Une usine livrée en kit dans six conteneurs ? C'est le pari un peu fou réalisé par l'entreprise Bretim. Cette société, installée à Bréhan, près de Pontivy (Morbihan), est spécialisée dans les process de tuyauterie, essentiellement pour l'industrie agroalimentaire. Elle fabrique et monte des laiteries, abattoirs, brasseries, machines d'emballage et de conditionnement. Ses clients ? Bigard, Entremont, Fleury Michon, Lactalis, Yves Rocher...

 

« La grande majorité de nos clients se trouvent à quelques heures de route de nos ateliers », explique Jacques Jegourel, 45 ans, directeur administratif et financier de Bretim. Bref, simple de monter des projets. Mais que faire quand le client est en Algérie, « où, faute de fournisseurs, il est impossible de fabriquer sur place » ?

6000 litres par heure

Pas un souci pour Bretim. L'entreprise vient de préfabriquer une laiterie, plusieurs tonnes de tuyauteries, moteurs, cuves... « Elle a été dessinée sur ordinateur, puis conçue en kit de A à Z, sourit Georges Poirier, coordinateur du projet. Nous sommes en train de la charger dans six conteneurs. Puis nous allons l'expédier à Tizi-Ouzou, au nord de l'Algérie. Là-bas, elle sera assemblée... comme un jeu de lego. »

Coût de cette usine à monter soi-même ? Un million d'euros, transport compris. Et Bretim envoie un chef d'équipe chargé de superviser le montage des pompes, vannes, tuyaux...

À terme, la laiterie de Bretim permettra de conditionner 6 000 litres de lait en bouteille par heure. Quatre autres entreprises bretonnes ont participé à la création du projet, notamment pour concevoir les machines de conditionnement, les cuves et le réseau électrique. « En 2009, nous avions déjà conçu une margarinerie au Sénégal sur le même principe, précise Georges Poirier. Depuis, cette usine produit près de 6 000 tonnes de margarine par an. »

L'homme, 77 ans, ancien bras droit d'Émile Bridel, croit dur comme fer à l'avenir des process industriels livrés en kit : « Il y a un marché important en Afrique du Nord. » Jacques Jegourel opine : « Nous avons d'ailleurs d'autres projets en cours en Algérie. »

Créée en 1991, avec dix salariés, Bretim emploie aujourd'hui 45 personnes et prévoit de doubler la surface de ses bureaux et ateliers à Bréhan. « Notre chiffre d'affaire a bondi de 40 % cette année, en passant de 3,7 millions à 5,5 millions d'euros. »

À Tizi-Ouzou, les murs sont prêts pour accueillir la bête. « Nous l'expédions vendredi. D'abord par train à Rennes, puis Marseille. Puis trois jours de bateau jusqu'en Algérie. »

Yann-Armel HUET.