CEREALES:TRAVAUX DES CHAMPS EN JANVIER
Pour beaucoup de céréaliers, janvier et février sont des mois creux. Les parcelles de céréales sont
semées, il n'y a plus rien à faire en plaine. Puis à quoi bon s'aventurer sur les parcelles lorsque un vent froid souffle. Pourtant, janvier et février sont des mois clés pour l'action mais aussi la
réflexion au niveau de la parcelle, de l'exploitation ou du marché..
PRIORITE AUX RELIQUATS AZOTES
La priorité consiste à analyser l'azote du sol ; on parle de reliquats azotés en sortie hiver.
En effet, après la minéralisation de l'automne, l'azote minéral du sol risque d'être lessivé par les pluies hivernales. Minéralisation et lessivages sont différents d'une année sur l'autre. Aussi,
mettre 100 unités d'azote sur son blé comme le préconisent la majorité des conseillers agricoles ne veut rien dire. Il faut connaître son niveau d'azote minéral dans les horizons du sol exploitées
par les racines pour ajuster la dose d'engrais à apporter. Un peut comme quand on met de l'essence dans son réservoir ; on tient compte du niveau.
Comment faire en pratique? Il s'agit de prendre une tarière et de réaliser une douzaine de
prélèvements sur une zone homogène et représentative de la parcelle. Ces prélèvements sont à opérer entre 0-30 cm, 30 et 60 cm et 60 – 90 cm. Les échantillons sont à mettre dans une glacière puis à
envoyer le plus rapidement possible à un labo d'analyses. L'analyse de l'azote du sol est simple à réaliser ; un labo d'université ou d'un meunier peut s'en charger.
On prendra garde à tenir compte des potentialités de sa parcelle pour fixer l'objectif de
rendement. Cet objectif peut être déterminé en faisant la moyenne de ses rendements sur 5 ans. Pour un objectif de 30 qx/ha on multipliera 30 par 3,5 unités d'azote. Et c'est de cette valeur qu'on
déduira le stock d'azote minéral (reliquat azoté) de sa parcelle.
Comment faire si on ne peut pas réaliser cette analyse ? On la demandera à son conseiller
agricole. Même si l'idéal est de réaliser une analyse pour chaque parcelle, en matière de reliquats azotés, on peut utiliser des moyennes régionales.
Enfin, il est à noter qu'il existe une relation entre températures, précipitations et niveau des
reliquats azotés. Ainsi en cet hiver 2016 , on peut penser que le niveau d'azote du sol est faible. La cause ? Une minéralisation faible du fait de rares pluies automnales et des
précipitations hivernales qui auront fait migrer, hors d'atteinte des racines, le peu d'azote minéral formé à l'automne.
En conclusion, cette année, selon le potentiel de ses parcelles, on majorera les doses d'azote à
apporter.
EN HIVER , ENCORE DES SEMIS
De récents travaux montrent que pois-chiche et lentille peuvent être semés en hiver. Les semis de
printemps sont peu productifs. Il y a là un domaine à explorer. Une telle pratique suppose un itinéraire technique particulier : variétés adaptées, désherbage chimique ou mécanique
maîtrisé.
Cette pratique de semis précoce est appelé par les spécialistes « stratégie
d'évitement ». Il s'agit de faire coïncider le cycle végétatif de la culture avec la période humide et surtout d'éviter le risque de coup de sec de fin de printemps.
La même démarche est possible avec le tournesol. Les semis en hiver de variétés tardives sont bien
plus productifs que ceux réalisés au printemps.
Bien que peu répandue localement, la culture du tournesol offre des avantages certains :
production d'huile et de tourteaux. Afin de maximiser ses marges, l'idéal est de triturer soi-même sa production et d'écouler huile et tourteaux. La valeur des tourteaux peut être améliorée par un
décorticage mécanique simple à réaliser. Les tourteaux obtenus « high-pro » peuvent alors même être utilisés en aliment volaille en remplacement du soja.
EN HIVER, PLANTATIONS ET FORMATION
Mais l'hiver est également la période de plantation d'arbres et d'arbustes en limites de parcelles.
Les haies peuvent servir d'abris aux auxiliaires des cultures et servir d'ombrage aux animaux en été. La station ITGC de Sétif a réalisé avec succès la plantation en bandes d'attriplex dans des
parcelles de céréales. Cette plantation est inspirée de la technique de « l'alley cropping ». L'intérêt est de pouvoir proposer un complément fourrager aux ovins pâturant les chaumes en
été.
