ALGERIE: LES CULTURES ASSOCIEES EN GRANDES CULTURES.
2 pieds de pois chiche aux racines avec des pH de 4-5 autour d'un pied de blé au pH de 6-7.
Djamel BELAID Ingénieur Agronome. Enseignant chercheur. djamel.belaid@ac-amiens.fr
Traditionnellement, les pratiques agricoles consistent à ne cultiver qu'une seule culture par parcelle. On cultive du blé, des pois chiche ou des fèves dans des champs séparés. Depuis quelques années se développe la technique des cultures associées: blé associé à un pois protéagineux par exemple. A la moisson, on récolte blé et pois ensemble mais un tri des graines permet ensuite de séparer chacune des espèces. Des travaux réalisés dans le sud de la France montrent que les grains de blé durs d'un blé mené en cultures associées sont plus riches en azote et protéines qu'un blé cultivé tout seul.
LE BLE, UNE CULTURE QUI AIME LA COMPAGNIE
Cette technique des cultures associées est connue des agricultures Algériens qui produisent des fourrages de vesce-avoine. Mais, la révolution qui pointe consiste à étendre cette pratique à des cultures destinées aussi à l'alimentation humaine.
Déjà les essais des agronomes fleurissent: blé et pois-chiche, blé et lupin ou maïs et fèverole. Les exemples sont nombreux selon l'imagination des agronomes australiens, indiens ou chinois.
Jusqu'à présent les essais de cultures associées visaient l'association d'une céréale et d'une légumineuse dans le seul but de réduire l'utilisation d'engrais azotés. En effet, les légumineuses ont la capacité de fixer l'azote de l'air. Durant leur croissance, elles en libèrent une partie dans le sol. Si on cultive du blé à proximité d'une légumineuse, ce dernier peut donc profiter de l'azote assimilable qui se retrouve à proximité de la légumineuse.
Récemment des agronomes se sont rendus compte que la céréale ne bénéficiait pas seulement de la capacité de la légumineuse à fixer l'azote mais aussi de sa capacité à favoriser les prélèvements du phosphore du sol.
« P FOR TWO ».
Depuis partout dans le monde les recherches vont bon train. C'est que l'enjeu est de taille. En effet, les réserves de phosphates mondiales sont limitées et certains économistes parlent d'un épuisement d'ici une cinquantaine d'années. On pourrait rétorquer que les agriculteurs Algériens ne sont pas concernés par ce risque d'épuisement. En effet, comme pour le gaz, l'Algérie possède d'énormes réserves de phosphates. Mais, il y a un autre problème qui fait que les cultures associées sont un atout pour l'agriculture locale. La majorité de nos sols sont calcaires. Or, le calcaire a la redoutable capacité de bloquer le phosphore apporté par les engrais. Dans les sols les plus riches en calcaire, le Pr Fardeau (France) a montré que ce blocage des engrais phosphatés peut être une affaire de quelques semaines. D'autres travaux montrent qu'en cas de déficit hydrique, le taux réel d'utilisation de l'engrais phosphaté ne dépasse pas 15%. C'est le cas du superphosphate majoritairement utilisé localement. Depuis peu, un nouveau type d'engrais: le di-ammonium phosphate (DAP) est disponible sur le marché. L'association d'ammonium confère un effet acidifiant au DAP et retarde l'effet de blocage du calcaire du sol. Un essai de l'IDGC comparant sur blé le super phosphate 45 et le di-ammonium de Phosphate montre un avantage de 18 qx/ha pour ce dernier.
Cependant, la flambée des engrais phosphatés sur le marché mondial se répercute localement; ces engrais coûtent de plus en plus chers. Par ailleurs, la faiblesse actuelle des rendements céréaliers en culture non irriguée ne permet pas toujours de les rentabiliser. Les cultures associées deviennent donc une solution séduisante. Il devient inutile d'apporter des engrais azotés et phosphatés sur les cultures.
