C H A M B R E S D ' A G R I C U L T U R E E N A L G E R I E
Cette rubrique vise à aborder:
- l'actualité des CA en Algérie,
- les fomes du conseil agricole.
GREVE DU LAIT, QUELLES DOLEANCES DES ELEVEURS DE TIMIZART ? UN REGARD SUR LES ASSOCIATIONS AGRICOLES PROFESSIONNELLES.
Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 25.03.2014
L’actualité agricole est intéressante à décrypter sous l’angle de l’émergence de nouvelles organisations agricoles et rurales. Ces organisations sont favorisées par le processus de réforme économique et de décentralisation inhérent à la volonté de développement économique et l’ apparition de nouvelles élites rurales éduquées , fruit des efforts de scolarisation de ces dernières décennies. A travers l’extraordinaire cas des éleveurs de Timizart, nous proposons une première réflexion afin d’ouvrir un nécessaire débat sur les insuffisances du développement en milieu rural.
Les éleveurs de Tmizart réunis dans l’Association pour le Développement de l’Agriculture de la Commune de Timizart (ADACT) et organisateurs d’une grève de deux jours de collecte du lait en ce début mars ont montré une belle maturité syndicale. Au cours d’une conférence de presse, ils ont détaillé de façon argumentée le niveau de marge financière que leur procure leur activité. Il apparait que, malgré les subventions accordées par les pouvoirs publics, leur revenu est en baisse. Ils demandent donc une revalorisation du montant des subventions. Afin d’appuyer leur demande, ils ont défilé dans les rues de façon responsable jusqu’au siège de la direction agricole de wilaya à Tizi-Ouzou. Ce mouvement d’humeur est révélateur d’une situation, mais il témoigne d’une maturité des agriculteurs. Et, il mérite toute l’attention des décideurs quant aux insuffisances organisationnelles de la filière agricole qu’il révèle.
Les revendications de l’ADACT sont au nombre de 18. Outre la demande de revalorisation des subventions, on note la demande d’installation d’un laboratoire d’analyses et de la ré-évaluation des assurances pour une meilleure prise du risque des maladies contagieuses (tuberculose et la brucellose). Cependant nulle trace dans ce cahier de doléances de demandes pour plus de décentralisation des décisions, de cogestion avec les structures locales du MADR. Est-ce la force de l’habitude ? Le MADR devrait progressivement attribuer à des représentants paysans démocratiquement élus plus de responsabilités, plus de moyens financiers et humains, et plus de pouvoir d’attributions de subventions à répartir. Cette aspiration à une redistribution des pouvoirs transparait cependant à travers la présentation faite par MM. Rabah Ouguemmat et Mouloud Amis, respectivement président et secrétaire (ADACT). Ils notent : «nous souffrons des aléas d’une administration souvent non à jour et loin de la réalité du terrain et qui est incapable de prendre la mesure de notre détresse et des difficultés auxquelles nous sommes confrontés».
LES AGRICULTEURS, VERS PLUS DE MOYENS ORGANISATIONNELS
Mr Boussaâd Boulariah, directeur de l’agriculture de la wilaya, a reçu les intéressés et a rappelé « la disponibilité de la DSA à discuter de tous les problèmes ». Il a promis de faire remonter à la tutelle les demandes de revalorisation des subventions. Mais en tant qu’observateur de terrain, ne devrait-il par faire remonter également les nouvelles aspirations des agriculteurs?
Pourquoi le DSA n’est-il pas en mesure, par exemple, de proposer à MM. Rabah Ouguemmat et Mouloud Amis de renforcer leur association par l’attribution d’un poste budgétaire? Poste, afin que ces éleveurs organisés en association recrutent eux même un technicien en élevage. Technicien qui puisse les initier aux techniques modernes permettant d’améliorer leur revenu non pas par d’éternelles subventions mais par une réduction du coût des charges en fourrage ? Technicien qui n’aurait pas été envoyé par l’administration mais qui dépendrait directement de l’association et au service de ses membres. De nouvelles sources de financement sont possibles. Il serait temps par exemple de revoir les scandaleuses exonérations fiscales dont bénéficient les propriétaires de chambres froides pour fruits et légumes et de réorienter intelligemment ces fonds vers des productions déficitaires pour des actions d’animation technique de terrain. Il est regrettable que plus de liberté d’action ne soit pas donnée aux grands commis de l’Etat en poste en régions.