Mais l'hiver est également une période de formation. C'est le moment que doivent choisir les
conseillers pour organiser des sessions de formation : maîtrise de l'itinéraire technique des cultures mais également maîtrise de nouvelles cultures, réflexion sur la rentabilité des cultures et
la maîtrise des charges fixes dont la mécanisation. Les formations ne doivent concerner le niveau de la parcelle, mais aborder des questions relatives à l'exploitation et au marché. Et là les
questions sont nombreuses : comment améliorer la collaboration entre deux exploitations au moment des labours ou de la récolte ? Stocker à la ferme ou livrer les céréales dès la
récolte ? Développer une activité artisanale de meunerie semoulerie à la ferme ? La baisse de la rente pétrolière va bouleverser le paysage agricole. Il faut dès maintenant s'y adapter.
Seules les exploitations ayant fait les ajustements nécessaires survivront.
Toute une panoplie de conseillers techniques peuvent assurer ces formations : techniciens de
Chambre d'Agriculture, de DSA, de CCLS, d'Instituts Techniques, d'université mais également des firmes d'agro-fourniture (produits phyto-sanitaires et engrais, concessionnaires en
matériel).
AGRI-MANAGERS, PRENDRE LES CHOSES EN MAIN
Si ces formations ne sont pas programmées par les services agricoles locaux, c'est aux céréaliers à
faire des demandes communes pour les susciter. Un local chauffé, les repas du midi assurés, une vingtaine de participants confirmant leur inscription, des conseillers feront le déplacement pour
débattre. Qu'un groupe de céréaliers dynamiques prennent l'initiative de ce genre de démarche, c'est déjà poser les bases d'une organisation professionnelle autonome. Nous pensons en effet, que
seules des coopératives paysannes permettront le développement des exploitations céréalières.
Les initiatives d'agri-managers peuvent concerner, par exemple la mise en place d'un programme à
plusieurs exploitations pour faire venir les moissonneuses-batteuses de la CCLS. Les gestionnaires des unités motoculture des CCLS ne peuvent en effet envoyer du matériel vers des exploitations, si
un minimum d'hectares n'est pas réuni. L'idéal est d'assurer une logistique parfaite : rotation des remorques et lieux de positionnement des bennes Marel, repas des chauffeurs, ...
C'est aux céréaliers les plus dynamiques, ceux qui ont une vision à long terme du développement de
leur exploitation et de leur région, c'est à ces agri-managers de prendre les choses en main. A eux de réunir les conditions locales du développement de leur filière et non pas seulement en demandant
des avantages particuliers mais pour le plus grand nombre.
Il nous semble que l'une des formes d'action les plus efficaces concerne l'action commune. Quelques
grosses ou moyennes exploitations peuvent réunir des moyens pour mieux valoriser leurs céréales. Pourquoi acheter individuellement engrais et phytosanitaires ? Des commandes groupées peuvent
permettre de mieux négocier les prix de ces produits ainsi que les coûts logistique. Pourquoi vendre tout son grain à la CCLS ? Celle-ci, en le rétrocédant à des meuniers et semouliers leur
assure de confortables plus-values ? En effet ces derniers tirent des bénéfices, non seulement sur la vente de la semoule, de la semoule mais également sur le son. Pourquoi ne pas envisager
d'installer à plusieurs exploitations un atelier artisanal ou carrément un moulin industriel et exiger des pouvoirs publics les compensations afférents à ce type de transformations. Le PDG de SIM
raconte à cet égard que la rentabilité de son activité à ses débuts était de 34%. Il raconte que par rapport au prix étatique de rétrocession du blé et en considérant le prix de vente public autorisé pour sa semoule, il avait « l'impression
de voler les gens ».
Voir nos derniers articles.
LES OUTILS DE PILOTAGE DE LA FERTILISATION AZOTEE.
En ce domaine les outils évoluent rapidement.
L'outil de base est la tarière pour analyser le "reliquat azoté du sol" en sortie hiver et ajusté la dose en fonction de la minéralisation et le lessivage qui VARIENT D'UNE ANNE A L'AUTRE.
Une fois la mesure des reliquats réalisés, il est possible en culture d'affiner le niveau des dezrniers apports azotés.
Nous vous recommandons le site de YARA France pour le Sensor -N. Dommage, ils ne présentent pas la mesure du reliquat azotée en sortie hiver QUI RESTE LA BASE
de toute fertilisation azotée.
Sur le site de YARA, nous conseillons la vidéo suivante: "N-Sensor, comment ça marche ?"
Rappelons qu'avant d'essayer d'utiliser cet appareil ou tout autre, le bon sens demande de réaliser une mesure du reliquat azoté en sortie hiver.
www.youtube.com/watch?v=3gYgMKQKjIk
www.youtube.com/watch?v=OkROQzoAQGA
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