. Les pointes de ces dents doivent être
remplacées par des pièces plus étroites.
WALI, CHEF DE DAÎRA, COMMENT AIDER LES CEREALIERS ?
Manuel de survie pour
superviser le secteur agricole.
Que de plus
réjouissant de voir des walis et chefs de daïra lancer officiellement la « campagne labours- semailles » dans leur secteur respectif. Drapeau en main, le plus souvent entourés d'une nuée de
responsables locaux, ils agitent leur fanion déclenchant dans des nuages de fumées de pots d'échappement le départ d'une multitude de tracteurs tirant charrue, cover-crop ou semoirs. Au delà de ce
geste symbolique, comment ces responsables locaux peuvent-ils aider des céréaliers à produire plus ?
AIDER A BANNIR LA
CHARRUE
Messieurs, les walis
et chefs de daïra le premier geste que vous pourriez faire serait de bannir les charrues de votre circonscription. En effet, il est prouvé que les labours favorisent l'érosion hydrique et éolienne
des sols. Une érosion qui entraîne de la terre dans les barrages et provoque un envasement catastrophique.
Le traditionnel
itinéraire labour, recroisage au cover-crop et passage de semoir est dépassé. Ces opérations, à laquelle il faut ajouter un passage de tracteurs pour épandre les engrais, coûtent trop cher et
prennent trop de temps à être réalisées. Conséquence : des fellahs qui laissent plus de terres en jachère et des semis qui s'éternisent jusqu'en décembre. Donc, moins de grains produits dans
votre secteur.
Mr LE DSA, COMBIEN DE
SEMOIR SD,
Mais alors par quoi
remplacer les charrues ? Par des semoirs pour semis direct. Ces semoirs spécifiques sont équipés de dents ou de disques qui permettent de travailler le sol sur quelques centimètres. Juste ce
qu'il faut pour déposer semences et engrais.
On raconte que quand
on lui parlait d'un pays qu'il ne connaissait pas, Staline demandait à son interlocuteur « combien de divisions compte leur armée ? ». Aujourd'hui, en Algérie, au lieu de se contenter
d'agiter un drapeau, tout wali ou chef de daira devrait demander au directeur des services agricoles (DSA), « de combien de semoirs pour semis direct disposez
vous ? ».
Pour équiper les
fellahs de semoirs SD, il est possible de compter sur les concessionnaires locaux, l'unité moto-culture de la CCLS locale et sur les artisans soudeurs. En effet, il existent deux catégories de
semoirs SD. Des engins de grande capacité fabriqués au Brésil, Australie, USA ou en Europe ou des semoirs low-cost, moins chers à l'achat, qu'il est possible de fabriquer localement. Fabrication que
pratiquent des artisans soudeurs de Syrie et d'Irak suite à une aide d'experts agricoles australiens. Un spécimen de semoirs SD syriens est basé à la station ITGC de Sétif. Une piste serait d'essayer
de proposer à des artisans soudeurs locaux et des céréaliers de copier ce type de matériel. Il s'agirait de reproduire la succes story d'El Oued. Dans cette région ce sont de simples artisans
soudeurs qui ont imaginé et construit les pivots qui ont permis le succès de la culture de la pomme de terre.
Compter sur de petits
ateliers, en attendant que l'entreprise CMA-SOLA daigne enfin produire des semoirs SD. Cette société a bien mis au point un prototype de semoir, mais le dossier traîne. Une autre solution serait de
transformer les semoirs conventionnels produits par CMA-SOLA en semoirs SD. Sur sol meuble, quelques modifications toute simples permettraient de s'affranchir du labour.
TRAVAILLER AVEC LES
MINOTERIES LOCALES
Semer n'est pas tout.
Même avec le semis direct. Il s'agit ensuite d'assurer un suivi de tout l'itinéraire technique. Et pour cela, Mr les walis et chefs de daïra, vous disposez d'alliés précieux : les minoteries. A
Guelma, le groupe Benamor a recruté des techniciens agricoles pour encadrer les fellahs. Le but est de disposer plus de volumes de blé dur mais surtout de volumes de qualité. On pourrait penser que
c'est aux services agricoles d'encadrer les agriculteurs. Mais croire qu'une administration puisse encadrer des fellahs est une erreur. Dans le secteur laitier, que ce soit dans le Haut Chélif ou
dans la Soumam, ce sont des techniciens des laiteries qui encadrent les éleveurs.
Et si, face aux
minoteries qui réclament votre intervention au niveau de l'OAIC afin de disposer de plus gros quota de céréales, vous teniez ce langage : « faites comme Amor Benamor ou Hammitouche,
encadrez techniquement les fellahs de votre secteur! ».
Un autre moyen pour
produire plus serait d'encourager ces minoteries à acquérir des concessions agricoles.
TRAVAILLER AVEC LES
TECHNICO-COMMERCIAUX DES FIRMES D'AGRO-FOURNITURE
Mr les walis et chefs
de daïra, parmi vos différents interlocuteurs, il y a une catégorie à ne pas négliger : les firmes d'agro-fourniture. Depuis plusieurs années, ces entreprises développent un réseau de
technico-commerciaux qui parcourent les campagnes et sont présent dans les moindres foires agricoles. Ces firmes vulgarisent les techniques les plus modernes. Les services agricoles et les instituts
techniques du MADR ne peuvent rivaliser. D'ailleurs, nombre de ces commerciaux sont d'anciens cadres des services agricoles. Ce personnel du secteur privé est généralement rémunéré à la commission.
Plus ils vendent de produits aux fellahs, plus la partie variable de leur salaire augmente. Avec eux, plus de problèmes de voiture de service ou de bons d'essence. C'est l'obligation de résultats qui
compte.
SORTIR DES SENTIERS
BATTUS
En Algérie, la
législation est souvent kafkaienne. Nombre de vos interventions peuvent être en limite de cette législation. L'idée est donc de trouver les failles, de pousser les limites, de trouver les bons
interlocuteurs. Un directeur de CCLS ou un propriétaire de minoterie dynamique peut être un partenaire conséquent. Idem en cas de proximité avec le responsable local d'un réseau commercial lié
à l'agro-fourniture.
Les situations étant
différentes selon les régions et les hommes, il s'agit de s'adapter. Mais les principes agronomiques évoqués plus haut demeurent.
ALGERIE, RETARD DANS
LA VULGARISATION DU SEMIS DIRECT
Djamel BELAID
30.9.2018
Dans de nombreux pays
pratiquant la céréaliculture en conditions de déficit hydrique, l'abandon du labour et l'adoption du semis direct est devenue une évidence. C'est le cas de l'Australie, ou en Espagne. En conditions
sèches, cette nouvelle façon de faire permet de produire plus et à moindre coût. De façon étonnante, en Algérie, l'abandon de la pratique des labours ne semble pas la priorité des services agricoles.
Nous nous proposons d'analyser les causes du faible développement du semis direct en Algérie.
SEMIS DIRECT, UNE
DIZAINE DE MILLIERS D'HECTARES
Il n'existe pas de
statistiques nationales précises sur les surfaces cultivées en semis direct. Lors, du dernier séminaire consacré à cette pratique, les surfaces étaient estimées à 6500 hectares. Actuellement, sur les
3 millions d'hectares réservés aux grandes cultures, ces surfaces peuvent être estimées à 10 000 hectares.
Certains
concessionnaires importent des semoirs turcs ou indiens. Quelques grosses exploitations sont équipées de semoirs brésiliens Semeato. On note également quelques engins de marque Sola, Kuhn, Gaspardo,
John Deer, ou John Shearer.
Les constructeurs
locaux de semoirs SD sont ont produit des prototypes, c'est le cas des établissements Refoufi de Mezloug (Sétif) et Sola-CMA de Sidi bel-Abbès. L'ITGC et le HCDS ont procédé à des essais de SD chez
des agriculteurs. Ceux-ci ont favorablement accueilli cette façon d'implanter les cultures.
Les unités motoculture
des CCLS disposent de 1500 semoirs conventionnels qu'ils louent aux agriculteurs. Ces engins sont conçus par l'usine SOLA-CMA de Sidi Bel-Abbés. Ces dernières années, un partenariat a été signé entre
CMA et l'entreprise portugaise Galucho pour la fabrication de charrues.
Nombreux sont les
investisseurs locaux qui importent ou fabriques des charrues et autres engins de travail du sol.
SOLA, LE MAUVAIS CHOIX
DE CMA ?
On peut s'étonner du
choix de CMA. Cette entreprise a choisi l'entreprise espagnole SOLA comme partenaire pour développer des semoirs à céréales à Sidi Bel Abbés. En effet, si cette entreprise fabrique en Espagne des
semoirs pour semis direct, elle ne brille pas par la qualité de certains de ses matériels. Ainsi, SOLA a livré à l'OAIC 24 semoirs pour semis direct. Or, pour la majorité des constructeurs étrangers,
les modèles de semoirs SD comprennent une trémie pour les semences et une autre pour les engrais. En effet, lorsqu'on sème sans labour, il est impératif que les engrais dits « de fonds »
soient enfouis en même temps que les semences. Or, les 24 semoirs SD livrés à l'Algérie ne comportent pas de trémie pour les engrais.
C'est également le cas
pour les semoirs conventionnels fabriqués à Sidi Bel Abbés conjointement par les deux entreprises . Certes, une deuxième trémie pour les engrais n'est pas obligatoire sur des semoirs
conventionnels. Cependant, cette disposition aurait pu permettre de développer la fertilisation localisée qui constitue une voie d'avenir en zone semi-aride. Par ailleurs, une telle disposition
aurait pu permettre une polyvalence des semoirs. En effet, le modèle de semoir à double spires du partenaire espagnol de CMA peut être utilisé en semis direct ; cela moyennant quelques
adaptations. Cela est si vrai, que dans la région espagnole de la Rioja, il n'est pas rare de voir des céréaliers
détourner des semoirs conventionnels SOLA de leur usage premier et de les utiliser comme semoir SD.
On l'aura compris,
SOLA n'est pas une entreprise ou polyvalence et adaptivité est le maître mot. Mais le faible intérêt manifesté par le groupe CMA est d'autant plus étonnant que certains de ses cadres ont démarré leur
carrière en travaillant sur des projets de développement de semoirs SD.
LE SUCCES DU SEMIS
DIRECT EN SYRIE
Ce retard de la
production de semoirs SD en Algérie est d'autant plus préoccupant que d'autres pays ont réussi leur mue vers cette nouvelle technique adaptée à l'agriculture en sec. Et un des pays les plus
emblématiques en la matière est la Syrie.
Dès 2005 et jusqu'en
2011, le centre ICARDA d'arido-culture situé à Alep a bénéficié d'une aide technique australienne. A travers une équipe d'experts qualifiés et motivés, la partie australienne a opéré un transfert de
technologie. En effet, la partie australienne n'a pas essayé de faire acheter aux agriculteurs locaux les lourds semoirs SD de marque John Shearer produit au pays des kangourous. Les ingénieurs
australiens ont préféré se rapprocher de petits ateliers de soudure et leur montrer comment fabriquer des semoirs low-cost pour SD. Durant la période du projet, 7 ateliers syriens ont produit 92
semoirs (dont un exemplaire à été importé en Algérie et se trouve à la station ITGC de Sétif).
On peut se demander
quel motif a poussé l'Australie à tant de générosité. La réponse est simple. Comme les kangourous qui n'existent qu'en Australie, les variétés originelles de blé n'existent qu'au Proche-Orient et sur
le pourtour méditerranéen. Aussi, bien que non écrit, le deal a été technologie des semoirs contre variétés de blé.
A travers l'Icarda,
les experts australiens ont également opéré un transfert de technologie à l'Irak et à la Jordanie. En Irak, cela s'est traduit par une transformation de semoirs conventionnels en semoirs SD ;
cela par l'importation de certaines pièces de Turquie. Des ingénieurs de Mousoul ont par la suite fabriqué leurs propres semoirs. En Jordanie, c'est l'entreprise privée RAMA spécialisée en matériel
agricole qui a immédiatement décidé la production en série de semoirs SD basés sur la technologie australienne.
MATERIEL AGRICOLE, LE
SUCCES DES PIVOTS MADE IN OUED SOUF
Comment ce qui est
possible en Syrie, Irak et Jordanie est-il si difficile à réaliser en Algérie ? Serions nous l'objet d'une quelconque malédiction qui touche nos capacités à fabriquer du matériel agricole ?
Si on considère l'extraordinaire succes story du pivot artisanal Made in Oued, il est évident que nous pouvons faire aussi bien que nos lointains voisins qui, en leur temps, avaient accueilli l'Emir
Abdel Kader lors de son exil forcé.
En effet, en une
dizaine d'années les agriculteurs et soudeurs de Oued Souf ont développé un modèle original de pivot qui permet à cette région d'être aujourd'hui la première région d'Algérie pour la production de
pomme de terre.
Tout a commencé lorsque les pouvoirs publics ont tenté de vulgariser la culture des céréales sous pivot. Les premiers projets ont mobilisé de grands pivots à l'image de ce qui se faisait en Arabie
saoudite. Les premières tentatives ont parfois amenés à de cuisants échecs. Les pivots ont été parfois abandonné à
la rouille en plein désert.
Mais un jeune
agriculteur local a récupéré un des gigantesques éléments et a tenté de le faire pivoter sur un axe. Cette première réalisation a été observée avec intérêt par ses voisins. Ce modèle de pivot a été
amélioré par un soudeur qui avait travaillé en Allemagne. Plusieurs améliorations ont été faites en fabriquant sur place certaines pièces et en récupérant d'autres dans des casses automobiles. Les
premiers pivots ont permis de produire du blé mais surtout des pommes de terres sur de petites surfaces : un hectare. Développer un projet agricole devenait ainsi à la portée d'agriculteurs et
d'investisseurs disposant de peu de moyens. Le contexte d'abandon des traditionnels ghouts gagnés par la remontée de la nappe phréatique a permis à bon nombre de petits agriculteurs de se
reconvertir. Les températures et le sol sableux de la région convenaient particulièrement bien à la culture de la pomme de terre – devenue progressivement deuxième aliment après les céréales.
Progressivement des artisans soudeurs ont développé un réseau pour la fourniture des pièces entrant dans la confection des pivots. Aux premiers réducteurs de vitesse importés de Chine sont venus
s'ajouter ceux produits localement par des tourneurs locaux. Progressivement c'est tout une industrie locale qui s'est mise en place. Les ateliers ont ainsi recruté des jeunes formés par des centres
de formation professionnelle. Aujourd'hui ce sont 350000 pivots qui ont été produits localement.
SEMOIRS SD, REPRODUIRE
LA SUCCES STORY DE OUED SOUF ?
Que ce soit à Alep ou
à Oued Souf, c'est un contexte particulier qui a permis le succès des innovations (semoirs et pivots).
Par exemple, en Syrie,
les agriculteurs et artisans soudeurs ont bénéficié d'une aide technique d'experts de haut niveau et très motivés. L'un de ces experts possède « une double casquette », il conjugue le
métier de céréalier et d'universitaire.
Autour d'Alep, la
Syrie possède toute une série de petites entreprises très dynamiques. Les traditions industrielles sont anciennes,
en témoignent les entreprises de fabrication de savon d'Alep et de textile.
Certains céréaliers
syriens indiquent que c'est la difficulté à se procurer du carburants qui les a fait se tourner vers l'abandon du labour.
Enfin, dans le cas de
Oued Souf, c'est également un contexte particulier qui a permis le développement des pivots : présence d'artisans soudeurs, réseau de fabricants et de fournisseurs de pièces, conditions
favorables liées au sol et au climat, forte demande nationale en pomme de terre.
Sur les hautes plaines
céréalières algériennes, est-il possible de réunir les moyens permettant, comme autour d'Alep ou de Oued Souf, le succès d'une innovation telle que le semis-direct ?
On pourra objecter que
le non développement d'une production locale de semoirs low-cost vient du fait que nous n'avons pas bénéficié du séjour des experts australiens en Algérie. En fait, l'un des meilleurs éléments de
l'équipe australienne s'est déplacé plusieurs fois en Algérie. Son rapport de mission est même consultable en
ligne. Y figurent des conseils pour la partie algérienne ainsi qu'un programme de travail avec répartition des tâches entre les différents partenaires. Par ailleurs, plusieurs ingénieurs algériens
ont approché, en Algérie ou en Syrie, ces experts et ont accès à la technologie australienne.
Serait-ce le matériel
de découpe de l'acier et de soudure qui fait défaut localement ? La simple observation des moyens dont disposent de grands groupes publics ou des sociétés privées de fabrication de matériel
agricole montre le bon niveau d'équipement dont ils disposent. Il suffit de visiter les atelier de l'entreprise FAMAG.
Il faut peut-être rechercher la cause dans le fait que le projet de conception d'un semoir low-cost a été confié à un groupe public noyé dans la bureaucratie. Ainsi, le premier
prototype « Boudour » de SOLA-CMA est à l'essai depuis plusieurs années. Or, dans le cas des semoirs syriens et des pivots de Oued Souf, la conception et la mise en place du matériel s'est
faite de façon concomitante. Les imperfections étaient alors progressivement corrigées par les artisans qui étaient en étroits lien avec les agriculteurs. « Les artisans et les agriculteurs du
Souf ont fait preuve d’une capacité de dialogue continue avec des référentiels multiples pour concevoir un dispositif d’irrigation de plus petite taille qui réponde aux objectifs des
agriculteurs. »
Là réside certainement
la clé du succès. Certes, disposer de semoirs SD ne garantira pas automatiquement de hauts rendements. Cette façon de faire nécessite un désherbage impeccable. Il s'agit également de laisser un
minimum de chaume sur le sol afin de favoriser l'infiltration des eaux de pluie et réduire l'évaporation.
Il s'agit de retirer quelques dents, d'espacer les dents de 17 à 22 cm (afin d'éviter d'éventuels risques de bourrages avec
les résidus de récolte tels que la paille) et de remplacer les pointes situés à l'extrémité des dents par des points plus étroites.
L'importation d'une variété de blé par un pays peut viser deux buts : la cultiver telle qu'elle ou bien la croiser
avec une variété locale afin d'enrichir celle-ci de gènes de résistance à la sécheresse ou à des maladies.
Voir sur internet l'étude « Bilan spatialisé de la mise en valeur agricole au Sahara algérien Mythes, réalisations et impacts dans le Touat-Gourara-Tidikelt ».
https://journals.openedition.org/cybergeo/25732
Plus près de nous la guerre imposée au peuple syrien a montré la capacité de l'armée syrienne à assurer la maintenance d'un
matériel datant parfois des années 70. Des réfugiés syriens installés en Algérie développent des procédés simples et astucieux tels la fabrication de tuyaux plastiques d'irrigation pour
l'agriculture.
http://www.cana-project.org/medias/files/Notes-Visit-Algeria-8-14Dec12-FINAL.pdf
Les principes de construction de ces semoirs a été mis en libre accès sur le site de l'ICARDA.org en langue anglaise et
arabe.
Une innovation incrémentielle : la conception et la diffusion d'un pivot d'irrigation artisanal dans le Souf (Sahara
algérien). http://agritrop.cirad.fr/584602/
OAIC 2018, UNE CAMPAGNE EXCEPTIONNELLE
CCLS, CHANGER LES STATUTS POUR MIEUX FAIRE ?
Djamel BELAID
18.09.2018
Le passage du DG de l'OAIC sur les ondes de
la chaîne III est toujours l'occasion de glaner des informations sur la filière céréales. Il est vrai qu'en la matière les informations sont rares et distillées au compte goutte. En effet, il
n'existe pas à ce jour d'organe d'information donnant des chiffres précis de la situation et réalisant des analyses exhaustives sur un secteur vital. Encore une fois, l'entretien aura permis de
mesurer l'écart entre consommation locale de céréales et la production nationale. C'est dire la mission impossible dont est chargée Mr Mohamed BELABDI.
LA PLUIE ET LES EFFORTS DE LA
FILIERE
L'invité de la Chaîne a pu confirmer les
chiffres du ministre de l'agriculture concernant le niveau de la récolte de céréales. Ce sont plus de 60 millions de quintaux de céréales qui ont été récoltés cette année. Si tout au long de la
campagne, la pluie a été au rendez vous, les efforts des producteurs, des acteurs d'amont et d'aval ainsi que de l'OAIC ont nettement contribué à ce résultat. Qu'on en juge.
En matière de semences certifiées, les CCLS
ont livrés avec 50 jours d'avance des lots considérables de semences triées et traitées. Ce résultat est dû à la réception et la mise en œuvre de matériel turc afin d'améliorer les capacités des
stations de semences. Plus de 17 unités de tri de semences dernier cri ont permis de renforcer un parc déjà non négligeable.
Loin d'être anecdotique, livrer aux
céréaliers des semences certifiées à temps est capital dans un pays semi-aride. En Algérie, on s'est trop habitué à semer des céréales jusqu'à la fin décembre. Cela est une aberration. Les céréales
doivent être semées en octobre ce qui laisse à la plante tout le loisir de s'installer et de développer le réseau racinaire qui lors des sécheresses printanières lui permettra de résister au manque
d'eau.
Les unités moto-culture des CCLS et nombre
d'exploitants ont acquis des moissonneuses-batteuses Sampo. Celles-ci sont montées localement. Ce matériel a permis de récolter à temps plus de superficies éloignant ainsi le risque d'égrenage qui
guette les blés non récoltés à temps.
Parallèlement, au matériel de récolte, ces
dernières années, les livraisons de tracteurs aux exploitations se sont poursuivies. Le groupe PMAT fait état de la livraison de 28 000 engins. Fait nouveau, aux modèles de moyenne puissance,
l'économie locale propose aujourd'hui des tracteurs de 80 à 100 chevaux. PMAT en aurait livrait 6 000. L'intérêt de ce type d'engins et de permettre de tirer des outils plus larges et donc
d'augmenter la cadence des chantiers de semis.
Résorber la
jachère
La journaliste n'a pas manqué d'abordé un
point sensible : la résorption de la jachère. Il faut savoir que près de 50% des superficies céréalières ne sont travaillées qu'une année sur deux. Les terres en jachère ne sont pas sans ramener
de confortables revenus aux céréaliers. Le plus souvent elles servent de pâturage aux troupeaux de moutons. L'élevage représente en effet une activité bien plus rémunératrice que la céréaliculture,
notamment en cas de printemps sec.
Grâce à des prix plus attractifs à la
production et à un meilleur encadrement technique (variétés, semences, désherbage), des surfaces de jachère sont de plus en plus reconvertis en culture de légumes secs (lentilles et pois
chiches).
Mr BELABDI a déclaré « qu'en zones
potentielles, nous sommes en train de les réduire ». Il a pu ainsi annoncer une nette augmentation de la production des légumineuses alimentaires et fourragères. La production de légumes secs
s'est élevée à 1,3 millions de quintaux . « Alors qu'en 2013, nous collections 400 quintaux de lentilles, cette année nous en avons collectés 100 000 quintaux ». Pour les pois-chiche,
durant le même intervalle, la collecte est passée de 11000 qx, à 95 000 qx. Ces résultats ont été obtenus grâce à l'utilisation de variétés nouvelles et anciennes mais sans importations de semences.
C'est dire l'excellent travail du réseau de multiplicateurs de semences mis en place par les services agricoles. Ces efforts permettent d'entrevoir la fin des importations de légumes
secs.
Les zones d'épandage de
crues
A propos
des terres en jachère, Mr BELABDI s'est longuement étendu sur la question des zones « d'épandage de crue ». Pour les zones agro-pastorales, les zones de parcours et les zones
d'épandage de crues il a recommandé d'« installer des espèces fourragères pour assurer le renouvellement du couvert végétal ». Il s'est également félicité des récentes
pluies.
Un gros effort d'amélioration des
productions fourragères en zone agro-pastorale est manifestement à accomplir. Sur les terres à céréales, l'année de jachère mériterait d'être optimisée. Pour cela, il est possible d'apporter des
engrais azotés pour favoriser les espèces naturelles de graminées fourragères. Une autre solution serait de semer des mélanges fourragers. En Tunisie, l'ONG française FERT vulgarise avec succès le
semis de méteil, un mélange d'orge, vesce, sulla et fenugrec. Sur ces terrains peu productifs et pour des exploitations aux moyens matériels limités, ces semis nécessitent d'être effectués avec un
coût minimal. Les techniques de non-labour avec semis direct semblent les plus indiquées. Ces solutions mériteraient d'être validées et moyens matériels adaptés proposés aux agriculteurs.
A cet égard, à travers leurs unités moto-cultures, les CCLS louent aux agriculteurs du matériel. Cela peut être un moyen de les initier à ces nouvelles pratiques de production fourragères.
A notre connaissance, les zones d'épandages sur lesquelles le DG de l'OAIC est plusieurs fois revenu constituent des surfaces limitées en zone steppique. Il s'agit le plus souvent de parcelles
situées en bordure d'oueds. Une pratique traditionnelle consiste à réaliser des obstacles de terre et de roseaux au milieu des oueds. L'eau ainsi détournée permet d'irriguer les parcelles limitrophes
et de recharger les nappes phréatiques superficielles. Le Haut Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) est à l'origine de l'installation de « sed de dérivation ». Ces petits
ouvrages maçonnés – parfois de simples gabions – permettent à peu de frais l'extension des surfaces irriguées. Des images satellites ont permis de cartographier les zones propices à ce type
d'ouvrages. Cependant, les superficies aménagées pour l'épandage de crues sont encore trop modestes pour arriver aux attentes de Mr BELABDI.
Cela d'autant plus que l'épandage de crues
est le plus souvent réalisé sous la forme d'une irrigation de submersion qui gaspille une eau précieuse. La technique dite du « raised bed » développée actuellement aux abords du Nil et qui
consiste à munir les semoirs à blé de socs pour tracer des raies d'irrigation entre les sillons de céréales est encore inconnue des agriculteurs steppiques.
Effort sur
l'irrigation
A cet effort sur le matériel et sur les
semences, il faut ajouter l'effort sur le matériel d'irrigation. A ce propos, l'OAIC peut accrocher à son palmarès, une contribution à l'effort d'irrigation. Mr BELABDI a indiqué que les pouvoirs
publics prennent à leur charge 50 à 60% du coût des équipements et que l'office accepte que le restant lui soit payé en grains par les nouveaux irrigants. Cette opération concerne aussi bien
l'irrigation de complément en zone semi-aride que l'irrigation totale dans le grand sud.
Alors qu'on aurait pu penser que ce type
d'opération est anecdotique, il apparaît que c'est loin d'être le cas. Les livraisons de grains opérées par les agriculteurs aux CCLS du sud ont doublé « nous étions à 800 000 qx, cette année,
nous avons doublé la collecte » a affirmé le DG de l'OAIC. Il faut cependant signaler que l'irrigation est réalisée à partir d'une eau fossile chargée en sel ce qui présente un double
inconvénient : amenuisement progressif des réserves en eau et salinisation des sols.
Un effort sur les variétés de
blé
La question des variétés de blé a été
longuement abordé. Mr BELABDI a rappelé l'accord réalisé avec la coopérative paysanne française Axéréal pour sélectionner de nouvelles variétés de blé et organiser localement la production de leurs
semences.
Il a également rappelé les efforts afin de
choisir les variétés les mieux adaptées à la culture de céréales sous pivot dans le grand sud. Nous devons « avoir le maximum de rendement pour rentrer dans les charges » a-t-il déclaré.
Cette année, l'ITGC a envoyé des techniciens basés à Oued-Smar (W d'Alger) réaliser des essais de variétés sous pivot. Une telle approche permettra un meilleur choix
variétal.
Une autre approche que pourrait adopter les
CCLS, techniciens de Chambre d'Agriculture de DSA ou de minoteries seraient d'exploiter les informations de terrain. La technique dite « d'enquête culture » ou « d'enregistrement de
performances » consiste à demander aux exploitations agricoles de noter sur des fiches l'itinéraire technique adopté sur 5 ou 6 de leurs parcelles. Dans une même petite région, il est ainsi
possible de collecter les données d'une centaine de parcelles. Connaissant ainsi les dates d'intervention, les variétés, les herbicides, les quantités d'engrais et d'eau utilisées ainsi que les
rendements obtenus la consignation de ces données sur un tableur type Excell permet de déterminer comment les meilleurs rendements ont été obtenus. Ce traitement du « DATA » local permet de
tirer rapidement des enseignements sur le choix variétal et les autres interventions à réaliser sur les cultures.
Ce type de démarche a notamment été mis en œuvre dans les années 80 par l'Union des Coopératives Agricoles françaises sous le nom de « OptiCoop ». Elle est encore actuellement utilisée par
des techniciens et universitaires de la région de Sétif dans le cadre de réseaux de soutien technique mis en place par des minoteries au profit des agriculteurs. Nul doute que ce procédé serait
extrêmement profitable aux nouveaux investisseurs installant des pivots dans le sud.
Maximum de rendement pour rentrer dans les
charges
A ce propos on ne peut que se féliciter de
cette préoccupation de Mr BELABDI. On peut se demander pourquoi ce souci n'est pas aussi affirmé dans le cas des céréaliers du Nord du pays. En effet, parmi leurs charges, le labour est le poste le
plus coûteux. Si l'OAIC souhaite aider les céréaliers, la première chose qui serait à faire serait de mettre à leur disposition – à travers les unités motocultures des CCLS – des semoirs pour semis
direct. Certes, l'OAIC a acheté 24 gros semoirs pour le semis direct. Il s'agit des semoirs de la marque espagnole SOLA, mais les engins achetés ne permettent pas d'apporter les engrais en même temps
que les semences comme cela se fait couramment sur les autres modèles.
LA PROBLEMATIQUE DU BLE
TENDRE
Mais c'est en matière de blé tendre que le
bat blesse. Selon les chiffres communiqués, la production locale reste très en deçà de la consommation. Nous produisons à peine 10% des quantités que nous consommons.
Sur cette question Mr BELABDI a suggéré
l'emploi de variétés plus productives et la montée en puissance de l'utilisation de l'irrigation, notamment dans le grand sud.
Il a également évoqué la possibilité de
remplacer une partie de la farine destinée à la fabrication de la baguette parisienne par de la semoule – rappelons les quantités appréciables de blé dur et donc de semoule produites localement. Il a
également rappelé la nécessité que les subventions sur le pain profitent avant tout aux « nécessiteux ».
La préférence accordée par les céréaliers à
la culture du blé dur au détriment de celle du blé tendre est liée à plusieurs facteurs. De façon générale, le blé dur est mieux adapté aux sols à déficit hydrique. Par ailleurs, le quintal de blé
dur est payé aux agriculteurs 1000 DA de plus que le quintal de blé tendre.
En la matière, des techniques nouvelles
sont à développer et des décisions courageuses à prendre. Concernant les techniques, les CCLS et les autres partenaires des céréaliers se doivent de mettre l'accent sur le semis direct, la
localisation des engrais et le désherbage. Concernant les décisions courageuses, on peut se demander si la prime actuellement accordée au blé dur ne devrait elle pas être attribuée – en partie ou en
totalité - au blé tendre. Ne faudrait-il pas régionaliser ce type de prime ? Les céréaliers des zones disposant de 500 mm de pluviométrie doivent-ils recevoir le même niveau de prime que ceux
des zones à 300 mm ?
OAIC, USURPATION DU MOT
« COOPERATIVE »
L'OAIC est un office public des céréales.
Il chapeaute un réseau de dépôts de wilaya dénommé pompeusement « coopératives ». Mais en fait, malgré cette dénomination, les CCLS n'ont rien qui ressemble à un fonctionnement d'une
coopérative paysanne. Cette dénomination qui est une véritable usurpation de nom, n'est pas anecdotique. Elle est grave en conséquences et ne peut détourner encore plus les fellahs de l'idée de
coopération en agriculture. Précisons que notre propos ne concerne uniquement les coopératives de services.