Le MADR a la chance de voir en certaines régions l’émergence d’associations professionnelles agricoles représentatives. C’est à lui d’encourager par exemple en initiant la formation des cadres de ce mouvement associatif et coopératif paysan. Ce sont ses interlocuteurs de demain. C’est par le biais de ces structures que pourra se faire l’amélioration des productions agricoles et non pas seulement par l’injection continuelle de subventions. Il est regrettable d’ignorer la disponibilité du monde rural pour des actions de développement dont ne pourra jamais égaler la plus performante structure administrative dont dispose sur le terrain Mr Boussaâd Boulariah. Notant la disponibilité du DSA, la Dépêche de Kabylie en date de ce 27 février, rapporte ses propos concernant l’intérêt des agriculteurs de la région pour des coopératives agricoles : « c’est à eux de le faire, c’est une initiative des agriculteurs, ce n’est pas une institution étatique, pourvu qu’ils s’entendent entre eux. Je les ai d’ailleurs reçus et leur ai expliqué qu’ils sont les bienvenus pour être orientés dans ce sens ». On ne peut féliciter ce responsable pour son engagement. Mais on voit, à travers cet exemple, que pour aider des agriculteurs à mieux se fédérer pour des actions de développement local, ils ont besoin que les pouvoirs publics leur attribuent des moyens financiers et matériels. Peut-on imaginer la naissance d’un mouvement associatif ou coopératif sans local de réunion, sans secrétariat et accompagnement technique de proximité? Les agriculteurs ne demandent pas la lune. A travers les revendications exprimées, ils demandent plus de cogestion et cela pour le bien de tous.
La tâche des responsables locaux est d’accompagner cette aspiration en y consacrant les moyens nécessaires et en faisant remonter à leur tutelle les aspirations de la base. Car, si à propos des coopératives comme le note le DSA « ce n’est pas à une institution étatique » de le faire, cela revient par exemple à la Chambre locale d’Agriculture. C’est dans cette direction que MM. Rabah Ouguemmat et Mouloud Amis doivent aussi porter leurs efforts : que la Chambre d’Agriculture locale soit une véritable maison des agriculteurs et non plus une annexe de l’administration se cantonnant simplement à délivrer la carte d’agriculteur.
AGRICULTEURS, RELATIONS HORIZONTALES ET COOPERATIVES
Dans la résolution de leurs problèmes, les éleveurs sont allés vers la DSA. Il s’agit en effet de la représentation des pouvoirs publics localement. On est là dans un type de relations verticales. On pourrait imaginer des relations de type horizontal : contrat avec des ONG, des centres de recherche agronomique régionaux ou le centre universitaire local. Certes, cela ne résoudra pas la question du montant des subventions perçues, mais cela permettra d’améliorer la rentabilité de l’élevage, de valoriser les produits ou de renforcer la structure associative. Les universitaires ont à cet égard une lourde responsabilité. S’ils ont pour mission première de former des étudiants, ils doivent être conscient du déséquilibre budgétaire accordée à leur activité et celle attribuée à la formation des agriculteurs.
Ainsi, les membres d’un centre de recherche peuvent initier les éleveurs à de nouvelles techniques. Certaines ONG aident déjà à créer des fromageries. Enfin, l’université peut fournir des stagiaires pour, par exemple enregistrer les performances des étables à des fins de comparaison des meilleures pratiques entre éleveur comme le fait avec succès Danone Djurdjura. Selon l’objet du stage l’objectif de stagiaires peut être également d’aider à la tenue du secrétariat ou à la préparation d’opérations spécifiques (foire agricole, …).