Il existe certes une pratique agronomique qui consiste à alterner annuellement les cultures sur une parcelle. De tout temps, les agriculteurs ont remarqué qu'un blé qui suivait une légumineuse ou une prairie produisait plus. Il y a en effet un adage répandu en Europe: « Veux-tu du blé ? Fais des prés ». Les céréaliculteurs locaux connaissaient bien l'effet des jachères pâturées. Avant l'introduction du désherbage chimique et de l'actuelle forte pression de l'élevage ovin, les résidus des légumineuses pâturées telles le medicago permettaient un fort enrichissement du sol en azote et en phosphore. Le pâturage de la jachère permettait de réduire le risque de forte infestation en mauvaises herbes pour la culture de blé qui suivait.
Cependant dans le cas des cultures associées l'effet des racines de la plante accompagnant la céréale est parfois éphémère. Aussi, seule la technique d'associer deux culture peut permettre de profiter de cet effet parfois fugace de la rhizosphère. Le chercheur français Hinsinger résume cet intérêt mutuel par la boutade: « P for two ».
DES RESULTATS PROMETTEURS.
De nombreux essais en laboratoire sont mis en place de par le monde. Ces dernières années, des ingénieurs agronomes chinois ont publié les résultats de leurs travaux. Ils sont époustouflants. Le Pr Long Li et ses collègues obtiennent des rendements en hausse de 49% lorsqu'il associent du maïs à de la féverole.
Associé à la féverole le maïs produit jusqu'à 129 quintaux par hectare. Si on remplace la féverole par du blé, le rendement de maïs n'est plus que de 92 quintaux. L'engrais phosphaté devient inutile, voire même nocif: à la dose de 112 kg, le rendement baisse même à 109 quintaux.
D'autres associations permettent également des améliorations de rendement: blé et lupin, blé et pois-chiche.
Dans le cas de l'association maïs-féverole l'explication de la meilleure disponibilité du phosphore dans un sol pourtant pauvre en phosphore facilement assimilable vient de trois types d'interactions qui se produisent dans la rhizosphère.
Les racines des féverole provoque une acidification de la rhizosphère qui rend assimilable le phosphore du sol auparavant bloqué. Afin de montrer cet effet, les promoteurs de cette technique ont mis des racines de féverole au contact d'un marqueur d'acidité. Et contrairement aux racines du maïs, la couleur apparue indique nettement une acidité marquée autour des racines de féverole.
Par ailleurs, ses racines secrètent des acides carboxyliques qui dissolvent les formes de phosphore insolubles. Enfin, les racines sont capables de produire des enzymes telle des phosphatases qui accélèrent la transformation du phosphore organique en phosphore assimilable par les racines. Cela a été particulièrement observé chez le pois-chiche.
DES PERSPECTIVES ALGERIENNES
Ces résultats agronomiques offrent des perspectives certaines à l'agriculture algérienne.
Il est à espérer que la recherche agronomique locale permettra de confirmer les meilleures associations possibles dans les conditions algériennes. En effet, selon les sols, les espèces et les variétés, les résultats escomptés peuvent varier. Ainsi, le lupin blanc qui présente une très forte capacité à mobiliser le phosphore du sol ne s'adapte pas aux sols trop calcaires. Des programmes d'amélioration génétiques à travers le monde visent à sélectionner des variétés tolérantes. La prospection du territoire nationale afin de trouver des écotypes tolérants reste à faire. Idem, concernant les variétés de céréales locales ayant tout le temps vécu sur des sols à fort pouvoir fixateur de phosphore et ayant pu développer des stratégies de résistance telles un système racinaire particulièrement développé permettant ainsi de mieux prélever le phosphore du sol.
La féverole, bien connue des agriculteurs Algériens, offre un candidat idéal pour une association avec le blé. Idem concernant le pois chiche et les remarquables capacité de sa rhizosphère à mobiliser le phosphore du sol.
Il faut encore voir à quelle dose et comment semer deux espèces différentes sur une même parcelle et surtout comment régler la moissonneuse-batteuse afin de les récolter ensemble. Sans parler des questions de maîtrise des mauvaises herbes durant la culture associée.
Les cultures associées offrent une opportunité contre un mal récurent des sols Algériens consacrés aux céréales: la carence des sols en phosphore. Solution que l'agriculture « moderne » grosse consommatrice d'engrais ne sait résoudre.
Lateleagricole.net : l'association Céréale-Lupin
Djamel Belaïd, ingénieur agronome
«L’agriculture passe à côté du progrès technique».