Certes, les CCLS disposent de représentants
paysans élus. Mais que pèsent-ils dans les décisions face au directeur nommé par la tutelle ? Dans une véritable coopérative paysanne, les adhérents achètent des parts sociales et l'assemblée
générale élit un conseil d'administration qui recrute un directeur. Au niveau des CCLS, rien de tout cela. Mais ce qui n'empêche pas la tutelle de les nommer
« coopératives ».
Cette remarque n'a rien d'anecdotique, elle
est d'une importance capitale. Car, malgré tous les efforts de leur personnel, les CCLS sont des appareils bureaucratiques auxquels est assigné des missions que seules des coopératives paysannes
disposant d'une réelle liberté de décisions seraient en mesure d'accomplir.
Ainsi, à l'étranger les coopératives
paysannes disposent par exemple de moulins ce qui leur permet de gagner plus en produisant de la farine. Au niveau des CCLS, dont la plupart sont déficitaires, une telle initiative est impossible.
Autre exemple ; afin d'améliorer la collecte de grains, les chefs de silos sont rémunérés au prorata des volumes engrangés. Au niveau des CCLS, quelque soit le volume de céréales collectés, le
salaire des chefs de silo reste inchangé.
Bref, on confie aux CCLS des missions que
la rigidité de leur structure ne permet pas d'accomplir. La solution serait de progressivement faire évoluer le statut des CCLS ou de créer à leur côté de réelles coopératives paysannes. L'OAIC
réussit avec brio à distribuer en tout point du territoire (d'Alger à Tamanrasset) des céréales au même prix subventionné. A travers le monopole d'Etat sur le commerce du blé, l'OAIC est donc un
garant contre toute tentative de spéculations sur le blé, aliment de base (avec les pommes de terre) en Algérie.
Cependant, l'office peine à stimuler les
agriculteurs afin de produire plus. Il est confié à l'OAIC et à son DG, des missions, que son statut enserre dans des liens qui le maintiennent dans un carcan qui l'empêche d'agir plus efficacement.
Il ne s'agit pas de remettre en cause le monopole d'Etat sur le commerce des céréales - le FMI ou l'OMC nous l'imposeront - un jour. Il s'agit simplement d'explorer les voies afin de créer les
meilleures conditions afin de produire plus.
ALGERIE, L'ILLUSION DES
EXPORTATIONS AGRICOLES.
Djamel BELAID 25.07.2018
Récemment invité par « Maghreb
Emergent », Mr BENBITOUR rappelait que le montant actuel de la rente provenant de la vente des hydrocarbures rapportait actuellement à peine une trentaine de milliards de dollars/an. Quant aux
exportations de produits agricoles, elles auraient rapporté 57 millions de dollars. L'agriculture pourra-t-elle un jour se substituer à la rente pétrolière comme en rêvent décideurs et opinion
publique? Les chiffres sont cruels pour les tenants de cette lubie. Ils sont nettement en défaveur des partisans de l'exportation tout azimut.
LES DATTES, MOTEUR DES EXPORTATIONS
AGRICOLES
Qu'avons nous à exporter? Nous qui
importons 70% des calories que nous consommons. Selon l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) nous exportons 45 types de produits dont dattes, truffes, caroubes, pommes de terre,
tomates, oranges, melons, citrons, piments, figues sèches, oranges, haricots, carottes et navets, aubergines, châtaignes et marrons, abricots, olives, raisins, vin, épinards et prunes. Les dattes
constituent la grande majorité de nos exportations. Le reste constitue des opportunités : vins, primeurs, plantes aromatiques, caroube.
En 2017, le montant de ces exportations a été de 57 millions
de dollars. Près de 90% de ce montant a été constitué par les dattes. Viennent ensuite les truffes (4,26 millions de dollars), les oignons et échalotes (600 000 dollars), les pommes de terre primeur
(347 000 dollars), truffes sèches (235 000 dollars) et tomates (146 000 dollars).
UN MILIEU NATUREL
FRAGILE
Cette volonté affichée du secteur privé et
du MADR de vouloir nourrir les Européens est étonnante de la part d'un pays semi-aride et aride. L'image coloniale de l'Algérie « grenier de Rome » reste vivace dans les esprits. Mais
comment comparer deux époques ? L'une avec à peine 4 millions de bouches à nourrir et l'autre avec 40 millions d'habitants. Deux époques, une où l'araire n'avait pas épuisé les sols
contrairement à la charrue en acier introduite avec la colonisation.
Pourtant, la réalité est là : nos sols
sont rongés par l'érosion, la désertification et la salinisation. En une cinquantaine d'années, avec le réchauffement climatique, certaines de nos zones céréalière ont perdu jusqu'à 100 mm de
pluviométrie annuelle. En juillet, cette année, des pics de température ont atteint 51°C dans les villes du sud. Du jamais vu.
Quant à nos zones agricoles, qu'en
est-il ? D'étroites plaines côtières rongées par l'urbanisation. Des hauts-plateaux fertiles mais seulement arrosés par les pluies d'octobre à avril. Une steppe d'une trentaine de millions
d'hectares surexploitée par l'élevage ovin et minée par la désertification.
EAU, LA CONCURRENCE DES
VILLES
Certes, nous dira-t-on, avec de l'eau on
peut faire tout pousser en plein désert. Mais l'agriculture doit être durable. Elle doit laisser intact la fertilité des sols ainsi que le niveau et la qualité des réserves d'eau. Nous ne pouvons
consommer le capital des générations à venir.
Or, quelle est la situation en matière
d'hydraulique ? Les nappes phréatiques du sud ne se renouvellent pratiquement pas. Pire, l'eau est parfois chargée en sel, et au fur et à mesure des campagnes d'irrigation, le sol se charge en
sels et devient stérile.
Quant à nos barrages, financés avec un
baril de pétrole à 154 dollars, ils s'envasent. Pour certains, leur durée de vie est estimée à dix ans. Aux coûteuses opérations de dragage, il faudrait protéger les basins versants en interdisant le
labour et le pâturage sauvage des moutons. Par ailleurs, avec le réchauffement climatique l'eau de surface va se réduire. Pour la rive sud de la Méditerranée, les prévisionnistes le pire pour les
années à venir. La situation est telle, que déjà nos grandes villes sont alimentées grâce au dessalement de l'eau de mer. Or, ce procédé est coûteux en énergie.
Au Maroc, dans les zones de production
intensive de fruits et légumes pour l'export, le niveau des nappes phréatiques est dans une situation alarmante.
En Palestine occupée, le lobby des kibboutz
a longtemps milité en faveur de l'exportation des fruits et légumes. Mais avec le manque d'eau structurel de la région, le secteur agricole est dorénavant sur la sellette. En effet, ce secteur
mobilise la plupart des ressources en eau pour un apport minime au PIB. Le high-tech est préférée à l'agriculture, secteur dévoreur d'eau.
Techniquement, pour les pays en déficit
structurel de ressources hydriques, la nano-irrigation pourrait apporter un sursis à certaines cultures. Il s'agit de tubes poreux enterrés distribuant que l'eau dont ont besoin les racines. Ce
système est nettement plus performant que le goutte à goutte, il permet 70% d'économie de l'eau d'irrigation. En effet, l'eau ne percole pas, elle va directement entièrement aux
racines.
AGRICULTURE, L'INVESTISSEMENT PRIVE SOURCE
D'EMPLOIS
Cependant, si un facteur peut militer en
faveur d'une politique d'exportations de produits agricoles, il s'agit de l'emploi. Chaque année, ce sont 300 000 diplômés qui sortent de nos universités. Sans compter les jeunes exclus du système
scolaire.
Certes, à lui seul, le secteur agricole ne
pourra pas seul cette main d'oeuvre. Mais une chose est à considérer, à part la construction des barrages, l'investissement agricole mobilise surtout des investissements privés. Or, ce type
d'investissement représente la condition sine qua none pour tout développement économique.
A ce titre, le mirage de l'exportation peut
drainer les sommes venues du secteur informel, les drainer, vers de l'investissement créateur d'emplois. Certes, des investissements dans le secteur de l'agro-alimentaire local peut être également
induire la création d'emplois. C'est par exemple le cas des conserveries de tomates industrielles ou de fruits. De telles unités ont pour effet de stimuler l'activité agricole dans leur bassin
d'approvisionnement. Mais face à l'impérative nécessité de création annuelle de dizaines de milliers d'emplois, rien ne saurait être négligé.
A ce propos, on peut noter la récente
augmentation du taux de natalité du pays. Entre 2000 et 2016, la population a augmenté de 10 millions. Si cette augmentation indique un mieux être de la population algérienne, on ne saurait rester
sans réagir. En la matière, plus que jamais, une dynamique politique d'espacement des naissances est indispensable. Pilules normo-dosée, pilule du lendemain, implants stérilets doivent être
disponibles sur le marché.
REDUCTIONS DES IMPORTATIONS, UN MOYEN
D'ECONOMISER DES DEVISES
L'argument en faveur du développement des
exportations agricoles est de procurer des rentrées financières au pays. Mais pour cela, il s'agit également de réduire la facture de nos importations de blé dur, lait en poudre et aliments pour
bétail. Les sommes consacrées à ces importations stratégiques se chiffrent en milliards de dollars et leur croissance est continue.
Selon Omar Bessaoud (El Watan 01.08.2016) « dans les dépenses alimentaires annuelles d’un algérien (ONS, 2011), la fraction importée représente 308 dollars/habit/an : le blé dur (pâtes, couscous, galette) représente 122
dollars de cette «allocation-devises alimentation», le blé tendre (pain...) 77 dollars et le lait 60 dollars. Réduire les importations de blé dur et de lait signifie que l’on peut réduire à terme de
60% la facture alimentaire du pays, réduction qui pourra profiter au secteur productif national. » C'est à ce niveau que doivent porter les efforts (qu'on multiplie 308 $ par 40 millions
d'habitants). Pour rappel, l'ambition du MADR est de porter ces exportation à 500-600 millions de dollars à l'horizon 2020-2022.
Or, les moyens techniques existent afin
d'augmenter les rendements de ces cultures. Outre l'irrigation, il est possible d'améliorer les techniques de culture en sec. Rappelons que la majorité des surfaces agricoles sont cultivées en sec.
Ces techniques concernent les rotations des cultures, le désherbage chimique et mécanique, le semis direct, la localisation des engrais au semis... Chacune de ces techniques est porteuse de gains de
rendements et de réduction des coûts de culture. Or, très peu est fait pour vulgariser ces techniques et les rendre disponibles sur le terrain.
Mais apporter le progrès technique au plus
profond des campagnes ne peut être le rôle des fonctionnaires des services agricoles. Ce rôle doit être dévolu à des techniciens de coopératives agricoles, aux technico-commerciaux de
l'agro-fourniture, aux réseaux de soutien technique des agro-industriels impliqués dans la transformation des produits agricoles (minoteries, laiteries, huileries d'olives et de trituration de
graines d'oléagineux, usines de conserves et de sodas). C'est aux pouvoirs publics de leur imposer un minimum d'incorporation de matières premières agricoles locales.
Enfin, encourager les investisseurs (petits
et grands) nécessite de sécuriser l'accès à la terre. La politique actuelle de concessions agricoles est une bonne mesure. Elle doit être accompagnée d'une législation nouvelle instituant le fermage
(location des terres) comme cela existe à l'étranger. Nulle besoin d'être propriétaire pour travailler la terre, en être locataire sur une longue durée suffit à sécuriser l'investissement
privé.
Enfin, afin d'encourager les agriculteurs à
produire , il s'agit également de mieux répartir la valeur ajoutée liée à la transformation des produits agricoles. Les agriculteurs doivent pouvoir accéder à ce juteux secteur. Cela passe par
un encouragement public (réglementation, fiscalité) à la création de Groupement d'Intérêt Economique paysans ou de coopératives. Il est inconcevable qu'un céréalier ne puisse pas moudre son grain et
vendre de la semoule ou du couscous. Cela lui est actuellement économiquement interdit.
POUR UN BILAN DES OPERATIONS
D'EXPORTATION
Une politique d'exportation de produits
agricoles mérite d'être réfléchie. Elle doit tenir de différents exigences.
-L'une d'entre elle est de se faire à
partir d'une agriculture durable. Si la région d'Oued-Souf doit devenir exportatrice mais au prix d'une pollution de sa nappe phréatique en nitrates et pesticides, on peut se demander si « le
jeu en vaut la chandelle ». A se propos, si les populations du sud ont su se mobiliser contre l'exploitation du gaz de schiste, elles doivent aussi être vigilantes sur le niveau de pollution de
leurs réserves en eau.
-Une autre exigence est de tenir compte des
coûts induits par une telle politique. La presse nationale s'est récemment alarmée de ses « exportateurs » de pâtes alimentaires et de sodas qui profitent des subventions sur le blé dur ou
le sucre. Quant au coût des barrages et des forages publics permettant de disposer en quantité d'eau d'irrigation, il serait intéressant de l'intégrer dans le prix de vente de nos produits.
Seraient-ils alors concurrentiels ? Et cela sans parler des subventions en tout genre et exemption des impôts dont bénéficie le secteur agricole
-Un aspect négligé des partisans de
l'exportation concerne l'accès aux marchés européens. Ceux-ci sont la chasse gardée des pays méditerranéens de la rive nord. Une politique drastique de quota limite les importations des pays non CEE.
Le Maroc en a fait la triste expérience. Pour l'exportation de ses agrumes, il a d'ailleurs vu d'un très bon œil les mesures européennes de boycott du marché russe suite à la question ukrainienne.
Cela a permis une lueur d'espoir.
-Certaines productions locales constituent
incontestablement des niches pour l'export : dattes, vin, primeurs. Ces secteurs méritent toute l'attention des autorités agricoles. Rappelons que la vigne offre 7 emplois par hectare contre un
seul pour les céréales.
-Reste l'emploi. Face au trop faible
encouragement de l'investissement privé industriel de la part des pouvoirs publics, de par son dynamisme, le secteur agricole peut constituer un secteur offrant de nombreux emplois. Dans la région
d'Oued Souf, dans le grand sud mais aussi sur le littoral l'extraordinaire développement de la plasticulture a créé un nombre considérable d'emplois.
-Un point positif concernant l'exportation
concerne la rigueur en matière de production de masse et de qualité, en matière de packaging. Se frotter au marché international et aux normes en vigueur ne peut être que
profitable.
Le constat que nous dressons peut paraître
sévère. Mais, s'il s'agit d'essayer de copier le Maroc, où l'agriculture familiale est abandonnée et où l'agriculture tournée vers l'exportation exploite une main d'oeuvre bon marché et dilapide les
maigres ressources naturelles du pays, l'export devient alors plus un mal qu'un bien.
PRENEZ AUTANT SOIN DE VOS
OLIVIERS QUE DE VOS EPOUSES
Djamel BELAID.
15/07/2018
On pense parfois qu'en juillet, il n'y a
rien à faire sous les oliviers. Cela est faux. Les oliviers demandent beaucoup de soins. Il y a toujours quelque chose à leur apporter.
TAILLER LES
GOURMANDS
Il faut éliminer les gourmands. Il s'agit
de branches qui poussent verticalement et qui ne portent pas d'olives. Ces rameaux volent la sève des branches qui portent les olives. Ils ne produisent que des feuilles, ce qui accroît le besoin en
eau de vos arbres. Il faut leur faire une lutte impitoyable en les coupant le plus tôt possible. De plus, pour faciliter la récolte, il ne faut pas laisser vos oliviers pousser en
hauteur.
ARROSER VOS
OLIVIERS
Si vous n'avez pas d'irrigation au goutte à
goutte, avec une citerne apportez un peu d'eau à chaque arbre. Des études montrent que même si on n'apporte que 60% des besoins en eau, cela suffit pour se rapprocher du rendement potentiel. En sol
en pente, réalisez des cuvettes en demi-lune autour de vos oliviers. Ainsi lorsqu'il y a des orages d'été l'eau est piégée et s'infiltre au pied de vos arbres.
FABRIQUER DES PIEGES CONTRE LA MOUCHE DE
L'OLIVE
Contre la mouche de l'olivier, l'idéal est
de traiter chimiquement avec un produit homologué. Une autre façon de se débarrasser de la mouche de l'olive est de la piéger. Dans une bouteille en plastique peinte en jaune (cette couleur attire
les insectes), diluez un peu d'engrais DAP (di-ammonium de phosphate) dans de l'eau. Cet engrais attire les mouches. Au milieu de la bouteille percez des trous et accrochez une à deux bouteilles par
arbres (sur you tube, il existe de nombreuses vidéos expliquant ce système, voir aussi le site Afidol.fr).
LUTTEZ CONTRE LES MAUVAISES
HERBES
Un chêne adulte peut absorber 500 litres
d'eau par jour. Les mauvaises herbes également absorbent beaucoup d'eau. Donc luttez contre ces mauvaises herbes qui poussent sous vos oliviers. Elles pompent l'eau du sol au détriment de vos arbres.
Afin d'éviter l'érosion, fauchez l'herbe ou faîtes pâturer des moutons mais ne retournez pas le sol.
DES SUBVENTIONS POUR LA PLANTATION
D'OLIVIERS
Les pouvoirs publics doivent attribuer des
subventions à la plantation d'oliviers en zone montagneuse. Car on voit que la culture des oliviers demande de la main d'oeuvre. C'est donc l'occasion de procurer un revenu aux populations et de
réduire le chômage en zone rurale.
APRES LA RECOLTE, GESTION DES
PAILLES
Djamel BELAID
11.07.2018
La récolte de céréales terminée, il est de
tradition de laisser les parcelles aux moutons. Ceux-ci pâturent les chaumes ce qui leur permet de reprendre du poids. Si le céréalier n'a pas de moutons sur son exploitation, les chaumes sont alors
loués à prix d'or. Cette pratique présente cependant un inconvénient, elle réduit la fertilité du sol.
DES PRATIQUES
AUSTRALIENNES
Dans le même type de situation, les
agriculteurs australiens développent une « gestion des paille » (summer fallow) remarquables.
Pâturage des chaumes, pas plus de
30%
Suite à des études détaillées, le pâturage
des chaumes n'est pas déconseillé par l'encadrement agricole. Il est cependant proposé aux agriculteurs de gérer le chargement ovin. Ainsi, seulement 30% des chaumes peut être consommé par les bêtes.
Au delà de ce seuil, l'infiltration des pluies et la préservation de l'humidité du sol se trouve compromise.
Pour éviter le bourrage, semer dans les
chaumes
Selon les situations, les quantités de
chaumes peuvent être plus ou moins importantes. Il peut être alors difficile de semer sans labourer avec de telles quantités de résidus de récolte. La solution proposée est donc de semer entre les
rangs de chaumes. Cette technique est facilitée par l'usage du GPS ; il permet de guider finement les tracteurs.
Avec les chaumes, plus de mobilisation de
l'azote
La présence des chaumes n'est pas sans
conséquence sur la mobilisation de l'azote dans la culture qui suit. Aussi, selon les situations, des doses complémentaires d'azote sont conseillées.
Lutte contre les mauvaises
herbes
Les orages d'été permettent d'apporter
quelques millimètres d'eau supplémentaires au sol. Ils ont malheureusement pour effet de favoriser les mauvaises herbes estivales. Aussi afin de préserver l'humidité du sol, il est devenu courant de
désherber les chaumes. En effet, de par leur effet « mèche », les mauvaises herbes estivales sont capables de réduire l'humidité et l'azote du sol.
Aussi, en fonction des herbicides utilisés,
les agronomes locaux, proposent les doses les mieux adaptées dans un environnement de sol présentant des résidus de récolte (chaumes).
En conclusion, dans un environnement
semi-aride, les agronomes et agriculteurs australiens montrent la voie afin d'optimiser les rendements de céréales tout en se rapprochant de pratiques vers une agriculture
durable.
DESERTIFICATION, VERS UN NOUVEAU BARRAGE
VERT ?
Juin 2018
En visite à Naama, le Ministre de
l'agriculture s'est penché sur la question de la désertification. On ne peut que se féliciter de la volonté des autorités agricoles de se pencher sur ces questions. En la matière, l'expérience du
HCDS montre que la gestion scientifique des parcours permet de nettement réduire les processus de dégradation.
PARCOURS TOURNANTS
Qu'on protège les végétaux de la dent des
moutons et arbustes et herbes repoussent. Le tout est d'organiser avec les populations locales un programme local de rotation. Il faut également proposer de l'emploi aux chômeurs de ces zones
fragiles. La steppe ne peut recevoir autant de moutons en extensif. Une remarque pour soulager la steppe: de l'urée 46% ajoutée à l'orge grain assure un excellent complément azoté pour les moutons et
bovins.
ADOPTER LE SEMIS
DIRECT
Nos agriculteurs ne connaissent que le
cover-crop. A qui incombe la faute? A nous, cadres de l'agriculture qui ne vulgarisons pas assez l'emploi de semoirs pour semis direct. Prenons exemple sur l'ICARDA d'Alep. Montrons à des soudeurs
locaux comment fabriquer des engins low-cost. La doc est disponible en langue arabe et anglaise sur le site de l'ICARDA.
LIMOGEAGE DU GENERAL-MAJOR
HAMEL
En tant qu'observateur de la scène
politique, on peut noter les qualités professionnelles du Général-Major HAMEL. Il a notamment introduit la notion de « gestion démocratique des foules » et à ce titre, on lui doit une
« fière chandelle ». Nombre de manifestations de rues n'ont jamais dégénérées grâce à cette volonté des force de sécurité.
Ceci dit, face au grand professionnalisme
de ce monsieur et les criants besoins du machinisme agricole local, on pourrait rêver de voir ce secteur coiffé par un tel personnage. Le secteur du machinisme agricole a besoin d'un cluster avec un
bon chef d'équipe.
Djamel BELAID (Ingénieur agronome)
.
PESTICIDES, DES PRODUITS
AGRICOLES ALGERIENS « REFOULES DE L'ETRANGER ».
Djamel BELAID
11/06/2018
Ces dernière semaines plusieurs produits
agricoles exportés ont été refoulés par les autorités sanitaires de pays étranger. Le motif concernerait une non-conformité avec les normes sanitaires locales. Ces produits agricoles recèleraient des
teneurs en pesticides au delà des normes admises. Comment arriver à exporter sans risque de voir la marchandise retournée à l'envoyeur ? Mais au delà de ces péripéties, le consommateur algérien
mange-t-il des produits sains ?
DES INSTITUTIONS LOCALES GARANTISSANT LA
SANTE DU CITOYEN
En Algérie, différents organismes publics
contrôlent l'emploi des produits phytosanitaires. C'est le cas de l'Institut National de la Protection Végétale (INPV). Sur la base d'études scientifiques, il délivre les autorisations de mise sur le
marché local des produits phytosanitaires. Sur présentation d'un dossier scientifique, tout fabriquant algérien ou étranger doit demander une homologation à cet institut technique dépendant du
ministère de l'agriculture.
Il est ainsi établi une liste des produits autorisés à la vente sur tout le territoire national. Tout produit ne figurant pas sur cette liste est interdit à la vente et il peut donc être
immédiatement saisis par les autorités compétentes.
DES FAILLES DANS LE
DISPOSITIF
Il peut exister des failles dans ce
dispositif. Cela peut être, par exemple, le cas d'importations frauduleuses. Ces dernières années, l'augmentation du volume du transit au niveau des ports ont pu permettre de telles importations. Il
est toujours possible de dissimuler des matières actives au sein des marchandises d'un conteneur ou de tricher en modifiant l'étiquette figurant sur l'emballage. Ce type de fraude vise à importer des
matières actives déclassées par certains pays et donc moins chères.
Un autre type de faille peut venir de la
méconnaissance des effets d'une nouvelle classe de matières actives. Généralement, des tests pharmacologiques sont réalisés par les laboratoires des géants de l'agro-chimie. Les dangers de certaines
familles de phytosanitaires commencent à être bien connues. C'est le cas des organo-chlorés longtemps utilisés comme insecticides et qui commencent à être interdits un peu partout dans le monde.
Longtemps utilisés durant les années 70 en Guadeloupe sur les bananiers, le chlordécone qui appartient à cette famille s'est avéré être très toxique pour l'homme. La Guadeloupe détient en effet un
triste record mondial : celui du plus grand nombre de cancer de la prostate.
En Algérie, les services compétents
tiennent compte bien entendu des informations les plus récentes afin d'actualiser la liste des produits autorisés à la vente.
Actuellement dans le monde, les craintes se
portent sur les perturbateurs endocriniens. Ces substances englobent les produits phytosanitaires mais également un grand nombre de produits de l'industrie chimique. En Europe, une partie de bras de
fer se joue actuellement entre l'Union Européenne et l'industrie chimique afin d'établir la liste des produits pouvant être considérés comme des perturbateurs endocriniens.
DEVELOPPER LA LUTTE
BIOLOGIQUE
En Algérie, la tendance actuelle est à
l'utilisation accrue de pesticides ou produits phytosanitaires. Il s'agit d'insecticides, fongicides et herbicides. Cette utilisation reste encore en
deçà de l'utilisation observée dans les
pays à agriculture intensive. Mais sous l'effet des actions de vulgarisation des services agricoles et des firmes étrangères et locales, cette utilisation progresse.
Il existe cependant des exemples de lutte
biologique contre les ravageurs des cultures. Dès les années 80, les Pr DOUMANDJI de l'ENSA d'El-Harrach ont testé contre les parasites des dattes le lâcher d'insectes auxiliaires. Ceux-ci
s'attaquant prioritairement aux ravageurs.
L'INPV vulgarise actuellement contre des
parasites des cultures maraîchères l'emploi de phéromones permettant une « confusion sexuelle ». De petites capsules renfermant des doses minimes des substances dégagées par les femelles de
certains parasites sont disposées dans les serres ou les vergers. Ces substances fabriquées par synthèse indiquent aux mâles la présence éventuelle d'une femelle. Les mâles peuvent ainsi être piégés
sur des supports collants ou désorientés.
INSTAURER UN CERTIFICAT POUR TOUT
UTILISATEUR DE PHYTOSANITAIRES
Ces dernières années, que ce soit au nord
ou au sud du pays, les cultures sous serres ont connu un fort développement. Ce type de culture intensive nécessite de nombreux traitement contre les maladies et les insectes. Dans le cas de la
tomate, une chenille (Tutta absoluta) s'attaque aux feuilles et terrasse les plants en quelques semaines. C'est ce qui s'est passé en 2008. Les agriculteurs ont testé produits chimiques sans
résultats. Puis l'INPV s'est saisi de la question et a proposé aux agriculteurs une réponse faisant appel à la lutte biologique. L'élimination des mâles a été possible grâce à l'emploi de pièges à
phéromone. Des lâchers d'insectes s'attaquant à ce ravageur ont permis de juguler les infestations. Aujourd'hui, les agriculteurs maîtrisent la situation, ils n'utilisent plus à tort et à travers
toutes sortes d'insecticides.
Dans ce cas précis les progrès ont été
possibles grâce à une rapide mobilisation des services agricoles qui ont formé les agriculteurs et leur ont fourni les solutions adéquates.
Cependant, les ravageurs étant nombreux,
toutes les situations ne sont pas aussi bien maîtrisées que dans le cas de Tutta absoluta. Aussi, la formation à l'emploi des pesticides pourrait obligatoire. Elle pourrait être sanctionnée par la
délivrance par la délivrance d'un certificat telle le CertiPhyto que délivrent les Chambres d'Agriculture en France suite à un stage pratique de plusieurs demi-journées.
L'emploi des phytosanitaires en agriculture
implique donc les agriculteurs mais également les revendeurs et les sociétés importatrices. Ces derniers devraient être regroupés dans une fédération afin de pouvoir discuter avec les pouvoirs
publics.
GLYPHOSATE ET DESHERBAGE
MECANIQUE
Ces derniers temps, les médias ont
abondamment traité du cas du glyphosate. Ce désherbant est potentiellement classé comme cancérigène. Il s'agit de préciser les choses. Cet herbicide est massivement utilisé par les agriculteurs
cultivant des OGM. C'est le cas aux USA, Canada, Amérique latine ou Australie. Ce n'est pas le cas en Algérie puisque les OGM sont interdits.
D'éventuelles cas de contaminations ne
peuvent donc provenir que des cultures OGM importées : soja et maïs utilisées actuellement en alimentation du bétail ou huile de tournesol.
Certaines pratiques étrangères peuvent
provoquer des contaminations. C'est le cas des agriculteurs étrangers pulvérisant du glyphosate juste avant la maturation complète de leur récolte de blé, lentille ou colza. Les mauvaises herbes
présentent dans leur champs sont alors éliminées, elles ne formeront pas de graines. Mais également, en desséchant les plantes cultivées l'herbicide peut permettre une récolte
homogène.
Certains herbicides tel le paraquat sont
considérés comme nocif pour la santé. Auparavant utilisés en Algérie, ces désherbants ne figurent plus dans la liste des produits autorisés. L'INPV met en ligne sur son site l'index des produits
phytosanitaires à usage agricole autorisés en Algérie.
A la place des désherbants chimiques,
l'agriculture bio a proposé en Europe des solutions alternatives. Il s'agit de l'emploi de bineuses, de herses étrilles et de houes rotatives. Ces engins peuvent être utilisés en maraîchage sur de
petites surfaces mais également sur culture de céréales et légumes secs. Si des bineuses commencent à être fabriquées en Algérie, ce n'est pas encore le cas pour les herses étrilles et houes
rotatives qui s'avère être des outils qui révolutionnent le désherbage mécanique même sur de grandes surfaces. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter sur you tube les vidéos de l'organisme
français Arvalis.fr traitant du désherbage mécanique.
Actuellement, les services agricoles comme
les concessionnaires de matériel agricole ne s'intéressent pas à ce type de matériel. Cela est regrettable car ce type de matériel est facile à fabriquer localement. Alors que de nombreuses petites
exploitations céréalières ne sont pas encore passées au désherbage chimique, il serait bon de leur proposer ce type de matériel.
REDUIRE L'EMPLOI DES
ENGRAIS
Selon les récentes déclarations de Mr Ali
Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs, les derniers refoulements de produits agricoles seraient également liés à l'emploi d’engrais interdits à l’étranger. Parfois décriés
à travers le monde par les partisans du « bio », les engrais peuvent être une source de contaminants dans certains cas précis.
C'est le cas des engrais phosphatés qui
peuvent contenir du cadmium.
Ceci dit, les engrais azotés et phosphatés
sont plus connus comme polluants des nappes phréatiques et eaux superficielles. Ils concernent donc plus les populations résidant dans les zones de production que les populations vers lesquelles sont
exportées les produits agricoles.
En Algérie, le département agronomie de
l'Université de Batna a récemment mis au point une méthode pratique d'utilisation de doses d'azote adaptées aux besoins des cultures. Cette méthode simple a été adoptée avec succès par des
agriculteurs de la région de Sétif.
Une autre solution consiste également en la
localisation des engrais. Cette technique permet d'apporter une quantité d'engrais à proximité des semences au semis. Les doses d'engrais à utiliser sont donc réduites. Cette technique nécessite
l'utilisation de semoirs spécifiques permettant un semis direct. Cependant, en Algérie, les services du MADRP ne s'intéressent pas à cette technique.
L'utilisation des fientes de volailles est
courante en maraîchage, elles apportent notamment de l'azote. Ces fientes sont indispensables aux cultures. Cependant, il s'agit de procéder régulièrement à des analyses de reliquats azotés et des
eaux des nappes phréatiques pour éviter toute pollution aux nitrates. Enfin, il y a un risque de propagation de salmonelles. Des mesures appropriées permettent de gérer cette
question.
MANGER BIO EN
ALGERIE
Afin de se prémunir contre les risques
sanitaires liés à la consommation de produits agricoles contaminés par des pesticides, la solution consiste à consommer des produits « bio ». Cette pratique est peu développée en Algérie.