Un autre défi posé aux associations est de pouvoir être reconnues pour leurs capacités à gérer des projets de développement et se poser comme interlocuteurs locaux. Cela a pour corollaire de maîtriser les mécanismes pour bénéficier d’enveloppes financières tant au plan local que vis-à-vis des bailleurs de fonds institutionnels étrangers (FIDA, PNUD, Banque Mondiale, GTZ) ou ONG.
Dans le cas considéré, agriculture de montagne, les éleveurs sont confrontés à plusieurs difficultés : approvisionnement en fourrage, valorisation des produits laitiers, commercialisation de la viande. La création de coopératives d’éleveurs peut constituer une alternative afin d’améliorer leurs marges. Dans le cas des fourrages, il serait possible d’envisager des achats groupés. Par ailleurs, il pourrait être envisagé d’échanger avec des agriculteurs de la plaine du fumier contre du fourrage. La valorisation des produits laitiers peut être envisagée à l’échelle d’un atelier coopératif pour la fabrication de fromages. Enfin, afin d’échapper aux maquignons, la commercialisation de la viande pourrait être réalisée par l’utilisation d’un abattoir agréé, voire la construction d’un abattoir local agréé. Un programme d’abattage hebdomadaire permettrait d’assurer la venue d’un vétérinaire pour le contrôle sanitaire des viandes et d’acheteurs en gros.
UNE DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE A CONFORTER
Le cas des difficultés des éleveurs illustre la dynamique organisationnelle que connait le monde agricole. Un cadre institutionnel insuffisant aux limites mal définies résultant d‘une décentralisation inachevée ne leur facilite pas la tâche. La gouvernance locale reste marquée par une concentration des pouvoirs. D’autant plus qu’au niveau de bon nombre de structures publiques reste forte la prégnance d’un dirigisme administratif.
Ces associations sont très diverses. Une typologie détaillée reste à établir. A côté d’associations qui sont l’émanation de producteurs locaux, comme dans le cas de Timizart, on trouve également des « organisations appendices et/ou dépendantes » prolongement de l’administration.
Les associations sont confrontées à la nécessaire formation des cadres. Leur faible patrimoine, leurs ressources humaines et financières les rend fragiles. Nombre d’entre elles restent peu représentatives, les agriculteurs les plus pauvres peuvent en être absents. Une telle situation est amplifiée par les politiques de réajustement structurels qui ont entraîné un monopole de représentation d’agriculteurs aisés, bien insérés dans les mécanismes des marchés locaux ou internationaux et ayant bénéficié d’une « opération d’apurement des dettes agricoles » mal conduite. Dans certains cas, des associations ont pu être victimes de détournements au profit d’intérêts particuliers. De telles situations ne contribuent pas au rayonnement de ce type d’organisations auprès de leur public ou des administrations locales.
Le renforcement des associations professionnelles passe donc par leur aptitude à s’adapter à l’environnement institutionnel actuel. Ce défi passe par l’exigence d’une meilleure représentativité et par le renforcement de leurs capacités de gestion.
Les pouvoirs publics se doivent de revoir leur relation vis à vis de ce mouvement associatif agricole et rural d’autant plus qu’on assiste actuellement à une véritable dynamique organisationnelle. Il ne doit plus être considéré comme une simple courroie de transmission mais devenir un réel partenaire et cela dès la conception initiale des plans locaux de développement selon un triptyque diagnostic, débat, décision. Cette posture nouvelle doit se traduire par une redistribution progressive des pouvoirs permettant une réforme des modes de répartition des richesses.
Ce nécessaire développement d’associations professionnelles agricoles ne doit pas être considéré comme un simple verni démocratique pour les autorités en place. Il constitue un des critères du niveau de réorganisation des institutions vers plus de décentralisation sans quoi l’impérative urgence du développement agricole et rural restera lettre morte.
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