Tomates
Tomates de conserve, des récoltes jetées dans les fossés
Djamel BELAID Ingénieur agronome 20 septembre 2024
A quelques kilomètres d'une conserverie, un camion chargé de tomates est arrêté en bordure de route. Un jeune agriculteur s'en approche avec à la main un marteau pour déplacer les crochets en acier qui maintiennent la ridelle arrière du camion. Il s'adresse aux pouvoirs publics à travers la caméra qui le filme : "on jette de l'argent avec tout ce qu'on a engagé, frais de transport, bâche plastique, salaires des ouvriers, coût de la culture de tomate".
Un de ses collègues l'avertit : "attention à l'eau qui va s'écouler avec les tomates. Il s'agit d'un chargement de tomates industrielles refoulées par une conserverie de l'intérieur du pays pour cause de surproduction.
Le jeune agriculteur donne un coup sur le dernier crochet qui maintient la ridelle et s'en écarte rapidement. Comme un oued en crue surgit alors dans un vacarme assourdissant, un torrent d'eau que suit immédiatement des tomates en début de putréfaction. En quelques instants ne reste plus au fond du camion que la bâche qui retenait la masse d'eau. Le camion revient d'une attente de plusieurs jours coincé dans la file interminable de camions attendant un éventuel déchargement devant une conserverie.
Le jeune agriculteur crie son despoir : "la location du camion nous revient à 400 000 DA et le tout, entre matériel et salaire des ouvriers agricoles à 3 000 000 DA. C'est fini, l'année prochaine, on ne m'y reprendra plus à faire de la tomate de conserve".
Une inégale répartition des conserveries
Pour Mustafa Mazouzi président du conseil de filière tomate qui relaie cette vidéo sur les réseaux sociaux, ce genre de cas vient de l'inégale répartition sur le territoire national des 30 conserveries de tomates existantes. "Près de 80% d'entre elles sont implantées à l'Est du pays" expliquait-il en juilet dernier lors d'un entretien sur Ennahar TV. Quant aux autres, il en comptait : "deux à Adrar, une à Relizane, deux à Chlef, trois à Blida, mais aucune dans les wilayas d'Oued Souf, Aïn Salah ou Aïn Defla" alors que dans ces wilayas des agriculteurs se sont mis à produire de la tomate de conserve.
A cela s'ajoute les vagues de chaleur qui hâtent la maturité des tomates et bousculent les programmes de livraisons aux conserveries.
Il s'agit d'une culture rémunératrice d'autant plus que les rendements moyens sont passés de 350 quintaux par hectare à plus de 800 quintaux actuellement du fait de l'utilisation de variétés à haut rendement. Des variétés qui sont parfois moins riches en matière sèche et plus riche en eau.
L'année passée les conserveries s'arrachaient les tomates disponibles sur le marché à raison de 25 DA le kilo allant parfois jusqu'à 30 DA.
Cette année, l'augmentation des surfaces et des rendements ont fait baisser les prix offerts par les conserveries, ils s'établissent à 18 DA le kilo.
Une somme à laquelle il faut rajouter une prime de 4 DA par kilo accordée par l'Etat pour encourager la politique de contractualisation entre agriculteurs et conserveries. Une prime de 1,5 DA est également accordée par l'Etat pour tout kilo de tomates réceptionnée par le transformateur.
Une contractualisation que juge originale l'agro-économiste Ali Daoudi co-auteur en 2017 d'une étude sur le sujet. En effet, traditionnellement à l'étranger, les contrats sont passés entre les seuls transformateurs et agriculteurs sans intervention de l'Etat.
Cette étude relevait que : "Chaque kilogramme de tomate fraîche collecté par les conserveries coûte à l’Etat 5,5 DA, soit 36,6% de son prix d’achat" et qui concluait que : "Dans cette filière, les 65.6441 tonnes de tomate fraîche colletés en 2015 ont coûté à l’Etat 3,6 milliards de dinars (29,5 millions d’euro), dont 73% profitent aux agriculteurs. Une politique jugée "coûteuse" par les auteurs de l'étude.
Une appréciation que partage Mustafa Mazouzi en faisant état pour 2024 de "la somme faramineuse de 6,8 milliards de DA que devra debourser le trésor public". Le patron du Cniftom se base en effet sur une production de 1.250.000 tonnes de tomates destinée à la conserve et des 5,5 DA cumulés accordés aux producteurs et transformateurs pour chaque kilo de tomate.
Le succès de la filière tomate de conserve vient également de la décision des pouvoir publics d'augmenter dès 2019 la taxation du concentré de tomate importé en instaurant des droits de douane (30%) et un droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) de 120%. Une mesure qui protége les producteurs locaux.
Tomate de conserve, diversification tout azimut
Pour le représentant de la filière tomate, l'avenir passe par la diversification que ce soit au niveau de l'implantation des conserveries à travers l'ensemble du territoire ou du mode de conservation telle la tomate sèche. Une production qui offre d'excellents débouchés à l'étranger du fait d'une rémunération de l'ordre de 20 euros le kilo vendu au détail.
Dans la wilaya de Tarf, c'est une 7ème conserverie qui a été inaugurée en juillet. A cette occasion les agriculteurs ont salué le soutien que leur ont accordé par les pouvoirs publics notamment avec des autorisations pour des "forages profonds".
L'occasion également de dénoncer le retard d'attribution des primes, les interminables attentes devant les conserveries ainsi que le prix des engrais. Comme l'explique Mustapha Mazouzi, de nombreux producteurs de tomates louent des terres agricoles. Si le droit à la prime de 4 DA leur ait accordé après confirmation d'un acte de location et d'un constat de culture sur terrain, l'accès à la carte de fellah leur est actuellement refusé. De ce fait, ils ne peuvent accèder aux engrais à prix subventionnées.
A Tarf, encouragés par les tonnages réalisés, des professionnels locaux, réclament la possibilité d'exporter leur production maintenant que le marché local ait été totalement couvert. Une telle décision implique de tenir compte du fort besoin en eau que la culture de la tomate nécessite.
Tomate de conserve, s'adapter à l'évolution du marché
Le relèvement des barrières douanières et le montant de la prime accordée à la filière a permis d'arriver à une quasi couverture du marché en concentré de tomate. Cette évolution amène à poser la question du devenir de la prime accordée lors du lancement du programme tomate. Il pourrait être possible aujourd'hui d'attribuer une partie de cette prime à d'autres cultures maraichères. Une mesure qui permettrait aux agriculteurs d'améliorer la rotation des cultures et aux transformateurs de mettre sous conserve d'autres légumes et ainsi varier l'offre alimentaire qui repose actuellement principalement sur les céréales.
La filière tomate présente l'avantage d'agréger au niveau de son conseil les producteurs et les transformateurs ce qui en fait un lieu de dialogue propice à la réflexion.
La mésaventure arrivées aux producteurs de tomates n'ayant pas pu faire réceptionner leur production par les conserveries submergées par les producteurs reste une leçon à méditer dans le cas des projets de culture de la betterave à sucre. Comme pour la tomate, celle-ci est un produit frais qui ne supporte pas les attentes à la porte des usines de transformation sous peine de voir la teneur en sucre baisser. Une baisse qui entraîne de fortes pénalités pouvant détourner les agriculteurs de ce type de culture comme ce fut le cas dans les années 1970-80 avec les producteurs de betteraves à sucre de Khemis-Milliana.
Reste également aux importateurs de semences de tomate en conserve et aux conserveries de privilégier le rendement mais également le taux de matière sèche sous peine de voir la prime accordée par les pouvoirs publics récompenser les tomates les plus gorgées d'eau.
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