Elle nécessite des exploitations « bio » certifiées par des organismes agréés par les pouvoirs publics. En Europe ce type d'agriculture
est subventionnée. On pourrait imaginer une
aide publique accordée par le MADR aux agriculteurs s'engageant à produire « bio »
A petite échelle, il est possible de
s'adresser à une AMAP comme le développe l'association Torba.dz. Il est également possible de créer des potagers collectifs (jardins partagés) en ville en bas des immeubles avec l'aide des offices
HLM et des municipalités.
Il apparaît que les pouvoirs publics ont
développé des moyens afin que les produits phytosanitaires utilisés en Algérie soient contrôlés et autorisés en fonction de leur efficacité sur les cultures et leur moindre effet sur la santé
humaine. Les failles dans le schéma ainsi établi peuvent provenir d'éventuelles importations illicites – il s'agirait dans ce cas d'étudier leur ampleur – ou d'une mauvaise utilisation de ces
produits (non respect des doses ou des période d'utilisation). Aussi, formation des agriculteurs, fédération du négoces et des firmes de phytosanitaires sont indispensables.
Reste, que comme ailleurs dans le monde, le
développement d'une agriculture raisonnée et d'une agriculture « bio » peut permettre de réduire l'utilisation des produits chimiques et les risques éventuels de
contamination.
Cette méthode développée par le Pr Nadia BOULELOUAH est visible à l'adresse : https://youtu.be/PpzzUnd0n-Q
CEREALIERS, FAITES DU
FRIC AVEC LE « FRIK »
Djamel BELAID 21 mai 2018
Dans l'Est du pays, avant la récolte du blé, il n'est pas rare
de voir des agriculteurs récolter des épis pour en faire du « frik ». Il s'agit de grains de blé dur encore verts grillés et concassés. Ils sont utilisés dans la « chorba frik ». Cette pratique
ancestrale se fait en dehors des circuits traditionnels de commercialisation (CCLS). Elle permet à de petits céréaliers de mieux valoriser une partie de leur production de
grains.
LA CHORBA FRIK DE L'EST ALGERIEN
Contrairement à la hrira oranaise ou à la chorba-vermicelle
algéroise, la chorba-frik de l'Est Algérien contient des grains de blé dur grillés et concassés. Absorbant une partie du bouillon, ils acquièrent une texture malléable sans être trop molle. Cela
donne une texture et un goût incomparable à ce type de chorba. En effet, utiliser du vermicelle, c'est s'exposer à obtenir des pâtes alimentaires flotter sans aucune consistance dans la soupe. Par
contre, le frik garde toute sa fermeté. Les personnes découvrant pour la première fois la chorba-frik ne peuvent ensuite revenir à la chorba-vermicelle. Traditionnellement, à l'Est du pays , il n'est
pas rare de voir à la fin du printemps, des particuliers s'arrêter au bord des routes pour cueillir une gerbe de blé afin de faire leur propre frik.
DEMARCHE COMMERCIALE SANS CCLS NI MINOTERIES
PRIVEES
La vente du frik est réalisée par les céréaliers. Ils ne
passent pas par le réseau habituel des CCLS. Cela signifie qu'ils renoncent au prix de 3500 DA le quintal proposé par les antennes de l'OAIC. Prix auquel il faut rajouter la prime de 1000 DA par
quintal. Cela s'explique par le prix de vente dans le secteur privé : 16 000 à 20 000 DA le quintal. Les céréaliers réalisent donc eux-même une transformation du grain. Cette démarche est originale.
En effet, traditionnellement, en Algérie dès la récolte, les agriculteurs se pressent aux portes des silos des CCLS pour livrer leurs grains. Il peut arriver qu'ils patientent 48 heures avec leur
remorque devant les silos. Ce sont des minoteries, en majorité privées, qui se chargent de la transformation des grains en semoule puis couscous ou pâtes alimentaires. Au passage, ces transformateurs
empochent une valeur-ajoutée liée à ce type d'activité. En Algérie, le soutien des prix passe par les CCLS. De ce fait, les céréaliers sont obligés de leur livrer leur production afin de profiter des
prix subventionnés. La production de frik consiste en une transformation des céréales par les producteurs eux-mêmes et donc par la création d'une valeur-ajoutée qui leur revient en totalité. Cette
valeur-ajoutée ne sert pas à financer les caprices équestres du rejeton d'un grand transformateur comme c'est le cas actuellement à l'Ouest du pays. Dans le cas du frik, elle revient entièrement «
lel fellaha ».
UNE DEMARCHE TECHNIQUE INNOVANTE
La production de frik montre également plusieurs innovations
techniques développées par les producteurs. Pour récolter les épis de blé, ils ont mis au point un matériel nouveau. Il s'agit d'une remorque attelée à côté d'un tracteur et dont l'avant est couplé à
une faucheuse munies de rabatteurs (comme sur une moissonneuse -batteuse). Cet engin permet de ne récolter que les épis ainsi qu'une partie de la tige de blé. Juste ce qu'il faut afin d'assurer par
la suite les opérations pour griller à la flamme les grains. La deuxième innovation concerne le procédé pour griller les épis de blé. Ces derniers sont disposés quelques heures en petits tas à même
le sol. Cela permet aux épis de sécher. A l'aide d'un lance-flamme composé d'une longue lance en métal reliée à une bouteille de gaz, les tas sont enflammés et retournés quelques instants à l'aide
d'une fourche. Les épis grillés sont par la suite introduits dans une moissonneuse-batteuse à poste fixe afin de débarrasser les grains de leurs enveloppes. Comme on peut le constater, ces
manipulations sont exigeantes en main d'oeuvre.
LABELLISER LA PRODUCTION DE FRIK
La production de frik mériterait d'être labellisée. Ce type de
production est typique de l'Est Algérien. On retrouve également cette pratique en Syrie. Il serait intéressant que les producteurs locaux puissent définir un cahier des charges. Des améliorations de
la qualité du produit final sont possibles. Elles pourraient concerner le taux de protéines des grains, le choix variétal, la date exacte de récolte, les techniques optimales pour griller les épis et
concasser le grain (type de granulométrie). L'aspect packaging n'est pas à négliger. La mise en sachets d'un kilo ou de 500 grammes dans un emballage approprié avec identification de la zone de
production et du producteur pourrait être un gage de confiance vis-à-vis du consommateur. Des efforts publicitaires pourrait permettre de gagner de nouveaux consommateurs à l'Ouest du pays. En effet,
dans cette région l'utilisation du frik est peu développée. D'autres consommateurs potentiels pourraient être approchés, c'est le cas de la diaspora algérienne à l'étranger. Le consommateur y est
habitué à consommer du « boulgour ». Il s'agit d'un produit d'origine turque équivalent au frik. C'est dire le potentiel offert en matière de commercialisation.
DEVELOPPER LA FILIERE FRIK
Ce type de production est actuellement marginal. Il est
possible d'augmenter rapidement les volumes. Cela peut passer par un échelonnement des dates de maturité afin d'étaler la pointe de travail lors de la récolte. Pour cela, il s'agit, à qualité égale,
d'envisager l'utilisation de variétés de blé aux dates de maturité décalées de quelques jours. L'Algérie bénéficie de différents étages climatiques. Il devrait donc être possible d'étaler la
production de frik entre le nord et le sud du pays. La mise au point d'un système artisanal de récolte des épis par des paysans de Biskra lève ce qui constituait jusqu'à présent un goulot
d'étranglement. Concernant l'opération visant à griller les épis, celle-ci est actuellement manuelle. La mécanisation de cette opération pourrait être envisagée en utilisant un tapis roulant grillagé
passant au dessus de brûleurs à gaz au calibre défini. Concernant la qualité, celle-ci passe par la tenue du grain concassé à la cuisson. Dans l'environnement aqueux que constitue la chorba, toute
pâte alimentaire développe rapidement une consistance molle. C'est d'ailleurs le cas du vermicelle. Rappelons que pour beaucoup de consommateurs de pâtes alimentaires, la tendance est à un mode de
cuisson privilégiant le type « aldente ». Afin de renforcer les qualités intrinsèques du grain de blé dur transformé en frik, il s'agit donc de produire des grains de blé riches en protéines et peu
mitadinnés. Seuls de tels grains expriment la meilleure tenue à la cuisson. Cela suppose une fertilisation azotée ciblée. On consultera à ce propos les travaux réalisés à Batna par l'équipe du Pr
Nadia Boulelouah. Un autre axe de développement peut consister en la production de frik bio. Aujourd'hui existent des solutions techniques pour remplacer le désherbage chimique par du désherbage
mécanique à l'aide de herses étrilles ou de houes rotatives. En l'absence de tels engins, on peut penser à faire pâturer quelques semaines les parcelles de blé par des moutons. Un pâturage d'hiver de
quelques jours avec un chargement hectare adapté peut permettre de réduire nettement l'infestation en mauvaises herbes.
LES PRODUCTEURS DE FRIK, DES HOMMES
LIBRES
Les céréaliers qui produisent du frik le font en dehors de la
filière blé dur des CCLS et des minoteries privées. Ils ne sont pas intéressés par les prix à la production soutenus par la puissance publique (OAIC). A ce titre, on peut dire qu'il s'agit d'hommes
libres. Une telle filière (qui reste à créer) serait donc capable de résister à une éventuelle baisse des prix du blé dur. En effet, si les céréaliers Algériens ont la chance de se voir offrir par
l'OAIC des prix à la production au dessus des fluctuations mondiales, la pérennité de ce système n'est pas assuré. Surtout lorsqu'on pense à l'évolution des prix des hydrocarbures ou d'une éventuelle
adhésion de l'Algérie à l'OMC. Certes, en tonnage, la production de frik représente des quantités minimes. Cependant, le revenu dégagé par ce type de production garantit une partie des revenus
financiers des exploitations. Cette garantie n'est pas conjoncturelle, mais structurelle. Ces exploitations se sont extraites du système des subventions publiques, du moins au niveau de la
commercialisation de leurs produits.
FILIERE FRIK, DES POTENTIALITES
CERTAINES
Il est certes trop tôt pour parler d'une filière frik.
Celle-ci reste à créer. Mais quand on voit l'inventivité des agriculteurs concernés on ne peut qu'être admiratifs devant les potentialités que recèlent ce type de production. Que ce soit sur le plan
des innovations matériels ou des circuits de commercialisation en dehors des CCLS, les producteurs de frik innovent. Avec un marché de 40 millions de consommateurs et de réelles possibilités
d'exportations, la productions de frik peut permettre d'assurer un complément financier notable pour l'équilibre économique de petites exploitations. Chose extraordinaire, pour une fois, ce revenu
exceptionnel ne vient pas de l'élevage ovin mais d'une production végétale et surtout d'une production de céréales. Cet exemple est là pour nous rappeler combien en Algérie, le potentiel des céréales
est sous-estimé. En alimentation humaine, il serait intéressant d'envisager la production de germes de blé, de blé et d'orge malté. En matière d'aliments du bétail, la production de triticales peut
remplacer partiellement le maïs importé. A cet égard, le prix des triticales mériterait d'être revalorisée par les CCLS. La production de frik est une production de terroir. Elle est propre au blé
dur et est typiquement produite au sud-est du pays. Cette production est accrochée à une région. Elle fait l'objet de
savoirs ancestraux qui ont su évoluer (cas de la récolte). Son
expansion et sa structuration pourrait être l'oeuvre des élites rurales fixées dans ces territoires : paysans éclairés, jeunes cadres, jeunes chômeurs ou retraités disposant d'une expérience. A cette
élite rurale de rassembler les moyens agronomiques de production, de récolte, de transformation et de commercialisation d'un produit unique.
CEREALIERS, SE RE-APPROPRIER LA FILIERE
CEREALES
L'exemple de la production de frik montre l'extraordinaire
inventivité du monde paysan. Il faut voir les engins originaux mis au point pour récolter les épis. Cette mise au point de matériel et de pratiques montre également que les céréaliers Algériens
peuvent ajouter plus de valeur à leur production. Il est à espérer que cet exemple les engagent à prendre confiance dans la transformation de leur récolte de blé dur en semoule, couscous et/ou pâtes
alimentaires. Cette démarche pourrait se faire dans de petits ateliers ou des moulins semi-industriels. Vu l'excédent des capacités privées installées, on peut s'attendre à l'avenir à des faillites.
L'occasion pour des céréaliers arrivant à réunir des quantités conséquentes de grains, de se positionner dans la production de semoule. Des formules telles les Groupements d'Intérêt Economiques
(G.I.E) peuvent constituer le cadre à de telles activités. Les GIE constituent des structures plus souples que des coopératives de services. Celle démarche permettrait de rapatrier dans la poche des
producteurs la valeur-ajoutée actuellement captée par les transformateurs. Ainsi, les céréaliers des zones faiblement productives pourraient tirer un meilleur parti de leur production. Les pouvoirs
publics ont tout à y gagner. Ils auraient ainsi la possibilité d'amortir l'impact d'une éventuelle réduction des subventions à la filière céréales en cas de baisse des revenus issus de la vente des
hydrocarbures.
Notes : Il existe sur Youtube une vidéo extraite d'un
reportage de la chaîne Ennahar sur cette question. https://youtu.be/Uw_LfFOGcTY.
SLIM OTHMANI, FAIT "CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR" PAR LA FRANCE
Djamel BELAID 14.05.2018
Je ne me joindrais pas aux applaudissements pour le moment. J'attends que cet industriel fasse plus d'intégration de matières premières DZ. Car les
concentrés de jus viennent du Brézil, idem pour le sucre brut raffiné par Cevital. Ce monsieur fait de "l'import-import". Il ne fait qu'assembler des matières importées. On peut cependant le
féliciter d'utiliser de l'eau DZ.
J'attends des agro-industriels Algériens qu'ils contribuent, au moins en partie, à la production locale de leur approvisionnement. Il y a mille et une
façons de le faire.
-contribuer à la replantation de vergers d'agrumes, d'abricots, ...
-contribution à la productions de sirops sucrant à partir de dattes, d'orge.
J'attends avant d'applaudir... Je ne peux applaudir un industriel de l'import-import intervenant sur un marché carrément captif dont les consommateurs bénéficient d'un bon revenu. faire du business
dans ces conditions, c'est trop facile. Cela ne justifie pas une distinction. Celle-ci devrait aller à des agro-industriels tels les PDG de Laiterie Soummam ou de Groupe Benamor qui ont un milleur
taux d'intégration de la matière première locale.
ALGERIE, DOIT-ON
AUTORISER LES OGM EN AGRICULTURE?
Djamel BELAID 23.04.2018
Répondant sur la Chaine III de la radio à une question d'un
auditeur, le Pr Arezki MEKLICHE a déclaré qu'il ne voyait pas d'objection à l'utilisation de ce type de technique en Algérie. Que pourrait nous apporter des variétés de blé
OGM ?
UN TABOU BRISE
Le 7 décembre dernier, en déclarant qu'il ne voyait
d'objection à utiliser des OGM en agriculture, le Pr MEKLICHE a brisé un tabou. Traditionnellement, dans la presse nationale, il est de bon ton de s'opposer aux OGM. L'idée de départ étant de
protéger les consommateurs contre de nouveaux maux et d'éviter une éventuelle « pollution génétique » sur le sol national.
Mais l'invité de la Chaïne III s'est fait fort de rappeler à
juste titre, qu'en Algérie, nous consommons quotidiennement des OGM. Et de citer le maïs et soja OGM importés pour nourrir nos poules, vaches et moutons. « Autant, en produire localement »
a conclu l'invité.
OGM ET GLYPHOSATE, MELANGE
CONTROVERSE
Sur le plan de la santé humaine, la consommation d'OGM n'a,
jusqu'à ce jour, pas montré de risques sanitaires. L'OGM ne serait pas en lui même dangereux pour la santé. Cependant, dans le cas de variétés OGM résistantes aux herbicides, et notamment au
glyphosate, le danger sanitaire proviendrait des résidus de cet herbicide dans les grains. En effet, face à l'apparition de mauvaises herbes devenues résistantes au glyphosate, les agriculteurs des
pays autorisant cette technique ont tendance à multiplier les passages de désherbants et d'augmenter les doses. Des résidus d'herbicides sont donc présents sur les cultures.
D'autres façons de faire sont sources de résidus. Parfois,
pour hâter le murissement d'une culture non-OGM de lentilles, de pois-chiche ou de colza, les agriculteurs pulvérisent du glyphosate en fin de cycle. Cela peut concerner également la lutte contre une
mauvaise herbe présente en fin de cycle.
Attention à ne pas confondre ces utilisations avec celle des
agriculteurs qui n'utilisent le glyphosate que pour un désherbage au semis. Ce type d'emploi très fréquent en agriculture de conservation permet d'éviter de labourer. De ce fait, les terres sont
moins sujettes à l'érosion. Et dans ce cas là, le risque de résidus sur les cultures est de loin très inférieur aux pratiques décrites précédemment.
Du point de vu de la dissémination de gènes nouveaux dans la
flore naturelle bordant des gènes d'OGM, ce risque existe. Dans les pays utilisant les OGM, il est parfois préconisé d'entourer les champs d'OGM d'une bande de culture non-OGM afin de créer une zone
tampon.
ETAT DU DESHERBAGE CHIMIQUE EN
ALGERIE
Les variétés OGM concernent notamment la résistance au
glyphosate. Il devient alors possible d'épandre cet herbicide sur les cultures et donc, en un seul passage d'éliminer toutes les mauvaises herbes. Mais, cela est intéressant lorsque les techniques
traditionnelles du désherbage chimique ont été épuisées. Or, c'est loin d'être le cas en Algérie. Le désherbage n'est utilisé que sur une superficie restreinte des surfaces consacrées aux céréales et
des légumes secs.
Des cas de résistances aux herbicides conventionnels n'ont pas
encore été relevés. Dans le cas de mauvaises herbes difficile à détruire dans une culture de céréales – cas du brome – l'utilisation de variétés OGM pourrait s'envisager. Mais, signalons que nous
n'avons pas utilisé toute la panoplie des solutions conventionnelles, telles les rotations de cultures.
OBTENTION DES VARIETES OGM
Dans le cas où le choix de variétés OGM était fait, quel moyen
devrions nous déployer pour mettre en œuvre la disponibilité en semences ? La technologie OGM concerne des variétés étrangères. Il s'agirait alors de faire des essais sur des variétés OGM pour
chaque région du pays.
LA TECHNIQUE CLEARFIELD
A côté de la technique OGM – qui consiste à introduire un gène
d'intérêt dans une variété – existe des techniques de mutagénèse. Les variétés ainsi obtenues sont disponibles sous la marque Clearfield. La technique de mutagénèse consiste à provoquer des mutations
au niveau de semences. On utilise pour cela une dose de rayonnement mutagènes ou tout simplement des produits chimiques précis. Les semences ainsi traitées sont alors mise en culture. Et celles
présentant de nouvelles caractéristiques, telle la résistance à un herbicide à large spectre, sont isolées.
Cette technique est utilisées sur les céréales, les oléagineux (colza) et les légumes secs.
Dès la fin des années 70, cette technique a été introduite en Algérie au niveau de l'ENSA d'El Harrach par des coopérants polonais. Des étudiants algériens ont travaillé dessus, mais faute de
programme de développement, cette technique s'est perdue. Les étudiants formés ont été employés dans d'autres domaines de compétences.
Cette technique relativement simple pourrait être mise en
ouvre par des obtenteurs privés. Des collaborations inter-Maghrébines pourraient également rationaliser les efforts.
OGM, UN INTERET RESTREINT EN ALGERIE
En conclusion, en Algérie, dans les situations extrêmes, il ne
faut pas s'empêcher d'utiliser les OGM. Cependant, dans le cas de la lutte contre les mauvaises herbes, le recul des pays utilisateurs d'OGM montre l'apparition de plantes résistantes et la nécessité
d'une lutte combinant plusieurs moyens. Contre les mauvaises herbes résistantes au glyphosate, les Australiens utilisent même la technique du double-knock. Il s'agit de la pulvérisation de deux
herbicides avant semis. Le deuxième herbicide devant éliminer les plantes résistantes au glyphosate.
Cet exemple montre que les OGM ne sont pas la panacée. Reste
la question du moyen d'obtention de ce type de semences et leur coût pour notre économie et pour l'agriculteur.
Il nous semble que la priorité concerne les légumes secs. Ces
derniers sont très sensibles à la concurrence des mauvaises herbes. Il serait utile que des obtenteurs privés développent par mutagénèse des variétés non-OGM mais résistantes à des
herbicides.
ASSISES DE L'AGRICULTURE
Quelques propositions:
PREAMBULE
-L'agriculture a pour mission
de :
--nourrir la population algérienne (et pas les consommateurs
européens),
--créer de l'emploi à nos jeunes (60 000 jeunes ruraux
arrivant chaque année sur le marché de l'emploi), chose que ne peut pas faire une politique de fermes de 1000 hectares avec des capitaux privés locaux ou étrangers). L'agriculture ne peut à elle
seule assurer l'emploi de l'ensemble des populations rurales. Afin d'éviter une sur-exploitation du milieu naturel par des pratiques agricoles inadaptées, il est indispensable que les pouvoirs
publics développent une politique d'emplois ruraux hors du secteur agricole.
--contribuer à préserver l'environnement. En effet, le milieu
naturel local est fragile. Il est sujet à des processus d'érosion, de désertification et de salinisation. L'agriculture doit revêtir un aspect durable.
Le déficit hydrique de l'agriculture en sec
nécessite :
-une recherche-développement adaptée,
-le développement d'une politique de création de valeur
ajoutée qui peut passer par la participation des producteurs à la transformation des produits agricoles. Il s'agit donc de l'encourager.
CONCERNANT L'OAIC ET LES CCLS :
Il est recommandé :
-maintien du monopole d'Etat sur le commerce du
blé
-possibilité de transformer les céréales (activité de meunerie
ou de semoulerie) et de fabriquer couscous, pâtes alimentaires ou pain,
-possibilité de fabriquer de l'aliment du
bétail,
-statut du personnel technico-commercial: instaurer des primes
indexées sur le volume des ventes d'engrais, de produits phytosanitaire et sur le volume des céréales collectées.
-envisager une évolution des statuts des CCLS permettant une
plus grande co-gestion des membres élus du conseil de gestion (exemples : co-signature du président et du directeur sur certains dossiers, confier plus de responsabilité aux élus dans la gestion
des unités de moto-culture).
COOPERATIVES AGRICOLES
Il ne faut pas se tromper. Les CCLS ne sont pas de vraies
coopératives où ce sont les agriculteurs qui disposent de parts sociales et composent les organes de direction élus démocratiquement. Aucun développement agricole ne peut être envisager sur la seule
impulsion de l'administration. Aussi, il est recommandé :
-d'assurer des avantages législatifs, financiers ou fiscaux à
tout regroupement d'agriculteurs sous forme de coopérative ou de Groupement d'Intérêt Economique (GIE),
-cas d'attribution d'avantages :
--lors de groupement pour l'achat de matériel à plusieurs
(réduction des taux bancaires, réduction du prix du matériel, …),
--lors de la transformation de céréales : attribution des
restitutions financières liées au soutien des prix à la consommation (les mêmes que reçoivent les transformateurs Benaor, Dahra, SIM, Smid Tell, …).
FORMATION
-conditionner l'octroi de prêts agricoles à l'obtention d'une
attestation de présence à des modules de formation agricole de base. Ces modules avec programme défini par le MADR devraient être dispensés sur tout le territoire en mobilisant toutes les compétences
(MADR et Universités),
-financer un institut de gestion pour cadres paysans (à
l'image de l'IFOCAP France) géré par la profession agricole,
CEREALES/LEGUMES SECS/FOURRAGES
-renforcer les moyens de recherche-développement sur les
cultures en sec (semis direct, localisation des engrais au semis, sursemis des jachères pâturées,...),
-priorité au non-labour avec semis direct (produire
massivement des semoirs low-cost), le retard du programme CMA-SOLA sur le semoir Boudour est inexcusable, encourager la production privée de semoirs,
-développer la production de matériel de désherbage mécanique
(herse étrille, houe rotative),
-développer les rotations, seul moyen de lutter contre les
graves infestations de brome, ver blanc, nématodes,
-développer la production d'oléagineux : colza, tournesol
et carthame (voir le progrès variétal en Australie),
-semences : encourager la production de semences
certifiées par les CCLS, mais aider les fellahs à améliorer la qualité de leurs semences de ferme,
-semences : développer un programme de semences non OGM
de type Clearfield, encourager l'investissement privé local,
-notre céréaliculture en sec étant structurellement
déficitaire, permettre à des céréaliers groupés en G.I.E de produire de la valeur ajoutée et donc de transformer leur production en semoule, couscous, pâtes alimentaires en recevant les mêmes aides
financières que les grands groupes transformateurs (Benamor, Dahra, Smid Tell, …).
JACHERE
-mettre à la disposition des agriculteurs des outils
permettant d'emblaver et d'exploiter à moindre coûts les surfaces de jachère. A ce titre, l'abandon du labour et son remplacement par des techniques culturales superficielles ou de semis direct est
tout indiqué. Outre la rapidité d'exécution des emblavement, traitement et exploitation des cultures, il s'agit de veiller à la réduction des coûts.
-sur les surfaces de jachère pâturée, tester des outils de non
labour (semis direct) afin de semer des mélanges fourragers à pâturer. A la traditionnelle association vesce-avoine, il s'agit de vulgariser de nouvelles associations (pois fourrager-triticale) mais
également des espèces nouvelles telles le colza fourrager.
-tester le fourrage de medicago à la lumière du développement
du non labour avec semis direct, ce qui préserve les semences de médicago d'un enfouissement néfaste à leur germination.
BANQUE AGRICOLE
-envisager la création d'une banque agricole gérée par des
agriculteurs et disposant d'un capital propre provenant d'un prélèvement forfaitaire sur la vente des produits agricoles,
CHAMBRE D'AGRICULTURE
On ne peut envisager de développement agricole sans
participation des premiers intéressés. Aussi, il s'agit
-d'assurer un fonctionnement démocratique des chambres
d'agriculture,
-d'encourager la création d'association professionnelles
agricoles et la constitution de filières.
INSTITUTS
Les instituts techniques sous l'égide du MADR permettent un
encadrement technique des agriculteurs. Etant donnés les enjeux actuels, il s'agit d'arriver à arriver à une plus grande efficacité de ces structures.
-envisager la participation des firmes publiques et privées
d'amont et d'aval au financement partiel des instituts techniques avec possibilité de participation au conseil d'administration,
FONCIER
-de nombreux exploitants sous-louent des terres de façon non
officielle et de ce fait ne peuvent bénéficier de prêts bancaires et de l'aide des institutions agricoles.
-envisager un statut du fermage pour assurer la location des
terres agricoles et sortir de l'informel,
MACHINISME AGRICOLE
-assurer une structure de coordination (permettant l'échange
d'informations) entre d'une part fabricants publics et privés et d'autre part agriculteurs et université.
-étant donnée la faiblesse de la production locale pour
certains matériels (semis direct, désherbage mécanique, …) envisager des mécanismes de soutien matériels et financiers aux entreprises locales.
AGRO-ALIMENTAIRE
Ces dernières années, le secteur agro-alimentaire s'est
considérablement développé. Nombreux sont les industriels qui n'envisagent leur activité que sur la base de la transformation de produits importés. A l'avenir, il devrait leur être EXIGE de recourir
progressivement à l'utilisation de matières premières locales. Cette évolution devrait se faire selon un cahier des charges et selon un calendrier défini avec les structures compétentes du
MADR.
Comme le font certaines laiteries, semouleries mais aussi de
nombreuses conserveries de tomate industrielle, les transformateurs devraient avoir obligation de :
-mettre sur pied des services d'appui technique aux
agriculteurs,
-assurer une aide financière sous la forme d'avances
financières partielles.
OLEAGINEUX
A part l'oléiculture, la production locale d'oléagineux est
pratiquement inexistante. Pourtant, selon les étages climatiques du pays, différentes cultures sont possibles : colza, tournesol, carthame, arachides.
Outre la couverture partielle des besoins de la population, la
culture d'oléagineux permet :
-d'assurer une rotation des cultures afin de réduire la
monoculture des céréales qui pose d'énormes problèmes de parasitisme,
-d'assurer la production de tourteaux entrant dans la
fabrication des aliments du bétail,
-d'assurer à des groupements d'agriculteurs de créer plus de
valeur ajoutée en pressant leurs graines pour produire et vendre de l'huile.
Il s'agit d'assurer la disponibilité en semences d'oléagineux
et en petit matériel de trituration.
MAIN D'OEUVRE ETRANGERE
-envisager un statut spécifique à la main d'oeuvre étrangère
qualifiée afin de favoriser des séjours prolongés sur le territoire national,
COOPERATION INTERNATIONALE
-encourager la coopération avec les pays développés à climat
semi-aride (exemple, l'Australie) afin de bénéficier des acquis de leur recherche-développement.
PLUS DE 3 MILLIONS D'HECTARES NON CULTIVEES
BOUAZGUI FACE AUX CONTRADICTIONS DU SYSTEME AGRICOLE
Djamel BELAID 3 avril
2018
Mr BOUAZGUI est sans aucun doute un homme
honnête qui veut bien faire. En charge du MADR depuis quelques mois, il parcourt le pays, anime des réunions, bat la campagne écoute les agriculteurs (petits et grands) ainsi que les investisseurs
privés. Bref, il fait le job du mieux qu'il peut. Il le fait avec honnêteté mais à sa manière. Ayant eut récemment en mains, les statistiques des terres réellement cultivées, il découvre l'ampleur de
la tâche. Arrivera-t-il à encourager l'investissement vers les céréales, aliment de base de la population et faisant l'objet (avec la poudre de lait) de plus de 60% du montant des importations
alimentaires?
ALGERIE, «GREVE DES
LABOURS »
Alors que nous importons de plus en plus de
blé, des dizaines de milliers d'hectares de terre ne sont pas cultivées. Mais qu'on ne s'y trompe. Ces terres sont cependant utilisées pour un usage agricole. Elles servent de parcours aux moutons.
En effet, l'élevage du mouton est plus rentable que la culture des céréales. Les propriétaires y font paître leurs troupeaux de moutons ou bien les louent à des éleveurs.
Une autre explication à cette « grève
des labours » vient de l'aspect peu rémunérateur de la culture des céréales. En effet, l'actuelle production de céréales sur les bonnes terres ne tient que grâce aux subventions publiques (prix
à la production, crédits de campagne bonifiés, soutien pour l'achat des engrais des semences, des produits phytosanitaires et du matériel agricole). Sur ces terres, la stratégie adoptée est de faire
revenir le plus souvent le blé dur afin de profiter de la prime « blé dur » de 1000 DA/qx en plus des 3500 DA/QX offert par les CCLS. Mais cette pratique n'est pas sans conséquences. Les
sols s'épuisent et les cultures sont la proie de parasites spécifiques du blé dur: vers blancs, nématodes du sol lorsque ce n'est pas des infestations en mauvaises herbes telle le
brome.
LE QUOTIDIEN DE LA PETITE ET MOYENNE
PAYSANNERIE
Mais sur les terres à faible potentiel,
celles à sol peu profond, il suffit d'un coup de sec à l'automne pour que les jeunes pousses de blé se dessèchent. Parfois, c'est au printemps que survient un manque de pluies ou une brusque hausse
des températures. Les épis prometteurs se dessèchent alors et les grains ne se remplissent pas. Seules leurs enveloppes subsistent. Lors de ces années de sécheresse, les parcelles de céréales
avortées sont laissées aux moutons et l'agriculteur tente, tant que bien que mal, de rembourser le crédit de campagne contracter envers la banque. C'est qu'emblaver coûte cher. Pour les petits
agriculteurs, il faut louer tracteur et charrue, acheter des engrais et des semences. Au labour succède la préparation du sol puis le semis. Chacune de ses longues opérations se traduit en heures de
location de tracteur avec la hantise de tout perdre si survient un coup de sec.