L’Eco : depuis la mise en œuvre de la politique de renouveau agricole, plusieurs mesures ont été prises afin de booster les filières de large consommation. Le nouveau mécanisme a-t-il porté ses fruits ?
Djamel Belaïd : Pour ne citer que le cas des céréales, il faut savoir que de nouvelles techniques sont de plus en plus appliquées dans le domaine de l’intensification agricole. Ce qui ne se fait pas encore en Algérie. A titre d’exemple, on cultive souvent l’orge toute seule. Il faut apporter des quantités d’engrais et herbicides. Effet des modes occidentales sur notre agronomie. Si on regarde vers la Chine, il apparait que depuis 2000, les agriculteurs dans ce pays associent deux cultures dans un même champ, chacune apportant un bienfait à l’autre.
Peut-on en savoir davantage sur ce nouveau procédé ?
En Algérie, comme dans beaucoup de pays, les champs sont d’une monotonie désespérante. Ils ne sont semés que d’une seule espèce, blé, orge, lentille, féverole, pois, etc. Or, depuis quelques années, des agronomes européens, australiens ou chinois proposent de ne plus cultiver séparément les cultures mais de les associer par deux ou trois dans les champs. Ils proposent de cultiver du blé dur en même temps que de la féverole ou du pois. L’intérêt est de profiter des interactions entre plantes et donc d’apporter moins d’engrais. Cette pratique existe depuis plus de 2000 ans en Chine, qui compte 25 millions d’hectares de cultures associées. La première idée qui vient à l’esprit concerne le devenir de la récolte. Que faire de grains de blé dur qui seraient mélangés à du pois ou de la féverole ? Les adeptes de cette méthode ont une réponse : le tri mécanique des graines après récolte. Il est vrai que dès que des graines ont deux ou trois fois la taille de celles de blé, et c’est le cas du pois-chiche, du pois ou de la féverole, il est très facile de les séparer en les faisant passer à travers une grille.
Mais cette nouvelle technique exigerait des coûts supplémentaires en matière de fertilisation et de traitement phytosanitaire. Pensez-vous que les agriculteurs algériens sont en mesure de répondre à de telles exigences ?
Cette technique de cultures associées ne demande aucun effort supplémentaire de fertilisation ou de traitement, comme beaucoup le laissent croire. Bien au contraire, elle permet même de réduire les coûts à ce niveau. Parce que les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote de l’air, elles ne requièrent donc pas de fertilisation azotée. L’apport d’engrais azotés est même parfois nocif. A forte dose, ils retardent le développement sur les racines des nodosités fixatrices d’azote. Une petite dose d’azote est cependant parfois conseillée pour aider au démarrage de la culture. Quant aux engrais phosphatés, de récents travaux montrent que leur utilisation peut être réduite en cas d’association avec une légumineuse. Celles-ci peuvent acidifier la rhizosphère, ce qui permet une meilleure absorption du phosphore par limitation du risque de blocage. Dans certains cas, l’acidité créée par les racines peut même permettre de mobiliser du phosphore jusque-là dégradé par contact avec le calcaire du sol.
Quelle est la position de l’agriculture algérienne vis-à-vis de ces nouvelles techniques ?
Malheureusement, l’agriculture algérienne reste à côté d’une révolution technique qui se dessine à travers le monde, celle des cultures associées. Dans le cas des exploitations à bas niveau d’intrants, cette pratique a toute sa place. Elle améliore le rendement et le taux de protéines du blé dur sans même que soit apporté de l’engrais lorsque blé et pois protéagineux sont semés ensemble. Elle améliore la fertilisation P alors que le prix de ces engrais flambe du fait de la demande mondiale et de distributeurs locaux parfois peu scrupuleux. Mais surtout, les cultures associées permettent une meilleure utilisation de l’engrais phosphaté qui, du fait du fort pouvoir fixateur du sol, n’est utilisé qu’à 15% par les plantes. Bien menées, les cultures associées peuvent être un moyen de maîtrise de la flore adventice. Cela peut être un atout pour les petites exploitations ne disposant pas de pulvérisateurs. Divers travaux montrent que les cultures associées améliorent la marge brute à l’hectare. On peut le comprendre aisément puisque les postes engrais et herbicides sont réduits à leur plus simple expression.
Mourad Allal
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