Certes, la disponibilité en tracteurs
s'améliore. Il y les tracteurs Cirta, témoins de la volonté du président Houari Boumédiène de développer une industrie locale. Il y a également les tracteurs Sonalika indhous issus d'un montage local
suite à l'import de pièces détachées. Mais même lorsqu'on possède un tracteur, il faut compter avec le coût des carburants, de main d'oeuvre et ce risque de coup de sec.
A l'heure actuelle, les CCLS rachètent le
blé dur 4500 DA le quintal. Aux céréales est toujours adjoint un troupeau de moutons. Les moutons, cette assurance tout risque en cas de mauvais rendements...
Mais les prix proposés par les CCLS
resteront-ils toujours à 4500 DA le quintal ? Ces derniers temps, les producteurs de maïs d'Adrar qui vendent leurs grains à l'ONAB ont vu la prime maïs non payée. Lenteur administrative ou
difficultés des caisses de l'Etat suite à la baisse des prix du pétrole?
TRAVAILLER SANS TERRE ET SANS CARTE DE
FELLAH
Que ce soit pour le maraîchage ou les
céréales, nombreux sont les agriculteurs qui avouent ne pas être propriétaire des terres qu'ils travaillent. Ils les louent auprès de propriétaires privés, d'EAC ou d'EAI ou encore de titulaires de
concessions. Cette situation qui apparaît injuste est pourtant la règle dans nombre de pays développés. La loi fixe chaque année le montant du fermage – un loyer de la terre - pour chaque région
selon la fertilité de la terre.
Le fermage n'existe pas en Algérie ce qui
relègue dans l'informel les travailleurs sans terre. C'est que pour obtenir des prêts, les banques exigent des titres de propriétés ou de concession. Il en est de même pour obtenir la carte de
« fellah » véritable sésame auprès des organismes agricoles pour obtenir à prix réglementé les intrants agricoles indispensables pour produire du blé.
FAIRE QUE LE BLE RAPPORTE AUTANT QUE LE
MOUTON
Afin que cesse la «grève des
labours », il faudrait que la marge bénéficiaire à l'hectare augmente et que plus de valeur ajoutée soit tirée des céréales.
Pour augmenter les marges en
céréaliculture, l'augmentation des rendements est actuellement la seule stratégie envisagée. Cependant 90% des surfaces sont en sec et le dry-farming (culture en sec) n'a pas été revisité. Il n'y a
pas eu en Algérie de véritable effort de recherche. Par exemple, sur de nombreux hectares, la pratique de la jachère reste la règle.
Faute d'investissement dans la recherche
sur les cultures en sec, le MADR a choisi la fuite en avant. Ces dernières années, les services agricoles ont misé sur l'irrigation de complément et l'irrigation continue dans le grand sud. Irriguer
donne l'espoir de pouvoir s'affranchir des conditions du milieu naturel et de pouvoir importer les techniques agronomiques des pays tempérés. Mais, dans le grand sud, c'est sans compter sur la nature
ingrate des sols, la salinité de l'eau d'irrigation et la très forte évaporation qui peut correspondre à un besoin de 2000 mm d'eau. Rentabiliser l'irrigation nécessite une approche de terrain. Des
progrès durables sont certes enregistrés au Nord. Mais cela ne doit pas faire oublier que 90% des terres sont non irriguées et qu'elles ne pourrons pas l'être faute de disponibilités en eau du fait
de la forte concurrence des villes et de l'industrie.
REDUIRE LES COUTS DE REVIENT DU
BLE
Pour rendre plus rémunérateur la culture du
blé, il faut donc s'orienter vers d'autres moyens que l'irrigation. Le premier concerne l'abandon du labour et son remplacement pas le semis direct. Les coûts de mécanisation sont ainsi réduits de
40% et la vitesse d'exécution des chantiers nettement accélérés. Un autre avantage loin d'être négligeable concerne la préservation de l'humidité du sol. Enfin, cette technique permet de localiser
les engrais près de la ligne de semis ce qui permet de mieux les valoriser. Il est regrettable que cette option prometteuse actuellement généralisée dans un pays sec comme l'Australie ne soit que
timidement envisagée par le MADR.
Cela est d'autant plus regrettable que le
semis direct et notamment le sur-semis peut permettre de semer à peu de frais – puisque sans labour - les jachères pâturées. Des fourrages à base de mélanges de différentes espèces seraient les
bienvenus. La pression de l'élevage ovin sur la céréaliculture pourrait ainsi être réduite.
Cet élevage constitue l'activité par
excellence des ruraux sans emplois. Faire baisser la concurrence de cet élevage sur la céréaliculture passe donc par le développement d'emplois ruraux hors secteur agricole.
UN PARTAGE INEGAL DE LA VALEUR
AJOUTEE
Jusqu'à présent, concernant le blé dur, les
pouvoirs publics ont pu proposer au céréalier algérien des prix à la production très rémunérateurs. Chaque année, quelles que soient les variations du cours mondial du blé, le fellah est assuré de
pouvoir écouler toute sa production auprès des CCLS. Ce système possède cependant un vice caché. On pourrait même dire que le « vers est dans la pomme ». En effet, dès qu'il récolte, le
fellah n'a qu'une hâte : se débarrasser de son grain dans la fosse de la CCLS. Ces grains sont ensuite moulus par des transformateurs privés qui produisent du couscous et des pâtes alimentaires
et font ainsi de très belle marges bénéficiaires. Dans de nombreux pays développés les céréaliers ont créé des coopératives et se sont équipés de moulins. Ce sont eux qui engrangent de la valeur
ajoutée à leurs grains et ce qui leur permet de continuer à financer leur activité même les années où les cours mondiaux des céréales s'effondre. En Algérie, les pouvoirs publics, à travers l'OAIC,
délivrent ce message : « khatikoum, nous sommes là pour vous soutenir quoique qu'il advienne ». Les céréaliers algériens ont pris de ce fait l'habitude de se reposer sur la puissance
publique. C'est un tort et les céréaliers marocains en ont fait l'amer expérience lors de la signature de libre échanges avec les USA puis avec l'adhésion à l'OMC. Qu'adviendra-t-il si un jour les
pouvoirs publics avouent ne plus avoir les moyens de cet effort financier? La nature ayant horreur du vide, en absence d'organismes stockeurs coopératifs investissant dans la transformation, ce sont
des moulins privés qui se sont emparés du marché. C'est le cas des sociétés Benamor, Métidji, SIM, Smid Tell, etc... La valeur ajoutée liée à la transformation des grains importés mais également
celle liée aux grains produits par le fellah leur revient entièrement.
CCLS, UN APPUI TECHNIQUE
LIMITE
Une véritable révolution technique s'opère
silencieusement dans nos campagnes. Le niveau technique des céréaliers s'élève régulièrement. La production nationale connaît de brusques variations annuelles liées à la faible maîtrise de des aléas
climatiques. Cependant sur une décennie, le rendement moyen progresse nettement. Cette amélioration technique vient notamment des intrants agricoles employés en plus grand nombre et à meilleur
escient. C'est le cas des semences certifiées produites par les CCLS, des engrais produits en masse mais également le cas des produits phytosanitaires. Ces deux derniers types de produits sont
vulgarisés par des technico-commerciaux de firmes privés locales ou étrangères. Leur rémunération étant liée au niveau des volumes vendus, ils déploient une vulgarisation très dynamique qu'on ne
retrouve malheureusement pas au niveau des CCLS.
UNE FEUILLE DE ROUTE POUR LE SOLDAT
BOUAZGUI
Sur quels leviers peut donc agir le
ministre de l'agriculture. Le niveau du prix du pétrole étant ce que chacun sait, ne lui reste plus que faire ce que ce disait Staline à ses généraux lors des pires moments de l'avancée des troupes
nazis : « ne me demandez pas plus de moyens, mais envisagez de faire mieux avec les troupes et l'armement à votre disposition».
Concernant les fermes pilotes installées
sur les meilleures terres, rien ne sert de vilipender leurs gestionnaires tel que cela a été rapporté par la presse nationale. Les gestionnaires de ces fermes font avec les moyens qui leur sont
donnés et avec le carcan juridique qui est le leur. Leur action ne peut en aucune manière être comparée avec la liberté d'action d'investisseurs privés pour lesquels, pratiquement, tout est permis –
telle l'importation de matériel dernier cri - et le plus souvent grâce à des aides publiques non remboursables.
Concernant les secteurs des fruits et
légumes, de la viande et des produits laitiers (dérivés et fromages) les investisseurs disposent d'une liberté de fixation des prix. On ne peut comparer ce secteur à celui de la production des
céréales dont les prix sont encadrés. Par ailleurs, les producteurs de céréales n'ont pas voix au chapitre concernant la transformation de leurs produits. Toute proposition d'amélioration de la
production des céréales doit donc tenir compte de cet aspect des choses.
Pour arriver à ce que plus de terres soient
consacrées aux céréales le MADR dispose d'une politique de court et moyen terme. Par politique, nous entendons des leviers sur lesquels il peut jouer ou être
entendu par les autres ministères.
A court terme, ne pouvant augmenter les
prix à la production, il s'agit de jouer sur la baisse des charges des exploitations. Cela passe par une plus grande disponibilité et moindre coût des approvisionnements (engrais, semences, produits
phytosanitaires). Aux CCLS d'envisager les mesures à mettre en œuvre afin de lutter contre la spéculation. La constitution de groupements d'achat paysans pourraient être encouragée, cela pourrait
constituer l'embryon de véritables coopératives paysannes.
En matière de charges de mécanisation et de
carburants, l'urgence passe par l'accélération de la mise à la disposition des agriculteurs de semoirs low-cost pour semis direct. Le projet « Boudour » de CMA-SOLA, mais également les
moyens des constructeurs locaux doivent être orientés vers cette priorité.
En matière de valeur ajoutée, les pouvoirs
publics ne peuvent laisser les transformateurs privés s'accaparer de la totalité de celle-ci. La valeur ajoutée doit être partagée entre céréaliers et transformateurs. Des arbitrages doivent
permettre aux CCLS et regroupements de céréaliers (par exemple sous forme de GIE) de pouvoir transformer tout ou partie de leur production de céréales. Les grands groupes agro-alimentaires doivent se
rendre comptent qu'ils n'auraient rien à gagner de troubles sociaux dégénérant et pouvant aboutir dans des émeutes et d'éventuels saccages d'outils économiques.
Des partenariats publics-privés pourraient
être imaginés (une CCLS devrait pouvoir s'associer à un moulin privé ou lui racheter des parts). Le partage de cette valeur ajoutée doit permettre de rendre plus rémunérateur la pratique de la
céréaliculture dans un pays, rappelons le, semi-aride. Ce partage peut également se faire par le financement, par les transformateurs, de services d'appui technique aux céréaliers situés dans leur
bassin d'approvisionnement (comme le font déjà certaines laiteries).
Enfin, il y a un statut du fermage à créer.
Sortir l'informel agricole de la situation actuelle peut permettre de contrôler des masses monétaires importantes issues du secteur agricole, mais également en attirer d'autres actuellement
thésaurisées.
Il apparaît ainsi, que l'encouragement à
l'investissement dans la culture des céréales passe moins par l'augmentation des enveloppes financières actuelles que par une ré-affectation des moyens engagés. Le Ministre de l'agriculture aura-t-il
les épaules assez larges pour impulser cette dynamique et s'opposer à certains lobby? Certes, cette voie est plus difficile que celle consistant à vilipender les cadres des fermes pilotes ou à
faire accoster dans nos ports des cargos aux flancs chargés de grains étrangers ; mais elle est la voie du patriotisme économique.
PLUS DE 3 MILLIONS D'HECTARES NON
CULTIVEES
BOUAZGUI FACE AUX CONTRADICTIONS DU SYSTEME
AGRICOLE
Djamel BELAID 3 avril
2018
Mr BOUAZGUI est sans aucun doute un homme
honnête qui veut bien faire. En charge du MADR depuis quelques mois, il parcourt le pays, anime des réunions, bat la campagne écoute les agriculteurs (petits et grands) ainsi que les investisseurs
privés. Bref, il fait le job du mieux qu'il peut. Il le fait avec honnêteté mais à sa manière. Ayant eut récemment en mains, les statistiques des terres réellement cultivées, il découvre l'ampleur de
la tâche. Arrivera-t-il à encourager l'investissement vers les céréales, aliment de base de la population et faisant l'objet (avec la poudre de lait) de plus de 60% du montant des importations
alimentaires?
ALGERIE, «GREVE DES
LABOURS »
Alors que nous importons de plus en plus de
blé, des dizaines de milliers d'hectares de terre ne sont pas cultivées. Mais qu'on ne s'y trompe. Ces terres sont cependant utilisées pour un usage agricole. Elles servent de parcours aux moutons.
En effet, l'élevage du mouton est plus rentable que la culture des céréales. Les propriétaires y font paître leurs troupeaux de moutons ou bien les louent à des éleveurs.
Une autre explication à cette « grève
des labours » vient de l'aspect peu rémunérateur de la culture des céréales. En effet, l'actuelle production de céréales sur les bonnes terres ne tient que grâce aux subventions publiques (prix
à la production, crédits de campagne bonifiés, soutien pour l'achat des engrais des semences, des produits phytosanitaires et du matériel agricole). Sur ces terres, la stratégie adoptée est de faire
revenir le plus souvent le blé dur afin de profiter de la prime « blé dur » de 1000 DA/qx en plus des 3500 DA/QX offert par les CCLS. Mais cette pratique n'est pas sans conséquences. Les
sols s'épuisent et les cultures sont la proie de parasites spécifiques du blé dur: vers blancs, nématodes du sol lorsque ce n'est pas des infestations en mauvaises herbes telle le
brome.
LE QUOTIDIEN DE LA PETITE ET MOYENNE
PAYSANNERIE
Mais sur les terres à faible potentiel,
celles à sol peu profond, il suffit d'un coup de sec à l'automne pour que les jeunes pousses de blé se dessèchent. Parfois, c'est au printemps que survient un manque de pluies ou une brusque hausse
des températures. Les épis prometteurs se dessèchent alors et les grains ne se remplissent pas. Seules leurs enveloppes subsistent. Lors de ces années de sécheresse, les parcelles de céréales
avortées sont laissées aux moutons et l'agriculteur tente, tant que bien que mal, de rembourser le crédit de campagne contracter envers la banque. C'est qu'emblaver coûte cher. Pour les petits
agriculteurs, il faut louer tracteur et charrue, acheter des engrais et des semences. Au labour succède la préparation du sol puis le semis. Chacune de ses longues opérations se traduit en heures de
location de tracteur avec la hantise de tout perdre si survient un coup de sec.
Certes, la disponibilité en tracteurs
s'améliore. Il y les tracteurs Cirta, témoins de la volonté du président Houari Boumédiène de développer une industrie locale. Il y a également les tracteurs Sonalika indhous issus d'un montage local
suite à l'import de pièces détachées. Mais même lorsqu'on possède un tracteur, il faut compter avec le coût des carburants, de main d'oeuvre et ce risque de coup de sec.
A l'heure actuelle, les CCLS rachètent le
blé dur 4500 DA le quintal. Aux céréales est toujours adjoint un troupeau de moutons. Les moutons, cette assurance tout risque en cas de mauvais rendements...
Mais les prix proposés par les CCLS
resteront-ils toujours à 4500 DA le quintal ? Ces derniers temps, les producteurs de maïs d'Adrar qui vendent leurs grains à l'ONAB ont vu la prime maïs non payée. Lenteur administrative ou
difficultés des caisses de l'Etat suite à la baisse des prix du pétrole?
TRAVAILLER SANS TERRE ET SANS CARTE DE
FELLAH
Que ce soit pour le maraîchage ou les
céréales, nombreux sont les agriculteurs qui avouent ne pas être propriétaire des terres qu'ils travaillent. Ils les louent auprès de propriétaires privés, d'EAC ou d'EAI ou encore de titulaires de
concessions. Cette situation qui apparaît injuste est pourtant la règle dans nombre de pays développés. La loi fixe chaque année le montant du fermage – un loyer de la terre - pour chaque région
selon la fertilité de la terre.
Le fermage n'existe pas en Algérie ce qui
relègue dans l'informel les travailleurs sans terre. C'est que pour obtenir des prêts, les banques exigent des titres de propriétés ou de concession. Il en est de même pour obtenir la carte de
« fellah » véritable sésame auprès des organismes agricoles pour obtenir à prix réglementé les intrants agricoles indispensables pour produire du blé.
FAIRE QUE LE BLE RAPPORTE AUTANT QUE LE
MOUTON
Afin que cesse la «grève des
labours », il faudrait que la marge bénéficiaire à l'hectare augmente et que plus de valeur ajoutée soit tirée des céréales.
Pour augmenter les marges en
céréaliculture, l'augmentation des rendements est actuellement la seule stratégie envisagée. Cependant 90% des surfaces sont en sec et le dry-farming (culture en sec) n'a pas été revisité. Il n'y a
pas eu en Algérie de véritable effort de recherche. Par exemple, sur de nombreux hectares, la pratique de la jachère reste la règle.
Faute d'investissement dans la recherche
sur les cultures en sec, le MADR a choisi la fuite en avant. Ces dernières années, les services agricoles ont misé sur l'irrigation de complément et l'irrigation continue dans le grand sud. Irriguer
donne l'espoir de pouvoir s'affranchir des conditions du milieu naturel et de pouvoir importer les techniques agronomiques des pays tempérés. Mais, dans le grand sud, c'est sans compter sur la nature
ingrate des sols, la salinité de l'eau d'irrigation et la très forte évaporation qui peut correspondre à un besoin de 2000 mm d'eau. Rentabiliser l'irrigation nécessite une approche de terrain. Des
progrès durables sont certes enregistrés au Nord. Mais cela ne doit pas faire oublier que 90% des terres sont non irriguées et qu'elles ne pourrons pas l'être faute de disponibilités en eau du fait
de la forte concurrence des villes et de l'industrie.
REDUIRE LES COUTS DE REVIENT DU
BLE
Pour rendre plus rémunérateur la culture du
blé, il faut donc s'orienter vers d'autres moyens que l'irrigation. Le premier concerne l'abandon du labour et son remplacement pas le semis direct. Les coûts de mécanisation sont ainsi réduits de
40% et la vitesse d'exécution des chantiers nettement accélérés. Un autre avantage loin d'être négligeable concerne la préservation de l'humidité du sol. Enfin, cette technique permet de localiser
les engrais près de la ligne de semis ce qui permet de mieux les valoriser. Il est regrettable que cette option prometteuse actuellement généralisée dans un pays sec comme l'Australie ne soit que
timidement envisagée par le MADR.
Cela est d'autant plus regrettable que le
semis direct et notamment le sur-semis peut permettre de semer à peu de frais – puisque sans labour - les jachères pâturées. Des fourrages à base de mélanges de différentes espèces seraient les
bienvenus. La pression de l'élevage ovin sur la céréaliculture pourrait ainsi être réduite.
Cet élevage constitue l'activité par
excellence des ruraux sans emplois. Faire baisser la concurrence de cet élevage sur la céréaliculture passe donc par le développement d'emplois ruraux hors secteur agricole.
UN PARTAGE INEGAL DE LA VALEUR
AJOUTEE
Jusqu'à présent, concernant le blé dur, les
pouvoirs publics ont pu proposer au céréalier algérien des prix à la production très rémunérateurs. Chaque année, quelles que soient les variations du cours mondial du blé, le fellah est assuré de
pouvoir écouler toute sa production auprès des CCLS. Ce système possède cependant un vice caché. On pourrait même dire que le « vers est dans la pomme ». En effet, dès qu'il récolte, le
fellah n'a qu'une hâte : se débarrasser de son grain dans la fosse de la CCLS. Ces grains sont ensuite moulus par des transformateurs privés qui produisent du couscous et des pâtes alimentaires
et font ainsi de très belle marges bénéficiaires. Dans de nombreux pays développés les céréaliers ont créé des coopératives et se sont équipés de moulins. Ce sont eux qui engrangent de la valeur
ajoutée à leurs grains et ce qui leur permet de continuer à financer leur activité même les années où les cours mondiaux des céréales s'effondre. En Algérie, les pouvoirs publics, à travers l'OAIC,
délivrent ce message : « khatikoum, nous sommes là pour vous soutenir quoique qu'il advienne ». Les céréaliers algériens ont pris de ce fait l'habitude de se reposer sur la puissance
publique. C'est un tort et les céréaliers marocains en ont fait l'amer expérience lors de la signature de libre échanges avec les USA puis avec l'adhésion à l'OMC. Qu'adviendra-t-il si un jour les
pouvoirs publics avouent ne plus avoir les moyens de cet effort financier? La nature ayant horreur du vide, en absence d'organismes stockeurs coopératifs investissant dans la transformation, ce sont
des moulins privés qui se sont emparés du marché. C'est le cas des sociétés Benamor, Métidji, SIM, Smid Tell, etc... La valeur ajoutée liée à la transformation des grains importés mais également
celle liée aux grains produits par le fellah leur revient entièrement.
CCLS, UN APPUI TECHNIQUE
LIMITE
Une véritable révolution technique s'opère
silencieusement dans nos campagnes. Le niveau technique des céréaliers s'élève régulièrement. La production nationale connaît de brusques variations annuelles liées à la faible maîtrise de des aléas
climatiques. Cependant sur une décennie, le rendement moyen progresse nettement. Cette amélioration technique vient notamment des intrants agricoles employés en plus grand nombre et à meilleur
escient. C'est le cas des semences certifiées produites par les CCLS, des engrais produits en masse mais également le cas des produits phytosanitaires. Ces deux derniers types de produits sont
vulgarisés par des technico-commerciaux de firmes privés locales ou étrangères. Leur rémunération étant liée au niveau des volumes vendus, ils déploient une vulgarisation très dynamique qu'on ne
retrouve malheureusement pas au niveau des CCLS.
UNE FEUILLE DE ROUTE POUR LE SOLDAT
BOUAZGUI
Sur quels leviers peut donc agir le
ministre de l'agriculture. Le niveau du prix du pétrole étant ce que chacun sait, ne lui reste plus que faire ce que ce disait Staline à ses généraux lors des pires moments de l'avancée des troupes
nazis : « ne me demandez pas plus de moyens, mais envisagez de faire mieux avec les troupes et l'armement à votre disposition».
Concernant les fermes pilotes installées
sur les meilleures terres, rien ne sert de vilipender leurs gestionnaires tel que cela a été rapporté par la presse nationale. Les gestionnaires de ces fermes font avec les moyens qui leur sont
donnés et avec le carcan juridique qui est le leur. Leur action ne peut en aucune manière être comparée avec la liberté d'action d'investisseurs privés pour lesquels, pratiquement, tout est permis –
telle l'importation de matériel dernier cri - et le plus souvent grâce à des aides publiques non remboursables.
Concernant les secteurs des fruits et
légumes, de la viande et des produits laitiers (dérivés et fromages) les investisseurs disposent d'une liberté de fixation des prix. On ne peut comparer ce secteur à celui de la production des
céréales dont les prix sont encadrés. Par ailleurs, les producteurs de céréales n'ont pas voix au chapitre concernant la transformation de leurs produits. Toute proposition d'amélioration de la
production des céréales doit donc tenir compte de cet aspect des choses.
Pour arriver à ce que plus de terres soient
consacrées aux céréales le MADR dispose d'une politique de court et moyen terme. Par politique, nous entendons des leviers sur lesquels il peut jouer ou être
entendu par les autres ministères.
A court terme, ne pouvant augmenter les
prix à la production, il s'agit de jouer sur la baisse des charges des exploitations. Cela passe par une plus grande disponibilité et moindre coût des approvisionnements (engrais, semences, produits
phytosanitaires). Aux CCLS d'envisager les mesures à mettre en œuvre afin de lutter contre la spéculation. La constitution de groupements d'achat paysans pourraient être encouragée, cela pourrait
constituer l'embryon de véritables coopératives paysannes.
En matière de charges de mécanisation et de
carburants, l'urgence passe par l'accélération de la mise à la disposition des agriculteurs de semoirs low-cost pour semis direct. Le projet « Boudour » de CMA-SOLA, mais également les
moyens des constructeurs locaux doivent être orientés vers cette priorité.
En matière de valeur ajoutée, les pouvoirs
publics ne peuvent laisser les transformateurs privés s'accaparer de la totalité de celle-ci. La valeur ajoutée doit être partagée entre céréaliers et transformateurs. Des arbitrages doivent
permettre aux CCLS et regroupements de céréaliers (par exemple sous forme de GIE) de pouvoir transformer tout ou partie de leur production de céréales. Les grands groupes agro-alimentaires doivent se
rendre comptent qu'ils n'auraient rien à gagner de troubles sociaux dégénérant et pouvant aboutir dans des émeutes et d'éventuels saccages d'outils économiques.
Des partenariats publics-privés pourraient
être imaginés (une CCLS devrait pouvoir s'associer à un moulin privé ou lui racheter des parts). Le partage de cette valeur ajoutée doit permettre de rendre plus rémunérateur la pratique de la
céréaliculture dans un pays, rappelons le, semi-aride. Ce partage peut également se faire par le financement, par les transformateurs, de services d'appui technique aux céréaliers situés dans leur
bassin d'approvisionnement (comme le font déjà certaines laiteries).
Enfin, il y a un statut du fermage à créer.
Sortir l'informel agricole de la situation actuelle peut permettre de contrôler des masses monétaires importantes issues du secteur agricole, mais également en attirer d'autres actuellement
thésaurisées.
Il apparaît ainsi, que l'encouragement à
l'investissement dans la culture des céréales passe moins par l'augmentation des enveloppes financières actuelles que par une ré-affectation des moyens engagés. Le Ministre de l'agriculture aura-t-il
les épaules assez larges pour impulser cette dynamique et s'opposer à certains lobby? Certes, cette voie est plus difficile que celle consistant à vilipender les cadres des fermes pilotes ou à
faire accoster dans nos ports des cargos aux flancs chargés de grains étrangers ; mais elle est la voie du patriotisme économique.
URGENCE DESHERBAGE
Cette vidéo montre l'efficacité du désherbage avec Traxos One. Mais elle montre aussi l'efficacité des technico-commerciaux recevant une prime sur les quantités vendues. C'est un puissant
stimulant pour la vulgarisation. Espérons que les CCLS fassent de même...
Une météorite algérienne de très grande valeur (car originaire de Mars) trouvée dans le Sahara algérien et sortie en fraude par la ville frontalière d'Erfoud (plus gros marché de météorites
algériennes) a été repérée par des chercheurs français. Elle va être utilisée pour la recherche sur Mars. LIEN
MINOTERIES, passer des subventions à la productions de céréales.Nous avons beaucoup de minoteries. Il faut les pousser à soutenir la production céréalière.
BrochureBlésImportés.pdf Document Adobe Acrobat [327.9 KB]
DEVELOPPEMENT DURABLE,
LE MIRACLE BOUAZGHI
D. BELAID
5.02.2018
La presse nationale de ce jour rapporte
qu'en déplacement à Béchar, le Ministre de l'agriculture, Mr AEK BOUAZGHI a mis en garde les agriculteurs. Il leur a recommandé d'économiser l'eau d'irrigation.
UN MESSAGE DE TYPE
NOUVEAU
Ce type de message est nouveau dans la
bouche d'un responsable agricole : « économiser l'eau d'irrigation ». Jusqu'à présent on nous avait habitué à un usage illimité des eaux souterraines du sud. On nous avait même
presque fait croire que les exportations de dattes allaient remplacer celles de pétrole. Un responsable de premier plan avait même affirmé que puisque les réserves d'eau souterraines étaient estimées
à une soixantaine d'années, nous avions bien le droit de les utiliser au moins durant une dizaine d'années. Juste le temps de réduire le déficit alimentaire du pays.
Que ce soit pour l'eau d'irrigation, les
réserves de gaz naturel ou les surfaces agricoles gagnées par le béton, les responsables à la tête du pays nous avaient habitué à l'idée d'une permanence des bienfaits de dame nature. Pour irriguer,
nous avions les nappes phréatiques et les barrages, pour le chauffage et la production d'électricité, nous avions des réserves « inépuisables » de gaz, quant aux terres agricoles perdues de
la Mitidja, il nous suffisait d'aller mettre en valeur d'autres terres plus à l'intérieur du pays.
L'ECHEC DU GAZ DE
SCHISTE
Et si se profilait un risque de baisse des
hydrocarbures, que cela ne tienne. Il nous restait le gaz de schiste. Il y a quelques années, les pouvoirs publics avaient même tenté de lancer leur exploitation. Mais c'était sans compter sur la
société civile. Elite rurale et urbaine du sud pays, jeunes chômeurs avaient alors réussi à mobiliser l'opinion publique locale. La fronde populaire avait alors annihilé toute velléité de décideurs
peu férus d'écologie et de transition énergétique.
INCULTURE ECOLOGIQUE AU PAYS DE P.
RABHI
« Wach mane h'mar mat ? »
Mais quel est donc cet âne mort ? (dicton populaire). Qu'est ce qui avait soudainement fait naître dans l'esprit d'au moins un de nos dirigeants une conscience écologique. Comment expliquer
cette inhabituelle prise en compte de la nécessité d'un développement durable au pays des richesses inépuisables?
Certes, une hirondelle ne fait pas le beau
temps. Mais le propos est si inhabituel dans la paysage algérien que malgré la neige tombée en plein Sahara et celle de ce début février, le printemps semblait déjà à nos
portes.
Cette sortie ministérielle est réellement
étonnante. Etonnante, même au pays qui a vu naître P. RABHI. Cet Algérien originaire des oasis et actuellement vivant en France. Cet oasien devenu le chantre de la sobriété heureuse si lointaine à
nos dirigeants,
LE MYSTERE CONTINU
Difficile de dire ce qui a amené le
Ministre de l'agriculture à se préoccuper des réserves d'eau. Surtout, lui qui a récemment indiqué qu'à l'avenir plus de facilités seraient accordées aux agriculteurs afin d'utiliser les réserves
d'eau plus profondes. Peut-être un bref instant de lucidité...
Certes, il n'est pas évident de concilier
baisse des revenus de la vente des hydrocarbures et besoins d'une population de 40 millions d'habitants travaillée* par le modèle effréné de consommation occidental. Outre la couverture alimentaire
en calories, il s'agit de couvrir les besoins en protéines de la population. Cependant, il n' a jamais été proposé au consommateur algérien autre chose que le modèle occidentale reposant sur la
consommation de protéines animales. C'est tourner le dos à la traditionnelle diète méditerranéenne où les protéines végétales accompagnaient un régime à base de céréales, de fruits et légumes
locaux.
ABSENCE LOCALE DE WHO'S
WHO
Nous reste plus que nous perdre en
conjoncture. Qu'est ce qui a pu amener ce ministre à prôner plus de sobriété ? Une volonté politique ou un avis personnel face aux défis à venir. On peut imaginer qu'à ce niveau de
responsabilité, la connaissance des chiffres du déficit abyssal des besoins financiers du pays est connue. Et elle doit être le pain quotidien ou du moins hebdomadaire des réunions
ministérielles.
A moins que ce soit une orientation
personnelle. Une sensibilité accrue du fait d'études supérieures dans les universités du pays puis d'un passage dans des universités étrangères ? Là aussi, point de Who's who en Algérie. Rien
pour nous indiquer l'itinéraire des ministres. A part un cercle restreint, pour le commun des mortels, nulle idée du parcours de ce ministre de l'agriculture soudainement sorti d'un chapeau. On sait
simplement qu'il s'exprime parfaitement en arabe.
UNE LUEUR A
L'HORIZON
En tout cas, une fumée blanche semble
poindre à l'horizon. Une lueur d'espoir. Comme un signal de changement : la sobriété. Pas celle de P. RABHI, mais une sobriété qui tout de même apparaît enfin dans le discours officiel. Il était
temps. Les choses sont si lentes chez nous. Qu'on en juge. Dans un pays disposant jusqu'à 300 jours d'ensoleillement, nulle trace de panneaux solaires au dessus des habitations. Au pays des orages
torrentiels en automne, nulle trace de dispositifs pour freiner l'envasement des barrages. A quand un héros à la Giono re-semant les pentes boisées de nos collines ?
Cependant, ces jours-ci un espoir est né.
Au delà de l'opinion qui peu à peu se fait jour dans la société civile – ça et là émergent des initiatives citoyennes** – l'idée d'un développement durable semble enfin pénétrer les cercles du
pouvoir.
L'âne ne sera mort pour
rien...
NOTES :
(*) un des responsables français de la
laiterie Danone-Djurdjura expliquait récemment vouloir amener le consommateur algérien (habitant un pays à dominante semi-aride et aride) au même niveau de consommation de produits laitiers que le
consommateur français.
(**) voir l'association de permaculture
Torba.dz
URGENCE DU DESHERBAGE DES CEREALES
Nous recevons le message de Mr Abdelkrim Behlouli suite à une visite de parcelles chez des agriculteurs:
Ma dernière visite aux agriculteurs du groupe SIM révèle un foisonnement de mauvaises herbes qu'il faut traiter sous huitaine, profitons de l'accalmie pluviométrique de cette
semaine.
> Salutations...
> Envoyé par abdelkrim behlouli à AGRICULTURE ALGERIE le 15 janvier 2018
> à 12:49
Fin novembre le groupe PMAT a organisé une demonstration de charrues et autres outils aratoires. On voyait des tracteurs peinant à tirer des charuues de différentes dimensions. Les moteurs des
tracteurs tournaient à plein régime engloutissant des litres de carburants. On se serait cru aux USA ou en Europe. Ce spectacle était grotesque. Ce n'est pas ce modèle qu'il faut pour la
céréaliculture DZ. En zone de déficit hydrique, avec les faibles rendements qui caractérisent nos exploitations, sans irrigation, il nous aller vers plus de sobriété énéergétique et mécanique. Ce
modèle occidental n'est pas pour nous. Il a fait faillite aux USA, Brésil, Argentine et Australie.
Le progrès en la matière s'appelle non-labour et semis direct. On peut se demander dans quelles conditions une entreprise publique a pu développer une telle stratégie.
Nous conseillons aux agriculteurs de ne pas acheter de charrues, mais de se tourner vers les semoirs pour semis direct.
Les semoirs conventionnels à double spire (Sola, Agrisem, Agric, ...) peuvent être utilisés comme semoirs pour semis direct dans les cas de sols humides et ressuyés ou de sols meubles.
Seule cette prtique permet de réduire les coûts de mécanisation et de sortir des marges intéressantes en céréaliculture. Le labour appauvrit les sols et mène à un échec. Céréaliers, détournez vous
du labour, détournez vous des charrues PMAT ou de tout autre constructeur. Suite (voir le fichier pdf ci-dessous).
Djamel BELAID. 18.1.2018
PMAT, L'ERREUR SUR LES CHARRUESUn avis sur une erreur stratégique qui nous coûter cher...
aaaaaaaaProvisoire.pdf Document Adobe Acrobat [62.6 KB]
Fiche technique Betterave à sucre.Le groupe Mazouz a récemment affirmé sa volonté de relancer la culture de la betterave à sucre en Algérie. A cette occasion, nous proposons des éléments techniques sur cette culture.
BrochureBetteraveTKEnvoi.pdf Document Adobe Acrobat [281.6 KB]
SURCAPACITES DES
MINOTERIES, FAIRE D'UN INCONVENIENT UN ATOUT
Djamel BELAID
12.01.2018
Récemment, lors de sa visite à la foire de
la production nationale, chacun se souvient que Mr le premier Ministre a fiérement annoncé la réduction du nombre d'entreprises de montage de véhicules. S'adressant au vice-président du FCE, il avait
dit, « dites le à vos amis, même si cela ne leur fera pas plaisir, que nous allons ramener le nombre d'entreprises de montage à 5 ». A cette occasion, Mr Ouyahia avait ajouté :
« nous n'allons pas refaire l'épisode des minoteries ». Comme chacun le sait, les capacités installées dépassent les besoin du marché locale. On a là, le même scénario qu'avec les
laiteries. Peut-on faire de ces surcapacités un atout pour produire plus de céréales ?
MINOTERIES, UNE SITUATION
PARADOXALE
Ces dernières années, en Algérie, les
minoteries ont poussé comme des champignons. Parmis les dernières en date figurent celles de la wilaya d'El Bayadh. Se dressant dans la zone industrielle, pas moins de 5 minoteries ont été
construites à partir de matériel étranger. Certes, le déficit en farine de la wilaya n'est maintenant plus qu'un lointain pasdsé, mais les quota de blé importé alloués à ces unités industrielles ne
leur permet de travailler que quelques semaines par mois.
Or, contrairement aux laiteries privées qui
connaissent également des surcapacités, les minoteries ne peuvent tenter de séduire les agriculteurs afin qu'ils leur vende leurs grains. En effet, le monopole du blé tendre et du blé dur est détenu
par l'Etat à travers son bras armé : l'OAIC.
L'OAIC, « RAB AL
MAQLA »
En Algérie, ce sont les pouvoirs publics
qui détiennent le monopole du commerce du blé. Et cela est une chose heureuse. Cela empêche tout risque de spéculation sur l'aliment de base des Algériens : le pain.
Actuellement, quelque soit le niveau des
cours mondiaux du blé, l'OAIC achète aux agriculteurs leurs récolte au prix garanti de 4500 DA le quintal de blé dur et de 3500 DA le quintal de blé tendre. Inutile de dire qu'il s'agit là d'une
saignée pour les finances publiques. D'autant plus que le quintal de blé est revendu à moins de 2000 DA aux minoteries. Cela, quelque soit la région du pays et notamment
Tamanrasset.
Cependant, cette situation a l'avantage de
pousser les agriculteurs locaux à accorder plus d'intérêt à la culture des céréales. Autrement, on peut penser, que ceux qui disposent de l'irrigation produiraient de la pastèque tandis que ceux sans
irrigation loueraient leurs terres aux éleveurs de moutons. C'est ce dilemne qu'avait tenté de résoudre dans les années 70 le président Houari Boumèdiene en lançant la nationalisation des terres des
propriétaires absentéistes.
On peut se demander qu'elle chance de
survie aurait ce schéma si l'Algérie était obligé d'adhérer à l'OMC. Dans le cas du Maroc, cette adhésion a mis fin à l'office Chérifien des Céréales et mis les céréaliculteurs dans le plus grand
dénument au profit des importateurs de céréales.
LAITERIES, RUEE VERS L'OR
BLANC
Dans le cas du lait, la situation est tout
autre. Si les prix sont soutenus par la puissance publique, les laiteries privées ont tout loisir d'acheter directement à l'agriculteur les litres de lait. Le métier est si rentable que les laiteries
privées se livrent à une concurrence féroce. Les apétits sont si grands qu'ils attirent même des firmes étrangères. Ainsi la société française Danone a racheté la laiterie Djurdjura pour donner
l'ensemble Danone-Djurdjura.
Il semble cependant que ce soit là le
passage obligé afin d'augmenter la production nationale de lait et réduire l'hémorragie de devises que constituent les importations de poudre de lait.
Notons, qu'il est regrettable que les hauts
cadres du secteur agricole n'aient pas su ou pas voulu accompagner un processus vers la constitution de G.I.E privés ou de coopératives proivées laitières afin que la valeur-ajoutée que constitue la
fabrication de fromages et produits dérivés reviene aux éleveurs. A notre connaissance, à par la coopérative Anfel de Sétif, les éleveurs laitiers se font « tondre la laine » par les
laiteries.
Certes, tout est fait pour « faire
passer la pilule ». Les laiteries mettent en branle tout un package technologique et financier afin de s'attirer les bonnes graces des éleveurs laitiers. Cela va des avances sur fonds, à la
fourniture de génisses, d'aliments du bétail, de soins vétérinaires ou d'accompagnement dans le maquis administratif.
Force est de reconnaître une réelle
augmentation de la production locale de lait même si un des principaux goulot d'étranglement réside dans l'autonomie fourragère des exploitations.
MINOTIERS, FAIRE COMME LES
LAITERIES?
Alors que des minoteries privées tournent à
moins de 30% de leurs capacités, est-il possible d'orienter leurs propriétaires vers un soutien à la production locale de céréales afin d'améliorer l'approvisionnement de leur
outil?
Précisons tout d'abord que si nous voulons
encourager les céréaliculteurs à produire des céréales dans un milieu hostile tel que l'étage climatique semi-aride, il s'agit de leur assurer un revenu décent. L'Etat ne pourra pas éternellement
subventionner ce type de céréaliculture. La seule solution est que ces céréaliculteurs créent de la valeur ajoutée en transformant leurs maigres céréales en semoule et couscous ou pâtes à travers la
création d'unités industrielles coopératives ou sous statut de G.I.E.
Si on considère l'actuelle surcapacité des
minoterie, une des solutions serait de pousser celles-ci à soutenir l'effort de production des producteurs locaux. Cela pourrait se faire en adoptant le schéma des laiteries et notamment l'appui
technique de terrain.
ORIENTER LES MINOTERIES VERS LES
CONCESSIONS AGRICOLES
Parallélement, l'attribution de concessions
agricoles aux minoteries peut permettre de produire eux même une partie de leur approvisionnement. La société S.I.M semble s'acheminer dans cette voie. Mais elle peut avoir l'avantage de faire
toucher du doigt les techniques de production agricole aux propriétaires de minoteries. Ces derniers sont souvent des urbains n'ayant que peu d'attache avec le milieu agricole de la céréaliculture.
Faire investir ces propriétaires dans l'acte de production des céréales ne comblera pas totalement leur déficit en matières premières, mais il peut les sensibiliser aux techniques modernes du
dry-farming (voir nos articles sur ce qui se fait avec le GRDC.au en Australie). Ainsi sensibilisés, ces minotiers pourraient être à mieux d'encadrer les céréaliculteurs
locaux.
A ce propos, il faut noter l'excellent
travail réalisé par le groupe Benamor en matière d'encadrement technique des producteurs de blé dur de la région de Guelma. Cette expérience qui commence à faire tache d'huile mériterait d'être
largement recommandée aux autres régions du pays.
En plus des silos des CCLS, les récoltes de
céréales des régions concernées pourraient être acheminées directement vers les silos des minoteries sous réserve de la présence d'agents des CCLS pour contrôler les opérations de
réception.
BAISSER LE COUT DE PRODUCTION DU QUINTAL DE
BLE LOCAL
Pour produire des céréales, des légumes
secs et des fourrages en milieu semi-aride, l'irrigation constitue un atout indéniable. Mais, les disponibilités en eau ne sont pas illimitées. Par ailleurs, en cas de sécheresse, l'approvisionnement
en eau des villes est prioritaire par rapport au secteur agriole et industriel (en témoigne l'arrêt du complexe sidérurgique d'El Hadjar à l'été 2017).
Les minoteries doivent donc s'appuyer et
diffuser les techniques modernes permettant de produire en sec. La principale concerne l'abandon du labour et l'adoption du semis-direct (voir nos articles ur le sujet). Seule cette technique est à
même de réduire les coûts de mécanisation et de valoriser l'humidité du sol. En l'absence d'une disponibilité actuelle de semoirs pour semis direct, les minoteries pourraient participer à une
meilleure disponibilité de ces engins. Il s'agit d'une priorité nationale très sous-estimée par le MADR.
Dans un premier temps, il s'agit le plus
souvent de modifier les semoirs existant. En sol meuble, des semoirs à dents en forme de double spire peuvent permettre de se passer de labour. Parfois, il est nécessaire de renforcer leur armature.
Dans un deuxième temps, il s'agit de modifier leur trémie afin de distribuer de l'engrais en même temps que les semences. Pour cela, il suffit de disposer de capacités de découpe de l'acier et de
moyens de soudure. On peut penser que les ateliers de maintenance de minoteries disposent de tels outils ou ont les relations afin de créer des partenariats.
Les responsables locaux de l'agriculture
(DSA, Chambre d'agriculture, agents de terrains), les walis et autres responsables locaux (chefs de daïras, président d'APC et membres d'APW) mais également les élites rurales de ces régions
pourraient orienter ces investisseurs vers ce type d'approche.
MINOTIERS, MISER SUR
L'ORGE ?
Afin de prolonger la période d'utilisation
de leurs moulins, les minoteries ont la possibilité de se tourner vers l'orge. Sur ce créneau, ils ont plus de latitude que sur le blé tendre et dur dont le monopole d'Etat est
absolu.
Il devrait leur être possible de fabriquer
de la semoule d'orge. Cette semoule pourrait être utilisée en mélange avec la semoule de blé dur ou la farine de blé tendre. L'objectif serait de produire des mélanges riches en fibres
(betaglucanes). Les produits issus de ce type de mélanges (pains, pâtes, couscous) présentent des qualités dans la lutte contre les maladies métaboliques (diabètes, cholestérol). Cependant, il s'agit
de tenir compte de la forte demande en orge liée à l'élevage.
L'avantage également de proposer aux
consommateurs de la semoule d'orge est de valoriser une céréale mieux adaptée aux conditions semi-aride du pays. A noter de l'intérêt diététique de la farine de pois-chiche pour sa richesse en acides
aminés. Dans le cas de l'avoine, des transformations relativement simples permettent de produire des flocons d'avoines entrant dans la composition des « corn-flakes » de plus en plus
prisées par les jeunes générations.
MINOTERIES, CAP VERS
L'AVENIR
Le développement de surcapacités au niveau
des minoteries pose donc la question d'un approvisionnement régulier en matières premières.
Deux scénarios s'offrent aux propriétaires
de ces unités : moudre des grains provenant de l'importation ou moudre des grains produits localement.
Moudre plus de grains provenant de
l'étranger correspondrait à une plus grande ouverture du marché local aux importations suite à une réduction des subventions publiques à la production nationale. Cela est envisageable dans le cas de
l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. C'est ce qu'a connu le Maroc.
L'autre scénario correpondrait en la
participation des minoteries dans l'effort de production nationale. Il s'agirait de reproduire ce qui se fait actuellement avec les laiteries. Dans ce cas là, sans remettre en cause le monopole
d'Etat sur le commerce du blé, il s'agirait de rechercher les modalités afin que les agriculteurs puissent choisir les silos vers qui livrer leurs grains. Outre un prix plancher fixé par l'OAIC, les
minoteries pourraient avoir toute la latitude de proposer différents avantages aux agriculteurs leur livrant leur récolte : avances financières, aide à l'équipement en matériel d'irrigation,
appui technique, location de matériel (labour, semis, récolte), vente d'intrants (semences sélectionnées, engrais, produits phytosanitaires) et vulgarisation-formation.
Malgré tout le dévouement du personnel des
CCLS, l'analyse montre qu'à l'étranger, ce ne sont pas des organisme publics mais coopératif qui ont permis le développement agricole. A l'étranger que ce soit en France, en Hollande ou en
Nouvelle-Zélande ce sont les agents technico-commerciaux des coopératives qui suivent les adhérents pour leur fournir une assistance technique. Ces agents sont rémunérés sur le pourcentage de leurs
ventes. Si cela peut pousser à quelques excès, cela garantit une élévation régulière du niveau technique des gariculteurs.
En attendant le développement de
coopératives céréalières libres (les CCLS ne sont pas de véritables coopératives), pourquoi ne pas impliquer les minoteries dans cet effort d'appui-technique de terrain qui réussit si bien avec les
laiteries ?
MINOTERIES, MISER SUR LA
QUALITE
Un autre axe de travail possible des
minoteries est de développer un approvisionnement local avec les agriculteurs de leur région afin de disposer de blés aux qualités requises pour la transformation (variétés panifiables, variétés
bonne semoulière aux qualités pastières). En effet, dans la mesure où les producteurs locaux sont incités à produire du blé dur et où les prix de ce type de blé à l'importation sont à la hausse,
l'OAIC a tout intérêt à réduire ses importations.
Sur le marché mondial le blé dur est une
denrée assez rare. Pour le budget de l'Etat, importer du blé dur grève les possibilités d'importations de blé tendre. Il est possible qu'à terme les pouvoirs publics cessent toute importation de ce
type de blé. Si le défi de relever la production locale n'était pas atteint dans les années à venir c'est l'existance même de la filière blé dur qui serait en jeu. Ce serait le comble dans un pays
dont le plat nationale est le couscous. Devrions nous alors tous passer à la baguette parisienne ?
Or, si les producteurs locaux livrent de
plus en plus de blé dur – l'irrigation continue ou d'appoint permet de nettes augmentations de rendement – il sont encore loin de livrer des blés durs aux qualités requises pour produire semoule et
pâtes alimentaires de qualité. Déjà, le groupe Benamor a eut à faire face à ce problème. C'est ce qui a poussé le groupe à travailler avec les céréaliers de sa région. Des visites des minoteries ont
même été organisées afin de montrer aux producteurs qu'ils ne pouvaient continuer à livrer des grains auxquels étaient mélés des (impuretés : graines de mauvaises herbes, brins de paille,
gravillons, …) car cela risquait d'endommager les meules des moulins.
Et quand ce ne sont pas des impuretés, cela
peut être le mitadinage. Comme les dattes deglet nour, un grain de blé dur doit avoir une belle structure laissant passer la lumière. Or, tout manque d'azote provoque un grain opaque. Résultat, le
grain de blé dur donne de la farine au lieu de la semoukle attendue. C'est ce que redoute le plus les minoteries.
Il apparaît que pour produire de la semoule
de bonne qualité, le suivi d'un itinéraire précis est nécessaire. Or, a quoi cela set-il de faire plus d'effort au champs si dans les silos des CCLS, les blés durs de qualité sont mélangés au
« tout venant » ?
En matière de qualité, le maître mot est la
traçabilité des lots de blé. Toute activité de transformation nécessite de disposer de blés aux normes. Aussi, c'est à l'organismle stockeur de réaliser une politique d'allotement adaptée. Cela
suppose une volonté bien affichée mais également de disposer du nombre de cellules suffisant et d'outils d'analyse rapide dès réception de la récolte. Un peu comme les analyses de lait qui se font à
même la citerne de l'éleveur avant que son lait ne se déverse dans les cuves de la laiterie.
On peut penser que, contrairement aux CCLS
qui ne sont pas impliquées dans l'acte de transformation des grains, les minoteries sont plus réceptives à ces impératifs de qualité. Pourquoi donc pour les minoteries, ne pas plaider auprès des
pouvoirs publics, la possibilité, sans remettre en cause le monopole d'Etat sur le commerce du blé, de pouvoir directement récptionner les récoltes de céréaliers avec qui elles seraient en contrat
afin de produire des blés tendres ou des blés durs de qualité destinés respectivement à la biscuiterie, au pain congelé ou aux pâtes alimentaires (dans ce cas, il s'agit de produire une semoule de
couleur jaune). Les minoteries pourraient ainsi définir une grille spéciale d'agréage (celle-ci n'a pas été revue depuis 1988.
Les minoteries pourraient même encourager
le stockage à la ferme. Cela permettrait un meilleur contrôle qualité, une meilleure régularité des flux aux portes des minoteries mais peut ouvrir la porte aux fraudes (faire passer du blé étranger
pour du blé local et ainsi bénéficier illégalement de subventions).
NOUVEAUX EQUIPEMENTS DES CCLS, DES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT
Djamel BELAID
12.01.2018
Les CCLS, antennes régionales de l'OAIC,
ont récemment renforcé leurs capacités de production de semences certifiées. Cela, pour le plus grand bénéfice des exploitations céréalières du Nord mais également du Sud du pays. Au delà des
capacités technologiques nouvellement installées se pose la question de la rentabilité de cette activité alors que le prix des semences cédées aux agriculteurs est gelé depuis plusieurs
années.
En 2017, plusieurs CCLS ont reçu les
équipements de traitement de semences achetés à l'entreprise turque AKYUREK. C'est le cas des CCLS de Khemis-Milliana mais également d'Adrar. Cet équipement modernes permettent de trier les grains de
céréales en les débarassant de diverses impuretés : graines de mauvaises herbes, grains cassés, débris de paille. Un système d'injecteurs permet également d'appliquer aux semences diverses
insecticides ou fongicides. Ces équipements viennent s'ajouter au matériel déjà sur place ce qui permet d'augmenter nettement les capacités des CCLS et de répondre à la forte demande des
agriculteurs.
CCLS, UN CAP TECHNOLOGIQUE
FRANCHI
Un plus grand nombre de CCLS peuvent donc
proposer aux agriculeurs des semences certifiées. Ce type de semences, débarassées de graines de mauvaises herbes ont donc la capacité de produire plus de rendement.
Jusque là les CCLS possédaient des
équipements de faibles capacités et n'arrivaient pas à faire face à la demande. Il est à espérer que le matériel nouvellement acquis ainsi que des horaires du type « trois fois huit »
permettent d'en finir avec le déficit en semences certifiées.
Avec l'acquisition de ce type de matériel,
c'est un véritable cap technologique et organisationnel qui est franchi par les CCLS. Dans plusieurs cas, à l'occasion de la réception de ces équipements, des techniciens et ingénieurs sortis de nos
universités ont été recrutés afin d'assurer la qualité de la production ainsi que la maintenance des équipements.
On ne peut qu'espérer ainsi que les
meilleurs techniques soient employées en matière de tri, traitement et entreposage (un excès de chaleur sous hangar réduit considérablement la faculté germinative des
semences).
MOBILISER LES CAPACITES
NATIONALES
La production de ce type de semences est
saisonnier. Entre le mois de juin et de novembre, il s'agit de récolter, trier et traiter les récoltes de céréales dédiées à la production de semences. C'est dire le défi que relèvent les CCLS. Ces
dépôts régionaux de l'OAIC sont épaulés par les stations régionales de l'ITGC qui contribuent à la bonne marche d'un réseau national de multiplicateurs publics et privés de
semences.
A ce propos, une voie complémentaire est
possible : aider des agriculteurs et des jeunes de l'ANSEJ à s'équiper en petits trieurs de semences afin de proposer leurs services localement. De tels équipements de petite taille pourraient
être importer puis fabriquer localement. Dans le cas du traitement insecticide et fongicide de petits lots de semences la construction locale de mécanismes avec vis sans fin et injecteurs incorporés
est dans les capacités des ateliers métallurgiques locales.
AMELIORER LA QUALITE DES SEMENCES DE
FERME
Traditionnellement, les agriculteurs
resèment une partie de leur récolte de grains. Malgré l'augmentation des capacités des CCLS, il est à craindre qu'il restera encore des agriculeurs qui resèment leurs propres graines. Les causes
peuvent être nombreuses : indisponibilité des semences des CCLS, retard de livraison, éloignement, coûts prohibitifs du transport, volonté de resemer des variétés locales délaissées par les
CCLS.
Il est donc souhaitable de mettre sur pied
un réseau complémentaire privé de production de semences de ferme. Outre le manque actuel de petit matériel, une telle démarche se heurte au risque de diminution de la qualité variétale des lots
cultivés. En effet, contrairement aux parcelles officielles de production de semences, en semences de ferme, il n'y a aucune épuration au champs et aucun contrôle des organismes officiels. Cependant,
au vu des enjeux, rien n'empêche agriculteurs et techniciens à améliorer localement le process de production de semences de céréales ou de légumes secs. En France, les agriculeurs engagés dans une
telle démarche renouvellent chaque année seulement un quart de leurs besoins de semences en achetant des semences certifiées. Le reste provient de semences de ferme produites par des prestataires
extérieurs disposant d'un matériel mobile mis sur camion.
CCLS, QUELLE
RENTABILITE ?
Pour les CCLS, l'acquisition d'équipements
modernes et le recrutement d'un personnel qualifié se traduit par de nouvelles charges. Certes, les semences certifiées sont rétrocédées à un prix supérieur au quintal de grains achetés aux
agriculteurs. Cependant, ces prix sont gelés depuis plusieurs années. Dans un contexte de baisse des ressources publiques, on peut donc se demander quelle est la durabilité d'un tel
système.
Plusieurs solutions s'offrent aux CCLS. Il
est ainsi possible d'augmenter les capacités de production par un temps plus long d'utilisation des équipements (système des trois fois huit). Une autre voie serait d'utiliser ce matériel tout au
long de l'année. Comment, sachant que la production de semences est saisonnière ? Les CCLS pourraient s'orienter vers l'utilisation du matériel acquis afin de trier les grains réceptionnés. En
effet, à la réception des récoltes livrées par les agriculteurs, les lots de grains sont mélés à de nombreuses impuretés. Une fois triés selon les normes en vigeur, les grains de céréales et de
légumes secs pourraient être valorisés et non plus être rétrocédés à des moulins privés ou à des grossistes privés.
CCLS, DEGAGER PLUS DE VALEUR
AJOUTEE
Les lentilles et pois-chiches pourraient
être conditionnés en sac de 1 à 5 kilo pour être vendus par les CCLS. Une partie des céréales triées pourraient être vendues à un prix supérieur aux moulins privés. Il faut se rappeler que souvent
les moulins privés locaux ont accusé la production nationale de céréales d'être de second choix du fait du grand nombre d'impuretés mélées aux grains. Mais la voir royale pourrait consister à moudre
une partie de ces grains. A cette première transformation pourrait être adjointe une deuxième transformation : celle de la production de couscous (roulé main par la création d'ateliers ou à la
machine). Pourquoi ne pas imaginer le rachat par des CCLS de moulins privés ou des partenariats. Les CCLS possèdent un atout majeur, ce sont elles qui détiennent les récoltes de
céréales.
Ces propositions sont à considérer dans le
contexte où nombre de CCLS ne survivent que grâce à des subventions publiques. Une éventuelle adhésion de l'Algérie à l'OMC pourrait porter le coup de grâce à ce type d'aide interdit par ces accords
internationnaux. Aux cadres de terrains, aux employés et syndicalistes des CCLS de réfléchir aux meilleures formes pouvant permettre de créer plus de valeur ajoutée. Il en va de leur survie
professionnelle. A ce titre, on aimerait voir plus souvent le SG de l'UGTA auprès des travailleurs, dont ceux des CCLS, au lieu d'être dans des salons avec le responsable du
FCE.
PARCOURS SANS FAUTE DU DG DE
L'OAIC
A travers le renforcement des capacités des
CCLS en production de semences certifiées, le DG de l'OAIC, Mohamed BELABDI, montre tout l'apport de structures publiques au développement agricole. En effet, la semence certifiées constitue un bon
moyen afin de faire rentrer le progrès dans les exploitations. A ce titre le DG de l'OAIC réalise un parcours sans faute. Il lui reste cependant à faire face aux cas de trafics de blé importé et
revendus à des CCLS comme blé produit localement et donc fortement subventioné (voir la presse nationale). Des tectniques simples d'analyse permettent d'assurer la traçabilité des différents lots de
céréales.
Cependant, dans le contexte actuel l'OAIC
se doit de se projeter dans l'avenir. Face aux apétits privés, il se doit de poursuivre sa mission : permettre d'offrir un prix du pain unique en tout point du territoire national. Cela peut
passer par mieux valoriser le grain (première et deuxième transformation) ou par se lancer dans l'innovation et la rénovation du matériel mécanique (voir nos articles sur la production locale de
semoirs pour semis direct).
Mais cet effort de prospective passe
également par accorder plus de liberté de décision et d'encouragement aux cadres et des différents personnels de base.
SMAIL CHIKHOUNE, UN IGNORANT EN AGRICULTURE
Quand
ignorants et charlatans conseillent ministres et walis
D BELAID 9.12.2017
S'exprimant ces jours-ci sur la télévision
Ennahar, Mr Smaïl CHIKHOUNE, président du Conseil d’Affaires algéro-américain a déclaré que les grands projets agricoles en Californie n'avaient jamais posés de problèmes. Il s''exprimait à propos du
projet de Brizina (W d'El Bayadh).
Or, il est connu que la Californie manque
d'eau. Et le grand coupable, après la ville de Las Végas, se nomme Imperial Valley. La revue Sciences et Avenir rappelle qu'il s'agit « d'une riche région agricole du sud de la Californie sur
191000 hectares en plein désert, alimentée en eau par les 132 km de l’All-American Canal qui détourne le Colorado depuis la frontière mexicaine ».
Faire de l'agriculture en zone sèche
consomme énormément d'eau. L'Arabie saoudite l'a appris à ces dépends. Dans ce pays, la culture sous pivot en plein désert alimentée par l'eau des nappes phréatiques « ground-water
economy » a été arrêtée sous ordre express du roi. Ce type d'agriculture a vidé les nappes du royaume. Situé dans un des déserts les plus arides du monde, l'absence de pluies ne permet par une
réalimentation des nappes phréatiques. Les pivots ont donc été abandonnés et rouillent maintenant en plein désert.
L'EAU ALGERIENNE AUX
ALGERIENS
En Algérie, tout projet agricole doit donc
tenir compte du renouvellement des ressources hydrauliques. En matière de projets, il s'agit avant tout de tenir compte de la parole de nos experts en hydraulique. Nos ministres ne doit pas écouter
des ignorants et des charlantans qui promettent monts et merveilles.
L'Algérie est un pays qui manque d'eau.
Aussi parler d'exporter des produits agricoles, c'est également exporter l'eau qui a servi a faire pousser ces produits. Avons nous assez d'eau pour penser à nourrir les Européens ? L'eau
algérienne doit servir avant tout aux Algériens. La crise de l'eau qu'ont connu cet été de grandes villes comme Sétif ou Annaba doit nous rappeler qu'en Algérie l'eau est une ressource
rare.
POUR DES PROJETS AGRICOLES
DURABLES
Il ne s'agit pas de mettre en garde contre
ces méga-projets car ils sont américains. Nous leur reprochons de ne pas assez tenir compte de l'aspect renouvellement de l'eau. Puiser dans nos réserves d'eau souterraine nécessite de mettre en
œuvre des ouvrages hydrauliques permettant l'infiltration des eaux de pluie. Les agriculteurs du sud algérien ou du sud tunisien possèdent une large expérience en matière de mobilisation des eaux de
surface. Le plus souvent, il s'agit de petits ouvrages de pierres. Il nous faut vulgariser et amplifier ce genre d'ouvrages. Le Haut Commissariat au Développement de la Steppe a commencé à édifier,
avec succès, dans des oueds des ouvrages d'épandage de crues.
Par ailleurs, nous faut-il vouloir suivre
aveuglément le modèle de consommation français qui privilégie les produits laitiers et le fromage ? Il est étonnant d'entendre l'un des responsables français de Danone-Djurdjura souhaiter amener
la consommation locale en yaourts au niveau de celui qui se fait en France. Rappelons que légumes secs et champignons constituent une source de protéines au même titre que les protéines animales. Or,
si pour produire un kilo de viande de bœuf, il faut 15 000 litres d'eau, il n'en faut que 50 pour produire 1 kg de lentilles et seulement 15 pour produire 1 kg de
champignons.
On peut s'étonner que par exemple un
producteur de pastèques (produit très peu nourrissant) bénéficient des mêmes subventions en matière d'hydraulique et de prêts agricoles qu'un producteur de céréales.
POUVOIRS PUBLICS, LE TEMPS DU
COURAGE
Face aux défis que posent l'alimentation de
40 millions d'Algériens, il est temps que les pouvoirs publics élaborent une stratégie de développement agricole durable. Cela nécessite de tenir compte de différents domaines d'expertise et non pas
d' ignorants et de charlatans appâtés par le gain facile et rapide.
Aux agriculteurs et consommateurs également
de prendre conscience de ces défis et de peser sur la destinée du pays par des choix rationnels. Il en va de l'avenir du pays. Rappelons que le Vénézuélien moyen a perdu 8,5 kg en 2016 en raison de
la crise alimentaire que connaît ce pays pétrolier.
PRIX DE LA BAGUETTE DE PAIN
Ou comment augmenter la production locale
de céréales ?
Djamel BELAID 03.12.2017
A nouveau le pain revient au devant de la
scène. Des boulangers ayant décidé de fixer à 150 DA le prix de la baguette de pain. Il s'agit là d'une grave décision qui, si elle se généralisait pourrait provoquer une grave crise sociale. Que
peuvent faire les pouvoirs publics ? Il s'agit d'améliorer la marge des boulangers.
UNE SOLUTION A
L'EGYPTIENNE
De nombreuses fois la question du soutien
des prix des produits alimentaires a été posée. Dans sa forme actuelle, ce soutien concerne tout type de revenu. Le système actuel encourage également la contrebande. A tel point que, selon
l'hebdomadaire Jeune-Afrique, des minoteries maliennes tournent avec du blé venant d'Algérie.
La solution pourrait être égyptienne. En
effet, les autorités ont instauré une carte à puces pour les seules familles à faible revenu. Cette carte leur donne droit à un nombre précis de pain à prix réduit. Les boulangers ont été équipés de
lecteurs de cartes à puces. En contre-partie, ils ont pu augmenter le prix du pain. Tout le monde y trouve son compte.
LES EFFORTS DE
L'OAIC
En fait, la question du pain est également
liée à l'augmentation de la production nationale de céréales. En la matière, à travers l'OAIC, les pouvoirs développent de gros efforts. Depuis peu, au niveau des CCLS dépendant de cet office, sont
entrées en fonction des unités de traitement des semences de céréales. Du matériel turc ultra-moderne est entré en fonction. Ce matériel permet de trier et traiter les semences de céréales. Les
agriculteurs peuvent ainsi semer des semences non contaminées par des graines de mauvaises herbes ou des maladies fongiques.
Auparavant ce sont les moissonneuses-batteuses de marque CMA-SAMPO et des semoirs conventionnels CMA-SOLA
qui sont venues renforcer le parc des CCLS. A cela, il faut ajouter les facilités accordées aux investisseurs souhaitant irriguer leurs céréales.
UNE SOLUTION
SYRIENNE
Avec toutes les mesures déployées par
l'OAIC et les différents organismes liés à la filière céréales, comment expliquer que la production locale n'augmente pas plus vite et qu'elle joue au yoyo ? En fait, pour cultiver de façon
rentable des céréales en milieu sec, il faut les semer à temps, préserver l'humidité du sol et lutter contre la terrible concurrence des mauvaises herbes. A cela, ajoutant les risques de divers
insectes et maladies telle la rouille qui peut réduire de moité les rendements.
Pour arriver à cet objectif, la solution
consiste à ne plus labourer le sol et à semer directement tout en épandant les engrais au plus près des graines. Cette technique dite du « semis-direct » nécessite des semoirs spécifiques
que nous ne produisons pas encore. Or, ils sont pratiquement indisponibles.
En Syrie, avant les événements actuels, des
experts australiens ont opéré un transfert de technologie. Il a aboutit à la mise en place de 7 ateliers de construction de semoirs low-cost pour semis direct. Résultats : entre 2005 et 2011, ce
sont 92 semoirs qui ont été produits. En matière de constructions mécaniques, l'Algérie dispose de capacités bien supérieures à celles de la Syrie. Cependant, la nécessité de la production massive de
ce type de matériel n'est pas compris à sa juste valeur par les pouvoirs publics.
UNE SOLUTION A
L'ALGERIENNE
Il est urgent de fabriquer localement ce
type de semoir. Il permet de semer 6 fois plus vite tout en préservant l'humidité du sol. Une telle production permettrait de compléter les efforts récemment réalisées : plus grande
disponibilité en semences certifiées, variétés performantes et engrais, massification de la production de tracteurs (Cirta, Massey-Fergusson, Sonalika, …) et meilleure disponibilité en
moissonneuses-batteuses.
Mais faut-il tout attendre des pouvoirs
publics ? C'est aux agriculteurs et investisseurs les plus dynamiques de se saisir de ce dossier et de fabriquer de tels engins. Leur conception est relativement simple (voir nos brochures). Il
est par ailleurs possible de transformer d'anciens semoirs en semoirs pour semis direct.
Enfin, une telle stratégie doit s'accompagner d'une maîtrise du désherbage. En plus du désherbage chimique, le désherbage mécanique constitue une option intéressante. Il est possible de désherber des
parcelles de céréales avec des houes rotatives. De nombreux constructeurs français et allemands proposent des herses étrilles et houes rotatives. Leur construction est simple; d'ingénieux artisans
russes mettent en ligne leurs réalisations sur youtube.
Il s'agit donc aujourd'hui urgent de cerner
les priorités. Après les semences, les tracteurs, les moissonneuses-batteuses, il est temps de penser à produire des semoirs pour semis direct.
SI MOHAMED ALIOUI, « EVITER L'IMPORTATION DE 70% A 80% DE CEREALES »
26.11.2017
Selon un média en ligne, « Si ces terres sont allouées aux cultures céréalières et à l’élevage, l’Algérie pourrait éviter l’importation d’au moins 70% à
80% de lait et de céréales d’ici trois ans », aurait affirmé Mohamed Alioui, secrétaire général de l’Union nationale des agriculteurs sur les ondes de la Radio nationale, ce dimanche 26 novembre.
Il est en effet possible de progresser. Parmi les points techniques, nous proposons de développer le semis direct sans labour. En attendant la production
du semoir BOUDOUR pour semis direct envisagé par CMA-SOLA (Sidi Bel-Abbès), nous suggérons l'utilisation du semoir conventionnel CMA-SOLA pour des semis direct. Sur sol meuble sans cailloux, ce
semoir possédant des dents à double spire permet de semer sans labour. Cette technique permet de gagner du temps et de réduire les coûts de mécanisation.
Il serait intéressant que le SG de l'UNPA contribue à vulgariser cette technique.
LAITERIE SOUMMAM: INAUGURATION DE 3 NOUVELLES FERMES D'ELEVAGE DE VACHES LAITIERES.
22.11.2017
Selon le site en ligne « Algérie Patriotique » du 26 novembre 2017, le gérant de la Sarl Laiterie Soummam Hamitouche Lounis a inauguré trois
nouvelles fermes d'élevage de vaches laitières.
On ne peut que se féliciter de ce programme. Quelques remarques:
1-Chaque agro-industriel du blé, du sucre ou de l'huile devrait avoir obligation d'investir dans la production de matière première locale. Il est par
exemple inconcevable que CEVITAL ne développe pas la production locale de graines oléagineuses ou de betterave à sucre ou de sucre de dattes.
2-Transformer le lait est très rentable. Les éleveurs ont intérêt à se constituer en G.I.E et créer leur propre structure de transformation du lait. La
valeur ajoutée ainsi créée ira dans leur poche.
3-On peut féliciter la mise en oeuvre de techniques modernes telle l'enrubannage des fourrages. En la matière beaucoup reste à faire.
Exemple1: en sol meuble, utiliser les semoirs CMA-SOLA pour semer plus d'orge et des fourrages sans labourer (voir notre brochure sur ce sujet).
Exemple 2: compléter les ration d'orge des animaux par de l'azote non protéique (urée 46% utilisé comme engrais en agriculture) dans les proportions de
20 gr d'urée pour 500 gr d'orge ou de maïs grain. On peut également mettre de l'urée dans l'ensilage de maïs.
Djamel BELAID. Ingénieur agronome.
Utiliser le semoir SOLA en semis direct.Nous vous proposons de faire du semis direct avec le semoir CMA-SOLA construit en Algérie et donc largement disponible.
BrochureSolaEnSD.pdf Document Adobe Acrobat [491.9 KB]
SEMOIR SOLA UTILISE EN SEMIS DIRECT
20.11.2017
Regardez bien cette vidéo. Elle est extraordinaire. Un
agriculteur espagnol utilise son semoir SOLA conventionnel pour un semis direct sans labour. Ce semoir ressemble aux semoirs CMA-SOLA produit à Sidi Bel-Abbès. Nous vous recommandons de faire comme
cet agriculteur espagnol. La méthode du semis direct présent plusieurs avantages : consommer moins de carburant, réaliser vos semis sans retard, emblaver plus de surface (résorption de la
jachère) et faire de l'entreprise agricole (semer chez vos voisins).
Modifications réalisées par l'agriculteur: il a enlevé 4 dents "double spirale" sur les 17 de son
semoir.
Nos conseils : selon le type de sol (argileux ou non) et l'humidité du sol, adaptez la vitesse de
votre tracteur.
DES AMELIORATIONS POSSIBLES
Vous pouvez améliorer le semoir CMA-SOLA en enlevant la herse de recouvrement du semoir et en installant des roues
plombeuses derrière chaque dent. Installer une autre trémie permet de localiser les engrais près des semences. Les roues plombeuses aident à rappuyer le sol au dessus de la semence. Ils aident aussi
à former des sillons (aspect de "tôle ondulée" derrière le semoir). Ces sillons concentrent l'eau des pluies et la dirigent vers la graine (voir nos brochures sur ce sujet). Résultat: une meilleure
germination-levée.
Céréaliers, cadres des fermes pilotes, de CCLS ou du HCDS, semez en utilisant cette technique australienne
du sillon. Testez là sur une parcelle dès cette année. Vous épargnerez à vos céréales, fourrages ou légumes secs les effets d'éventuelles périodes de sec à l'automne et vous gagnerez plus!
Sous pivot, en culture de céréales sur sol sableux, cette façon de procéder est particulièrement
conseillée.
CONSULTEZ NOS BROCHURES SUR CE SUJET
A notre avis, en Algérie, l'adaptation de semoirs conventionnels au semis direct est une des questions fondamentales de la
céréaliculture. Sur ce site, nous y consacrons de multiples brochures en ligne. N'hésitez pas à les consulter. D'autres sont en cours d'élaboration. N'hésitez pas à nous faire part de votre
expérience.
Proposez à des étudiants de faire leur mémoire de fin d'études sur cette utilisation originale du semoir
CMA-SOLA.
TECHNIQUE DE SEMIS DES CEREALES EN SEC
20.11.2017
Céréaliers, sécurisez vos semis. Semez en créant des sillons derrière chaque dent de votre semoir et installez des roues plombeuses
pour consolider ces sillons. Les sillons ainsi formés collecteront l'eau des pluies et la méneront vers les semences. Voir nontre brochure sur ce sujet.
AGRICULTURE, VERS L'AUGMENTATION DES CARBURANTS ?
17.11.2017
Sous le titre « AUGMENTATION DES
CARBURANTS DÈS 2018 Les agriculteurs pourraient être épargnés » Nadia BENAKLI relate ce Jeudi 16 Novembre 2017 dans l'expression que l''agriculture pourrait être à l'abri de la hausse des
carburants. En effet « Les travaux de la commission parlementaire des finances qui s'est réunie, hier, pour examiner les amendements proposés par les partis au projet de loi de finances 2018 ont
été marqués par une ambiance électrique. »
Elle écrit que « Pour ne pas pénaliser
les agriculteurs qui se plaignent des charges lourdes, le ministre des Finances, en collaboration avec les membres de la commission parlementaire des finances, examine des moyens pour leur épargner
cette nouvelle hausse. »
Il existe des solutions afin de réduire
l'utilisation des carburants en agriculture.
PRIVILEGIER LE
NON-LABOUR
Depuis plusieurs années est apparue en
Algérie la technique du non-labour avec semis direct. Cette technique concerne les céréales, fourrages et légumes secs. Elle consiste à ne travailler le sol qu'à l'endroit où est déposée la semence.
En un seul passage de tracteur, l'agriculteur travaille le sol, sème et apporte l'engrais. Les besoins en carburants sont ainsi nettement réduits. Mais cette technique nécessite des semoirs spéciaux
que notre industrie commence à peine à fabriquer. Il faut développer la production de ces nouvelles machines. On peut également transformer les anciens semoirs en semoirs pour semis
direct.
DEVELOPPER LE POMPAGE
SOLAIRE
L'autre poste gros consommateur de
carburant concerne le pompage. Les carburants fossiles peuvent être remplacés par l'énergie solaire. Des exemples d'installations existent déjà en Algérie. Il s'agirait de développer la disponibilité
en ces équipements.
ELEVEURS SEMEZ DU
COLZA POUR VOS MOUTONS !
12.11.2017
Nombreux sont les éleveurs
qui se réjouissent du retour de la pluie. L'herbe et l'orge vont enfin pouvoir pousser . Souvent les éleveurs font pâturer l'orge en vert (el-g'sill) par leurs moutons et vaches. Le problème est
que l'orge demande du temps pour pousser. En effet, avec le retour des pluies, il y a aussi le retour du froid.
Agriculteurs et éleveurs, nous vous
conseillons de semer du colza. Ce fourrage pousse très vite. Il peut se semer à partir du mois d'août et pousse même par temps froid. Il ne s'arrête de pousser qu'à partir de 5°C. Où trouver
des semences ? Ramenez en de France ! La station ITGC de Sétif a réaliser des essais. Peut-être disposent-ils d'un peu de semences.
Lors d'un récent déplacement en
France, nous avons vu le 12 novembre des colzas de 30 cm de haut. C'est le fourrage qu'il nous faut. Le colza pousse très vite!
INVESTISSEURS, PENSEZ SEMIS DIRECT !
17.11.2017
Nous sommes souvent contacté par des
investisseurs souhaitant se lancer dans l'agriculture et notamment les céréales et fourrages. Pour rentabiliser leur investissement de départ au plus vite nous leur conseillons de se tourner vers le
semis direct (SD). Labour et recroisage au cover-crop sont une perte de temps et d'argent. En plus ces opérations assèchent le sol. Avec un semoir SD, vous pouvez semer et mettre de l'engrais en même
temps à côté de la semence. Les Australiens en profitent aussi pour faire un désherbage de pré-émergence.
Le problème est que de nombreux conseillers
agricoles ne connaissent pas cette technique. C'est dommage, car elle vous permet de récolter même en année sèche. Si vous ne trouvez pas de semoir pour SD, à vous de transformer un semoir classique
en semoir SD avec l'aide d'un artisan soudeur. Autre avantage : le semis avec un semoir SD va très vite. Vous pouvez donc semer à temps vos céréales, fourrages puis faire de l'entreprise
agricole en travaillant les terres de vos voisins.
RECUPERATION DES TERRES NON CULTIVEES
Le pari
risqué du MADR.
Djamel BELAID 11.11.2017 actualisé
15.11.2017
"Toutes les terres non exploitées seront
récupérées pour être attribuées à d’autres investisseurs sérieux", selon le ministre de l’agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui. On ne peut que souscrire à cette
position courageuse rapportée par l'APS. Mais de combien de divisions dispose Mr le Ministre ?
L'ABSENTEISME, PLAIE DE L'AGRICULTURE
ALGERIENNE
La question de l'absentéisme en agriculture
est une question récurrente en Algérie. Déjà, feu le président Houari Boumédiène avait tenté de lutter contre ce fléau avec la redistribution des terres des absentéistes dans le cadre de la
Révolution Agraire.
Les agro-économistes connaissent bien ce
phénomène. Plus la surface d'une exploitation agricole augmente, moins les propriétaires terriens travaillent la terre. Cette situation a longtemps perduré dans bon nombre de pays. Cela a longtemps
été le cas en Espagne par exemple. L'une des causes principales de cet état de fait réside dans le montant de l'investissement nécessaire chaque automne à l'implantation des céréales. Une autre est
liée à la pratique de la jachère pâturée. Les terres non travaillées sont laissées aux ovins. Le revenu tiré de ce type d'élevage est souvent plus rémunérateur que les
céréales.
UNE REVOLUTION APPARUE DANS LES ANNEES
70
De façon étonnante, l'absentéisme n'est
plus le cas des grandes plaines américaines, canadiennes, argentines ou australiennes. Il faut dire que depuis les années 70 une révolution technique s'est faite jour : l'abandon du labour pour
son remplacement par des techniques culturales simplifiées (TCS) ou par le semis direct (SD).
Les TCS consistent par exemple à travailler
le sol à l'aide d'outils à dents (chisel). Quant au SD, il consiste à travailler superficiellement le sol seulement à l'endroit où sont déposés semence et engrais. En un seul passage de tracteur,
l'exploitant installe sa culture. Les céréaliers ajoute même l'herbicide. Inutile de dire que le coût de l'implantation des cultures se trouve ainsi nettement réduit. On lira à ce propos l'excellente
étude agro-économique relative au SD du Pr RACHID MRABET travaillant au Centre d'arido-culture de Settat (Maroc). Cette étude est en libre accès sur internet. Il apparaît qu'en SD, les capitaux à
réunir à l'automne sont beaucoup plus réduit.
QUELLE MARGE DE MANOEUVRE POUR Mr
BOUAZGUI ?
Jusqu'à présent la stratégie des pouvoirs
publics a été de subventionner les céréaliers afin de les amener à emblaver le maximum de surfaces. Il n'est pas inutile de rappeler que lors des années 80, lorsque les pouvoirs publics avaient
réduit les subventions au secteur céréalier, des agro-économistes avaient noté une baisse des emblavements. Ils avaient même parlé à cette occasion de « grèves des labours ». A contrario,
lorsqu'en 2008 le prix à la production des céréales a été augmenté, les surfaces emblavées ont augmenté et cela jusque dans le Sud sous pivot.
Mr BOUAZGUI ne peut plus espérer utiliser
ce levier. Les capacités budgétaires de l'Etat ne le permettent plus. Déjà, les subventions à l'achat de matériel agricole sont en baisse. Par ailleurs l'augmentation des prix des carburants va
dramatiquement impacter le secteur agricole. Les petits céréaliers louant des tracteurs pour les labours vont devoir débourser plus. Par ailleurs, la spéculation sur les engrais et les produits
phytosanitaires ne permet pas de protéger les marges des agriculteurs.
On le voit, les marges de manœuvres de Mr
BOUAZGUI sont réduites. Sa tâche est presque « mission impossible ». Certes, il est question de doter l'OAIC de fermes pilotes. Mais malgré de nets progrès, les CCLS ne disposent pas du
dynamisme nécessaire pour gérer convenablement des exploitations céréalières. Puis, ce n'est pas leur rôle. Leur mission est d'accompagner les fellahs, pas de les remplacer.
LES TRAVAUX D'HERCULE DE Mr
BOUAZGUI
Les travaux d'Hercule de Mr Bouazgui,
consistent donc de réunir les paramètres permettant de maintenir et d'améliorer la marge des céréaliers. Car rappelons une chose qu'apprend tout étudiant en première année d'économie, le céréalier
est avant tout un investisseur. A chaque automne, il fait un pari. Pour cela, il pèse le « pour et le contre » : combien dépenser en engrais, semences, carburant, location de matériel
de récolte pour récupérer la mise de départ et espérer l'augmenter ? Malheureusement, chaque année, des céréaliers n'arrivent même pas à rembourser le crédit de campagne Rfig accordé par la
banque. Pour les céréaliers travaillant les terres des absentéistes, c'est la double peine. A l'incertitude de revenu, s'ajoute l'impossibilité d'obtenir des crédits de campagne. En effet, en
l'absence d'un statut du fermage, ces céréaliers sont dans l'illégalité la plus totale. Ils sont classés par les autorités bancaires dans « l'informel ».
Mr BOUAZGUI, DES SEMOIRS SD POUR NOS
CEREALIERS
Le locataire du 12, avenue Colonel
Amirouche à Alger doit donc essayer de maîtriser le prix des engrais, semences, carburants, coût de location du matériel agricole, politique d'attribution de prêts et statut du
fermage.
En théorie, chacune de ces questions peut
être résolue. Mais à quel prix ? Avec quelle dépense d'énergie alors que l'urgence est là? Qu'on en juge, il n'existe pas de réelles coopératives céréalières. Rappelons, que dans nombre de pays
exportateurs agricoles, l'efficience de l'activité agricole repose sur des coopératives et des actions de contractualisation. Alors qu'en France, nombre de coopératives céréalières possèdent des
moulins et dégagent ainsi de grosses marges bénéficiaires encourageant les céréaliers à investir, chez nous cette activité parmi la plus lucrative est confiée à des groupes privés. Actuellement,
l'organisation de la filière ne permet même pas au fellah algérien de moudre son propre grain.
Nous pensons que malgré toute leur
compétence et leur intégrité, les ministres qui ont eu en charge la gestion de l'agriculture n'ont pas les moyens de changer cet état de fait. En écrivant cela, nous espérons que l'avenir nous
démentira...
En attendant une meilleure organisation de
la filière, il reste les solutions techniques à portée de main du ministre. L'urgence est de mettre au plus vite à la disposition des céréaliers les moyens d'emblaver leur terre à moindre coût. Ce
moyen consiste en la technique du semis-direct. En Espagne, des études universitaires montrent que l'apparition de semoirs SD a fortement contribué à l'augmentation des surfaces
cultivées.
LE SEMIS DIRECT, OUTIL POUR REDUIRE
L'INCERTITUDE DE REVENU
Pour que le fellah ait plus confiance en
l'avenir, en plus de Sallat El Istiska, il s'agit donc de lui proposer les moyens de réduire ses coûts et également de réduire l'incertitude de revenu. Or, en dehors de l'irrigation de complément, la
seule solution actuellement connue, pour réduire cette incertitude consiste à rendre les cultures moins dépendantes du stress hydrique. Et justement, outre son moindre coût, le semis direct possède
la faculté de mieux valoriser l'humidité du sol que la charrue. Cet outil encore largement employé représente une véritable calamité en milieu semi-aride.
Pour s'en convaincre, les hauts cadres du
MADR et de l'OAIC, mais également les entrepreneurs en machinisme agricole (PMAT, WEST-AGRO, FAMAG, TIRSAM, ...) devraient avoir sur leur table de chevet le document relatant l'expérience des
céréaliers syriens en construction locale et utilisation de semoirs pour semis direct. Ce rapport est disponible à l'adresse « aciar.gov.au/publication/cop31 » et a pour nom « The
Practical Implementation of Conservation Agriculture in the Middle East ». Que chacun se rassure, ce document en libre accès, est certes rédigé en langue anglaise mais comprend de nombreuses
photos et illustrations. Une version en langue arabe existe même sur le site de l'ICARDA.org.
MEILLEUR PRODUCTIVITE DU BLE PAR LE
BINAGE ?
Dans une intervention aux médias, Mr Omar
ZAOUGHANE dynamique DG de l'ITGC, faisait remarquer la faible superficie des exploitations agricoles. Dans un tel contexte, il semble difficile de proposer à ces exploitants des méthodes
sophistiquées telles le désherbage chimique. Or, dans les conditions actuelles de manque d'eau, l'élimination des mauvaises herbes est indispensable. Elles concurrencent le blé pour les engrais mais
aussi le sol.
La solution pourrait consister à mettre à
la disposition des petits céréaliers une solution alternative : le désherbage mécanique. En la matière, de nouvelles techniques viennent de l'agriculture biologique. Les outils ont pour
nom : bineuse, herse étrille ou houe rotative. Si les bineuses s'utilisent sur d'autres cultures que le blé, les herses et houes peuvent être utilisées sur la plupart des cultures. Cependant,
ces outils peu sophistiqués ne sont ni importés ni construit localement.
Peut-on compter sur l'OAIC et son réseau de
CCLS ? Si en matière de semences certifiées, l'OAIC améliore son offre, en matière de matériel, les choix réalisés sont parfois contestables. En témoigne ces 24 gros semoirs SD de marques SOLA
importés à grand frais. Ces engins sont parfait en matière de semis, mais ils ne permettent pas d'épandre de l'engrais.
QUAND LE MOUTON VA, TOUT
VA...
Parmi les solutions techniques,
l'amélioration de la production de fourrages constitue une autre piste. En effet, jusqu'à présent les moutons récupère les miettes laissées par les céréales. En conséquences, pour nourrir le cheptel
ovin, de très grandes surfaces sont nécessaires. Celles-ci sont souvent dégagées au détriment des céréales. Aussi, la stratégie pour dynamiser la production de fourrages pourrait être de varier les
fourrages cultivés. En période de soudure automnale, il serait possible de pâturer du colza. Il présente l'intérêt de pousser même à 5°C. A l'arrivée des pluies automnale (ou avant, avec irrigation)
il est donc possible de produire rapidement une grande masse de fourrage. Malheureusement ce fourrage est très peu connu localement.
Une autre possibilité consiste à implanter
des fourrages à pâturer sur les terres laissées en jachère pâturée. Actuellement, les moutons broutent la végétation spontanée. Or, celle-ci possède une faible valeur fourragère. Afin d'implanter
rapidement ce type de fourrages, à nouveau les semoirs SD pourraient être utilisés. Aucun labour ne serait nécessaire, simplement un passage de semoir. Ce type de solution (sur-semis) a été mis au
point en Nouvelle-Zélande. Le sur-semis est utilisé avec succès dans les conditions sèches de la Corse.
PROSPECTIVE ET DIRECTIONS CENTRALES DU
MADR
Dans un premier temps, Mr BOUAZGUI et ses
successeurs (de nos jours la durée d'exercice d'un ministre de l'agriculture ne se compte plus en années, mais en mois) pourraient donc avoir plus de latitude en choisissant des solutions techniques.
Ils ne heurteraient pas les intérêts des grands moulins privés ni ceux des nombreux spéculateurs agrippés, tels des tiques, sur chaque maillon de la filière céréales.
Mais réussir à produire rapidement et
localement des semoirs SD low-cost ou ds engins de désherbage mécanique nécessite du doigté. Il s'agit de fédérer au sein d'un cluster toutes les énergies que compte le machinisme
national.
Il est désolant de voir que les moyens
modernes de découpe et soudure de l'acier d'entreprises telles PMAT, Famag, Tirsam ne servent qu'à fabriquer des charrues. Cela illustre le manque de dialogue avec le MADR. On peut ainsi s'interroger
sur l'origine de ces dysfonctionnements au sein de cette institution. Si un Ministre a besoin de quelques mois pour s'installer dans sa fonction, le secrétariat du Ministère et les Directions
techniques, en place depuis des lustres, devraient être au fait de ces questions et impulser le secteur du machinisme agricole. Pourquoi laisser des industriels ne fabriquer que des charrues alors
que les semoirs SD seraient à vulgariser. Alors qu'il serait question d'une interdiction de toute importation de matériel agricole, ces Directions ont-elles saisi les autorités compétentes afin
d'exclure de ces mesures les semoirs SD importés et autres outils indispensables tels, par exemple, les peignes vibreurs nécessaires à la récolte mécanique des olives. On a parfois l'impression que,
comme le faisait dernièrement remarquer un ancien PDG de Sonatrach, certains cadres ne prennent plus d'initiatives et que, désabusés par les lourdeurs administratives, ils se retranchent derrière le
« Takhti rassi ».
TOUT ATTENDRE
D'ALGER ?
La question des surfaces de grande culture
non travaillées et laissées en jachère illustre les progrès qu'il nous restent à réaliser dans le domaine agricole. Les causes concernent plusieurs domaines. Les solutions sont donc variées. Au MADR,
à ses instituts techniques et aux cadres de terrain de définir la stratégie la plus adaptée au moment.
Mais, faut-il tout attendre d'Alger ?
Nous ne le pensons pas. Aux élites rurales (agri-managers, retraités, employés, jeunes diplômés au chômage, …) à s'intéresser aux moyens à mettre en œuvre pour développer des outils simples afin
d'emblaver les terres et de mener des cultures à moindre coût. Nul besoin de recourir systématiquement à l'importation. Dans le cas des semoirs, le principe de base consiste à combiner deux outils
(semoir et cultivateur à dents) pour n'en faire qu'un seul. Comment ? En installant la trémie du semoir sur le cultivateur et en raccordant ses tubulures de descente aux dents du cultivateur. De
telles modifications sont à la porté de bricoleurs éclairés. En utilisant des kits fabriqués localement ou importés de Turquie, des agriculteurs irakiens ont par exemple choisi de transformer leur
ancien semoir en semoir SD.
Alors qu'il est de bon ton de dénigrer la
moindre initiative des institutions publiques, nous ne doutons pas de l'existence de patriotes amoureux de la réussite du pays. A eux, travaillant modestement à différents niveaux des institutions
publiques et organismes privés, de réunir les moyens réels afin de cultiver le maximum de terres agricoles.
INTERDICTION D'IMPORTATION DE MATERIEL AGRICOLE?
9.11.2017
Selon le média en ligne TSA, sous la plume de Ali Idir ce 08 Nov. 2017 « L’Algérie interdit l’importation de machines agricoles ».
Cette annonce mérite confirmation. Si elle se confirmait, une telle mesure permettrait une relance de la production locale de matériel agricole. En
effet, certains concessionnaires importent des charrues ou des semoirs alors que ce matériel est produit localement.
Cependant, une question vient immédiatement à l'esprit, quid du matériel moderne non encore produit localement tel les enrubanneuses pour fourrage ou le
matériel de plantation et de récolte de pomme de terre et de tomates.
AFFINER LES INTERDICTIONS D'IMPORTATION
Si cette mesure est salutaire, il est donc nécessaire d'affiner les interdictions et de les ré-actualiser annuellement. Celles-ci ne devraient
s'appliquer uniquement au matériel non produit localement.
DES POTENTIALITES DE PRODUCTION LOCALES
Les capacités techniques locales de découpe et de soudure de l'acier peuvent permettre une extension de la gamme du matériel à produire localement. Mais
cela passe par une coordination entre équipementiers. L'idéal serait la création d'un cluster.
Que ce soit Tirsam, Djoudi Métal ou bien sûr les entreprises publiques commercialisant leur production auprès de PMAT, la liste des capacités de
production locale est grande. Cette liste reste à établir. Nombre de petits ateliers peuvent également produire du petit équipement.
POUR UNE COOPERATION AVEC LES EX-PAYS DE L'EST
Les ex-pays de l'Est disposent d'une réelle expérience de production d'un matériel agricole rustique et solide facilement réparable localement. Des
accords de partenariat gagnant-gagnant sont possibles.
Afin de favoriser le transfert de technologie, des partenariats peuvent également être passés avec des ONG et des associations internationale de
coopération agricole (ICARDA, ONG européennes, …).
UP-GRADDER LA PRODUCTION LOCALE
La production locale de matériel agricole a le mérite d'exister. Bon nombre d'exploitations tiennent grâce aux tracteurs Cirta construits à Constantine,
aux charrues, cover-crop, remorques ou citernes d'entreprises publiques.
Certaines de ces entreprises proposent du matériel pour la récolte des fourrages, la pulvérisations des phytosanitaires ou l'épandage des amendements
organiques à des prix abordables pour les exploitants agricoles. Cependant, nombre de ces matériels ont besoin d'une plus grande sophistication. Ainsi, par exemple, les remorques agricoles doivent
avoir des essieux doubles, de plus hautes ridelles et un relevage hydraulique afin de s'adapter à la récolte en vrac des céréales.
En matière de pulvérisation, la largeur de traitement doit être améliorée.
INNOVER EN MATIERE DE MATERIEL AGRICOLE
Le contexte de notre agriculture exige du matériel permettant aux exploitants de gagner en productivité horaire. Quand la main d'oeuvre manque, la
mécanisation doit prendre le relais. Ainsi, pour ramasser les balles de paille à quand des engins adaptés ? Pour manipuler le fumier, à quand des tracteurs équipés de godets et fourches
hydrauliques avant ?
Mais c'est en matière de semis et de fertilisation, que le manque est le plus criant. En région semi-aride la révolution technique venue d'Australie
prône l'abandon du labour et sont remplacement par des semoirs pour semis direct. De tels engins travaillent le sol, sème et fertilisent en un seul passage.
Pour désherber mécaniquement si PMAT commercialise des bineuses, il s'agit de rendre disponible d'autres outils de désherbage mécanique : herses
étrilles et houes rotatives.
En matière de stockage des récoltes à la ferme, il doit être produit des silos métallique de moyenne contenance. Pour trier et traiter les semences de
céréales à la ferme, il doit être produit des tables densimétriques et autres matériels dédiés.
OU ACHETER UN SEMOIR POUR SEMIS DIRECT?
3.11.2017
Des lecteurs nous ont demandé où acheter un semoir pour semis direct en Algérie. Nous proposons une liste de fournisseurs en Algérie, Maroc et Tunisie sur ce lien (voir les n° de téléphone et adresses mail à la fin du document). Merci de nous aider à
actualiser ce document.
REUNION DES AGRONOMES
DES PAYS ARABES
8.11.2017
On ne peut que se réjouir de la rencontre début novembre des
associations des ingénieurs agronomes des pays arabes. Malgré le déficit général en produits alimentaires des pays arabes, il existe des réussites.
REUSSITES AGRICOLES DANS LES PAYS
ARABES
Avant l'agression dont est l'objet la Syrie, ce pays était
auto-suffisant en de nombreux produits céréaliers. La Tunisie est auto-suffisante en lait, elle est l'un des plus grand exportateurs d'huile d'olives. Selon les années et grâce à ses récoltes de
canne à sucre et betterave à sucre, le Maroc assure plus de 50% de ses besoins en sucre. Par ailleurs, les maraîchers marocains possèdent une grande expérience des serres
multi-chapelles.
CEREALES EN SYRIE ET IRAK
Ces deux pays possèdent une grande expérience dans la culture
des céréales en conditions sèches. De 2005 à 2011, grâce à un transfert de technologie d'ingénieurs australiens, des ingénieurs et artisans syriens ont produit près d'une centaine de semoirs pour
semis direct. En Irak, ce sont des kits de conversion de semoirs conventionnels en semoirs pour semis direct qui ont été produits. La technique du semis direct, permet de cultiver à moindre coût les
céréales en milieu semi-aride non-irrigué.
EGYPTE, UN SEMOIR POUR L'IRRIGATION PAR
SUBMERSION
En Egypte, un ingénieur a conçu un semoir permettant de semer
des céréales dans les champs irrigués par submersion. Lors des crues du Nil, l'eau est utilisée pour irriguer les champs. Les techniques traditionnelles provoque un gaspillage d'eau. Ce semoir permet
de tracer , tous les 4 rangs de semis, des rigoles assurant une meilleure répartition de l'eau dans le champs. Un tel engin serait très utile en Algérie où subsiste des zones avec irrigation par
submersion (cas de la steppe avec l'épandage de crue).
MAROC, PRODUCTION LOCALE DE SUCRE
Regroupés autour de l'agro-industrie, dont la Comsumar.ma, des
agriculteurs marocains produisent de la betterave à sucre. Certains d'entre eux possèdent une large expérience. Ils utilisent des semences monogermes, une fertilisation adaptée et le désherbage
chimique. Ce type de semences permet d'éviter la laborieuse opération manuelle de démarriage. La mécanisation de la récolte permet de réduire le recours à la main d'oeuvre.
FAVORISER LES ECHANGES ENTRE
AGRONOMES
Comment favoriser les échanges d'expériences entre ingénieurs
des pays arabes ? Certes, il y a les rencontres entre personnes des différents pays. Mais internet offre de larges perspectives. On pourrait penser à un site internet traitant des réussites dans
ces différents pays. Un forum pourrait permettre des échanges entre personnes. Par ailleurs, il s'agit de valoriser les expériences des différents organismes de développement agricole intervenant
dans ces pays.
Lire notre entretien relatif au glyphosate dans le dossier réalisé par le quotidien Liberté.
L'utilisation du glyphosate en Algérie.En Algérie, sur grandes cultures, le glyphosate n'est pas utilisé de la même façon qu'en Argentine ou Australie (date et dose). Les doses utilisées sont beaucoup plus faibles en Algérie. Un dossier sur la question. A suivre...
BrochureDeshGlyphosate.pdf Document Adobe Acrobat [485.0 KB]
Les peignes-vibreurs sont très intéressants. J'en ai utilisé un durant toute la semaine. C'est un véritable plaisir pour récolter les olives. Il existe des modèles avec batteries portatives. Mais
une simple batterie de voiture suffit. On peut aussi utiliser un petit groupe électrogène. Il faut mettre de larges filets sous les arbres. Pour en acheter à l'étranger vous pouvez
contacter
Michel-equipement.fr.
Nimes : 04.66.27.45.29
Alès : 04.66.52.52.07
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UN
AGRONOME SUR LES ONDES
18.10.2017
Un agronome qui passe sur une émission de
grande écoute, cela fait plaisir. Un grand bravo à notre collègue. Certes le temps de l'émission était court, mais nous aurions aimé plus de chiffres percutant dans sa démonstration (exemple besoins
en eau d'un maïs comparés à celui de l'orge).
Al Hamdoulah, la journaliste s'est un peu
renseignée sur le sujet (je fait référence à la nano-irrigation testée au Maroc. Voir sur youtube).
A 13:10, l'invité parle de l'impossibilité
de considérer l'Algérie comme un pays céréalier et producteur de légumes secs. Cette affirmation est à nuancer. L'auto-suffisance n'est pas possible pour tous les produits de première nécessité. Mais
l'invité méconnait les extraordinaires possibilités des nouvelles techniques d'arido-culture mise en oeuvre, notamment par les Australiens. Ceux-ci développent la technique dite du non-labour avec
semis direct et mènent une lutte sans merci contre les mauvaises herbes dans les cultures. Quant aux engrais, ils sont localisés près de la semence afin de favoriser leur absorption même en
conditions réduites d'humidité. Les semences de blé sont semées dans un sillon qui joue le rôle d'impluvium. L'eau de la moindre averse est ainsi collectée vers la semence et l'engrais. Actuellement,
l'Algérie tarde à produire ce type de semoirs.
A 13:24, l'invité méconnait les
possibilités d'intensification des cultures de légumes secs. La tradition locale est de semer pois-chiche et lentilles à la sortie de l'hiver afin d'avoir moins de levées de mauvaises herbes dans le
champs. Les techniques nouvelles de semis précoce en semis direct entre les chaumes de blé et avec désherbage chimique à la trifluralin permettent de très nettes améliorations des rendements. Des
techniciens et agriculteurs appliquent déjà cette nouvelle méthode. La question est donc de la généraliser. En Algérie, nous sommes autant pénalisés par nos ingénieurs qui restent dans leur bureau
climatisé (sans même prendre la peine de publier sur internet des notes techniques de vulgarisation) que par le manque d'eau.
A 18:23 Les propos de l'invité à propos de
la salinité font froid dans le dos. Il faut savoir que dans le sud, certains pivots doivent être déplacés tous les 5-6 années car le sol est devenu stérile à cause du sel apporté par l'irrigation.
Attention à ne pas banaliser le risque destructeur de la salinisation des sols agricoles, véritable fléau. Fléau largement dénoncés par les plus illustres pédologues de
l'INA .
A 19:23 la journaliste parle du
développement de l'agriculture dans le sud et notamment à Tamanrasset. Ce développement devrait être accompagné d'un contrôle plus strict des frontières. Jeune-Afrique révèle dans un article en ligne
(Au Mali, la guerre de la farine fait rage) que les minoteries du Mali fonctionnent pour la plupart avec du blé venu d'Algérie. Une étude universitaire "Bilan spatialisé de la mise en valeur agricole
au Sahara Algérien" disponible sur internet révèle le même phénomène.
PEUT-ON SEMER DU BLE AVANT LES
PLUIES?
Djamel BELAID
18.10.2017
En Algérie, le manque de pluie automnale
pousse les agriculteurs à repousser leurs semis de céréales. Selon les variétés considérées, cela peut se répercuter négativement sur les rendements. Peut-on semer avant les
pluies ?
ASSURER UNE HUMIDITE A LA JEUNE POUSSE DE
BLE
Les agriculteurs craignent les pluies
suivies de périodes sèches. En effet, des pluies précoces permettent la germination-levée du blé ou de l'orge mais si survient une période sèche la jeune plantule peut se dessécher. La solution passe
par l'emploi d'outils à dents. Ils permettent de mieux préserver l'humidité du sol.
METTRE EN PLACE UN IMPLUVIUM AU DESSUS DE
LA SEMENCE
Une technique australienne développée en
Syrie et en Irak consiste à semer avec un semoir à dent. Les dents créent des sillons dans lesquels sont semés les graines. Après le passage du semoir un aspect de « tôle ondulé » peut être
visible sur la parcelle. Dès la moindre averse, l'eau de pluie est concentrée par le sillon vers la semence. Celle-ci reçoit donc un volume double d'eau. La formation du sillon peut être améliorée
par le passage de roues plombeuses accrochées derrière chaque dent.
SEMER PLUS PROFOND
Semer avant les pluies exige de semer plus
profond. Les semences peuvent ainsi mieux bénéficier de d'humidité. Cependant, des travaux australiens montrent qu'une telle approche exige d'utiliser avant tout des variétés de blé à long
coléoptile. En effet, ces variétés donnent la même quantité de talles que les variétés semées à 3 cm de profondeur. A notre connaissance, ce paramètre n'est pas renseigné sur les variétés de céréales
proposés par les CCLS.
LUTTER CONTRE LES
RAVAGEURS
Semer avant les pluies implique un séjour
plus long de la semence dans le sol. Aussi, il s'agit de protéger ces semences contre les maladies et les ravageurs. On assurera donc un traitement fongicide et insecticide adéquat. Un roulage après
semis peut permettre une meilleur protection des semences ainsi qu'un meilleur contact sol-graine en cas de pluie.
TRAVAILLER LE SOL EN CONDITIONS
SECHES
Semer avant les pluies implique de labourer
ou de préparer le lit de semences en conditions sèches. Dans de nombreux cas (sol argileux), cela implique des efforts supplémentaires de traction et une surchauffe des
tracteurs.
La solution consiste alors à éliminer le
labour à la charrue et de le remplacer par un travail avec des outils à dents tel le chisel ou le semis direct. Le semis direct implique un travail du sol sur 4 à 8 cm de profondeur, un tel travail
n'implique pas une surchauffe du matériel.
SEMER TARD, MAIS SEMER
VITE
Pour les agriculteurs non convaincus par
les semis avant les pluies, afin de limiter la perte de temps, la solution passe par l'emploi d'outils à dents (chisel) à la place du labour. Le gain de temps est appréciable. Ce type d'outils est
disponible chez PMAT.
L'autre solution passe par le semis-direct
sans labour dont la vitesse des chantiers est de 6 fois supérieur. Autre avantage, le fait de passer sur un sol non-labouré améliore la portance du tracteur et cela même après une pluie. En effet, le
ressuyage est meilleur et permet un passage du tracteur juste après une pluie.
Semer en un seul passage permet de gagner du temps. Ce genre de semoir est intéressant. L'idéal est de diviser la trémie en deux compartiments afin d'épandre l'engrais en même temps.
ALIMENTS DU BETAIL EN ALGERIE, UNE GABEGIE SANS NOM.
16.10.2017
Face à l'explosion des importations de maïs
et de soja, la solution passe, en partie, par la production locale de matière première et la substitution de protéines végétales aux protéines animale dont celle de la viande de
poulet.
LE MAÎS, UNE SOLUTION
DOUTEUSE
Mais croire que la production locale de
maïs est la seule solution est une erreur. Cette culture est très gourmande en eau et à moins d'utiliser le goutte à goutte enterré, l'agriculture n'a pas les capacités de permettre une
auto-suffisance en cette céréale.
INCORPORER 20%
D'ORGE
Il est possible d'incorporer 20% d'orge
(produite localement) à la place du maïs importé. Cela devrait être la norme pour tout aliment volaille. Parfois, selon les âges et le type de production, cette proportion peut être plus
élevée.
PRODUIRE DES
TRITICALES
Les triticales sont un autre type de
céréales qui convient aux volailles. Elle est riche en protéines. Elle se cultive comme le blé. Contrairement au maïs, elle ne demande pas d'irrigation. La technique du semis direct peut permettre
une intensification à faible coût de cette culture.
PRODUIRE DU
COLZA
Les tourteaux de colza peuvent être
incorporés en partie à l'aliment volaille. C'est un crime de ne pas pousser sa culture dans les zones climatiques qui lui conviennent.
Notons également les possibilités
d'utiliser les sous-produits de l'industrie agro-alimentaire.
UTILISER L'AZOTE
NON-PROTEIQUE
En France, le moindre agriculteur sait que
pour réduire le coût des concentrés, il peut ajouter à la ration de ses vaches et moutons de l'azote non-protéique telle que l'urée. En Algérie, nous produisons cette substance. Mais il n'y a
pratiquement pas de vulgarisation concernant l'urée. Il y a là un moyen d'économiser une partie des importations de tourteaux de soja.
CONSOMMER DES STEAKS DE POIS
CHICHE
Lentilles, pois chiche, soja et céréales
peuvent permettre de produire des steaks de viande végétale. Il serait bon de s'inspirer de la technologie mise au point par des firmes étrangères telles SojaSun.fr.
LA RESPONSABILITE DES
IMPORTATEURS
Les pouvoirs publics devraient imposer un
cahier des charges précis aux importateur. Tout importateur de maïs et soja devrait avoir obligation de soutenir la production locale de céréales et graines entrant dans la composition de l'aliment
du bétail. La situation actuelle est un non-sens économique. Il est temps qu'un cahier des charges soit défini avec les importateurs. Ils doivent s'investir dans la formation des petits fabricants
d'aliments du bétail (certains mélangent n'importe quoi) et dans la formation des éleveurs. En steppe, ces éleveurs sont laissés dans leur ignorance. Beaucoup ne jurent que par l'orge alors que cette
céréale doit être complétée par une source d'azote dans les rations.
L'ONAB, FIN DE
L'IMMOBILISME?
Dans le domaine des compléments minéraux
vitaminés, on ne peut que se féliciter de l'accord passé par l'ONAB avec un partenaire français. Mais on peut se demander les raisons d'un tel retard. Il y a 40 ans que l'Algérie a les moyens
techniques et humains pour mélanger sel de cuisine, calcium, phosphate, oligo-éléments et vitamines et fabriquer des CMV locaux. Sinon, cela sert à quoi d'ouvrir des universités et de former des
spécialistes?
Djamel BELAID. Ingénieur
agronome.
VACHES LAITIERES : DONNEZ JUSQU'A 150 Gr D'UREE DANS LA RATION
11.10.2017
Alors que de nombreuses régions d'élevage
laitier manquent de fourrages, il est important de rappeler les possibilités locales de complémentation azotée. En situation de manque de fourrages verts riches en azote, il est possible
d'administrer de l'urée aux vaches laitières. L'urée est un engrais azoté fabriqué en Algérie et largement disponible.
PRINCIPES
D'UTILISATION
-ne pas utiliser sur de jeunes animaux ou
des animaux malades,
-habituer progressivement les animaux en
augmentant tout doucement les doses,
-fractionner les apports
d'urée,
-« en pratique, on limitera les
apports à 30 g/100 kg de poids vif, soit 180 à 200 g par vache et par jour » (voir le lien ci-dessous de la chambre d'agriculture des Landes),
-associer obligatoirement l'urée à un
aliment riche en énergie comme de l'orge ou du maïs ensilage (pour 500 gr d'orge en grain, apporter 20 gr d'urée),
-on peut donner de l'urée mélangé à de
l'ensilage de maïs,
-en cas d'intoxication, faire boire à
l'animal un mélange d'eau et de vinaigre,
-l'urée peut servir également à enrichir la
paille et le fourrage de vesce-avoine en azote (diluer 5 kg d'urée dans 50 litres d'eau pour arroser 100 kg de paille ou de foin, mettre une bâche plastique et laisser 3 à 4
semaines).
Rappelons également que les grignons
d'olives peuvent servir également d'aliments du bétail et remplacer en partie les concentrés.
Liens: de nombreux
lressources existent sur internet (taper les mots clés correspondant):
-exemples de rations Urée alimentaire
SECHERESSE A BOUIRA,
OLIVIERS EN PERIL
9.10.2017
Afin d'illustrer son article sur la sécheresse qui
à Bouira « menace des milliers d’oliviers » Omar Arbane, journaliste à
El-Watan publie dans l'édition du 5.10.2017 une photo alarmante. C'est celle d'oliviers aux feuilles jaunies par la sécheresse. S'agit-il d'une photo prise à Bouira ou d'une photo récupérée sur
internet et venant d'autres lieux?
Tout pense à croire qu'il s'agit d'une photo prise à Bouira.
Habituellement les feuilles des oliviers ne jaunissent pas avec l'automne. Ce jaunissement est donc très inquiétant. Comme le note avec justesse Omar Arbane, c'est le signe d'un dépérissement pour
cause de sécheresse.
UN DEPERISSEMENT VU AUSSI EN
FRANCE
Cette année, ce phénomène ne concerne pas seulement l'Algérie.
En France, près d'Alès, plusieurs oléiculteurs font remarquer qu'à ce jours, il n'y a pas eu de pluies significatives après l'été. Alors que septembre est synonyme de « Gardonades », c'est
à dire de grosses chutes de pluies accompagnées de crues sur la rivière Gardon, cet automne est marqué par une poursuite de la sécheresse estivale.
Toujours près d'Alès, un responsable de coopérative oléicole
âgé de 75 ans note qu'il n'a jamais vu cela. La récolte des olives pourra avoir lieu dès la Toussaint alors que traditionnellement les olives ne sont mures qu'après. Cette année, dans la région
nombre d'oliveraies avaient des fruits ridés par le manque d'eau. Et les agriculteurs qui en avaient les moyens ont procédé à l'irrigation des oliviers. D'autres ont mobilisé des moyens de fortune
pour apporter un peu d'eau aux arbres. Telle cette petite exploitation où le pulvérisateur a servi de citerne d'eau pour apporter 50 litres d'eau à chaque arbre.
QUE FAIRE CONTRE LES COUPS DE
SEC
Cette situation est préoccupante. Certains arbres risquent de
ne pas survivre à ce coup de sec. L'immédiat est de tenter de les sauver en assurant une irrigation d'appoint par des moyens de fortune. Les pluies automnales ensuite permettront le retour à la
normale.
Pour les campagnes agricoles futures il s'agit de développer
l'irrigation par goutte à goutte. Dans le cas des vieilles plantations sans trop de moyens, il s'agit de développer différentes mesures permettant de valoriser les pluies.
Afin de favoriser la transpiration d'eau par le feuillage, il
s'agit de réaliser une taille adaptée. Combien de fois, il est laissé sur des arbres des branches dites « gourmands ». Celle-ci produisent des feuilles au détriment des fruits. Il s'agit de
leur faire une chasse féroce. De telles branches appauvrissent l'arbre.
Dans les sols en pente, il s'agit de confectionner des
cuvettes en demi-lune afin de retenir les eaux de pluie auprès du pied de l'arbre.
APPEL AUX URBAINS
Lorsque l'on détient des oliviers dans la famille, il est
intéressant d'aller voir comment sont menés ces arbres par les « aînés ». Nous conseillons vivement à chacun d'aller sur les terres familiales aux moments clé : taille au printemps,
irrigation en été et bien sûr récolte à la fin de l'automne. Des interventions ponctuelles à des moments clé de l'année peuvent permettre de rendre rentable une vielle oliveraie auparavant menée de
façon traditionnelle.
REDUCTION DES COUTS ET VALEUR
AJOUTEE
Actuellement, nombre d'oliveraies sont handicapées par le coût
de la main d'oeuvre. Face à cela plusieurs techniques sont possibles. Dans le sud de la France, il existe des oliveraies de 1000 arbres uniquement travaillés par un couple mari et
femme.
C'est dire combien de solutions organisationnelles et
techniques existent afin de valoriser le potentiel d'une exploitation. Nous en voyons deux principalement.
L'une des premières actions concerne la hauteur des arbres.
Celle-ci ne doit pas dépasser les 2,5 mètres de haut. Il faut rabattre les charpentières et les gourmands qui grimpent vers le ciel. C'est à cette seule condition qu'il est possible de récolter plus
vite. La main d'oeuvre ne doit pas avoir à grimper sur les branches ou à utiliser des échelles. Ce sont les branches qui doivent être à disposition du personnel de récolte et non pas l'inverse.
L'utilisation de peigne mécaniques permet également d'augmenter la productivité.
La seconde concerne la trituration des olives au moulin. Tout
doit être fait afin de réaliser une trituration d'olives fraîchement récoltées et sans feuilles. Cela afin de commercialiser une huile de bonne qualité à des prix supérieurs dans un réseau de
commercialisation avec le moins d'intermédiaire possible. En Algérie, et à l'étranger, la demande est telle, qu'il est possible de valoriser l'huile de qualité.
Retrouver une bonne rentabilité à une oliveraie permet
d'augmenter les salaires de la main d'oeuvre et donc de résoudre la question des pointes de main d'oeuvre lors de la récolte. Il incombe également aux pouvoirs publics d'assurer un soutien adapté à
la filière oléicole. Celle-ci permettant de compenser l'importation d'huiles étrangères.
DEBAT SUR LE
GLYPHOSATE, SOMMES-NOUS CONCERNES?
13.10.2017
Ce matin la radio France-Inter a consacré une partie de sa
matinale à la question du glyphosate. Il s'agit de cet herbicide soupçonné d'être cancérigène. Des associations de consommateurs demandent sont interdiction alors que les syndicats agricoles ont déjà
manifesté pour demander son maintien. En Algérie, sommes-nous concernés par ce débat?
SUR LA NOCIVITE DU GLYPHOSATE
Concernant la prétendue nocivité du glyphosate les études
réalisées sont contradictoires. Un organisme scientifique a mis cet herbicide sur le même niveau de dangerosité que la charcuterie. Bref, actuellement, il n'y a pas
consensus.
GLYPHOSATE, UN PRODUIT MONSANTO
Si les écologistes français ont en ligne de mire le
glyphosate, c'est avant tout à cause de sa maison mère : Monsanto. En effet, bien que tombé dans le domaine publique et fabriqué massivement en Chine ou en Australie, le glyphosate traîne la
sale réputation de Monsanto. Celle-ci est en effet à l'origine des fameuses semences OGM « Terminator » vendues aux agriculteurs indhous. Ces semences produisent des graines commestibles,
mais elles sont stériles. L'année suivante, les agriculteurs ne peuvent pas les replanter et sont donc obligés d'en racheter à la multi-nationale. Face aux protestations, la multi-nationale a
abandonné l'idée de commercialiser les semences Terminator.
Mais, afin d'obliger les agriculteurs a racheter chaque année
des semences OGM et le glyphosate qui permet de désherber ces variétés résistanTes à cette molécule, la multi-nationale a encouragé la délation entre agriculteurs. Ainsi, aux USA, des agriculteurs
ayant gardé une partie de leur récolte issue de semences OGM Monsanto, pour les re-semer l'année suivante ont parfois été dénoncé par des voisins et poursuivis en justice.
Enfin, lors de la guerre du Vietnam, ce genre d'herbicide a
été utilisé par les USA comme défoliants. C'est dire la triste réputation que traîne le glyphosate.
LES OGM INTERDITS EN FRANCE ET EN
ALGERIE
La France et l'Algérie n'autorisent pas l'utilisation en
agriculture d'OGM. Ce n'est pas le cas de pays grands exportateurs de céréales et soja tels les USA, le Canada, l'Argentine, le Brésil, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.
LES DYSFONCTIONNEMENTS DU BINOME
OGM-GLYPHOSATE
Les premières années, les cultures OGM possédant une
résistance au glyphosate permettent un désherbage très efficace. La pulvérisation de l'herbicide sur la culture détruit les mauvaises herbes à l'exception des plantes cultivées. Cependant,
l'utilisation répétée de cette façon de procéder peut conduire à l'apparition de résistances. Certaines mauvaises herbes deviennent résistantes au glyphosate. Au lieu d'alterner d'autres cultures et
d'autres méthodes de lutte, certains agriculteurs persistent dans la seule utilisation du binome OGM-GLYPHOSATE. De ce fait, les quelques mauvaises herbes résistantes se multiplient et deviennent
envahissantes obligeant l'agriculteur à repasser plusieurs fois dans son champs avec des doses doubles ou triples. Dans ces cas là, il y a un surdosage des quantités de glyphosate et donc d'éventuels
risques sanitaires pour les populations limitrophes des champs et les consommateurs.
Mme ROBIN, EN UN COMBAT DOUTEUX...
Il y a dix ans, en France, excédée par l'attitude de la
multi-nationale sur le dossier des semences, une journaliste s'est intéressée aux semences OGM de Monsanto. Elle édité un livre et a produit un film « Le monde selon Monsanto » qui a connu
une large diffusion.
MONSANTO COMME FOND DE COMMERCE
Ce matin, cette journaliste était l'invité de France-Inter et
a mené un procès à charge contre Monsanto sans qu'une personne d'avis contraire ne soit invité. On notera ici le manque d'éthique journalistique de la chaîne en question.
Si le combat de Mme ROBIN est noble, il se doit de se baser
sur des éléments objectifs et non pas cultiver les peurs des consommateurs face à certains excès de l'agro-chimie. Sinon son combat s'apparente plus à un fonds de commerce lui permettant d'exister
sur la scène médiatique.
LE GLYPHOSATE, PIERRE ANGULAIRE DE L'AGRICULTURE DE
CONSERVATION
Ce débat franco-français nous concerne en Algérie.
Pourquoi ? Car pour remplacer la pratique du labour qui favorise l'érosion des terres agricoles (jusqu'à 4 tonnes de terre emportée par hectare et par an), il nous faut désherber le sol avant
semis. Or, pour le moment, le glyphosate est un herbicide irremplaçable.
Certes, à l'automne, en zone semi-aride, les mauvaises herbes
sont moins problématique qu'en Europe où les pluies estivales permettent des repousses de mauvaises herbes dès la mi-juillet.
PRODUIRE DES BINEUSES EN ALGERIE
En Algérie, pour sortir de la spirale des importations
agricoles, herbicides et autres produits phytosanitaires sont des outils indispensables. Il faut savoir qu'un champ de blé non désherbé voit automatiquement son rendement amputé de 50%. En effet,
l'humidité du sol et les engrais apportés par l'agriculteur profitent autant à la culture qu'aux mauvaises herbes.
Mais, parallèlement à l'utilisation des herbicides, il s'agit
de vulgariser et d'intensifier la production de bineuses et autres outils de désherbage mécanique telles les herses étrilles et houes rotatives développées en Europe par l'agriculture bio. Par
ailleurs, en situation extensive et en présence d'un élevage de mouton sur l'exploitation, le pâturage des céréales en hiver permet de réduire les mauvaises herbes.
GLYPHOSATE, L'ALLIE DE L'AGRICULTEUR ALGERIEN
Mais en attendant ces solutions, le glyphosate restera l'allié
des agriculteurs contre les mauvaises herbes et l'allié des consommateurs pour une meilleure autosuffisance alimentaire. Espérons que les autorités du pays sauront séparer l'ivraie du bon grain et ne
se laisseront pas parasiter par les débats de bo-bo parisiens.
REDUIRE LA FACTURE DES IMPORTATIONS, YES WE
CAN !
1.10.2017 Djamel BELAID
L'APS annonce une nouvelle augmentation des importations alimentaires durant les mois passés. Afin de réduire la facture de
ces produits alimentaires, différentes stratégies sont actuellement utilisées en Algérie. Avec, notamment, l'irrigation des cultures, la lutte contre la contrebande aux frontières*. Souvent,
l'irrigation est présentée comme étant la panacée. Or, quand on considère la concurrence pour l'eau entre d'une part les besoins de l'agriculture et d'autre part ceux liés à l'approvisionnement des
villes et du secteur industriel (voir ceux d'El-Hadjar), il apparaît vite qu'en Algérie, la culture en sec ne doit pas être négligée. D'autant plus que les techniques d'arido-culture qui nous
viennent d'Australie – pays aussi sec que le nôtre – laissent entrevoir des réserves de productivité.
MIEUX VALORISER LA PERIODE HUMIDE
Il s'agit donc de valoriser la période des pluies qui s'étend, en moyenne, de la fin septembre à juin. Concernant les
grandes cultures (céréales, légumes secs, fourrages, …) cela implique, selon les espèces et variétés cultivées, de semer tôt afin de bénéficier des premières pluies. Or, ce n'est pas ce qu'on observe
dans la pratique. Alors que les blés doivent tous être semés avant la mi-novembre, il n'est pas rare de voir les semis s'éterniser jusqu'en décembre. Or, selon les cas, les cultures perdent en
moyenne 1 quintal/hectare pour une semaine de retard sur la date optimale de semis.
Concernant les légumes secs, par faute de non-maîtrise du désherbage, les agriculteurs ont pris l'habitude de semer
lentilles et pois-chiche en février au lieu de décembre.
PLUS DE TRACTEURS, MAIS MOINS DE CHARRUES
Afin de faire face aux besoins, le parc national de tracteurs a été régulièrement revu à la hausse. Mais derrière les
tracteurs on continue d'atteler de lourdes charrues. Leur vitesse de travail est désespérément lente (seulement 2 hectares/jour). Or, dès les années 50-60, dans les régions semi- arides des USA,
Canada, Argentine et Australie, il est apparu que le labour est plus un mal qu'un bien. Du fait de l'érosion, il peut provoquer une perte de 9 tonnes de terre/hectare/an. Mais en plus, le labour
coûte cher en carburant et en usure des tracteurs. Mais surtout le labour et les opérations qui suivent demandent beaucoup de temps. Ainsi, après le labour, il faut réduire la taille des mottes de
terre pour créer un « lit de semences », ce qui nécessite de nombreux passages de tracteur.
Certaines grosses exploitations privées de la région de Constantine ont vite compris la situation. Elles ont abandonné le
labour et se sont équipées en semoirs pour semis direct. Ainsi, outre une réduction de 40% des coûts de mécanisation, la vitesse des chantiers de semis s'est multipliée par 6. Et cela, sans que le
rendement en souffre.
ABSENCE DE STRATEGIE AU MADR
Face à ce progrès agronomique que constitue l'abandon du labour et son remplacement par la technique dite du « semis
direct », on aurait pu penser que les services agricoles concernés se soient mobilisés. Or, sur le terrain, il n'en est rien ; ou presque... Cela est d'autant plus désespérant, que cette
technique permet une meilleure économie de l'humidité du sol et est donc bien adaptée à nos conditions semi-arides. Notons au passage que les semoirs pour semis direct possédant des dents laissent
sur le sol des sillons juste au dessus de l'emplacement des semences. Avantage, dès la moindre averse, l'eau de pluie est concentrée vers la jeune plantule. Celle-ci craint moins d'éventuelles
courtes sécheresse automnale et absorbe mieux l'engrais alors dissout par une meilleure humidité du sol.
Actuellement, le semis direct n'est connu que d'une poignée d'agriculteurs et de techniciens qui se battent afin de mieux
le faire connaître. Il faut dire qu'il faut vaincre la réticence des fellahs habitués aux labours. Le labour est souvent inconsciemment assimilé à une fécondation de la terre et donc représente une
symbolique forte chez l'agriculteur. Par ailleurs, cette technique nécessite des semoirs adaptés. Il faut donc les importer ou les produire sur place – cela est possible car il ne s'agit pas d'une
technologie trop sophistiquée. Enfin, l'abandon du labour nécessite l'emploi de désherbants, ce qui est loin d'être le cas dans nombre de nos exploitations.
MADR, UN RETARD INEXCUSABLE
S'il existe des freins réels au développement d'une nouvelle technique, on peut noter que les services agricoles et ceux du
machinisme agricole n'ont pas fourni tous les efforts attendus au vu du montant faramineux des importations de céréales et légumes secs.
Ainsi, le groupe PMAT commercialise de nouvelles moissonneuses-batteuses (Sampo), mais le même effort qualitatif n'a pas
été fourni concernant la production de semoirs low-cost permettant de se passer du labour. Certes, l'unité CMA-SOLA de Sdi Bel-Abbès a bien mis au point un prototype de semoir (Boudour SD-3115-C),
mais les essais traînent en longueur. De ce fait, cet engin primordial n'est pas disponible en masse sur le marché. Osons une comparaison. Le semoir SD-3115-C est à l'agriculture ce qu'est
l'hélicoptère russe Kamov Ka-52 Alligator à la lutte contre les blindés et ouvrages au sol.
OAIC, RATTAGE EN MATIERE DE SEMIS DIRECT
L'OAIC mène un travail exemplaire pour augmenter la production de céréales. En témoignent l'amélioration de la production
de semences certifiées, l'aide à l'irrigation ou la mise à la disponibilité des fellahs plus de moyens de récolte. Mais en matière de semis direct, cet office reste en retard sur un dossier qui
constitue « la mère des batailles ». On peut même parler de rattage concernant ce dossier. Rappelons, que face à l'aggravation du réchauffement climatique, il devient primordial que les
fellahs puissent semer dans la « fenêtre de tir » que constitue le mois d'octobre et la première quinzaine de novembre. Dès 2012, l'OAIC a passé commande de 24 gros semoirs SOLA (Espagne)
afin d'équiper les unités moto-culture des CCLS de l'intérieur du pays. Il s'est avéré que ces semoirs portés et non pas tirés, étaient trop lourds pour les tracteurs disponibles au niveau des CCLS.
Pire, alors que ce type de semoir doit pouvoir semer et en même temps épandre de l'engrais, l'OAIC a commandé des semoirs qui ne permettent que le semis. C'est donc réduire l'intérêt de la technique.
Cela est d'autant plus tragique en phase de vulgarisation d'une nouvelle technique. On peut s'étonner de cette erreur de la part d'un office qui emploie 400 ingénieurs agronomes.
L'AIDE REMARQUABLE DE L'AUSTRALIE A L'ALGERIE
En cette période de réduction des moyens financiers du pays, que faire afin de faire avancer ce dossier primordial? Aux
médias d'aller enquêter sur le terrain. Aux étudiants et chercheurs en agronomie de s'emparer de ce thème.
Il revient à chaque cadre régional du MADR de faire connaître cette technique qui permet de semer plus vite et moins cher.
Quant aux hauts responsables du MADR, à eux de réunir tous les moyens afin de faire démarrer le plus rapidement possible une production locale. De nombreuses entreprises locales de matériel agricole,
telle TIRSAM et d'autres, possèdent des moyens modernes de découpe et de soudure de l'acier. Des organismes tels l'ITGC et l'unité CMA-SOLA de Sidi Bel-Abbès maîtrisent la technologie nécessaire.
Notons également que, dans le cadre d'accords de coopération, l'universitaire australien Jacky Desbiolles**, expert de renommée mondiale, ne ménage pas ses efforts pour opérer un transfert de
technologie vers l'Algérie. Lors de sa dernière visite en Algérie, cet expert a expliqué à différents cadres du MADR, de CMA et aux constructeurs privés tous les plans pour une production locale de
semoirs.
MISER SUR DES INITIATIVES A LA BASE ?
Il revient également à chaque céréalier de se renseigner sur cette technique. Des concessionnaires importent de Turquie, du
Pakistan et de Chine ce type de semoirs. Certains artisans soudeurs essayent d'en fabriquer. Signalons qu'entre 2006 et 2011, 7 ateliers syriens ont produit 92 semoirs. Le Maroc s'est déjà lancé dans
une production locale. En Tunisie, cela est en cours. Plus loin de nous, la Syrie, l'Irak, la Jordanie et l'Iran ont lancé la production locale de ce type d'engins.
En Irak, face aux difficultés d'importations, dans un premier temps, de nombreux céréaliers ont choisi de s'adresser à des
artisans locaux qui ont construit des kits permettant de transformer les semoirs conventionnels en semoirs pour semis direct.
A noter, que les céréaliers souhaitant abandonner la charrue mais n'ayant pas de semoir pour semis direct peuvent se
tourner vers des outils tel le « chisel » qui permet également de semer plus vite et à moindre coût tout en obtenant de bons rendements.
SEMIS DIRECT, LA MERE DES BATAILLES
Le développement agricole nécessite de réunir de nombreuses conditions (irrigation, organisation des producteurs en
coopératives, statut du fermage, soutien aux prix à la production, ...). En la matière, il n'existe pas de baguette magique. Certes, la mise à disposition d'un maximum de semoirs pour semis direct
(les estimations sont de l'ordre de plusieurs centaines d'exemplaires) ne résoudra pas tous les problèmes. Mais, il s'agit là d'un passage obligé au développement des cultures non-irriguées. Nous ne
pouvons plus nous permettre d'entendre l'habituelle litanie du manque de pluie ou de leur irrégularité. Les travaux australiens ont montré qu'il est possible de produire du blé non-irrigué avec
seulement 300 mm de pluie. Quant un responsable local utilise cette excuse, il est nécessaire de lui demander ce qu'il a fait localement afin de faire connaître les nouvelles techniques
d'arido-culture dont le semis direct. Sinon, c'est « essayer de vouloir cacher le soleil avec un tamis » comme le dit ce dicton populaire.
REUSSIR LA CAMPAGNE 2017
Cette année, dans de nombreuses régions du pays, les pluies automnales sont au rendez-vous. Il s'agit donc de mobiliser
tous les moyens matériels afin de permettre aux céréaliers de semer tôt et à moindre coût. Semer tôt permet également de réaliser un désherbage d'automne. Trop souvent nous désherbons trop
tardivement nos blés. Cela handicape irrémédiablement le rendement. En climat semi-aride, toute concurrence des mauvaises herbes pour l'eau doit être éliminée le plus tôt possible.
Chacun l'aura donc constaté. De part ses nombreux avantages (semer plus vite et moins cher, économiser l'eau du sol) et les
cultures concernées (blé dur, blé tendre, orge, pois-chiche, lentille, fourrages), le semis direct représente la « mère des batailles ». Au moment où le montant des importations
alimentaires connaissent une augmentation soutenue, à chaque responsable agricole de prendre ses responsabilités.
Notes :
(*) Voir l'article d'Amadou Oury Diallo, « Au Mali, la guerre de la farine fait rage ». Jeune-Afrique du 29 octobre 2015. L'auteur partle des
farines de contrebande « qui entrent sur le territoire malien via ses frontières du Nord (en provenance d’Algérie) et de l’Ouest (de Mauritanie). Si Bamako est affecté, les grandes villes de
l’intérieur du pays comme Mopti, Kayes, Nioro, Kita le sont davantage, si bien que la farine produite dans la capitale n’y est plus commercialisée ! ».
(**) Cet homme est un véritable ami de l'Algérie. Notre pays s’honorerait de lui accorder la reconnaissance de la Nation prévue dans ces cas là.
AGRICULTEURS, PROFITEZ DES ORAGES, SEMEZ VOS FOURRAGES !
22.09.2017
L'Office National de
météorologie annonce « Des pluies orageuses accompagnées parfois de rafales de vent affecteront à partir de vendredi à 18h jusqu’à samedi à 12h trois wilayas du sud du
pays. Les wilayas concernées sont : Adrar, le nord de Tamanrasset et le sud de Ghardaïa. Les cumuls estimés atteindront ou dépasseront localement 30 mm ».
- 1 - SEMEZ DE L'ORGE EN VERT ET DU
COLZA!
Pour les agriculteurs c'est
l'occasion de semer des fourrages d'automne. Une tactique est de semer en sec en espérant des orages (ils arrivent). Bravo à ceux qui auront adopté cette stratégie. Pour les autres rien n'est perdu.
Semez de l'orge en vert « g'sill » ou mieux encore du colza que l'on fera ensuite pâturer par les moutons et bovins. Le colza a la particularité de pousser très vite. Cette année, la station ITGC de
Sétif a procédé à des essais. Il est à espérer que des semences soient disponibles. Sinon, commandez à l'étranger des semences non-OGM de colza fourrager.
- 2 - SEMER EN SEMIS
DIRECT
Le travail du sol au cover-crop dessèche le
sol. Aussi, l'idéal est de semer vos fourrages avec un semoir pour semis direct. Son travail ne dessèche pas le sol. Votre culture profitera ainsi de toute l'humidité du sol. Si vous n'avez pas de
semoir pour semis direct, essayez de transformer un semoir conventionnel ou utilisez un outil à dent tel le chisel. Dans un pays aussi sec que l'Australie, la plupart des céréaliers utilisent cette
technique du semis-direct. En prévision des orages de fin d'été, les plus malins gardent toujours quelques sacs de semences pour le fourrage de leurs animaux. Certains sèment même du sorgho juste
après un orage et profite de l'humidité du sol.
- 3 - FAVORISER L'INFILTRATION DE
L'EAU
Il ne faut pas laisser cette eau ruisseler
et se perdre dans les chotts. Il faut l'aider à s'infiltrer pour qu'elle alimente vos puits. Créez des obstacles au ruissellement. Sur les oueds, créez des « sed » de dérivation afin que
l'eau s'étale sur vos champs. Quand vous semez, semez avec un semoir à dent. Ceux pour semis direct munis de roues plombeuses forment un sillon. La graine et l'engrais sont semés dans le sillon qui
collecte l'eau de pluie dès la moindre averse. Semez malin...
INFLATION A DEUX
CHIFFRES, MISEZ SUR LE JARDINAGE
Djamel BELAID
22.07.2017
Selon un ancien ministre des finances, le
recours à la planche à billet risque de provoquer en Algérie une inflation à deux chiffres et plus. C'est carrément un scénario à la vénézuelliene qui nous est ainsi annoncé. Il est à espérer une
remontée rapide du cours du pétrole. Sinon, il ne reste plus qu'à miser sur le jardinage pour réduire vos dépenses alimentaires.
PLANTER DES
LEGUMES
Si vous avez un bout de jardin, planter des
légumes est la chose la plus facile à faire. Le retour sur investissement est rapide. Pas la peine de cultiver un grand espace. Ne soyez pas trop ambitieux, car le jardinage exige un fort
investissement en temps. Notamment pour le désherbage. Un conseil, selon la saison, commencez par des courgettes ou des fèves. C'est le plus facile. Même chose pour les tomates et les pommes de
terre. Sauf que les pommes de terre exigent beaucoup de place.
Une autre astuce, procurez vous une bâche
en plastique transparente et quelques tiges en fer. Formez des arceaux, recouvrez les du film plastique pour créer des tunnels sous lesquels vous cultiverez vos légumes lorsque les températures sont
basses. Remarquez que c'est à ce moment là que les prix sont les plus élevés et donc que votre production aura le plus de valeur . Pour arroser, récupérez l'eau de votre cuisine. Il existe des
dispositifs simples pour épurer l'eau de la salle de bain et l'utiliser pour l'irrigation du potager. Il est intéressant de récupérer l'eau de pluie en faisant arriver le tuyau de votre gouttière
dans un réservoir (fut en plastique).
PAS DE JARDIN ? PLANTEZ DANS
DES BACS !
Lorsque l'on dispose d'un balcon, d'une
terrasse ou d'une cour, il est possible de cultiver dans des bacs. Avec des palettes, confectionner un bac en bois et remplissez le de terre et de terreau horticole que vous pouvez fabriquer en
faisant un compost avec vos épluchures de fruits et de légumes. Sachez que 4 pieds de courgettes peuvent produire la consommation d'une famille moyenne pour toute une saison. Quant aux salades, la
variété « feuille de chêne » se récolte en enlevant feuilles par feuilles, ce que ne l'empêche pas de pousser. Puis ce n'est pas la surface qui compte mais l'intensification poussée de vos
culture. Ainsi, un bac avec une bonne dose de terreau, arrosé régulièrement et disposant d'une ombrière (couverture de roseaux pour réduire la brûlure du soleil) en été et d'une bâche plastique
lorsque les températures sont basses peut produire énormément.
De tels bacs peuvent être disposés sous une
petite serre en plastique à armature en bois et installés sur votre terrasse. Même par temps de pluie, une tasse de café, un petit poste et une heure de désherbage permet de retrouver sa sérénité
après le boulot ou lorsque les enfants sont trop bruyants dans votre 3 pièces. Surtout si vous n'êtes pas accroc aux « moussalssalattes » ou aux
« diminos ».
UN POTAGER AU
BOULOT
Si vous n'avez pas de jardin, pourquoi ne
pas installer un potager avec des collègues dans l'enceinte même de votre lieu de travail? Cette tradition a existé dans nombre de domaines auto-gérés lors des années soixante dix. Alors, jeune
agronome affecté dans un ces domaines, personnellement, j'avais un petit lopin que je binais après les heures de travail. Pour les administrations et entreprises qui ont souvent de l'espace, ce
principe serait à remettre à l'ordre du jour.
Dans les années 80, à l’Institut National
Agronomique d’El Harrach, un point de vente permettait au personnel d’acheter des fruits et des légumes dont d’excellents « avocats ». Pour la petite histoire, personne ne savait que les avocats qui
tombait au sol dans un coin de la cour étaient des fruits qui pouvaient se manger. Ils pourrissaient au sol jusqu'à ce que chacun se rende compte de l'un intérêt. Moralité, sur le littoral,
l'avocatier est adapté au climat local.
UN BAC DANS MA
RUE
Traditionnellement dans nombre de rues de
l'intérieur du pays et notamment à l'Est, il est une tradition en été. Elle consiste à mettre une outre en peau de chèvre ou « guerba » pleine d'eau fraîche à la disposition des passants
devant les commerces. Pourquoi ne pas poursuivre cette tradition en gérant un bac à légumes à même le trottoir ? Il s'agit du principe de « légumes pour tous » qui se développe à
l'étranger. Selon le même principe, au pied d'un immeuble, il est possible de créer des potagers partagés. Les jardins publics municipaux devraient offrir quelques mètres carrés aux citoyens comme le
font certains mairies d'arrondissements de la ville de Paris. Les jardiniers des squares de nos villes devraient proposer des cours de jardinage et de compostage des bio-déchets. Pour inciter les
urbains à redécouvrir le jardinage, ils pourraient également vendre à prix coûtant « el-nekla », des pieds de tomates, courgettes, poivrons...
PLANTEZ DES ARBRES
FRUITIERS
Planter des arbres fruitiers permet d'avoir
une récolte abondante de fruits. Le fait de disposer d'un figuier par exemple, assure des desserts mais aussi la possibilité de sécher les fruits ou de faire des confitures. Sur le littoral,
orangers, mandariniers et citronniers peuvent vous assurer une large production. Il existe des citronniers 4 saisons qui produisent toute l'année. A l'intérieur du pays, un pommier bien mené vous
assurera une belle récolte.
Les arbres fruitiers tels la vigne ou le
kiwi ne prennent pas de place au sol. Un trou dans le bitume d'un trottoir devant sa maison ou le ciment d'une cour suffit. Pour choisir qu'elle espèce et qu'elle variété planter dans votre région
regardez ce qui se fait autour de vous ou demandez conseil à un pépiniériste.
REMETTRE EN CULTURE LE LOPIN DU
GRAND-PERE
Comme beaucoup d'urbains, vous avez
quelques hectares de terre appartenant à votre famille ou à celle de votre conjoint. Alors, c'est le moment de les remettre en culture. Si vous ne vous voyez par déménager dans un proche avenir pour
offrir à vos enfants l'air pur de la campagne, commencez par planter des arbres fruitiers et des oliviers. Démarrez aussi un coin potager. Semées à la fin de l'hiver les fèves ne nécessitent pas
d'arrosage. Les désherbages et binages peuvent être réalisés lors des week-end. Quant à la récolte, on peut l'étaler sur plusieurs semaines. Elle peut concerner les jeunes gousses, les grosses fèves
ou les fèves une fois séchées sur pied.
Mais une telle opération peut-être
l'occasion de penser à un retour futur à la terre pour ouvrir des gîtes touristiques et faire du fromage de chèvres.
ACHETER EN GROS FRUITS ET LEGUMES
AVEC VOS VOISINS
Une solution peut être d'acheter en gros
fruits et légumes chez un agriculteur. L'idéal est de se grouper entre membres d'une même famille ou entre voisins. Cela peut être le cas également entre membres d'un même service au boulot en
profitant du déplacement régulier d'un véhicule de service. Afin de ne pas rester avec des invendus sur les bras, l'idéal est de se faire payer à l'avance (du moins en partie). Une fois que
l'habitude est prise, on peut fidéliser l'agriculteur et les consommateurs et procéder à des « abonnements » avec livraison d'un couffin chaque semaine. On se dirige alors vers un système
de type AMAP dont l'association TORBA.dz est l'initiateur en Algérie.
PARTICIPER A LA CUEILLETTE DES
OLIVES
Un autre moyen consiste à récolter
directement au champs. Cette technique est très développée à l'étranger et notamment en France. Les consommateurs ont directement accès aux parcelles de l'agriculteur. Ils récoltent les fruits et
légumes dont ils ont besoin puis passent à la caisse. Un tel dispositif pourrait concerner la cueillette des olives. Cette récolte nécessite beaucoup de main d'oeuvre. Des agriculteurs pourraient
faire appel aux consommateurs qui récolteraient les quantités d'olives qu'ils souhaitent acheter pour conserver dans des bocaux. Proposez-le aux oléiculteurs de votre région.
FAITES DES CONSERVES AU
VINAIGRE
Dans les années soixante-soixante dix, les
conserves dans le sel ou le vinaigre étaient très répandues au sein des familles. Nombre de ménagères préparaient des olives pour les conserver dans de grandes marmites en émail. Les olives étaient
incisées à l'aide d'un couteau puis plongées dans de l'eau qui était renouvelée plusieurs fois afin d'enlever toute amertume. Selon les saisons, d'autres conserves de légumes étaient préparées dans
du vinaigre sous le terme de « variante ».
ELEVEZ POULES ET
LAPINS
Rien de plus facile de nourrir quelques
poules pondeuses ou lapins avec des déchets alimentaires et épluchures de fruits et légumes. On peut faire ainsi d'une pierre deux coups. On produit des œufs et on réduit le volume de ses poubelles.
Pour se procurer des poules pondeuses, on peut s'adresser à des marchands d'oeufs. Ils disposent de poules pondeuses en « fin de carrière », mais qui pondent encore suffisamment. Je connais
une famille nombreuse à Bordj-El-Kiffan dont le frigo étaient toujours plein d'oeufs grâce au poulailler au fond de la cour.
FABRIQUEZ VOTRE
LIMONADE
Il peut être également possible de
fabriquer des soldas. Pour cela, il s'agit de ramener de l'étranger des fontaines à eau gazeuse. Elle se vendent en super-marché autour de 60 euros. Des cartouches de gaz carbonique permettent de
gazéifier l'eau. En France, le succès est tel que des associations de soutien à la Palestine en ont profité pour alerter les consommateurs sur la marque Sodastream qui est fabriquée dans les
colonies.
Voilà, il s'agit de quelques idées.
N'hésitez pas à nous contacter pour enrichir le catalogue...
OLIVIERS: INNOVER EN MATIERE DE RECOLTE.
21.09.2017
Il est intéressant de vendre des olives au kilo en les faisant récolter par les consommateurs. Les oliviers qui se situent
en bordure de route sont particulièrement concernés. Cette forme de vente se pratique beaucoup à l'étranger pour la cueillette des pommes ou les fruits et légumes. Elle est à tester par les
agriculteurs Algériens et par les consommateurs qui souhaitent faire de la conserve d'olives. Lire l'article ci-dessous:
La cueillette des fruits et légumes attire les foules
Attainville
24 août 2008 Le Parisien
«DANS un contexte économique morose, les consommateurs se tournent cette année, plus que d'habitude, vers ces entreprises
agricoles aux prix très compétitifs pour des produits de qualité supérieure, note Françoise Chancel, chargée d'études à la chambre interdépartementale d'agriculture d'Ile-de-France. Les clients ont
la certitude de la fraîcheur des fruits et légumes. » Et effectivement, on bat des records de fréquentation dans les cueillettes franciliennes.
« Depuis le début de la saison, en mai, nous avons 10 % de clients de plus qu'en 2007 », se réjouit Hervé Thirouin, à la
tête, avec son frère Antoine, de la Cueillette de la Croix-Verte, l'une des plus importantes en surface avec ses 48 ha, ouverte depuis trente ans à Attainville, dans le Val-d'Oise. « Même si la météo
a un peu retardé certaines récoltes, comme les fraises, nous totalisons actuellement 300 à 400 visiteurs par jour et, le week-end, ce chiffre est multiplié par dix », poursuit
l'agriculteur.
La baisse du pouvoir d'achat semble expliquer ce regain d'intérêt. Abdelkader, salarié de Fedex à Roissy, sa femme et leurs
trois enfants n'hésitent pas à venir chaque été de Creil (Oise). « De deux fois par semaine à une fois tous les quinze jours, selon nos besoins, témoigne ce père de famille de 42 ans. Ça compte dans
mon budget plutôt serré ! De plus, je suis certain de la qualité de l'alimentation de mes enfants. »
Ainsi, les framboises ramassées reviennent entre 4,20 € et 6 € le kilo. Autres exemples, les pommes se négocient entre 0,60
€ et 1,80 € le kilo en fonction de la quantité cueillie. Enfin la salade revient à 0,80 € ou à 0,70 € si le consommateur en achète plus de trois.
Avec sa brouette pleine de fraises, de haricots verts, de courgettes, Lucette, la soixantaine, est ravie : « Je viens
régulièrement depuis des années de Colombes (Hauts-de-Seine), pour le plaisir de passer quelques heures au grand air, car je n'ai pas de jardin. Et j'ai noté que les tomates coûtaient ici 40 centimes
de moins au kilo que dans mon supermarché… »
CEREALES :
REDUIRE EN DOUCEUR LE NIVEAU DES SUBVENTIONS.
D. BELAID. 14.09.2017
Selon la presse nationale, le Premier
ministre aurait indiqué à ses interlocuteurs « qu’avant la révision de la loi sur la monnaie et le crédit, les autorités n’avaient pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires pour les deux
derniers mois de l’année ». Face à la crise financière que risque de connaître le pays, les pouvoirs publics doivent trouver le moyen de réduire le montant des subventions accordées à
l'agriculture. L'exercice est périlleux ; il s'agit en effet de ne pas pénaliser la production et l'élan actuel des investisseurs.
Constat. Le secteur
agricole procure des emplois des revenus à près d'un million de familles paysannes. Les subventions publiques sont actuellement accordées à tout type d'exploitation quelque soit sa taille. A
l'avenir, il pourrait être fait un distinguo selon la taille des exploitations. Les plus grosses exploitations et les plus modernes ont une plus grande capacité d'adaptation. Outre les exploitations,
les minoteries bénéficient d'avantages substantiels qu'il s'agit de revoir. Les gains générés par ce secteur agro-alimentaire est tel que l'engouement pour cette activité fait que les capacités
installées dépassent de 50% les besoins nationaux.
Prix à la production. Il
est possible de moduler les prix à la production selon les quantités livrées par exploitation. Exemple : 4500 DA/quintal pour les premiers 500 quintaux, 4200 DA entre 500 et 1000 quintaux, et
4000 DA au delà. Un tel barème est à mettre au point par le MADR. Ces prix pourraient être également adaptés selon les régions climatiques. Les régions les plus sèches pourraient se voir attribuées
un bonus.
Modulation des aides. Les
grosses exploitations pourraient recevoir moins de crédits bonifiés.
Grosses exploitations. Il
s'agit d'attribuer des avantages compensant le manque à gagner sur les prix à la production et les prêts. Ainsi, des droits à écraser du grain pourraient être attribués. Cela revient à redistribuer
la rente céréalière actuellement uniquement détenue par les seules minoteries. Pour cela, selon leur taille, ce type d'exploitations pourrait être invité à s'équiper en petits moulins ou à se
regrouper en G.I.E meunerie. Une autre voie peut être la sous-traitance chez des meuniers.
Réduction des coûts :
Rendre rapidement disponible des semoirs low-cost pour semis-direct. En évitant l'étape du labour, ces engins permettent une réduction de 40% des coûts de mécanisation. Autre avantage, ils permettent
une extension des surfaces emblavées.
Coopératives céréalières
paysannes : Ces coopératives représentent une voie intéressante pour l'intensification (achats groupés d'intrants, recrutement de techniciens, ...). Afin de les développer, il s'agit de
trouver des moyens incitatifs (par exemple détachement pour deux ans de postes de techniciens recrutés par la coopérative). On n'attire pas les mouches avec du vinaigre. Autre moyen, attribuer un
droit à écraser du grain par le biais du versement de compensations financières liées au soutien des prix à la consommation.
CCLS : De nombreuses
CCLS seraient déficitaires. Afin de les financer le moyen peut consister à leur attribuer des droits à écraser du grain. Les CCLS pourraient s'équiper en moulins (rachats de moulins privés) ou passer
des contrats avec les minoteries privées existantes (leurs installations tournent à 50% de leurs capacités). Les CCLS détiennent un atout considérables, ce sont elles qui détiennent les grains
« vous avez les machines, mais c'est moi qui ai le grain).
En parallèle, il s'agit d'autoriser les
CCLS à racheter des entreprises en amont (société de réparation de matériel agricole) ou en aval (moulins, fabricants d'aliments pour bétail) sous forme de filiales de droit privé. Cette façon de
faire devrait être dévolue à des coopératives paysannes comme cela est le cas à l'étranger. Mais en attendant l'émergence de réelles coopératives (les CCLS ne sont que des dépôts régionaux de l'OAIC
affublés du terme de « coopérative ») force est de tenter de confier ce rôle aux CCLS. Auront-elles le management pour passer à cette dimension ?
Stockage céréales.
Développer le stockage à la ferme afin de réduire les besoins de financement des moyens de stockage des CCLS. Prévoir en échange l'attribution aux céréaliers des bonifications mensuelles. Le trafic
du blé importé ré-introduit dans les CCLS par des producteurs peu scrupuleux peut être combattu par de simples analyses visuelles ou bio-chimiques de grains sur les lots
incriminés.
Minoteries : Jusqu'à
présent, l'activité des minoteries a permis à leurs propriétaires de dégager des bénéfices substantiels. En témoigne les capacités installées. Afin de recevoir des quotas de blés importés, les
minoteries devraient avoir obligation de développer des réseaux d'appui technique auprès des céréaliers tel celui mis sur pied par le Groupe Benamor. Des laiteries telles Danone-Djurdjura possèdent
un savoir faire avec ses éleveurs qu'il s'agirait d'étudier afin de voir ce qui est transposable pour les céréales. Il ne s'agit pas de jeter la pierre aux minoteries, mais de partager équitablement
la rente céréalière. A l'avenir, il s'agirait de réserver une partie des quotas de blés produits localement à des GIE ou coopératives de céréaliers et aux CCLS. Une large concertation entre acteurs
de la filière pourrait permettre d'établir divers scénarios.
Minoteries, développer de nouveaux marchés.
Jusqu'à présent, la plupart des minoteries se sont contentées d'écraser du grain. A l'avenir, face à l'éventualité des subsides publics et afin de faire face aux
sur-capacités installées, les minoteries se trouvent dans l'obligation de développer de nouvelles activités. La fabrication des aliments du bétail est prometteuse. Cela nécessite cependant de nouer
des partenariats avec les agriculteurs afin de cultiver des protéagineux pouvant remplacer partiellement le soja importé. A noter le volet peu connu de l'incorporation possible d'urée dans l'aliment
ovin et bovin. Une autre voie consiste à produire des améliorants autorisés en meunerie et en boulangerie (farine de fèves ou de soja, farine de soja, malt, gluten de blé). Ce secteur est
actuellement embryonnaire en Algérie.
DEVELOPPER DE NOUVEAU DISPOSITIFS DE
REDISTRIBUTION
En conclusion, il apparaît que les pouvoirs
publics disposent d'une large palette de mesures. Jusqu'à présent les mesures d'aides aux producteurs a essentiellement consister à redistribuer les fruits de la rente gazière. De ce fait les outils
utilisés étaient simples. Dorénavant, il s'agit de redistribuer la rente céréalière entre minoteries et agriculteurs. Mais également entre petits et gros céréaliers. Les outils d'intervention
nécessitent donc d'être plus élaborés. Cela nécessite de faire preuve d'imagination et d'explorer ce qui se fait à l'étranger. Pour notre part, nos propositions sont à considérer comme des pistes de
réflexion qu'il s'agit de discuter entre les différents partenaires de la filière.
CEREALIERS :
REDUISEZ VOS COUTS DE PRODUCTION !
D. BELAID. 14.09.2017
Selon la presse nationale, le Premier ministre aurait indiqué
à ses interlocuteurs « qu’avant la révision de la loi sur la monnaie et le crédit, les autorités n’avaient pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires pour les deux derniers mois de
l’année ». Face à la crise financière que risque de connaître le pays, les producteurs de céréales doivent s'adapter afin de faire face à d'éventuelles réductions des subventions publiques.
Celles-ci sont nombreuses et prennent différentes formes. Ainsi, les prix à la production sont de 4500 DA/quintal, et sont garantis quelque soient les fluctuations sur le marché international. Nombre
de crédits sont attribués à des taux anormalement bas. Quant au matériel agricole, il peut être cédé au deux tiers de sa valeur comme c'est le cas des moissonneuses-batteuses
SAMPO.
Dans un tel contexte, il s'agit donc pour chacun de réduire
les coûts d'implantation des céréales. Des solutions existent.
Semences. La solution consiste à n'acheter à
la CCLS qu'une partie de ses besoins en semences certifiées. Le but est de produire soit même chaque année des semences de fermes de qualité (blés épurés, grains triés puis traités). Cette façon de
faire ne s'improvise pas, elle nécessite un certain savoir-faire. L'idée est de jouer au producteur de semences pour son exploitation, voire pour approvisionner ses voisins. L'achat annuel d'une
partie de semences certifiées permet d'accéder à de nouvelles variétés et de régénérer celles cultivées au niveau de l'exploitation.
Labour. Le labour est l'un des postes où les
dépenses sont les plus élevées. La solution peut être de progressivement travailler une partie des parcelles au chisel. Cette solution a le mérite de la rapidité d'exécution. Cependant, il s'agit de
veiller à la qualité du désherbage. Une autre solution est de passer au semis direct (SD). Nombre de concessionnaires importent différents modèles. En absence de semoir pour semis direct, il est
possible de transformer un semoir conventionnel en semoir pour semis direct (voir nos dossiers sur ce sujet). Le SD permet de réduire de 40% en moyenne les coût de mécanisation. La rapidité du semis
permet de semer à temps ses parcelles et de faire de l'entreprise agricole en semant les parcelles de ses voisins. Le SD nécessite cependant un désherbage adéquat.
Engrais : Azote et Potasse, laisser plus
de paille sur le champs car elles sont riches en azote et potasse. Azote, intercaler des légumineuses fixatrices d'azote atmosphérique dans la rotation. Phosphore, utiliser du M.A.P ou D.A. P à la
place du super phosphate 46%. Le SP 46% est peu efficace en sol calcaire. Localiser les engrais sur la ligne de semis (voir nos dossiers) permet de réduire les doses.
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